
imaginé ; le* fuccès multipliés obtenus
d’après l’application méthodique de ces
principes , ont en quelque forte exalté
les efprits. On s’efl perfuadé que la future
étoit inutile dans tous les cas ;
à force de le penfer on l ’a cru ; & fans
s’être alfuré auparavant fi l’expérience
étôit d’accord avec des idées auflî hafar-
dées , on n’a pas craint de les publier.
Enfin pour donner du crédit à fon opinion
, on a cité des faits , les uns en
partie dénaturés , les autres arrangés au
fyflême qu’on a voulu accréditer. Mais
nous fouîmes convaincus, & nous pourrions
citer des faits à l’appui, qu’on ne
peut nier de bonne f o i , qu’il fe trouve des
circonft ,nces où la future eft d’une abfo-
lue néc< flité,
12. Le féton confidéré comme
exutoire , fe place ordinairement à là
nuque ; on le préfère au fonticule ou
Cautère , & au veiïîcatoire, parce que
la plaie qui en réfulte préfente deux fur-
faces qui fuppurent , & procurent une
plus grande évacuation de l’humeur morbifique
que l’on cherche à détourner.
Nous ne prétendons point examiner fi ce
moyen comme exutoire , remplit véritablement
le but qu’on fe p ro p o fe , ni
difcuter fur le mérite de préférence qu’on
lui attribue. Nous dirons feulement qu’il
eft très-douloureux à fupporter.
On y a recours ordinairement dans les
ophtalmies rebelles , dans la paralyfie de
l’ir is , & c . ; en un m o t , c’eft le grand
champ de bataille des oculiftes ; nods
n’avons que trop fouvent obfervé , que
ce n’étoit que l’efpoir d’une guérifon pro-
mife qui foutenoit les malades, & les
encourageoit à vivre dans un état conf-
tant de fouffrances , qu’ils ont bien regretté
enfuite , quand malgré leur patience,
il leur a été infruâueux.
On fe fert ordinairement du biflouri
ou d’une large lancette , pour percer le
pli que l’on fait à la peau , & on introduit
la bandelette avec une aiguille
moufle»
L ’aiguille tranchante eft préférable ,
parce qu’en même-tenu que l’on incife,
on place de fuite la bandelette. Plus l’aiguille
fera la rg e , plus leTéton aura de
largeur , plus il y aura de furface qui
fuppurera.
Pour placer le féton à la nuque, on
fait un pli à la peau ; on le fait tenir en
haut par un aide , & le tient foi-même
en bas , d’une main , & de l’autre on
perce le pli le plus près des chairs, on
retire l ’aiguille du côté oppofé jufqu’à ce
qu’elle ait entraîné environ un pouce de
bandelette au-dehors ; on lâche le pli de
la peau , on enduit de digeftif la bandelette
du côté par où elle eft entrée ; on
tire de l’autre , on retranche le fuperflu ,
on applique un peu de charpie fur les
divifions ; on, met une comprefle fur laquelle
on relève le long chef de la bandelette
du féton. On met par-deffus une
fécondé comprelfe, puis une bande.
P l a n c h e V I I I .
T o u r n iq u e t s p o u r f u fp e n d r e le c o u r s d u f a n g
d a n s t a m p u t a t io n d e s m em b re s .
* F i g . 1 , 2 & J . Les trois parties qui
compofent le tourniquet circulaire , ap-
pellé le tourniquet de Morel , & qui font
lé lacs ou lien , la plaque & le garrot.
F i g . 4. Le tourniquet de J .-L . Petit.
a . La plaque fixe b , la plaque mobile,
c , la vis qui écarte ou rapproche les
plaques l’une de l’autre, d d , tiges d’acier
qui partent de la plaque inférieure , &
traverfent celle qui eft mobile pour l’empêcher
de s’écarter de fa direétion. e e ,
traverfes d’acier fous lefquelles on fait
palier le lien, f f , g , la boucle pour
fixer le lien, h , la pelotte.
F i g . y. Tourniquet en forme de brayer
pour comprimer l’artère fémorale dans le
pli de la cuilfe. a , la pelotte qui eft mo-
bilev b , la plaque fur laquelle font deux
petits crochets pour arrêter les extrémités
de la ceinture, c , d , lavis qui écarte par
fon aftion la pelotte de la plaque.
