
caufes fe compliquent. On a vu des ulcères attaquer
ces parties, & rendre impoffible la contraction
mufculaire d'où dépend fur - tout le mouvement
progreffif desîalimens; des déchiremens,
des plaies faites par des inflrumens tranchans, &c.
rendre cette contraction inutile & même per-
nicieufe.
Nous avons vu, à l’article Corps étrangers,
de quelle manière on doit fe conduire dans les
cas où PQEfophage fe trouve obfirué par quelque
fubftance que fa forme ou fon volume y retiennent*,
nous ne nous en occuperons pas davantage
i c i , renvoyant à l'article OEsophagotomie
la confidération des cas qui peuvent exiger cette
opération. Nous renvoyons de même aux atticles
G oitre ,nLou pe, T umeur, ce qui regarde
la compreffion de l’GEfophage par quelque caufe
de ce genre q ui, pour l’ordinaire, tft facile à
diflinguer. Mais fon obftruélion peut dépendre
de différentes caufes , plus difficiles à appercevoir
, & dont il importe cependant de connaître
de bonne heure l’exiffence *, il ne faut pas Confondre
la difficulté d’aValer. caufée par une fini pie
paralyfie de cet organe /avec celle qui provient
d’un ulcère. On a vu une^mpôffibiHfé abfolue
d’avaler réfulter de la luxation d’une des cornes
de l’os hyoïde q u i, après avoir réfifté pendant
trois jours à beaucoup de remèdes, céda fur - le -
champ à la réduélion de cet os. On a fouvent
attribué un pareil accident à un rétréci filment
organique,quoiqu’il ne fut que l’effet d’un fpafme,
& fouvent on efl tombé dam l’erreur contraire;
fouvent suffi , l’effet coopérant avec la caufe
originaire, a rendu la maladie plus grave. Ainfi,
le refferrement, occafionné d’abord par un fnnple
fpafme , pourra, s’il fe répète fréquemment,
donner lieu à un épaiffifîemenr des parois de
i’QEfophage dans l’endroit affedé; s’il tient à
«n gonflement des parties ou même à quelque
compreffion .extérieure , il fera fréquemment accompagné
d’une conflridion fpafmodique qui
augmentera momentanément la gravité des fym-
ptômes. *
Le refferrement de i’GEfophage, lorfqu’ ile fl
purement fpafmodique, n’eft pas une maladie
dangereufe: il accompagne ordinairement les maladies
hyflériques, & il fe diflingue facilement
par la celfation tota'e des fjmptômes, & par le
retour de la faculté d’avaler , qui le rétablit dans
toute fon intégrité. Mais, lorfqtfaprès la ceffa-
tion des autres acci iens nerveux, il refle plus'
ou moins de difficulté dans la déglutition , le
cas efl très-grave, & la maladie que ce fymprôme
annonce efl une des plus triffes auxquelles l'économie
animale foir fujette. Ses eommencémens
en général font fi légers qu’à peine croit-on
devoir y faire attention, les malades n'appercevant
qu’une légère difficulté à avaler des. alimens fo-
lides. Us demeurent, pour l’ordinaire , dans ctt
état plufieurs mois, & iiièma plufieurs années,
pendant lefquelles foute efpéce de nourriture ,*
& même les fubflances folides, pourvu quelles
foiçnt en petit volume & avalées lentement, paf.
ftnt avec a fiez de facilité.-Ils ont généralement
la voix enrouée , & iisfe plaignent d’un peu de
gène dahs la refpiràtion. Peu - à - peu le mal
augmente, & le canal de l’QEfophage devient fi
étroit qu'aucune portion de nourriture folide,
quelque petite quelle foir, ne peut y pafîer, & ,
qu après s’être arrêtée quelque tems à l’endroit
où elle trouve l'obflacle, elle efl rejettée par un
mouvement convulfif, accompagné d’un bruit
d’une nature particulière.
Le fiège decetre maladie efl le plus fouvent à la
partie fupérieure de l’OEfophàge,dans l'endroit où
ce canal adhère à la partie pofléricure du cartilage
thy roïde; quelquefois il efl beaucoup plus bas, près
de l’orifice fupérieur de l’eflomac. Dans ce dernier
cas, la portion du canal immédiatement au-dtffus
dè l’obflruélion , efl affez fouvent plus ou moins
dilatée par les alimens qui y féjournent, au
point même de pouvoir en contenir une quantité
confidérable , lefpècede vomiffement par lequel
ces alimens font rejet tés par la bouche, fuivant
de plus on moins près les tentatives qu'on a faites
pour les avaler, félon que ia partie affeéïée fe 1 trouve plus ou moins élevée dans l’CEfophage.
