
les forces vitales & naturelles étoient en allez
bon état.
Toutes ces circonfiances annonçoient affez
une hydropifie de l'Ovaire3 mais, pour être encore
plus afl'uré du liège de la maladie, je me
déterminai à remplir l'indication urgente en revenant
à la ponction. Je retirai environ vingt-
cinq pintes d'une férofité verdâtre affez fembla-
ble à du petit lait non,clarifié, le ventre affaiffé
& rien ne fortant plus par la canule, je retirai
celle-ci*, mais, comme il s’échappoit encore
de l’eau par l’ouverture, je fis continuer la pref-
lion qu'on exerçoit fur le ventre; & , par ce
fini pie moyen, je retirai encore & même
plus environ un demi - feptier de matière
purulente. Ce fut alors que je diftiuguai le
noyau fchirreux de" l’Ovaire gauche, & que mes
foupçons fur la nature de la maladie fe convertirent
en certitude. La malade panfée , fut tenue
à un régime reftaurant, elle -fit de tems à
autre, ufagedes cathartiques ; mais, ces remèdes
la fatiguant fans produire un très - bon effet,
j ’eus recours aux diurétiques. Ma Pharmacie
alors mal fournie ne me laiffoit aucune incertitude
fur le choix de ces remèdes; je me déterminai
donc à confeiller la décoélion de deux
poignées de cendres ordinaires dans une pinte
d’eau, adoucie avec un gros de gomme arabique. Le
remède fut quelques jours à déterminer la Nature
fur les couloirs où elle porteroit la férofité qui
s’épanchoit dans lé kyfte; enfin elle fe fixa
vers les reins, & , dès ce moment, les urines commencèrent
à couler affez abondamment. Toute
l ’extrémité gauche fe défenfla,' mais néanmoins
les eaux revinrent, & au bout des vingt - cinq
jours la quantité en étoit affez grande pour me
déterminer à une fécondé ponélion; elle fut
faite auffi heureufement que la première & la
quantité d’eau à laquelle elle donna iflùe étoit
de dix-huit pintes environ. Il s’écoula encore à
l ’extraciion de'' fa canule, environ unechopine
de pus, & l’affaiffement du ventre me permit de
découvrir alors une diminution dans la tuméfaction
de l’Ovaire. Le courage de cette femme
excitoit le mien, je me préparois à incifer le
kyfie pour fatisfaire au defir qu’elle me témoi-
gnoit d'être entièrement délivrée de fa maladie ;
mais avant je voulois diminuer l’amplitude du
fa c , pour opérer en un moindre efpace > lorf-
qu’à mon grand étonnement les eaux fe portèrent
entièrement vers les reins. Elle en rendoit
tous les jours une quantité confidérable, & dès-
lors il ne fe fit plus d’épanchement dans le
bas-ventre ; tous les fymptômes de la maladie
difparurent excepté l’engorgement de l'Ovaire
qui perfiffa long-tems après. Ayant fait ufage
pendant deux mois & demi de la décoélion fuf-
dire, &fes gencives me faifant appréhender quelques
atteintes du feorbut, je terminai par le
kinkina & l’élexir de vitriol. Je l ’ai vue deux
ans après, bien portante , & les règles lui
étoient revenues.