. F ig . 6 . Le tourniquet de M. d’Ahl
pour comprimer l’artère axillaire au-
deffous de l’extrémité humérale de la
clavicule, a , <2, a , la longue branche, b , la
courte branche qui eft fixée fur l’autre
par une ou deux vis. c , d , la grande
vis qui paffe par le trou taraudé qui eft à
l’extrémité de la branche, & qui fert à
preffer fur la plaque comprimante, e ,
cette plaque tient à la longue branche
par une languette d’acier percée d’un trou
fimple pou? le paffage d’une petite vis ,
dont le bout eft reçu dans l’un des trois
trous taraudés 1 , 2 , 3 , qui fe trouvent
fur la partie élargie de la branche , de
manière que l’on porte la plaque plus
ou moins avant fous le bout de la courte
branche , pour que la grande vis la preffe
fur les parties par fon aftion.
Lorfqu’il s’agit de procéder à l’amputation
des membres , il faut s’occuper
avant tout , des moyens capables de
prévenir l’hémorrhagie, foit pendant foit
après l’opération. Les anciens ne con-
noilfoient ni l’ufage des tourniquets , ni:
comment à fon défaut on peut fufpendre
la circulation dans le membre , ni la
manière de lier les vaiffeaux coupés. De
fortes ligatures autour du membre. Le
cautère aduel & potentiel étoient les
feuls moyens connus par eux p our procéder
à une opération d’une auflî grande
importance.
Le tourniquet eft cependant moins
ancien que la ligature , il ne fut inventé
qu’en 1674. C'eA * Morel , chirurgien
de Befançon , que cette découverte eft
attribuée , elle étoit d’abord imparfaite.
En lifant. D io n is , on voit qu’on ne
s étoit point encore apperçu qu’il étoit
inutile d’appliquer deux garrots oppofés ,
pour ferrer le lacs. Nous ignorons à qui
on doit la perfedion de ce tourniquet
qui eft très-fimple & que l’on a facilement
fous la main, que l’on peut imiter
dans les cas imprévus avec un mouch
o ir , une jarretière ou autre lien quelconque.
Trois pièces compofent principalement
ce tourniquet, le lacs 1 , la plaque 2 ,
& le morceau de bois ou garrot 3. La
plaque doit être d’écaille ou de co rn e ,
concave pour s’adapter facilement à la rondeur
du membre , on l’applique fur la
comprefle circulaire , à l’endroit où le
garrot doit ferrer le lacs. Son effet eft
d’empêcher que les chairs ne foient pincées
par le lacs pendant qu’on le tourne
avecle garrotpour comprimer le membre,
jufqu’à ce que les artères ceflànt de fe faire
fentir au-deffous.
Le célèbre Petit eft le premier qui
s’eft élevé contre l’ufage de ce tourniquet.
Il trouve qu’il faut beaucoup de
tenu pour le placer ; que quelques précautions
que l’on prenne les chairs font
fouvent pincées. Il dit que ce tourniquet
occupe pour le gouverner une perfonne
qui ne peut faire que cela , & qui rarement
le gouverne au gré de l’opérateur.
Il ajoute , qu’il ferre & étrangle pour
ainfî dire les parties du membre, corrr-
preflion auiïî inutile que préjudiciable.
( E u v . p o f t . y , t . 3, p . 149 ; auflî préfère •
t-il le tourniquet de fon invention.
L ’autorité d’un homme accrédité par
fes lumières, tel qu’étoit ce praticien ,
doit fans doute être d’un grand poids ;
mais l’expérience , qui eft fans contredit le
meilleur maître , femble prouver que ce
chirurgien a jugé peut-être trop févére-
ment le tourniquet de Morel.
I l eft certain que ce tourniquet n’eft
pas plus long à placer que celui qu’il veut
lui fubftituer ; 'c’eft même le contraire.
Il occupe il eft vrai un aide qui ne pèut
faire que cela ; mais un aide doit toujours
auflî furveiller & foutenir celui de P e tit,
que quand il né feroit conftruit qu’en
bois comme étoit celui qu’il recommande,
il gliflérait par fon propre p oids, s’il
n’étoit maintenu. Mais dans le cas contraire
, quand il faudrait un aide de plus à
caufe du garrot à gouverner, en manque