Dans le dernier période de la maladie, les li-
| quides même ne peuvent plus pénétrer dans l'ef-
romac , & le malade finit à la lettre par mourir
d'inanition.
Lorfqu’cn ouvre les corps des perfonnes,
mortes de cette manière, on. trouve les parois
de l’GEfophage fort épadlies, & ne lai fiant chez
quelques fujets qu’un canal fi étroit qu’à peine
peut-on y introduire un ftilet ordinaire *, quelquefois
le paliage efl entièrement fermé; quelquefois
la partie au-deffùs de l’obftruétion fe
trouve dilatée plus que dans l'état naturel. Dans
bien des cas, on trouve une ulcération auprès
du refferrement ; alors la partie n’a plus fa forme
cylindrique, & elle prend diverfes apparences,
fuivant que l'ulcère'a fait plus ou moins de progrès.
Quelquefois les cartilages thyroïde & cri—
copie fe trouvent rongés par l’ulcère ; quelquefois
la trachée même efl percée ; quelquefois le même
accident g lieu d-ms les côtés de l’CÊfophage.
Cette maladie, lorfqu’clle a fait de certains
progrès, & fur - tout lorsqu'elle efl accompagnée
de qnelqr.e degré d’ulcération , peut être regardée
comme abfolumînt incurable. Mais, dans fes
premiers périodes, on peut en retarder les progrès ;
on peut parer aux inconvéfiiens qui réfiiltent
du défaut de nourriture; on peut même quelquefois
obtenir une guérifon compUtte.
Lorfque le mal confrfle dans un (impie reffer-
remern de l’GElophage , fans autre' épaiff/ffement
des parties que celui qui réfulte de ce que la
fubflance des parois de ce canal fe trouve ràf-
femblée dans un plus petit efpace , on peut dilater
mécaniquement le paffage au moyen de
bougies, ou de fondes flexibles qu’on y introduit
tous les jours , & dont on augmente graduellement
la groffeur. On recommande auflï de faire
avaler au malade des bols de beurre, de graiffe,
& d’autres fubflances onéhieufes auxquelles on
donne plus de folidlré & de volume, à ntefure
que les bougies' dm élargi le canal. On a vu
de» cures opérées par ce (impie traitement', lorf-
quM efl bien admit) i fl ré. Memoirs o f tke Medical
Society o f London. V. J , p. l 8(5.
On efl redevable à AL Munckleÿ ^ Médecin de
Londres j d'avoir fait connoitre une autre méthode
donron a obfcrvé les pl us .heureux effets dans des
cas dé cette nature. Un célèbre Praticien ( i) , dit-il,
ayant été appel lé auprès d’une jeune perfonne
atteinte de cerre maladie , il jugea, d’après l’enrouement
confidérable qu’il oblèrvai chez elle, &
d'après quelques aurres fvmptômes, que le mal
pouvoit dépendre d’une affeélion fcrophuleufe
des glandes de la gorge. En conséquence,il con-:
feilia d’oindre légèrement le col d'onguenr mer-*
curie!,' & de le recouvrir enfuite d’un cérat de
même nature. Ce remède contre fon intention
occafionna une falivation qui guérit la malade
coniplettement. Encouragé par ce Succès il employa
le même moyen pour d’autres perfonnes
& réuffit chez quelques-unes. M. Munckleÿ âéjl
quel il fit part de ces obfervations , eut bien-rôt
occafion de s’en fervir dans un cas qui paroiffoit
très-menaçant. -La malade étoit une femme de
quarante ans qui. depuis plufieurs années, avoir
éprouvé de la difficulté-à avaler ; mais, en dernier
lieu, cette difficulté avoir augmenté au point
de iui faite craindre que le paffage ne fe bouchât
bien-tôt complettement; il n'ÿ avoit que
lès fubflances les plus liquides & même en très-
petite quantité qui puffent pénétrer fians Teflo-
mac. Elle étoit fort maigre , elle avoit la voix
fort enrouée & la refpiràtion fort gênée. Elle
pouvoir montrer extérieurement l’endroit ou devoir
être l’obflacle, mais la vue ni le toucher
n y faifoientrien appercevoir. M. Munckleÿ, encouragé
par lès cures ci-deffus mentionnées, sut
recours à des friélions mercurielles qu’il porta
au point d’exciter & d’entretenir pendant fix fe-
mainés une légère falivation. En fuivant cette
méthode; il vit dïfparoyre peu-à-peu les fym-
pfôrnes, & }a malade obtint enfin une guérifon
complette. Le même Praticien nous dit qu’il a
également réiiffi dans d’autres cas, quoiqu'il avoue
n avoir pas eu toujours le même fuccès. L ’état
d épuifement où l ’on trouve quelquefois, les perfonnes
attaquées de cette maladie, peut être.tel
qu tl les rende également incapables de fuppor-
îer & le mal & le remède; en forte que quelques
moyens qu’on ait employés pour les fou-
TEtlir ? §!H par des lavemens nourriflans; foit de
toute autre manière qu’ou ait pu imaginer, on
(’ 1 j Médical Tranfaftian , Y. i , p. 26j.
