ic i que, lorfqu’on a mis à découvert le kyfte qui
contient l’eau, on doit le percer avec un iro-
car, & prendre, pendant l’écoulement, les précautions
que nous avons indiquées pour les attires
cas. On aura grand foin de ne pas laitier la
plaie expofée à Pair plus long-tems qu’il n’ eft
néceflaire.
5. II. De V Extravafation de fang dans la Foitrine.
Lorfqu’il fe trouve beaucoup de fang extravafé
dans quelque partie de la poitrine, il en réfulte
de l’oppreiîion , & le mouvement des artères devient
foible & irrégulier. Il ell vrai que ces mêmes
fymptômes ont lieu toutes les fois qu’il y a un
épanchement d’un fluide quelconque dans le thorax
•, mais on obferve qa’iis font beaucoup plus
marqués, & que le malade en efl tourmenté bien
plus cruellement, quand ils font occafionnés par
du fang extravafé, que lorfqu’ ils le font par toute
autre efpèce de fluide. A cela près, ils fe ref-
fernblent beaucoup, & nous ne nous arrêterons
pas davantage à les décrire.
Différentes caufes peuvent occafionner une
extravafation de fang dans le thorax*, telles que,
i.° ’ Des bleflures de quelques-uns des gros
vaiffeaux fanguins de la poitrine , faites par des
inffrumens aigus ,, pouffes avec force dans fa
cavité.
i.° Des bleflures de ces mêmes vaiffeaux, faites
par des côtes rompues,& preffées avec force contre
les organes contenus dans le thorax. Des frag-
mens du flernum , ou des vertèbres, peuvent
avoir le même effet.
3.0 L ’érolion de ces vaifleaux par le pus d’un
ulcère, ou d’un abcès *, & enfin ,
4.0 La rupture de quelque vaiffeau, caufée par
Un violent effort, & particulièrement par la toux.
Corn me, pour l’ordinaire , le fang extravafé
dans la poitrine efl fourni par des vaiffeaux fitués
dans les poumons, une partie de ce fang efl re-
jettée par la bouche, dans des accès de toux; & ,
fl la quantité évacuée de cette manière efl con-
fidérable, il en réfulte, pour le malade, un fou-
lagement momentané. Mais, lorfque l’a&ion du
coeur £t des poumons efl trop gênée par te fang
épanché , il faut tâcher de lui donner une iffue;
& cpmme 1e fang qui ne circulé plus dans les
vaiffeaux, fe coagule promptement, 8ç ne pour-
roit plus fortir qu’avec beaucoup de difficulté,
s’il étoit dans cet état, il faut, auffi-tôt qu’on a
lieu de craindre qu’il ne commence à demeurer
flagnant , fe déterminer à faire l’opération nécef-
faire pour l’évacuer.
L ’on a propofé, pour tes cas où le fang fe
îsouveroit coagulé dans la poitrine, de manière
à ne pouvoir fortir par l’ouverture qu’on auroit
pratiquée, de te diffoudre ou de le délayer par
des iuje&ions d’eau tiède ou d’ infufions émollientes.
Mais, à moins d'une néceffité jndifpenfable
l nous ne faurions recommander une fem-
blable pratique*, car les injections les moins irritantes
ne peuvent qu’être accompagnées de beaucoup
de danger; cependant, s’il arrivoit qu’il y
eût un épanchement confidérable de tang dans
la poitrine, & qu’étant coagulé, ce fang ne put
pas fortir par l’ouverture faite à la pleure, même
quand on l’auroit aggrandie jufqu’à lui donner
un pouce d’étendue*, comme le malade ne peut
que périr promptement , fi les chofes demeurent
en cet état, il vaut mieux recourir à ürî remède
douteux , que de ne rien faire pour 1e fauver,
En pareil ca s , on fera des inje&ions d’eau tiède
qu’on répétera fréquemment, mais avec beaucoup
de prudence; on en laiffera même féjourner de
petites quantités dans la cavité du thorax, ce qui
peut fe faire aifément, en relevant un peu la partie
où l’on a fait l’ouverture *, par ce moyen,
peut-être viendroit-ôn à bout de diffoudre peu-
à-peu le fang, & d’en procurer àinfi l’évacuation
, ce qui néanmoins efl peu vraifemblable.
