
être très-polie pour ne pas bleffer la dure-mère.
L ’ufage de cet infiniment eft d*enfoncer un peu
avec fa lentille la dure-mère, & de ranger la
circonférence du findon fous le trou fait au crâne
par la couronne du trépan. Voye\ les Planches
qui opt rapport à cet article. Extr. de Pane.
Encÿclopéd. (M . P e t i t-R ad e l .)
MENTHE CRÉPUE, Mentha crifpa, Lin.
Planre aromatique , regardée comme rélolutive
& laétifuge. On l'emploie dans les fomentations
defiinées à diffiper le fang des ecchymofeS, & à
réfoudre les tumeurs laiteufes des mammelles. .
MERCURE ou Vif-argent. Métal très-pefanf qui
à la température de l’atmofphère, fe maintient toujours
dans un état de fluidité, mais qui expofé à
un très-grand degré de froid devient folide &
malléable.^ _
Ce métal dont les propriétés médecinsles
étoient à-peù-près inconnues aux Anciens qui le
regardoient comme un poifon, a commencé à
être employé comme médicament par lesArabes qui
s’en fervoient en forme d’onguens pour la guérifon
de certaines maladies de la peau & pour détruire,
la vermine. Aujourd’hui le Mercure eft un des
articles les-plus effemiels de la matière médicale ;
il a même par-deflus tous l’avantage d’ètre l’antidote
certain d’une maladie qui plus qu’aucune
autre, tend direélement à la defiruélion de l'ef-
pècc humaine, & q u i, fans cette précieufe découverte
, feroit probablement demeurée incurable
jufqu’à ce jour.
Des premières tentatives quen a faites pour Vad-
minif ration du Mercure.
On a dit que l'efficacité du Mercure contre
le virus vénérien avoit été découverte par hafard.
I l eft plus naturel de préfumer que les bons effets
■ qu'on en avoit obtenus dans les cas de maladies
cutanées avoient conduit les Médecins à en faire
feffai dniis la maladie vénérienne, quife manifef-
tant fouvent par des éruptions à la peau , des puf-
tules & des ulcères, paroiffoit avoir quelque
analogie avec les afftâions pour lesquelles on
l'avoir employé avec fuccès.
Les Praticiens, dans les premiers rems ou l'on
vit paroîrre cette maladie, n’ùsèrent de ce remède
qu’avec h plus grande précaution, au point que
dans plufieurs dés coropofitions où ils le faifoient
entrer, à peine formok-il la quarantième partie
du total 5, suffi ne faifoient-ils que bien peu de
guérifons. D'un autre côté, les empiriques, qui
raraarquoient le peu de fuccès de ces petites
dofes, donnèrent dans une autre extrémfré , &
ac’miniftrèrent le Mercure tn fi grande quantité &
avec fi peu de précaution , que la plupart de leurs
malades fe trouvoient tout-à-coup attaqués d’une
falivation violente qn’accompagnoientfouvent des
fymptômes très-dangereux , & même mortels -, ou
qui, après leurs avoir fait perdre leurs dents, les
laiffoir pâles, défaits, épuifé.s & fujfts pour toute
leur vie à des tremblemens ou à d autres affections
plus ou moins dangereufes. De ces deux
méthodes fi différentes, & fi oppofées^ entr elles,
il réfulta une telle incertitude de ce qu on pouvoit
attendre du Mercure & une telle craints des dangers
qui pouvoient réfui ter de fonufage, quel on
s’attachoit avec avidité à tous les moyens qui
offraient quelque cbance de guérifon fans y avoir
i recours. 0
Cependant un médicament suffi puiliant, 8c
! dont au travers de tous fes inconvéniens, les
falutaires effets n’avoient pu échapper aux Praticiens
attentifs, n’étoit pas fait pour iomber
dansToubli •, & lorfqu après avoir cherché à y
fuppléer par d’autres moyens on eut bien reconnu
le peu de confiance que méritaient ceux auxquels
on avoit prodigué le plus déloges , on fit de
nouvelles tentatives pour en tirer parti. On tint
un milieu* entre la méthode trop timide des
premiers Médecins qui en avoient fait ulage, &
la-hardieffe inconfidérée des empiriques , ât i'oa
évita ainli les écueils contre lefquels les uns &
les autres avoient échoué. La réputation du remède
s’établit de nouveau d’une manière plus
folide, & dès-lors elle ne s’eft point démentie.
