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) engourdis, j’affoupis. C’eft le nom par lequel
on défigne les remèdes qui ont la propriété de
diminuer la feniibilité & 1 irritabilité dans le fyf-
tême animal, & par conléquent d y afioiblir le
mouvement & les facultés motrices » ils font fur-
tout remarquables par le pouvoir quils ont
d amener le fommeil. On les nomme suffi Soporifiques
ou Hypnotiques.
Les principaux Narcotiques ufités font l’opium,
les têtes de Pavot, la Ciguë, la Jufquiame, la
Belladona. Voye[ ces différens mots. * j
NECROSE Spacelus. Maladie d un
os dans laquelle une partie de fon tout ne recevant
plus les influences de la v ie , fe deffèche,
s’ifole du re fle , & forme ce qu’on appelle^ un
Séqueftre, au milieu des parties vivantes qui l’entourent
de toute part. Les phénomènes qui lur-
viennent dans le cours de cette maladie ont beaucoup
d : rapport avec ce qui fe paffe dans la gangrène
lèche des vieillards. La caufe délétère en agiflant
par fes propres facultés , établit une inflammation
à la circonférence de la portion qui doit tomber j
la fuppuration qui furvient enfuite la détache du
période, & l’os privé de tout lue nourricier »devient
un corps étranger qui fe fépareà mefure
que les fucs qui fuintent des parties laines
réparent le vuide. Quand la portion ainfi détachée
eft peu volumineufe , elle fe réduit m-
fenfiblement à rien , &> fort par parcelles avec les
matières qui fe lont voie par les ouvertures extérieures
mais quand elle eft très - étendue » &
qu’on' ne tente aucun des moyens que les cir-
confiances peuvent Suggérer , elle fe fait quelquefois
jour par elle-même & foft en totalité.
Entre autres exemples de ce que peut alors la
Nature quand elle eft laiffée à elle-même , nous
choilirons le fait fuivant , que nous extrairons
du deuxième volume des Medical Obfervations
and Inquiries, & qui eft rapporté par les D.
Mackenfie : Willam Baxter reçut à treize ans
un coup fur la cuifle, qui lui fit éprouver une
douleur très-vive. Quelque mois après la parrie
fe gonfla, s’enflamma , & donna des fignes d^une
fluéiuation manifefte. Ses parens pauvres n ap-
pellèrent perfônne » l’enfant dépériffant, la matière
enfin fe fit jour par une petite ouverture
de la peau à la partie intérieure de la cuifle,
environ trois doigts au-deffus de la jointure du
genou , & dès ce moment il continua d en fortir
une fanie pendant dix-huit à vingt mois.Enfin,
l’ouverture s'élargit laiffa poindre un bout
aigu & inégal d’os à nud , qui lui faifoit éprouver
de la douleur par le feul frottement de fa
culotte *, car l’enfant alloit toujours à l’école,
n’étant aidé que d’un bâton quand il mareboit.
Après deux ans & demi de fouftrance, un matin,
comme il étoit au lit , il fentit le bout de l’os
qui flottoit beaucoup plus que précédemment. Il
le tira un peu fortement, & l’entraîna en totalité.
I l furvint une hémorrhagie qui, étant eeffée d’èller
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même > permit à la plaie de fe cicatrifer en peu
de teins , & depuis le malade n’a plus éprouvé
d’accidens. Ayant été examiné alors par le D.
Mackenfie, celui-ci ne découvrit aucun défaut
dans la cuifle ,'fi ce n’eft qu’elle étoit plus épaifie
que l’autre & un peu plus courbée \ les mufcles
étoient raoux comme à l’ordinaire, & détachés
de l’os comme dans l’état naturel. Il âpperçut la
cicatrice par où l’os étoit forti •» mais elle étoit
folide & fans aucun indice qu’elle voulût s’ouvrîr.
La pièce détachée offroir une portion de toute
la circonférence de l’os , ainfi qu’on le peut voir
dans la Planche qui a rapport à cet article j les
bouts en.étoient rongés par les progrès de la
maladie, en forte qu’il]y a lieu de croire que fi
la pièce eût eu une moindre étendue, elle eût été
à la longue détruite fpontanément.Le D. Humer,
cite, pour appuyer ce fa it , un tibia qui lui fut
envoyé par M. Inett, dans lequel on voit l’os
primiîif détaché & renfermé dans un denouyelle
formation \ comme nous avons jugé la pièce très-
curieufe nous l’avons fait graver dans les Planches.
