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laite; c’ eft-i-dire, que les perfonneî qui ont etr
■ ce genre d’incommodité,, lotit très-fujettes à y
retomber pour peu qu’elles fartent dexcès; & ,
Belles n’ont pas la précaution de fe palier de tems-
en-tems une bougie, pour conferverle bon effet
qu’elles ont obtenu; & prévenir de nouveaux rétréci
démens de l’urètre. Quelquefois il eft nécef-
fcire , pendant le traitement, de faire ufage des
boiflons relâchantes & adouciffantes, dè preferire
des bains, & de fufpendre les bougies, fi elles
caufent trop de douleurs, ou qu’elles attirent
fur l'un des teflicules, une inflammation qui le
gonfle & qui le rende fenfible. Voyt{, pour de
plus grands détails, l’article B o u g i e s .
z*° ’Les tumeurs qui fe forment au périnéde
ceux qui ont une rétention d’urine , occaftonnée
par le retréciffement de l’urètre, font le réfultat
d'une légère creyaffe, qui s’efl faite au parois
.de ce canal , en - deçà de l’obftacle qui s’oppofe
au cours des urines, ce qui leur permet de s’infiltrer
dans le tirtu (porgieux-de l’urètre, ou dans
ia fubflance cellulaire voifme. Le nombre, la grof-
ftu r , la pofition de ces tumeurs varient ; le plus
fonvent,' il n’y en a qu’une ; quelquefois il s'en
tronve plnfieurs ; elles font placées dans la di-
reélion de l’urètre ou femblem implantées fur
le corps caverneux ou fur une de fes racines.
Dans le commencement elles ont beaucoup de
dureté, & caufênt peu de douleurs ; elles s’amol-
.liffentdans la fuite, & deviennent plus ou moins
.fenfibles. Ces tumeurs finiraient par s’abcéder
par s’ouvrir d’elles-mêmes, fi l’on n’en arrêtait
les pçpgrès, & les urines qui continuent
de s’échapper de l’urètre, paffant à travers l’ouverture
qui s’y ferait faite, la rendraient fiftuleufe.
On ne peut prévenir cette terminaifon que par
l’ufage des bougies, qui rendent à l’urètre les
dimenfîons qu’ il a perdues, & rétablirent la liberté
du cours des urines, ce qui empêcbequ’elles
ne fe fourvoient davantage. Mais il faut pour
Cela que le mal nefoit pas fort avancé, & que
les bougies puiffent être introduites avec facilité.
S’ils durent depuis long-teins, St que lafenfi-
bilité& le retréciffement de l’urètre s’oppofendan
partage des bougies, ta fuppuration & la crevafie
. des tumeurs font inévitables, 8c le malade aura
une ou plufieurs fiftules urineufes.
}.* Les fiftules ne s’ ouvrent pas toujours â l’endroit
où les tumeurs dont il vient d’être parlé
fe font élevées. Si le tiffu qui les environne fe
tronve lâche , & qu'il cède avec facilité, l’urine
fort plus ou moins lo in , & dans toutes les directions
poffibles, 8t va produire des tubercules,
qui s’ouvrext en’ des endroits éloignés de iacre-
vaffe de l’urètre, qui leur a donné naiffance. On
trouve des fiftules uiineufts au périné, fur les
bourfes au pli des aines, fur lesfeffes au- dedans
des cuiffts, 8c quelquefois même à l’un des côtés
dit facnini. Elles diffèrent en Jtombre 8c en dureté
; quelquefois leur trajet eft marqué par une
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cord e, qui s’étend de l’urètre à leur orifice extérieur.
En d'autres cas, il fe forme dans leur voi*.
finage des callofités, qui offrent beaucoup deré-
fifiance, & qui confondent toutes les parties qu’elles
occupent les unes avec les autres •, le pris qui
en fort eft féreux, & lorfque le malade rend fes
urines, il éprouve dans le canal un femiment de
chaleur & d’irritation, qui l’avertit qu’une partie
plus ou moins grande de ce fluide le traverfe,
fuivant que le retrécilfement de l’urètre eft plus
ou moins confidérable. 11 n’eft. pas rare de voir dey
malades, qui rendent prefque toutes leurs urines
par les ouvertures fiftuleufes quife font établies
au périné & aux bourfes, & chez qui le canal
dt-ftiné à leur excrétion, en tranfmet très-peu
au - dehors.
