
L'Ulcère caïeux ou variqueux.
L ’Ulcère avec carie.
. L ’Ulcère cancéreux.
. L ’,Ulcère cutané.
Nous renfermerons dans la fécondé clafle tous
les Ulcères qui font l’effet de quelque défordre
dans le fyflême , ou qui font modifiés de quelque
manière par une caufe de cette nature. Les
efpèces de ce genre font l’Ulcère vénérien, le
fcorbutique & le fcrophuleux.
De l'Ulcère purulent Jimple.
L I . Symptômes , caufes &prognoJlic de V Ulcère
' purulent Jimple.
L ’on entend par Ulcère purulent (impie,, une
affeélion purement locale, accompagnée d’un
degré très-léger de douleur & d’inflammation,
qui fournit toujours une matière dlune nature
purulente bénigne , & d’une confiftaqce convenable.
Cette efpèce efi la plus (impie de toutes, tant
.par les fymptômes que par la méthode curative
qu’elle exige. 11 faut, pour obtenir, une gué-
rifon permanente, réduire tomes les autres efpèces
d’Uicères à l ’état qui caraélérife,celle - c i;
e’eft pourquoi nous donnerons à fon fujet des
observations plus, détaillées qu’il n’auroit été
d’ailleurs néceflaires y & lorfque les efpèces dont
nous parlerons par la fuite , feront parvenues
au point d’exiger le même traitement que “celle
dont il s’agit ic i , nous renverrons à ce qui en
aura été dit, afin d’éviter les répétitions.
Nous ajouterons aux circonfiancps indiquées
dans la définition de cette efpèce d’Uicère, que
les bourgeons charnus qui y prennent naiflance
ont une apparence ferme, fraîche , rouge &
faine; & que, lo’rfqu’il ne (urvient aucun accident,
laguérifon fa it , en général,^ des progrès réguliers
non interrompus, jufqu à ce que la cicatrice
foit formée.
L ’on peut obferver, (en confidérant l’origine
des Ulcères, que cette efpèce même, qui efi la
plus (impie de toutes, peut être dite àungrand
nombre de caufes différentes; mais, d après la
définition que nous avons donnée, il efi aifé de
voir, que l ’on ne doit y comprendre que les
caufes .qui font de nature it produire une affection
purement locale, fans occafionner le moindre
dérangement dans le fyfiême. . ■ •
Nous rangerons au nombre de ces caufes les
playes de. toute efpèce qui ne fe réunifient pas
fu r - le - champ, fans qu’il fe forme de p us ,
quelles foient accompagnées ou non de perte
de fubflance. Nous rapporterons àuffi à ce chef
toutes les opérations chirurgicales qui exigent des
incifions dans une partie quelconque. $
On peut encore mettre au nombre des caufes
fie ces Ulcères, les foulures , de quelque manière
qu’elles foient produites, de même que les conciliions*,
en un mot tous les accidens externes
qui fe terminent par la fuppuration , & auxquels
fuccède une foluùon de continuité ■
Il ne,faut pas croire que l’Ulcère fimple purulent
foit toujours la conféquence néceffaire
& immédiate des différentes caufes dont on vient
de faire l’énumération, car on obferve fréquent*
ment le; contraire *, les brûlures, fur-tout, produisent
quelquefois des Ulcères viciés très-difficiles
à guérir ; les contufions > de même que
toutes les autres caufes dont nous avons fait
mention , font fréquemment: accompagnées
des mêmes effets. Nous difons feulement que
l’une ou l’autre de-ces caufes peut s en général
, être çonfidérées comme la caufe primitive
ou originelle de ces Ulcères,, indépendant
ment des apparences qu’ils offrent avant que d’être
réduits,à l’état d’Ulcère fimple purulent.
