
fermer la playe, qui acheva dè guérir en moins
„de quinze jours avec des panfemens les plus (impies.
Je recommandai au malade l’ufage des bougies
& d’une fonde de plomb , pour tenir l'urètre
dilaté, & éviter l’ouverture de la cicatrice.»
On a cru long- tems que toute fiflule urineufe
exigeoît qu'on en ouvrît le trajet dans
tonte fon étendue. Mais à quoi ferviroiem les
incitions multipliées qu'ellesexigeoienr, s’il y en
avoir plufieurs, & quel fuccès fe promettre d’une
opération où on ne feroit pas fûr d’attaquer le
principe du mal ? Quel que foit le nombré-des fif-
tules qui communiquent avec l’urètre, elles n'ont,
du côté de ce canal, qu’une ouverture dont il efl
impoffible de connoître la pofition, & qui peut
fe trouver dans un lieu inacctffible à la portée
des inflrumens. Si l’effet de l’opération dont il
s’agit eft de les fendre & d’en faire fuppurer les
bords, il eft évident qu’ellemariqueroit fréquemment
le but qu’on fe propofe, & que, les fiftnle?
ne tarderoient pas à fe reproduire,\enfuppofant
quelles puiffent être guéries pour quelque tems. Cet
événement feroit encore plus à craindre dans le cas
où les Mules urineufes dépendroient d’une cre-
vaffe à la veffie même, ainfi que J . L. Petit &
M. Bell difent l'avoir obfcrvé. Mais comme ils
n’ont pas eu occafion d’examiner ce genre de fif
mie par la diffeétion , & qu’ils ont cru la recon-
noîtreà l'écoulement involontaire des urines dont
il étoit compliqué, il feroit pofîible qu’ils fe. fuf-
fent irompés, qu'ils euffenr pris pour une M ule
de la veffie même, une Mule urineufe ordinaire,
accompagnée d’inconrinence d’urine.
4 .' Une crevaffe un peu plus confid érable que
celle dont il a été parlé àl'occafion des tumeurs
dures, qui fur viennent quelquefois au périnédes
perfonnes attaquées, de Rétention d’urine parle
retrédfTement de l’urètre, donne lieu à des ahcès
dont la marche efl plus ou moins rapidelCes abcès
commencent par une' tumeur peu douloureufe
qui ne change pas la couleur de la peau, qui
offre peu de réfiftance, & au centre de laquelle
on fent une fludluation profonde. Le liège de la
fumeur qui occupe le périné au-deffous des bourfes
le fentiment de chaleur que le malade y éprouve
lorfqu'il rend fes urines, la difficulté avec laquelle
ce fluide s’écoule, celle qui a eu lieu précédemment
, font aifément connoître qu'elle en efl la
nature. Lorfquela fluctuation commence à y être
fenfible, il ne faut pas héfiter à y plonger unbif-
touri jufqu'au foyer du mal, & à ouvrir l’abcès
dans la plus grande partie de fon étendue, de
manière fur-tout que les écouîemens qui doivent
fe faire par la plaie, trouvent, en - dehors & en-
dedans , une pente facile. Si l'on tardoit à le
faire, les urines & le pus pourroienrs’amaffer
en fi grande quantité qu’il en réfultât un engorgement
gangréneux, qui s'étendît fur le ferotum ,
& qui mît les tefticules & les corps caverneux à nudparla chute des efearres qui auroit lieu par
la fuite. On ne petit donc être trop attentif £
obferver les progrès de la maladie , pour s’y op.
pofer à tems. Quelques topiques émolliens &re.
> làchans peuvent favorifer la maturation de l’abcès
& lorfque celui - ci efl ouvert, il en fort des urines
mêlées de pus, & d’une odeur infeéle. On remplit
la plaie avec de la charpie molette, & le refie
du panfement efl le même que celui de l’opération
qu'exigent quelquefois les fiflules urineufes
compliquées de callofités. Comme la fuppuration
efl route établie, que les urines continuent à forfir
par la crevaffe de l’urètre, & qu’elles s’échappent
enfuite parla playe, ce panfement doit être
renouvelié fréquemment dans les premiers tems.