La maladie parvenue à ce point, eft plus grave
que dans les deux circonftances dont il a été fait
mention ci - deflus. Cependant elle ell la même,
& peut encore guérir par les mêmes moyens,
c’eft - à-dire , par l’ufage des bougies y il ne s’agit
que d’y mettre du tems & delà patience, &
de s’aider de quelques moyens acceffoires, tels
que les bains de fauteuil & les onélions mercurielles,
employées comme fondantes , & faites
feulement fur l’endroit.affeélé *, car on doit fup-
pofer que le mal eft purement local, & qu’il n’y
a pas à craindre que le malade ait la vérole,
ou qu’on a pris avant tout les précautions les
plus fûres pour l’en guérir. Amefure que le cours
naturel des urines fe rétablit, les callofités qui
compliquent les fiftules fe fondent & fe détruifenr,
parce que la caufe qui les a produites & qui les
entretient, cefle d'agir fur elles. Lorfqu’une fois
le canal de l’urètre eft entièrement dilaté, les bords
de lacrevaffe, qui s’y étoitfJre , fe rapprochent
& fe réunifient. 11 eft quelquefois néceffaire, pour
obtenir cet effet, de fe fërvir de fondes flexibles,
q u i, comme les bougies, écartent & foutiennent
les parois du canal, & qui tranfmetrant les urines
au-dehors, empêchent qu’il ne s’en introduife
dans l’ouverture fiftuleufe intérieure quelques
gouttes,ce qui nuiroit à fa confolidation. Lorfque
la maladie eft terminée,; il eft encore plus né*
ceffaire d'entretenir l ’urètre dans l’état de dilatation
que les bougies lui ont procuré, que dans
le cas où ce canal n’ eft que refierré fans aucune
ulcération de fes parois. On fenr, en effet, que
pour peu que les urines trouvent d’obftacle à le
parcourir,, elles-agiroient fur la cicatrice de ce
canal, & ne rarderoient pas à la rouvrir.
Toutes les fiftules urineufes ne cèdent point au
traitement fimple que nous venons d’expofer. Il en
eft qui font produites par un tel engorgement de
l’urètre, & compliquées de tant de callofités
qu’il eft impoflïble de faire pénétrer les bougies.
Les perfonnes, qui font dans ce cas, doivent garder
leur infirmité, à moins qu’elle ne devienne ex-
ceflive, & qu’elle ne les txpofeau danger de périr.
Si donc les urines ceffent de couler à travers
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l’urètre pour s’échapper en entier par de nom-
breufes ouvertures aux bourfes & au périné, fi ,
ces parties font tuméfiées ou calleufes, & fi elles
rendent du pus avec abondance, fi le malade a des envies continuelles d’uriner, qu’il foit attaqué
de fièvre & d’infomnie, qu’il tombe dans l’a -
niaisriffement, il faut tenter de le rétablir par une
opération grave, à la vérité , mais moins dange- i
reufe que le mal dont il eft attaqué. Cette opération
corififte à fendre les callofités extérieures
par une incifion profonde, & d’une étendue proportionnée
à la leur, & à en emporter une partie
de côté & d'autre, de manière à faire une
playe avec perte de fubflance, qu’on remplit mollement
de charpie, on termine par des compreffes
larges & un bandage en double T. On panfe cette
playe aufti fou vent qü’il eft nécefîaire,& l’on a foin
chaquefois qu’on la découvre,d’engager le malade à
pouffer fes urines. Si on s’apperçoit quelles for-
rem plus abondamment par une des ouvertures
qui viennent y aboutir que par une autre, on
introduit une bougie dans cette ouverture, aufti
avant quelle peut pénétrer. Lorfqu’au bout de
quelques jouTs on s’dft alluré que cette bougie
eft parvenue jufque dans la vëflie, on y fubftitue
une fonde canelée, obtufe à fon extrémité, le
lon° de laquelle on introduit un biftouri convexe,
comme dans le procédé de le Dran, pour l’appareil
latéral, afin d’incifer le trajet fiftuleux que
cettë fonde traverfe dans toute fon étendue, ainfi
que la partie membraneufe de l’urètre & le col
de la veflie. Il ne refte plus qu’à faire glifterfur
cet infiniment une canule qu’on lai fie à demeure
pour détourner les urines en-dehors, & empêcher
qu’elles fe répandent à travers les callofités
& les trajets fiftuleux qui fe rendent dans la playe.