les a Vu périr fans pouvoir leur aominifirer aucun
lécours. On trouve, dans les Recherches &
obfervations de Médecine de Londres, quelques
exemples racontés par d’autres Praticiens des
heureux fuccès de la méthode de M. Munckleÿ.
Comme dans cetre maladie, la première indication
qui fe préfente, après celle de rétablir
la liberté du canal de i’GEfophage, efl defup-
pléer au défaut d ajimens, nous penions qu on
peut appliquer ici la méthode employée par M.
Défailli poiir nourrir des malades chez qui des
tumeurs à la gorge, des plaies 011 d’autres acci-
dens ont rendu la déglutition impoifible. Cette
méthode confifieà porter une fonde flexible par
le nez dans TCEfophage, & à injeéler par - là
dans i’eftomac du bouillon, ou d’autres alimens
liquides. Nous efpérons qu’on ne trouvera pas
hors de propos que nous tranferivions ici un
paffage du journal de Chirurgie, que publie ce
Praticien juflement célèbre, quoique ce morceau
foit relatif à un cas de plaie d’arme à feu ou le
malade dût fon falut à l'ufage qu’on fit d’un
pareil artifice pour le nourrir.'
a Le malade dont il s’agit s’étoit tiré un
coup de piflolèt dans la bouche. Les diverfes
fraélures des os , les déchiremens des parties
molles, le gonflement inflammatoire qui ne tar-
, da pas à furvenir, rendoient la déglutition totalement
impoffible. M. Default intreduifir, par la
narine gauche, une groffe fonde de gomme élal-
rique garnie de fon fliier courbé comme le font
: les algaiïes, ordinaires ; il l’enfonça jufques dans la
partie-moyenne & poflérieure du pharynx; puis
il retira le flilet d'une main tandis qu’il foute-
noit & fixoit avec l’autre la fonde, qu’il pouffa
; enfuite plus avant, afin de l’engager dans l'flEfo-
phage; mais au lieu de Cuivre cette v o ie , la
fonde entra1 dans le larynx; on en fur averti
j par une efpèce de gargouillement & par l'agi—
’ ration de la flamme d’une chandelle préfentée
à fon ouverture. On retira cette fonde jufqu’à
ce qu'eli-e fur dég%ée du larynx, & l'enfonçant
de nouveau , elle pénétra jtifques'dans la partie
inférieure, du pharynx & dans l’fEfophage ; ce
que l’on n’obtient quelquefois qu’après plufieurs
tentatives femblables. On s’affura que cette fonde
n’étoit plus dans le larynx par l’immobilité de
la flamme de la chandelle, feul ligne auquel on
puiffe avoir confiance; car , pour l’ordinaire, la
préfence de cet infirument dans le larynx caufe
à peine la moindre toux ni la moindre, douleur.
La fonde fut fixée à l'extérieur avec un fi! qui
en embraffoit l’extrémité , & dont les bouts furent
fixés, au bonnet par des épingles. A l'aide d'une
•feringue, on put , fans peine , injeéter , par
■ cette fonde, la quantité tifanne €t de bouillon
dont ce bleffé avoit befôin. La fonde refla en
place jufqn’au dix-huîtièn\je jour, on la retira
à cette époque; mais la déglutition étant encore
trop difficile on la replacé 4 la demande di#