On y voyoit l’empreinte des mufcles, & partie
culiènfment du poplité, du folaire & autres
traces qui font naturellement vifibles fur cet os.
Il s’éroit fépàré à peu de diftance de fon union
avecl’épipbyfe à chaque extrémiré,& unefubftance
comme ofleufe , mais plus poreufe , uni (Toit les
deux bouts1 reftans & renfermoit le féqueftre dans
fon intérieur. On trouve dans le cinquième
volume des Mémoires de l’Académie de Chirurgie
, l ’hiftoire d’un homme chez qui la totalité
de la clavicule fe fépara ainfi, fans qu’il perdit
l’iifage d’aucun des mouvemens auxquels le bras
eft fujet. La mort du malade, arrivée peu de tems
après cette féparation, procura le moyen de voir
comment la Nature avoir réparé une auffi grande
perte. On trouva une clavicule fecondaire on
régénérée, laquélle ne différoit de la première
ni en longueur ni en folidité , mais feulement
par fa figure , étant plus aplatie & moins ronde
dans fon corps *, elle avoit avec Pacroinium &
le fternum les mêmes connexions que la clavicule
primitive.
La Nécrofe attaque non - feulement les- os
cylindriques,-mais encore les plats. P ott, dans fés
OEuvres Chirurgicales, parle d’un pariétal qui fe
j fépara ainfi en totalité j & d’un coronal qui tomba
en grande partie. On trouve, dans une Tbèfe
fou tenue, en 17 76 , aux Ecoles de Chirurgie , fur
la Nécrofe, l’obfervation d’un jeune-homme
chez qui l’omoplate fe fépara ainfi entièremènt
près de fon épine. M. Chopard, qui rapporte
le fait, dit :avoir vu le jeune-homme bien portant
& avoir fenti un nouvel os triangulaire mobile
foiuénant fermement la clavicule', mais plus
petit, plus applati & fans aucune apophyfe. On
l’a légalement vu furvenir à la mâchoire inférieure,
ainfi quon en trouve des exemples dans
I . les Ephémérides d’Allemagne & dansies'Mémoi-
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res de l ’Académie de Chirurgie. On lit , dans le
V « volume de ces derniers , l’hiftoire d’une tem-
m’e qui fe préfenta à Bicètre, pour être guérie
du mat vénérien, dès le commencement du traitement,
l’ os fe découvrit fous les gencives d’en bas
& parut peu de temps apjrès vacillant fous une
dent. M. le Guernery, qui foignoit la malade,
faiftt avec un davier la dent qu’il fentou être
fermement enracinée dans la partie branlante de
l’os maxillaire, il fit avec ménagement les mou-
veméns convenables pour enlever la portion dos
dont l’extrâélion lui paroiflbit néceffaire, mais
il fut bien furpris en voyant l’étendue de ce
qui céda à fes efforts modérés *, c’étoit toute la
portionrde la mâchoire inférieure au-deffus de
fon angle droit & depuis fa divifion en apophy-
fe coronoide & condyloide » jufqu entre la première
& la fécondé des dents molaires antérieures
du côté gauche. Il ne reftoit du côté droit que
le condyle dans la cavité articulaire de l’os temporal.
Cette defirutfion laiffoit un vuide confi-
dérable, qui faifoit craindre une grande difformité
par renfoncement des parties molles qu en
rréfumoit devoir être fans foutien. La plaie ,fut
panfée félon les règles que demandoit la cir-
conflance, & la guérifon fut parfaire au bout de
deux mois fans qu’on eût donné aucuns remèdes
généraux que la première friétion. Ce «qu’il
y a d’étonnant dans cette féqueftration, c eft que»
quoique le crotaphyte, le ptérigoïdien interne,
le digaflrique , le génioglofle, le géniohyoidien
& le milo- hyoïdien euffent perdu leur point
d’appui, il fe fit une fi parfaite union de toutes
les extrémités de ces mufcles , que chaque aclion
à laquelle ils étoient deftinés, a été en fièrement
confervée, de forte que cette femme ouvroii &
fermoit fa bouche avec la même facilité & avec
un auffi libre ufage de la langue qu auparavant.
On trouve un pareil fait dans le Journal de Médecine,
année 1791 » !®s fuites ont été les mêmes.
