
des fomentations, des linimens j on applique
des emplâtres fondans ou réfolutifs, & on expofe
la partie à la vapeur de l’efprit-de-vin , fans qu’on
n’en voie dériver aucun bien, fi ce n’eft la ceffation
delà douleur pendantquelques jours. Mais bien tôt
elle recommence, & la tumeur de l’o s , après
avoir été long-tems fiationnaire, fait en bien peu
de iems des progrès qui furprennent. En parcourant
les. Auteurs, on voit une allez grand diverfité
dans les remèdes qu’ ils prefcrivent intérieurement*,
le plus grand nombre confeillent la dé-
coétion des bois fudorifiques , & les huiles de
b uis , de faffafras, unies au fucre, en manière
d’éleofaccharum; pendant que d’autres ne yifent
qu’à fortifies le corps par les bains froids, les
eaux minérales & le kinkina *, & quand la douleur
eft confidérable, ils veulent qu’on l’appaife
au moyen des opiacés. Mais , quand le mal eft apparent'
au-dehors , qu’il y a même ulcération , il
faut fans plus différer en venir à un traitement
local. On aggrandit l’ouverture en différons fens,•
tant pour s’&ffurer du défordre, que pour donner
une iffue facile à la fanie. On applique une
ou plufieurs couronnes de trépan , fi l’ouverture
de l’os n’eft point fuffifante pour donner ifiue à
la matière. On trouve dans les Auteurs, plufieurs
exemples defuccès d’une pareille opération, dans
le cas de fuppuration dans l’intérieur de l’os ; nous
en prendrons un entr’autres du Traité des maladies
des os de J . L . Petit.
Un Homme avoit été traité méthodiquement delà
vérole , pour une tumeur à la partie moyenne du
tibia. Les douleurs ne ceffèrent pas entièrement -,
elles augmentèrent même quinze jours après être
forti de chez M. Petit. Le malade avoit de la
fièvre , fa jambe étoit devenue rouge & même
douloureufe à l’extérieur ; on délibéra dans une
eonfultation, qu’il falloit ouvrir l’endroit où il
avoit eu tumeur , pour donner ifiue à la matière
qu’on foupçonnoit infiltrée dans le périofte &
caufer les accidens. L ’incifion ne procura aucun
mieux -, on fe détermina, deux jours après, à
l ’application du trépan , qui amena l’évacuation
d’une très-grande quantité de pus fétide; la moelle
étoit toute f o n d u e & le canal médullaire paroif-
foit prefque vuide. Petit appliqua trois autres
couronnes de trépan , & coupa les ponts intermédiaires.
Le cautère a&uel fut employé plufieurs
fois pour détruire la carie, & le malade, après
tous ces tourmens, guérit enfin radicalement. Dans
les cas où l’on sjeft ainfi frayé voie dans l’intérieur
de, l’o s , il faut chercher à en néroyer l'inférieur
avec des injeélions déterfives & antife^riques,
dans fefquelles on fait entrer la myrrhe & l ’aloës ;
& l’on panfe avec un digeftif animé. En certain
cas, Pon pouffe dans les .ouvertures, des bour-
donnetS/ liés , imbus de teinture de fuccin ou
de far coco le,, & exprimés; & l’on recouvre les
playes avec une firnple emplâtre de ftyrax. En
«Fautres, l’on a recours, au cautère aé iud , dont
Marc-Aurèle Severino , exalte beaucoup Teffica-
cité ; mais , malhetireufement, il n’eft pas toujours
pofiible de le porter profondément jufqu’aq
mal, & -la dépravation d’ailleurs eft quelquefois
trop grande pour qu’on puiflfe efpérer de la détruire
complettemtnt par ce moyen. Quand il
occupe les extrémités des grands ô s , comme au
bras, à l’articulation de la cuiffe avec la jambe;
la courume eft d’amputer le membre , quand d’ailleurs
l’état du malade permet qu’on ait recours à
ce moyen extrême; mais un fait dernièrement
tenté par l’ingénieux M. Parck, Chirurgien , à
I.iverpool, pour fauver un membre ainfi affedé,
donne lieu de revenir fur ce précepte. U l’a con*
fervé en n’en emportant que la tête, au moyen
de la feie ; & il a eu la fatisfaélion dè porter à
une bonne' cicatrice , la plaÿe qu’ il avoit été
obligé de faire, en pratiquant une pareille réféèlion.