Bien - tôt, à l ’aide des panfemens (impies & mollets
,la fuppuration s'établit dans toutes les parties
engorgées, & celles - ci diminuent tant en dureté
qu’en volume. Les bougies, devenues plus
faciles à introduife , élargiflënt peu - à - peu l ’urètre
, & enfin lorfque ce canal peut recevoir
une algalie, on y en pafie une qui, pénétrant dans
la veffie, rend'la canule inutile, & permetàla
playe de fe ciçatrifer. Telle eft la conduite qu’ il
faut tenir dans ces cas épineux, & dont on trouve
l’exemple fuivant de réuflïte, aufti détaillé qu’inf-
truélif dans le Traité des Opérations de Chirurgie
de, le Dran. « En 1730,dit cet Auteur,je vis un malade
qui avoir au périné & au ferotum, tant de callofités,
qu’on ne djftinguoit pas même les teflicules,
le ferotum & lepériné ne faifant, pour ainfi dire, !
qu’une mafle informe. Les callofités étoientpercées )
d’environ trente trous fiftuleux par où l’urine ne ;
fortoit prefque que goutte à goutte. Il n’en fortoit j
que très - peu par la verge, & je ne pus y in- j
troduire la plus petite bougie. Ainfi, je crus'que j
ce malade ne pourroit guérir que par une opé- <
ration. L ’ayant préparé par deux faignées , je le i
“ fis dans la même attitiide que pour faire la taille, !
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& je fis au périné, à côté de l’ endroit où devoir
•être l’urètre , que je ne pouvois diftinguer, une
incifion très-longue , & profonde de trois travers
de doigt dans l’épaifleur de ces callofités.
J ’emportai d’iin fécond coup une partie des callofités
du côté de la branche de 1 ifehion, qui
fait l’un des pilliers de la voûte du pubis, & j e
remplis aufti-tôt la playe avec de la charpie.
Le lendemain je mis le malade dans la même
attitude, pour lever cet appareil, & ayant ôté
toute la charpie , je le fis uriner j alors je vis
fortir l’urine de plufieurs endroits. Je choi'fit
celui qui parut s’approcher le plus de l’urètre j
j ’y introduifis & j ’y laifjai même un bout de
bougie de corde à boyau, qui ne put avancer
plus d’un pouce , à caufe de l’obliquité du finus.
fiftuleux. Je panfai la playe avec un digeftifi
fimple, ayant foin de tenir les lèvres écartées.
Le lendemain, & fur - lendemain , je panfai de
même, & à chaque fois la bougie avança un peu
plus dans le finus. Enfin, le cinquième jour, eila
entra dans l’urètre, & je connus qu’elle y é to it,
paree qu’en la pouffant elle entra dans la veffie ;
alors je fis couler le long de la bougie une fonde
canelée dont le bout étoit ouvert, & ayant retiré
la bougie, la canelurede la fonde me fervit
à conduire un biftouri avec lequel je fendis tout
le trajet jufqu’ au col de la veflie inclufivemenr,
faifant cette incifion comme dans la taille, &
évitant le reéhim. Aufti - tôt , je portai, à la faveur
de la même fonde , une canule de plomb
dont un bout fe perdoit dans la veffie, & dont
l ’autre fut fixé par le bandage, au niveau de là
peau du périné j je panfai le refte de la playe à
l’ordinaire. L ’urine coula librement par la canule
, & elle ne paffii plus par les faufles routes
qu'elle s'étoit faite y ainfi, toutes les callofités
fe fondirent en partie. L ’urètre devint alors plus
acceflible aux bougies 3 & je pus y en introduire
une petite jufque dans la playe. Ayant élargi
l’urètre jufqu’à un certain point avec lès bougies
graduées, je crus qu’il falioit le faire fuppurer
par un fecours plus efficace que celui des bougies
, & j ’y introduifis une petite algalie. Je fis
fortir les yeux de i’algalie par la playe, & j ’y
paffai un fil que je retirai par la verge, en retirant
l ’algalie. Gc fil me fervit à faire pafièrûn
féton de plufieurs mèches. Je les garniffbis d’uni
mélange d’onguent d’alfhéa & d’emplâtre divin
fondu enfembie. Je les changéois à chaque paft-
fement. Jie fis cela pendant trois fèmaines, dans
lequel tems la playe fuppura beaucoup, & toutes
les callofités Ce fondirent. Ainfi , la playe devint
une playe fimple, pareille à celle d’un malade
qui a été taillé d-puis trois femaines. Alors j’ôtai
la canule, je paffai l’algalie par la verge jufque
dans la veffie, & je l’y laiffai cinq à fix jours,
pendant lequel tems la playe que j’abandonnai,
pour ainfi dire à la Nature, fe refterra jnfqu’à
un certain point. J ’ôiai enfuite l’algalie & je làiflV-i
N u i )