Ce frit vers.cette époque feulement que Ion
commença à dosner le Mercure intérieurement ;
jufques-là en De l’avoit employé quà 1 extérieur,
ce que l'on pratiquoit de trois manières différentes.
La première ctoit fous la forme d onguent
ou de Uniment -, la fécondé étok fous la forme
d’emplâtre, & la tioilièroe fous celle de fumigation.
La bafe de l’onguent ou du liniment étok !s
vif-argent qu’on éreignoit par la trituration avec
de ïagraiffe de p or t, d’o ie , &c. de manière qu’il
fit à-peu-près la fixième ou la huitième partie
du total $ proportion beaucoup plus confidérable
que celle qui avoit été d’abord ùfkëe.l^ais ,.dans
la crainte qu'il ne fut nuifibie aux nerfs par la
qualité froide qu’on lui luppoTok & quil ne
caulât des engourdiflèmens, des tremblemens ou
des paraiyfies, on lui affocioit une multitude d’in-
grédiens chauds & aromatiques-, ou fuopofés
tels, comme l’huile de camomile , les femences
d’anet & de féfame, les racines de zédoaire &
d’iris de Florence, & mille autres fubftances que
l’on incorporoit avec l’-onguent. On frottoir avec
cette compofition les membres , les joiniures &
toat le rêne du corps, à la réferve de la tète, du
ventre & de la p o i t r i n e & l’on répétoit cette
onèlion à des intervalles convenables jufquà ce
qu’il parût des fymptômes manifefies de falivation.
Les ingrédiensdes emplâtres, qu’on nomment
auffi céràts, étoient les mêmes que ceux des oa-
g tiens -, feulement on y faifoit entrer moins de
graiffe, à laquelle ©n fuppléoit par une quantité
■ de cire fnffifantepeur I-.ur donner la confiance
convenable. On étendoir cette compofition inr
de la peau & l'on en couyrott tout le corps, â
l’exception des mêmes parties qu'on n’ofoit pas
enduire des onguens. On laiffoit ces emplâtres
jufqu’à ce que la falivation commençât a le
manifefter. 1 .. . . - ,
« Les fumigations fe faifoient avec du Mercure
éteint dans la térébenthine, ou la falive, ou avec
du cinabre. On mettoir ces fubftances avec des
corps gras,ou réfineux, relsque la myrrhe, l’opo-
panax, la noix mufeade, &c. & ,après avoir réduit
le tout en poudre, on en formoit une pâte au
moyen d’une quantité fufiifante de térébenthine ,
ou de gomme adragant. On plaçoit enfuite le
.malade dans une boëte faire exprès, on fous une
.icfpèce de pavillon, hors duquel on laiftoit paffer
la tête dans la plupart des cas. On mettoir auprès
de fes pieds un réchaud avec des charbons
.allumés fur lefquels,de moment à autre, on jet-
toit quelques portions de la pâte mercurielle, A on
le laiffoit expoféà la fumée qui s'en élevoit, jufqu’à
ce qu’il en réfultâc une fueur abondante que
l’on avoit foin d’entretenir & d’augmenter en
le mettant dans un lit chaud, & en le chargeant
de couvertures, pendant deux heures ou environ
, après quoi on l'effuyoît & on lui faifoit
prendre quelques alimens. On répétoit ce traitement
tous les jours, jufqu’à ce qu'pn vît paraître
la falivation que l'on emretenoit auffi long-
tfcnis qu’on le jugeoit néceffaire.
-.j De ces trois méthodes, que nous venons de
Récrire, il n’y a que la première qui fe foit con-
fervée-, encore a-t-elle fubi de grands changemens
comme nous le verrons bien-tôt; quant aux deux
autres il y a long-temps qu’on ne s’en fert plus que
pour le traitement de quelques fymptômes par-
cul iers.