En comparant entre elles toutes les obfervations
données fur la Nécrofe» on voir qu elles fe rapportent
toutes à Pimpreffion du froid , aux coups,
aux chûtes, aux contufions de 1 os, à l’aélion de
tous les-vices, ou à la dégénérefeence de la moelle
à la fuite d’un inflammation particulière à fa membrane
, & fur ce dernier point les expériences du
D. Trojanous paroiffent infiniment concluantes.
Ce Phyficien ayant coupé les jambes d’un pigeon
à fa partie inférieure, il enleva au moyen d’ un
ftilet qu’il porta dans l ’intérieur toute la moelle
qui s’y trouvoir. Ayant tué l’animal le feprième
jour» & ayant dépouillé l’os de fes mufcles, il
le trouva beaucoup plus gros à raifon d un autre
qui étoit comme, crû par-deffus, ce quil dé^
couvrit par une feélion perpendiculaire à 1 axe de
l’os. L’os primitif étoit déjà libre de toutes parts,
& le nouveau paroîffoit tout fpongieux» rouge partout
à raifon d’un nombre infini de vaifléaux fan-
guins qui en parcouroient toute la fubftance. Le
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périofte étoit gonflé, la portion la plus intérieure
étoit comme cartilagineufe, mais la membrane interne
étoit fucculente, très-tendre & épaifle, elle
fe port oit dans l’os de nouvelle formation pr.r
plufièurs filets très-déliés qui fe déchiroicnt facilement.
L’épiphyfe féparée de l’os mort s’étoit tellement
uni au nouveau, quelle formoit corps avec
lu i , laiflànt plufièurs petits trous qui tous com-
muniquoient avec la grande cavité du nouveau. H
n’y avoir rien de changé par rapport aux infer-
tions des tendons & des ligamens. Tous ces
phénomènes fe rapportent à ce qu’on obfcrve
dans une pièce qu’on trouve dans la Planche qui a
rapport à l’article C a l . fig. Ils prouvent qu’on
peut faire périr un os long en détruifant fa moelle,
& que même l’os nouvellement reproduit périt,
quand on déchire & détruit fa membrane intérieure
qui paroît eflentiellement concourir à
fa formation. Mais quelques concluantes que
foient ces obfervations fur le pouvoir offifiant
de la membrane interne, il paroît que le périofte
externe n’eft pas ici fans aôtion, & c’eft ce qu’on
peut inférer de i’ état où on le trouve pendant
que la Nature s’occupe de ce travail.
La Nécrofe eft une de ces maladies de l’os
qui n’ôffrent des fignes bien certains que quand
fouvent on a déjà tenté divers procédés cura-
toires, ainfi qu’il confie d’après les obfervations
que les Auteurs nous ont laiffées fur ce genre
de maladie nouvellement étudié. On l’a fouvent
confondu avec le fpina ventofa & même avec
la carie qui eft accompagnée de gonflement, &
à dire vrai les apparences font fouvent tellement
les mêmes que les grands Praticiens s’y font
quelquefois trompés , & notamment le Dran,
comme on le peut voir dans le fécond volume
de fes Obfervations. Cependant, en faifant attention
à l’âge du malade, à la fituation des ouvertures
fiftuleufes vers les épiphyfes, à la petite
quantité de pus d’affez bonne qualité, qui en
découle quand on comprime la partie, à ce que
fait connoître le ftilet quand on le porte dans
le trou fiftuleux, & joignant tout ce qu’on découvre
à. l’hiftoire des caufes éloignées qui ont
pu produire leurs effets, on parvient à des fignes
affez certains pour fe déterminer à fuivire une méthode
dans le traitement. Nous ne dirons rien ici
du prognofiic qu’on peut tirer fur la maladie,
tant des circonftances en dérangent le cours que
nous laiffons aux Praticiens à donner fur cela
des préceptes qui, par la fuite, puiffent concourir
à un plus grand développement pour la théorie.
L ’indication curative de la Nécrofe confifte
dans l’extraélion du féqueftre qui déformais ne
pouvant faire corps avec les parties vivantes,
peut être regardé comme une fubftance étrangère
qu’on doit enlever. Mais ici fouvent la Nature
abandonnée à elle-même» agit plus efficacement
que l’Opérateur qui croiroit devoir lui porter
aide en pareille occurrence» & c’eft ce qui