(M. P e t i t -R a d e l ').
SQUIRRHE, d e ‘'■ «'Ppoc, du marbre. Tumeur
dure, circonfcrite, fituée pour l’ordinaire dans
une partie glanduleufe, généralement mobile,
fans rougeur à la peau & très-peu fenfîble. Il
ne paroît pas qu’on puiffe regarder aucune partie
du corps comme abfolument exempte de cette
maladie; mais elle a fon liège principalement
dans les glandes conglomérées & à la furface
dés parties que recouvre une membrane fécré-
toire. .
Les Auteurs, qui ont écrit fur ce fujet, ont
attribué la formation du Squirrhe à un grand
nombre de caufes & particulièrement à l’inflammation
des glandes, à la contufion, au frottement
y à la compreffion des parties affeélées, à
la répereuffion , à la coagulation du lait dans
les feins , au dérangement ou à la fuppreflïon
des règles, aux affrétions trilles de l’ame, à la
difpofition héréditaire..
Boèrrhave & fes Difciples ont été les principaux
défenfeurs de l'opinion que le Squirrhe
étoit une des conféquences naturelles de l’inflammation.
D ’autres Praticiens ont révoqué en doute
ce fa it , dont il n’eft pas facile de démontrer la
réali ré; des Auteurs anciens & modernes dont
l’autorité eft d’un grand poids ont affirmé que
l’inflammation du foie étoit, fou vent la caufe
déterminante d’un gonflement Squirrheux dans
ce vilcère ; ils ont avancé auffi que la même
caufe occafionnoit fréquemment le Squinhe de
la matrice. 11 n’eft pas facile de décider à quel
point ils peuvent être fondés dans cette fuppo*
firion; il nous ftiffira de faire obftrver que fi
l’inflammation des vifeères intérieurs peut produire
des tumeurs Squirrheufesr dans ces parties,
il n’en eft pas de même des organes extérieurs
ou une maladie de ce genre n’a peut- être jamais
dû fon exiftence à cette caufe. Mais il n’en eft
pas moins vrai que toute irritation propre à
enflammer ces tumeurs, contribue plus que toute
autre chofe à les augmenter & à les ffiire dégéhérer
en cancer , & que les moyens les plus
efficaces pour en retarder les progrès & pour prévenir
cetfe fatale terminaifon, font de la même
nature que ceux qu’on emploie pour difiiper des
engorgemens inflammatoires,ainfi que nous l’avons
vu à l’article Cancer.
Il n'eft pas aifé non - plus de déterminer
jufqu’à quel point les autres caufes, dont nous
avons parlé, peuvent contribuer à la production
du Squirrhe. C ’eft un fait que les tumeurs
Squirrheufes des feins fe manifeftent plus fou-
vent que chez d’autres, chez les femmes qui
mènent une vie très-fedenraire, chez celles qui ,
font fujettes à des fuppreffions de leurs règles,
ou qui font- parvenues à l’époque de la ceffation 1
de cette évacuation périodique. On a obfervé j
auffi que les femmes, accoutumées à des règles :
très-abondantes, étoient plus fujettes que d’autres !
à des Squirrhes des feins ou de la matrice à
cette même époque. Mais ces faits même ne jettent
pas beaucoup de lumière fur la caufe prochaine
du Squirrhe, & il-n’eft point de Praticien qui
n’ait fréquemment vu naître cette maladie, indépendamment
de l’opération d’aucune caufe qu’il
ait été à portée d’obferver.
On a trouvé des tumeurs Squirrheufes djxfô
le cerveau, dans l’oefophage, dans les poumons,
dans l’eftomac, dans les inteftins, dans le foie,
dans la rate , dans le pancréas, dans les reins,
dans la veflie, dans la matrice, dans les tefti-
cules, &c. Les fymptômes & les effets de cette
maladie varient confidérablement fuivant qu’elle
a fon fiège dans l’ une ou dans l’autre de ces différentes
parties ; & pour s en former une jufte idé e,
il faut en étudier, avec foin, l’hifloire dans
chacun de ces cas particuliers. Voy. OEsophage,
Foie, Ma trice , T esticules ,.& c. Tout ce
que nous pouvons obferver i c i , eft que la pré-
fence d’un Squirrhe dans une partie quelconque
du corps, enrraîne, après e lle , toutes les conféquences
fâ^heufes qui peuvent réfulter d’un
dérangement de l’organifation de cette partie, de
l’interruption partielle ou complette de fes fonctions,
& de la gêne que doit naturellement occa-
fionner la prelfion d’une tumeur contre nature
fur les organes voifins.