On a demandé fi la maladie une fois bien
connue, on ne pourroit point l’attaquer par in-
cifion, la traker même de manière à faire fup-
purer le kyfie. Quelques, rapports qu’on a cru
voir emrecette maladie & l’hydrocèle , ont donné
lieu à cette queffion, & Le Drany a répondu
par l’expérience. 11 a donné à ce fujet deux
obfervations qui font bien capables d’encourager
à une pareille tentative, une entr'aurres relative
à une hydropifie qui paroît être du genre
de celle dont nous parlons, quoiqu’il ne la ca-
raélérife pas. Le traitement dans l’une, a été
fuivi d’une fiftule, & dans l'autre, la cure a
été radicale, quoique la malade eût éprouvé
beaucoup d’accidens pendant le traitement. Morand,
dans des remarques faites fur quelques
obfervations communiquées à l’Académie fur le
fujet qui nous occupe, fort réfervé fur cette
méthode de traiter l ’hydropifie, la confeille
cependant dans le cas o ù ,à la première ponction
, il fortiroit une marière purulente. << Car,
dit-il, tout amas de liqueur qui tourne à fup-
puration, rentre dans la clafle des apoftêmes &
l’opération eft d’un grand fecours pour les malades;
mais, obferve-r-il, elle ne peut pas être
auffi utile pour l'hydropifie de l’Ovaire compliquée
de maffes fquirreufes, par des raifonsjqu’il
eft facile de fentir. jj M. de la Porte perfuadé
de la difficulté de guérir cette maladie, quand
elle eft portée à un trop haut point, demande
fi l'on ne pourroit point enlever le. foyer du
mal dès le commencement, en châtrant les femmes,
comme on le fait ’ à l’égard des animaux
femelles, notamment des volatils. Cette opération
, dit Morand, appliquée aux femmes n’a
point paru une chimère à Platérus & à Die-
merbroëck ; c’étoit, au rapport d’Hefichius, une
opération commune chez les Lydiens pour des
raifons qui ne-font point de l'Art. De Frankenau
en avoir vu réuffir une, faite par hafard à la
fuite d’une plaie au ventre,* je conviens, dit
i’Obfervateur, qu'en fuppofant des adhérences
du Kyfte avec les parties ambiantes, cela n’eft
pas faifable, mais ce feroit dans le'commencement
qu'il faudroit Je faire, car alors il n’y en
auroit point. ( M. P e t i t - R a d e l . )
OZÈNE. Km*. 0 [oena. Ulcère qui attaque
l ’intérieur des narines, quelquefois les os thèmes
, & qui ordinairement eft accompagné d’un
écoulement de matière fétide, plus ou moins
abondant. Cet ulcère eft fimple, ou il eft
virulent, c’e ft-à -d ir e , entretenu par une caufe
intérieure, tels que les virus cancéreux, vénérien
ou feorbutique. Il peut être placé dans les narines
mêmes, ou dans les finus frontaux, maxillaires
ou ailleurs. L ’Ozène fuccède quelquefois au co-
riza > quand l’inflammation a été violente, &
n’a pu fe terminer par réfolution ou l’exfudation
purulente,qui la jugent communément. Quoique
le froid foit regardé comme la caufe de celle-ci,
les coups, les comufions avec fraélure du nez
ne peuvent pas moins la produire, & confécu-
livtment auffi l’ulcère dont il sagirici. L’Ozène,
& particulièrement le virulent, eft fouvent accompagné
de circonftances qui le compliquent,
telles que l'hémorrhagie, l’inflammation, la douleur,
la carie même , qui perce la voûte du
palais, détruit les cartilages d u n e z ,'& produit
différens ravages, qui changent la conformation
de cet organe , empêchent le paflage de l’air par
les narines, & altèrent plus ou moins le timbre
de la voix. Le D. Meyer a vu un pareil ulcère
fur une jeune fille qui en fouffroit depuis cinq
ans, & qui furvint à une fièvre violente, s’étant
déclaré par des douleurs noélurnes oftéocopes ,
qui s'étendoient jufqu'au col. Il ne reftoir que
le bout du nez , & un bord mince des ailes;
les deux joues étoient rongées jufqu’au front, en
forte que tout le vifage ne formoit, pour ainfi
dire, qu’un grand trou, depuis les os du palais
jufqu’à l’os etmoïde. Le mal, ayant réfifté aux
mercuriels, céda enfin à l'ufage de la falfepa-
reillc, & à une lotion faite d'un mélange de dix
parties d'eau, fur une d’efprit-de-vitriol.
L Ozène fimple demande l’emploi combiné des
remèdes généraux, la faignée, les purgatif* réitérés,
& les altérans que les circonftances peu- !
vent exiger , conjointement avec les dérerfifs, &
tels font la décoélion d'orge , de feuilles de
lierre rerrefire avec le miel & l’eau de chaux. On
fait renifler cette décoétion , & l’on introduit
plusieurs fois dans le jour, fur le mal, des bour-’
donnets trempés dans ces lotions, & quand le
pus paroît de bonne qualité & peu abondant, on
lubftitue à la décoétion un cérat où entre une
bonne quantité de zinc calciné, ou de pierre cal-
cinaire porphyrifée, & l’on en couvre les bour-
donnets. Ordinairement le ma! cède à ces moyens;
mais fouvent il perfifte, notamment quand il fiège
dans fantre maxillaire, il faut alors fe comporter
d’après les circonftances concomitantes, &
qu on trouvera développées à l’article Antre
maxillaire.