: L ’expérience ne tarda pas à montrer*, nomfeulement
que lufage des emplâtres produifoit
•de la chaleur, dy la rougeur ,* des démangeaifons
& des éruptions très-incofnniodes de boutons à
la peau, mais encore que cette méthode étok
•extrêmement lente & incertaine, & bien-tôt on
.ne fe fervit plus d’emplâires que comme de
Simples topiques qu’on appliquok fur les parties
où il y avoir quelque tumeur qu'il s’a giflait de
fondre & de diffiper.
H Les fumigations, confidérées comme moyen
unique & abfolu de guérifon, tombèrent suffi, en
diferédit, parce que, quoiqu’elles offrent un
moyen d’appliquer le Mercure d'une manière
très-aélive, elles font fil jettes à de grands ineon-
.véniens. Il eft à-peu-près irapoffible en fuivant
cette méthode d’avoir une mefure fixe de la
quantité de Mercure qu'on emploie, laquelle
variera néceffairement fuivant l'acîivêté plus ou
ffloins grande du feu dont on fe fert pour la
fumigation, fuivant la pofition du malade au
moment de l’opération, & fuivant d'autrescir-
L confiances. L ’impreffion de la vapeur fur les
organes de la refpiration qu’ il eft difficile d’empêcher
complettement, eft fouvent très-nuifible,
& jamais le Mercure n’eft plus à redouter comme
pouvant produire des affections nerveufes , telles
que des tremblemens, des paraiyfies, &c. qna
lorfqu’il eft appliqué fous cette forme-, cependant
lorlqu’on fe borne à employer les fumigations
pour combattre quelque fymprôme particulier
, elles peuvent être d’une grande utilité.
‘— Voyez ce que nous en avons dit à l’article
Cintiabrc.
La méthode des onéiions ou.des fiiélions, qui
a toujours été regardée comme la plus efficace,
a éprouvé des changemens confidérables, & en
la Amplifiant on l’a beaucoup perfectionnée. On
a retranché de l'onguent toutes, les fubftances
chaudes & aromatiques , non-feulement comme
inutiles , mais auffi parce que fouvent elles irri-
toient & enflammoient la peau. On a auffi beaucoup
augmenté la proportion du Mercure, que
l’on triture avec le double de fon poids, ou avec
un poids égal d'axonge, fans aucun mélange
d’autres ingrédiens -, cette dernière proportion
eft même aujourd’hui la plus généralement
adoptée.
Des principales méthodes qui ont été adoptées
pour donner le Mercure intérieurement. ,
I. Des préparations Ckymiques.
Les Anciens regardoient le Mercure comme un
poifon des plus dangereux , même dans fon état
métallique*, & ce préjugé empêcha long - tems
les Médecins de l’adminiftrer intérieurement fous
aucune forme. Peu-à-peu cependant l'on fe fami-
liarifa avec l'idée qu’on pourrait l'employer avec
fuccès de cette manière; & ce qui paraîtra fans
doute, étrange, c'eft que la première préparation
de ce minéral qu'on fe hafarda à introduire dans
i’cftomac , fut le précipité ronge. J e a n de V iqo
paffe pour être le premier q u i, vers le commencement
du feizième fiècle, recommanda l’ufage
de ce. dangereux médicament -, il Je donnoit à
la doÇe de trois on quatre grains mêlé avec de
la thériaque, & le van toit comme un remède
fouverain contre la pefie -, il remployait auffi
à-peu-près de la même manière contre la colique
: mais nous ignorons abfolument quel étoit
le fuccès de cette pratique. D’ailleurs il ne s’en
fervoit pas dans le traitement des maladies vénériennes
, fi ce n’eft en applications extérieure*
fur les chancres h les autres ulcères.
Pierre - A ndré Ma tth io l e fut Ic^ premier,
& peut-être le feu! qui confeilla l’ufags
' intérieur du précipité pour combattre le virus
vénérien , dans un livre publié en iç ? é . Il
preferivoit de le bien laver dans de l’eau diftii’ée
d’ofeille ou de plantain , & de le faire féehe?
à une forte chaleur, chfervant que, fans ces