Mais> quand il fera au pouvoir du Praticien de
choifir ion moment pour faire l’opération, il fera
une ouverture de la manière que nous avons indiquée
ctedèffus, dans la partie du thorax où il
y a lieu de croire que fe forme l’épanchement.
Quelques Praticiens, & en particulier M. Sharp,
confeillent, dans tes cas où il y a du fang épanché
dans te thorax, d’attendre plutôt qu’il foit
abforbé , ou expeCtoré, que de chercher à l’évacuer
par cette opération. Si 1e [fang n'eft extravafé
que dans tes poumons , de manière à
pouvoir fortir par l’expe&oration ,* ou même s’il
s’épanche dans une des cavités du thorax, mais
en trop petite quantité pour qu’il puiffe gêner
beaucoup le mouvement du coeur ou des poumons
, il conviendra mieux fans doute de ne point
faire d’opération pour l’évacuer, parce qu’avec
1e tems, à l’aide des faignées qu’on répétera fui-
vant tes forces du malade, au moyen d'un régime
approprié^ fon état, & des remèdes ufités dans
ces fortes de cas, ce qui efl épanché pourra être
peu-à-peu réabforbé, & que d’ailleurs il n’en réfui
tera pas de fi grands inconvéniens. Mais ce
que nous voudrions partisulièrément inculquer,
c’eft que, lorfqu’ il y a affez de fang dans l ’une
ou l’autre des grandes cavités du thorax, pour
gêner beaucoup les fondions des organes qui y
font contenus, il faut fur-le-champ lui ouvrir une
iffue. M. Sharp prétend qu’en ianiant-coaguler le
fang épanché, on fera fermer bien plus promptement
1e vaiffeau qui le fournit , que fi l’on fe hâte
de l’évacuer. Mais fi le vaiffeau dont il fort efl
petit, on n’ajoutera que bien peu au danger de
l’hémorrhagie, en évacuant 1e fang à mefure qu’il
s’extravafe, parce que, dans ce cas,, il furvien-
dra probablement une défaillance qui mettra fin
à fon épanchement. S i, au contraire, le fang pro'
vient d’un gros vaiffeau , le moyen-dont parle
M. Sharp fera irès-infiiffitanr; car une bleffure
ie quelque vaiffeau un peu confidérable de la
tinîtrine efl , prefque toujours mortelle, fou
L o n ait fait, ou non , la P o n to n du thorax.-
■ L’on fuivra, pour cette opération , les mêmes
directions que nous avons données pour évacuer
l'eau contenue dans la poitrine. On obfervera
feulement que fi le fang provient de quelque
vaiffeau qui ait été bleffé par 1 extrémité d un
os fraCturé, ou par quelque corps étranger poullé
avec force dans le thorax, il faudra faire l ’in - •
cifion auffi près qu’il fera poffible de la partie
1 affeCtée, en forte que l’ouverture puiffe fervir,
non-feulement pour évacuer 1e fang , mais età— :
core pour extraire les portions d’os qui fe trouvent
détachées, ou tes corps étrangers qui peuvent
être demeurés engagés dans la poitrine; &
même , fi la bleffure a été faite par un itifiru-
ment pointu, au lieu d’ouvrir un autre endroit',
il vaudra mieux, dans la plupart des cas, ‘fe
contenter d’élargir la plaie extérieure, toutes les
fois , au moins, que la bleffure fera vers le bas
du thorax ; mais fi elle fe trouve dans un en^-
' droit trop élevé pour fervir à évacuer le fang
extravafé, i f faudra pour lors faire l’opération
entre îa feptième & la huitième eûtes, comme
nous l ’avons prefcrit ci-deffus.
III. De VEmpyeme:
Les épanchemerçs de pus dans;‘le thorax, font
plus communs peut-être que ceux dè toute autre
fluide; mais tes fymptômes qu’ils occafionnent
font à-peu-près les mêmes que ceux qui ré-
fultent des épanchemens d’une autre nature ; au
moins reffemblent - ils béaùèoup à ceux qui font
l ’effet d’un amas: de férofité. Ils ont cependant
quelques caractères particuliers qui fervent, non-
féulement à faire diflinguer l’efpèce de ‘ la maladie
, mais encore à en faire reconnoître 1e
foyer.