Le prognoflic de cet Ulcère eft très-favorable
dans prefque tous les c a s ; il varie cependant
en rail'on de la perte plus ou moins, grande de
fubflancej de la fttuation de l’Ulcèce & delà constitution
du malade. Il luffit défaire attention à
ces circonftataces & à ce que- nous, avons déjà
dit des Ulcères en général, pour qu’ils ne refte
aucun doute fur le prognoflic que l ’on doit
porter.
Avant d’examiner en particulier les moyens
que l’on doit employer pour obtenir la guérifon
de l’ Ulcère fimple , nous donnerons un petit
nombre d’obfervatiops générales fur la manière
dont paroît agir la Nature pour opérer la gué-
gifon dés Ulcères, 8l furies effets que l’on peut
attendre des feçours de l’A r t , afin de parvenir
au même but.
§. II, De la Régénération des parues
dans les Ulcérés.
A roefure qu’un Ulcère fe guérit, on y obferve
évidemment une régénération de parties
qui tend à diminuer la- perte de fubflance occa*
fionnée par maladie ou par accident. On donne
généralement le nom de bourgeons ou tubercules
charnus à cette.nouvelle fubflance, en raifon de
fa forme} ces tubercules çroiffent en plus ou moins
grande quantité dans toutes les playes, fuivant
que le malade eft jeune ou vieux , & fuivant le
degré de fanté dont il jo u it; an point que chez
les ieunes gens pléthoriques, leur accrpiffement
efl fouvent fi confidérable qu’ils s’élèvent au-
deffus du niveau des tégumens voîfins.
Lorfque la perte de fubflance eft ainfi réparée
autant qu’il eft poflible, le refle de là curecon-
fifte dans la formation de la cicatrice, qui efl ou
l’effet de la Nature feule, quand elle produit
en quelque forte i’exficcation de la furfaçe de la.
fubflance régénérée, & forme de cette manière1«^
efpèce. d’épiderme; ou bien l’Art parvient à 1
enir , en appliquant dis fubftances aflringente«
deflicatives.
Nous nous fervons ici du terme de régénération
des parties, fans prétendre qu’il le faffe
réellement une génération nouvelle des parties
mufculaires ou autres parties o rg a n ifé e sq u i
ont été détruites par les playes ou par les Ulcères;
nous voulons feulement donner une idée de cette
production, qui a toujours lieu à un certain point,
dans les Ulcères accompagnés de perte de fubf-
tance, lorfque la conftitution efl faine.
Il n’eft peut - être pas aifé de déterminer la
véritable nature de cette production ; mais il eft
évident, par les phénomènes quelle préfente
quelle efl très - vafculaire *, d’où il eft probable
quelle eft produite par Falongement ou l’exren-
fion des petits vaiffeaux fanguins, qui n’ont été
divffés que par une certaine quantité de tiffu
cellulaire formé , comme il y a tout lieu de le
croire , par une matière que fourniffent les orifices
de ces vaiffeaux, & qui leur fert comme
de foutien ou de moyen de connexion.
On ne doit pas cependant s’attendre qu’une très-
grande perte de fubflance puiffe jamais être entièrement
réparée de cette manière. La Nature
il eft vrai , répare dans quelques circonftances
particulières, des pertes accidentelles très-confi-
dérables; mais fes opérations en ce genre font
fort limitées. Chez les jeunes gens , lorfque les
parties n’ont pas encore acquis leur dernier degré
d’accroiffement, & que Jes vaiffeaux continuent
à s’étendre , l’on voit quelquefois de grandes
pertes de fubftances fe réparer prefque coinpletre*
ment; mais l’on ne doit jamais à ce période
même d'e la vie attribuer entièrement ces guérirons
, comme on les fait communément à la
génération de nouvelles parties *, car , en y ré-
fléchiflant, il eft très-évident qu’une circonf-
tance d’une nature entièrement oppoféecontribue
dans tous ces c a s , à la. guérifon parfaite. Nous
parlons ici de l’affaiflèment des parties divifées
que quelques Auteurs prétendent être le feul
moyen, employé parla Nature, pour guérir les
playes & les Ulcères. M. Fabre & M. Louis ont
particulièrement foutenu cette opinion, que tout
Praticien qui ne mettra pas cependant fon imagination
à la place des faits, ne manquera pas
oe trouver exagérée.