Lorfque l'abcès efl fuffifamment. dégorgé, il faüt
introduire des bougies dans l’urètre, pour en faire
ceffer Je retrédfTement. Si fon ne peut les faire parvenir
jufque vis-à-vis la play e , on leur fubftituera
unealgalie d’argent, à double courbure, laquelle
efl bien pins facile à conduire que ne le feroit
une fonde flexible , préparée avec la gomffie élaf-
tique, & on lailfera la playe. fe cicatrifer *, fi, au
contraire , .on négligeoir l’ufage des bougies, ou
quelles ne puflent être introduites affez avant,
le malade çourreroit le rifque de reflet avecune
fiflule urineufe qu’il pourroit garder toute fa
vie.
Les abcès dont il vient d’être fait mention fe
forment, pour le plus fouvenr, au - deffous des
bourfes *, rien n’empêche cependant que les urines
fegliffent de proche en proche forts lés tégumens
voifins, & qu'elles aillent produire des abcès
de cette efpèce ailleurs. J ’en ai vu à l'àine & au-
devant du pubis, léfquels n’ont éié annoncés par
aucune difficulté fenfible d’uriner, .& qui ont été
méconnus jufqu’à, ce qu'ayant été ouverts, la qualité
du pus qu’ils ont rendu, en ait fait diflinguer
la nature. Il efl impoflible que ces fortes, d'abcès
n'aient pas un foyer au périné y lorfque cela a Heu,
Je Chirurgien doit pratiquer en cer endroit une
contre - ouverture , foit qu’ il incife lés tégumens
fans guide, ou qu'il fe ferve d’une groffe fonde
boutonnée qu'il fait glifler fous les tégumens à
travers la playe. Lorfque les abcès du "périné font
d’un volume confidérable, la Faye croit qu’il ne
faut pas fe contenter de les ouvrir $ mais qu’il
faut encore porter une canule dans la veffie yil
ne dit cependant pas comment cette canule doit
être placée. J ’en ai vu faire ufage étant, fort jeune,
& fans doute les Praticiens exercés s’enfervoient
comme ceux que j’ai eu occafion de voir opérer;
ils introduifoient une fonde cannelée, dan? la veille
à travers la crevaffe de l'urètre y &, après avoir
incifé fe col de ce vifeère avec un biftouri qu’ils
faifoient gliffer le long de fa cannelure, ils s’en
fervoient pour placer la canule qu’ils laifToiwl
à demeure. Les vues qu’ils fe propofoient font
faciles à fai fi r. Ils vouloient donner à la veffie la
facilité de fe vuider , & à la playe celle défedé-
,gorger y mais il n'efl pas néceflaire de faire j p
opération aufli importante pour parvenir à ce but.
J'ai ouvert & fait ouvrir beaucoup d'abcè' milieux
j ils ont été tous panfés comme il a été dit
ci - deffus > & lorfque les malades ont été dociles,
& qu’ils fe font prêtés à tems & affez long-tems
ài’ufage des bougies, ils ont été guéris complètement
, & fans avoir éprouvé d’accidens graves.
Si j’en crois mon expérience, les abcès urineux
ne font d’aucun danger , à moins que le maln'air
fait beaucoup de progrès avant que le malade ait
appellé à fon fecours, & que les tégumens du
périné & des bourfes foient dans une difpofidon
très-prochaine à la gangrène. Alors,après les avoir
ouvert, il faut attendre la formation des efearres
que rien ne peut empêcher,-ou en favorifer la réparation
par des topiques onéïueux & relâcbans, pan-
fer les playès qui réfultent de leur chûte de la
manière la plus fimple , & même avec de la charpie
sèche , & fourenir les forces du malade au
moyen d’un régime analeptique & de l’ufage du
quinquina en poudre, à la dofe de quelques gros
par jour.