Quelques Praticiens ont foutenu qu’il y avoir
des cas où le pus fe dépofoit dans certaines
cavités, fan* qu’il eût précédé aucune affeClion
inflammatoire de ces parties. Mais, comme il
eft reconnu que ce fait eft très-rare , fi jamais
il exifte, nous croyons pouvoir établir comme
un principe confiant cette propofition y que l’inflammation
doit néceffairemem précéder la formation
du pus , & cônféquemmént , que l’on
Me voit jamais d’empyème , qu’à la fuite, d’une
inflammation de la partie qui en efl le fiège.
Lors donc que nous voyons d&s fymptômes
qui indiquent un épanchement de quelque fluide
dans le thorax, s’ils n’ont pas été précédés par
une inflammation des parties affedées, nous pouvons
conclure que ce fluide n’eft pas du pus.
Mais, quand nous trouvons un malade qui s’eft
plaint, pendant quelque tems, d’une douleur
fixe, dans un endroit déterminé de la poitrinç,
accompagnée de chaleur, d’accélération du pouls,
& d’autres fymptômes d’ un état inflammatoire,
& qui enfin prend de l’opprèflion, & cherche
à avoir toujours la tête haute, qui éprouve une
impoffibiiité totale de fe tenir coüché fur 1e côté
fain, qui efl coiifiammeht fatigué par une petite
tou x , & qui a fréquemment des friffons, nous
pouvons préfumer, d’après " cet affemblage de
fymptômes, qu’il y a, chez ce malade, un amas
de pus.épanché dans le thorax, foit qu’il en rejette'
J ou non , par l’expedoration ; il n’y
aura plus lieu d’en douter, mj en l’examinant,
le côté affedé paroît avoir plus d’élévation &
d’étendue que l’autrè', ou fl l’on obferve un gonflement
oedémateux fur la partie qui avoir été.
dès 1e commencement, 1e fiègê" de la douteur.
En pareil cas, le feul remède fur lequel on puiffe,
fonder quelque efpérance pour la guérifon "du
malade,-iou feulement pour lefoulager, c’efl la
Pondion du thorax.
Bien des Praticiens ont regardé cette opération
comme plus dangereufe qu’elle ne l’eft réellement,
& l’on,a dit qu’il ne falloir jamais l ’entreprendre
, que lorfque 1e fiège de l’abcès étoit
évidemment marqué par une tumeur extérieure
entre deux côte$.! Quand il arrive que le pou-
înon s’enflamme dans une partie qui adhère à
la pleure > il n’eft pas rare de voir de pareils
abcès quç l’on eft dans l’ufage d’ouvrir. Mais,
quoique l’opération dont noüs parlons foit afièz
importante, pour qu’qn ne puiffe jamais l’entreprendre,
fans une néceffité évidente , nous ne
croyons pas que le danger qui l’accompagne foie
affez grand ,pour qu’il ne foit permis de le faire
que dans lès cas .où l’on vote un abcès extérieur.
Lorfqu après ' Une inflammation de quelque partie
de la poitrine, fuivie des indices inanifeftes
d’ unè fuppuration, il furvient beaucoup d’oppref-
fion ,.q u i n’éft pas bientôt foulagée par une expectoration
de pjus, ii faut promptement fe déterminer
à faire une ouverture au thorax, dans
l’endroit où l ’on a lieu de croire qu’efi 1e pus,
foit qu’il y ait des marques extérieures d’un abcès,
ou qu’il n’y en ait pas. Il pourra fou vent
arriver qu’il ne forte point de pus après qu’on
aura incifé la pleure; car l’expérience nous apprend
que, dans ces fortes de cas , l’abcès fe
trouve fréquemment dans la fubftance même des
poumons ; mais, lors même qu’il en efl ainfi,
l’ouverture que l’on a faite peut être mile; car
1e poumon, n’étant plus foutenu , comme à_l’ordinaire,
dans un certain point, cédera plus facilement,
en cet endroit, à la preffion du pus.
Et lorfque ce fluide eft effectivement épanché
dans la cavité du thorax, cette opération eft le
feul moyen duquel on puiffe attendre quelque
foulagement pour 1e malade. Nous fommes
donc perfuadés que , ’dans tons tes cas de
cette nature , on doit , fans héfiter , y avoir
recours.
La manière d’opérer eft la même que nous