L Ozène virulent exige qu’on fuive une toute
autre conduite. Si on le juge vérohque , on
preferir les mercuriaux intérieurement, & l'on
fait attirer par les narines l'eau errhine de Lo-
eher, qui eft faire avec la dêcoélion de marjolaine,
la chëlidoine, l’huile d'amandes douces,
& la teinture d'ajoës ; on l’avive avec quelques
grains de fublimé corrofif, ou d’aquila aiba. Si
Iulcère eft leorbutique, on met le malade à l’u-
jJp de? r®Pïèdes fpécifiques contre le genre de
dmoluiion du fang qui a lieu alors, & l’on fait
«es injections avec la . déco6bon de feuilles de
noyer, & de kinkina , ou d’écorce de chêne, à
«quelle on ajoute de l’alun ; & fi les chairs font
ameufçs & pullulent, abondamment 3 on les réprime
avec les décollions où entre le vitriol, le
vert - de - gris & l’alun, & l’on panfe enfuite avec
le baume verd de Metz. Quand l ’ulcère eft cancéreux,
on fe contente de le laver avec l’eau de
morelle, & de pallier les accidens,
Quand la matière eft très-fétide , d’une couleur
brune , ou un peu noirâtre, on a tout à
craindre alors de la carie ; mais la fonde , en
pareil c a s , la fait toujours aifément reconnoître.
On a fait des injeétions plus fréquentes, notamment
celles de nature dércrlive , & fouvent les
exfoliations alors (e font jour d’elles-mêmes Si les
chairs font trop luxuriantes, & empêchent la chiite
des efquiiîes, on les réprime avec l’onguent ægy-
ptiac, ou l’onguent brun mêlé de précipité rouge.
“ Il eft un préjugé contre ces remèdes, dit
M. Bell , dans le traitement des ulcères du nez,
à raifon de la ctainte où l’on eft qu’ils n’irritent
trop la membrane fenfible des narines. Mais cette
crainte n’a aucun fondement, & je puis d ir e ,
d’après l’expérience, que les onélions, d’une force
fuffifame pour déprimer la plupart des fongus ,
peuvent être employés en toute sûreté, & fans
aucun rifque de nuire aux parties voiftnes. Un
iiniment, compofé de cire & d’huile, avec une
huitième ou neuvième partie de précipité rouge,
ou une plus petite proportion de vert-de-gris ,
peut, en général, être employé avec sûreté; on
en augmente, ou l ’on en diminue la force proportionnellement
aux circonftances. » On ne peut
efpérer de guérifon pour l’Ozène , qu’aurant qu’on
aura combattu la carie;' & que iesrexfoliations
fe feront complettement faites ; aulfi faut-il per-
lifter dans l’ufage des remèdes généraux & lo caux,
jufqn’à ce qu’elles aient eu lie u , & ne
point s’ennuyer dans le traitement, qui eft toujours
fort long. {M . P s t i t -R ad z z . )
P
V A L E T T E . Petit vaiffeau d'étain ou d’argent
qui reçoit le fang dans l’opération de la faignée.
On dir que ce mot vient de Pochette, ou
petite Poêle, & qu’on le trouve écrit ainfi dans-
\ illon. Dionis écrit poilette contre l'ancien’
ufage, puifque Paré appelioir Palette, l’efpèce
de petite écuelle à une oreille dont on s’eft toujours
fervi pour mefurer le fang qu'on tire dans
la faignée.
Chaque Palette doit tenir trois onces , afin
qu’on fâche au jufte la quantité de fang qu’on a riré.
On en remplit deux ou trois, ou un phis ou
moins grand nombre fuiv.ant les circonftances,
& on les met fur des affiètes différentes ou fur
un plat où elles pniffent être de niveau. On
eft dans l’ufage d’avoir des Palettes numérotées;
ou bien le Chirurgien les marque e.n mettant
un- morceau de papier fur la première, deux
fur la fécondé & trois fur la troifième,.