p | Le retréciffement de l’urètre, porté à l’excès,
donne prefque toujours lieu à la formation d’ab
iès de l’efpèce de ceux dont il vi-nt d’être parlé}
& fi le malade tombe dans la ftrangurie complexe
, pendant le tems que ces abcès emploient
pour parvenir à leur maturité, il en efl promptement
foulagé par leur ouverture. Quelquefois
cependant il ne furvient rien de femblable, &
la difficulté d’uriner dégénère tout - à-coup en
une Rétention totale d'urine. Le malade fait en-
vain les plus grands efforts pour s'en débar-
rafler , à peine en fort —il quelques gouttes \ cependant
la veffie s’emplit, & s’élève au-de (fus
du pubis *, le ventre fe tend & devient doulou-
reux;lafièvre s'allume, le vifage s’enflamme, la tête
Je prend ,& lescirconftances deviennent extrêmement
affligeantes} il faut alors avoir promptement
recours aux moyens antiphlogiftiques. On faigne
Je malade une ou plufieurs fo is , on le plonge
dans le bain, on lui applique fur le ventre des
fomentations ou des onèlions relâchantes & des
fangfues au fondement, on lui preferit des boif-
fons légèrement diurétiques, & fur - tout on tâche
de paffer unefondedans la veifie. Quelques- uns
croient que celles dont le diamètre efl un peu
confiderableréuffiflent mieux que les autres, parce
que le bec, de cet infiniment écarte les parois de
i uretre, & L i t , à mefure qu’il s’avancé, un vide
qui permet de le porter plus avant. Il m'eft prouvé,
par des fuccès affez nombreux , que les fondes
les plus minces font celles qui pénètrent avec
plus de facilité y aufli celles dont je me fers font-
elles auffi petites qu’elles puiffent être. J. L. Petit
en avoit fait conflruire pour cet objet q u i, au
Jeu d avoir deux ouvertures latérales auprès de
leurs extrémités , font percées au bout d'une ouverture
ronde, fermée par un bouton, pour
permettre aux urines de s'écouler. Au moyen de
J cette conflruélion ingénieufe, il n'efl pas à craindre
que le riffu fpongieux de l'urètro s'y engage',
comme il le fait dans les yeux des autres. On né
peut douter que ce Praticien n’eût effectivement
imaginé les fondes dont il s'agit, puifqu'il s’en
attribue l’invention*, cependant elles étoient connues
avant lu i , on en trouve le modèle dans
Franco , avec cette feule différence, qu’elles font
aufli percées fur leurs côtés. D11 refte, Franco
en recommande l’ulage dans le cas d’excroifTances
ou de caroncules dans l’urètre. Si la fonde ne
peut être portée dans la veffie, il faut effayer
des bougies. On voit fouvent l'irritation que ces
corps exercent fur les parois de l’urètre, exciter
efficacement l’aélion de la veffie, & la forcer
à çhafler les urines,* peut - être n’agi fient - ils eu
ce cas, que comme en tous ceux où on y a recours*
c'eft - à - dire, en écartant les parois de l'urètre
& en procurant la dilatation momentanée de ce
canal. Quoi qu’il en fo it, lorfque cette refiource
manque , & qu’il y a lieu de craindre que le malade
périffe, il refie encore celle de la ponction
à la veffie , en attendant que le calme fe réta-
bliffe , & que les bougies puiffent être employées
avec plus de fuccès.
De la Rétention d’urine caufêe par Vimperforation
de l'urètre.
Cette maladie efl rare, mais elle peut fe pré-
fênter particulièrement .chez l’enfant nouveau-né.
On en eft averti par le défaut d’excrétion des
urines, & par les tourmens & l'agitation que fa
difiension de la veffie caufe à l’enfant. Si les cir-
conftances font affez heureufes pour qu’il n'y ait
qu’une membrane mince à percer , l’opération eft
facile , parce que cette membrane eft rendue &
poufléeau - dehors par je flot des urines qui cher-
chentà s'échapper. Quelquefois la Nature fe fuffit
à e lle - même en pareil cas, témoin l’obfervation
rapportée par Cabrole,,d'une jeune fille qui ren—
doit toutes fes urines par le nombril depuis le
moment de fa naiffance , & qui fut guérie par la
fimple perforation de la membrane qui bouchoit
le méat urinaire. Peut - être eft-ce également aux
efforts que la Nature fait pour fe débarraffer de
l'urine,qu’eft dûe l’ouverture qui fe remarqueau-
defious du gland , à l ’endroit du frein du prépuce
chez les hommes en qui l’urètre ne s’étend pas
julqu’au bout delà verge, ce qui conflitue le vice
de conformation, connu fousle nom d Hypof-
padias. Quelques - uns ont, pour remédier à cette
dipofition , confeillé de pratiquer avec la pointe
d’une lancette uue ouverture artificielle au gland,
d’y placer une canule, & de cautérifer les bords
de l'ouverture naturelle avec un cauftique , pour
les aviver & en faciliter la réunion ; mais il eft
probable que cette opération difficile & dange>-
r eufe n’a pas été pratiquée ? il efl fûr au moins