Une tumeur Squirrheufe, féparée du corps, &
foumife à l’examen, ne préfente qu’une maffe
prefque par-tout uniforme, & dont toutes les parties
conftituantes font tellement confondues qu’on
ne peut plus y reconnoître ni vaiffeaux, ni cellules,
ni nerfs, &c. On trouve quelquefois vers
fon centre ou dans un autre point plus voifin
de fa furface, quelques gouttes d’ une liqueur
roufle, brune ou jaunâtre. En faifant long-tems
macérer ou bouillir cette matière dans l’eau, on
en extrait une certaine quantité de lymphe coagulable
, & fa fubftance qui devient, par ce pro-
c^dé, dure &élaftique , cotimience à manifefter
nne apparence ceilulqufe, mais fans montrer beaucoup
plus de reffetnblance avec la ftruélurv primitive
de la partie.
11 eft très-important de diftinguer les tumeurs
Squirrheufes, des tumeurs enkyftées, de celles qui
font de nature fci ophuleufe, de celles qui tiennent à
la fécrétion du lait, des phlegmons & des abcès
des rnammelles, de l’ hydrocèle, &c. & il n’eft
pas difficile d’en établir les caractères diftin&ifs
dans tous ces cas ; mais il eft moins facile de
bien reconnoître la préfence d’un Squirrhe dans
l’ intérieur du corps. On a vu des cas où l’on
a pris un Squirrhe du méfenrère ou de l’ovaire
pour un abcès,& où l’on s’eft déterminé en confé-
quence à en faire l’ouverture. Les duretés qui
fubfiftenr quelquefois à la fuite d’un phlegra m,
& les callofités, qui bordent les ulcères filtuleux
ou de inauvaife nature, ne doivent point être confondues
comme cela eft fouvent arrivé avec des
affeétions Squirrheufes. Voye\ Callosité.
Tout Squirrhe tend à dégénérer en cancer
quoique d’une manière plus ou moins rapide,
fuivant les parties où il fe trouve, fuivant la
difpofition naturelle de la perfonne qui le porte,
fuivant fon genre de vie & fuivant les caufes^
occafîonnelles auxquelles elle peut être expofée.
On a cependant vu des tumeurs qui, paroi fiant
appartenir à cette claffe, fe font heureufement
diftipées, ( Voye\ C an c er ; ) c e font celles qui
affrètent des organes intérieurs qui cèdent le
plus fouvent aux remèdes employés dans cette
intention.
Une glande Squirrheufe, au fein par exemple ,
peut demeurer long-tems dure & infenfible, con-
fervanr à peu-près le même volume & la même
apparence. Pour l’ordinaire, cependant on ia voit
rôt ou tard à l’occafion d’un copp, d’un accès
de fièvre ou de quelqu’aurre caufe accidentelle,
fouvent auffi fans aucune caufe occa lionnelie apparente,
on la voit, dis-je, groflir & acquérir de
la fenfibilité. La malade féru d’abord une forte
de prurit dans la partie affeClée, lequel, venant
à augmenter, fe change g i une douleur lourd®,
qui, peu-à-peu, acquiert de la vivacité, eft accompagnée
d’él^ncc mens, & devient enfin très-
aigue. La tumeur alors perd fa mobilité & prend
une forme irrégulière ;. les veines cutanées des
environs groffiiienr confidérablement & deviennent
fouvent variqueufes; la peau prend, en
quelques endroits, unç teinte jaunâtre, pourprée
ou livide, 8c au-deflefos de ces places décolorées
il s’ épanche un fluide âcre & virulent qui
ne tarde pas à détruire Içs tégumens & à produire
une ulcération. La maladie une fois par»
; venue à ce point prend le nom de cancer. '
Nous avons, en parlant de cette maladie,
fuffifamment iniifté fur la néceflité de prévenir
fa formation , toutes les fois que la chofe eft
poflible , en extirpant, de bonne heure , le
Squirrhe par une opération Chirurgicale ; & fur
le danger auquel on expofe le malade, en lui
Y v ij