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maîeres. On verra dans le cours de notre travail , qu'il a perfectionné &
Amplifié quelques méthodes d’opérer, foit en corrigeant les inftrumens,
foit en leur en fubftituant d’autres qu’il imagina à cet effet.
Il m’étoit feulement refïé un exemplaire des planches ; on me propofa
de les. feire graver in-^v. , d'in-folio qu’elles étoient. Je m’y prêtai, &
je promis de donner en précis, ce que Lafàye devoit donner plus en
grand. Déjà quarante-cinq planches étoient gravées. J’avois fupprimé
quelques inftrumens anciens pour faire place à de nouveaux. Mon travail
etoit furie point'de paroître , lorfque tes événemens de 1780, & ceux
qui leur ont fuccédé fi rapidement, ont fait tout fufpendre ; je ne regrettai
point mes peines , puisqu'elles avaient été pour moi une fource
d’inftruCtion.
En 1790 , le libraire qui étoit propriétaire des planches , .ayant
éprouvé des pertes confidérables dans fan commerce, & défefpérant de
pouvoir le continuer, prit des arrangemens avec le cit. Pancltoucke, éditeur
de l’Encyclopédie méthodique. Quoique les inftrumens gravés, ne foient
point diftribués dans l’ordre qui auroi-t peut-être convenu pour ce Dictionnaire
, il fut néanmoins décidé qu’on fe ferviroit de ces planches,
en changeant les numéros & les lettres. Et comme je n’avods concouru
en rien à ce travail -, je fus invité feulement à continuer les planches
qui manquoient, & à en donner l’explication, avec mes léflexions particulières.
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Ceux qui ne font point initiés dans lart de gu érirpourroien t être
effrayés d’une fi énorme quantité d’inftrumens : qu’ils fe r a f lu r e n t& ne'
croient- point que tous foient en ufage. Ce grand nombre ne fe trouve
raffemblé ici r que pour tracer la route qu’il a faËu parcourir pour conduire
l’art au point de perfection où il fe trouve. Prenons pour
exemple l’extraftion de la cataraCte. Daviel eft le premier qui ait réduit
en méthode cette opération ; une circonftance particulière avoit déplacé
le criftallin abattu par l’aiguilk à cataraCte. Ce corps opaque étoit remonté
& avoit pané dans la chambre antérieure du globe de l’oeil derrière
la cornée ; la vue étoit de nouveau offufquée ; à l’exemple de J.
L. Petit dont il connoiflbit l’obfervation ( l ) , Daviel incifa la cornée 1
(1) M ém . de l 'A c e d . des Scienc es 3 arm. 17 o&
P R É L I M I N A I R E . ;
$c fit l’extraCKon du criftallin. Encouragé par le fuccès , il fit plufieurs
effais, dont le rélultat parut lui démontrer que l’opération de la cataraCte
par l’extraélion du criftallin étoit exempte du principal inconvénient
qu’on reproche à celle de l’abaifTement ; & comme il avoit reconnu que
la cornée offroit beaucoup de réfiftance au tranchant de l’inftrument,
il imagina , pour faire cette' opération, des lances de diverfes efpèces ; des
cifeaux à double courbure , & c . , ce qui rendoit l’opération fort longue.
A peine cette méthode d’opérer fut-elle connue quelle fut adoptée ; on
s’appliqua à la rendre plus fimple, & d une exécution plus facile. La-
faye & Poyet proposèrent bientôt après un procédé opératoire différent
de celui de Daviel ; la méthode de Lafaye parut préférable , & c’eft
celle que l’on s’eft fur-tout appliqué à perfectionner ; de là font venus les
procédés des Bérenger , des Wenzel & autres. Le dernier fur-tout s’eft
fait une très-grande réputation par la facilité & la célérité qu’il mettoit
à opérer. Peu de praticiens ont égalé cet oculifte.
Un des principaux obftaclés à vaincre dans cette opération , eft la
mobilité de l’oe il; on avoit imaginé * pour y parvenir, des dards , des
érignes , des ophtalmoftats de différentes efpèces , inftrumens en général
fort nuifibles., en ce que les uns bluffent & irritent le globe de
l’oe i l, lés autres le com p r im en tc e qui donne lieu à des inflammations
conlècutives d’une part* & de l’autre à l’évâcuation de l’humeur vitrée.
Wenzel navoit jamais befoin de çes auxiliaires dangereux, fon génie &
fa dextérité favoient fuppléer à tout. Enfin dé nos jours, Guérin , chirurgien
diftingué à Bordeaux, & Dumont , ancien chirurgien aux Invalides,
Ont imaginé chacun un inftrument avec lequel ils fixent l’oe i l , en même-
teros qu'ils font la feCtion de la cornée.
A mefuré que les procédés opératoires fe font perfectionnés , les inftrumens
ont néceffairement fubi des changemens dans un grand nombre
de cas.’ Il a été auffi quelquefois utile d’en inventer de nouveaux. Une
heureufe hardieffe de la part d'un homme inftruit , a dans quelques cir-
conftarices, augmenté le domaine de l’a r t, en donnant l’idée d’une opération
d’un genre tout nouveau.-
Dans le feizième fiécle , il n’y avoit que deux méthodes de faire
l’extradion de la pierre , la taille au petit appareil, dite taille de Celfe
& celle au gtând appareil, qui prit auffi le nom de Marianus, parce qu’il
venoit de la faire connoître. Dans ce même tems, Franco qui exerçoit
avec diftinCtion l'art de guérir , n’ayant pu tailler un enfant par la mé