On ne peut difeonvenir que l’effet de l’affaif-
iement des. parties voifines de la folution de con-
I linuité ne foit, jufqu'àun certain point, le même
pour la guérifon, que celui de la régénération
Chairs, & ta cicatrifation a fouvent lieu
r^ i t! U, chez vieillards, fans.qu'il y aituné
régénération évidente des parties.
; pr? cédé de‘ la Nature e fl, jufqu’à un certain
febfible dans les plus petits Ulcères *, mais
«davantage dans ceux qui font confidérables
(uc?faICUlièrement dans ces vafles Ulcères qui
oeoent communément à l'amputation de quel.
Ltururgte. Tome I I , I I .i Partie.
qu’exfrémité, telle, par exemple,que fa cuiffe.
On n’obferve jamais dans ces cas aucune régénération
confidérable des parties, & la guérifon
s’accélère toujours en proportion de la facilité
qu acquiert la peau de fe contracter, par l’affaif-
fement ou ramaigriffement des parties environnantes.
Cette diminution de volume n’eft pa*
bornée à quelques parties, mais elle a également
lieu dans toutes, excepté peut - être uniquement
dans les os.
Ainfi, lorfque la cicatrice eft formée après l’amputation
d’un membre, tous les vaiffeaux, &
même les plus gros, font prefqu’enfièrement oblitérés
dans une étendue confidérable} au moins
l’on n’en trouve d’autre veftige que les membranes
minces qui conftituoienr leurs tuniques ,
& qui font réiréré-s au point de ne plus former
que des cordes extrêmement petites; les fibres
des différens mufcles font aufli confidérablement
diminuées ; & fouvent le tiffu cellulaire paroîc
être prefqu’entièrement détruit”.
U y a une autre efpèce d’Ulcère , dont if paroît
que la guérifon eft particulièrement accomplie
par l’influence de la même caufe. Les lèvres des
playes faites par incifion , avec peu ou point
de perte de fubflance, fe gonflent extraordinairement
dans l’efpace de vingt-quatre heures;
ce qui les écarte tellement l’une de l’autre que
le tour reffemble à un large Ulcère fordide. La
playe refteroit long - rems dans cet écar, fi on
Ja négligeoir ou fi l’on y appliquoit des remèdes
irritans ; mais, dès que des càtaplafrnes émoi-
liens & d’aurres paafemens convenables, l’on a
obtenu un écoulement abondant de pus , l’inflammation
diminue, le gonflement des lèvres
s’affaiffe , & l’Ulcère fe contracte par degrés,
au point que les bords, qui étaient fort féparés *
fe rapprochent l’un de l’autre.
L e même phénomène eft très - fenfible pendant
la guérifon de tout Ulcère accompagné de
beaucoup d’inflammation; & une grande partie
du traitement confifle à diffiperla douleur, l’ir ritation.
& le gonflement, qui ont toujours lieu
dans ces- cas.
Dans les playes tranfverfales profondes, qui
pénètrent les mufetes au point de s’étendre ju f-
quà l’os , on obtient rarement la guérifon par
la fimple réunion des parties, fur- tout iorfqu’ il
■ y a eu perte de fubflance; & à rnefure que la ci-
carrice fe forme , il fe fait toujours un aflàifle-
ment évident des extrémités des parties divisées.
Dans tous ces cas , immédiatement après la
.guérifon, tant que la maigreur eft encore confidérable
, la perte de fubflance produite par
la playe, ir’eft jamais fi apparente quelle le devient
au bout d’un certain teins, lorfque la fanté
& l’appétit font rétablis, & que toutes les parties
du corps, celles particulièrement qui ont étédi-
vitéës, o n t , en grande partie , recouvré leur premier
volume; l’enfoncement occafionné par les
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