
foule de charlatans ou d’ignorans inondent le
Public.
Nous ne connoiffons aucun préfervatif fur de
1 hydrophobie , après la morfure d’un chien ou
d’un autre animal enragé, que la deftruétion
entière & immédiate de tout ce que fa dent a
touché & div fé , laquelle peut fe faire, ou par
le biftouri, o u , ce qui vaut mieux encore, par
le cautère aéhiel. Car c’eft un fait généralement
connu que des perfonnes mordues par des chiens
enragés qui ont été traitées de cette manière n'ont
éprouvé aucun accident , tandis que d’autres
mordues aux mêmes époques, & par les mêmes
animaux , ont péri d’hydrophobie. On recommande
de faire abondamment fuppurer la. Playe,
en employant alternativement des applications
irritantes & des cataplafmes, fuivant. l'exigence
du cas} mais cette précaution nous paroît affez
fuperdue lorfque les parties affermées ont été entièrement
détruites, & nous n'avons pas grande
confiance dans l’effet qu’elle pourront avoir lorfque
l'opération n’auroit pu fe faire d’une manière
complette.
On ne fauroit trop fe hâter de recourir à ce pré-
feryatif, après la morfure d’un animal enragé ;
mais fi on ne l’a pas .fait dans les premiérs inf-
tans ni même dans les premiers jours il rie
faut pas pour cela y renoncer tout - à - fait ; car
il n’eft pas improbable qu’on ne puifle l’employer
avec fuccès, même au bout de plufieurs jours,
puifque généralement il fe paffe .un affez long
intervalle de tems après la morfure, avant que
l e poifon manifefte fes effets fur le fyfième.
On à confeillé comme antidote du virus hy-
drophobiqueTofage du mercure, & l'on a des
faits affez bien conffatés qui prouvent Futilité de
ce remède , non - feulement comme préfervatif,
mais même comme curatif dans des cas ou les
fymptômes d'hydrophobie avoient commencé à
fe déclarer. Mais c’eft un fait encore plus certain ,
que bien des gens ont péri après avoir ufé de
ce remède de manière à lui donner un plein &
entier effet, & b o u s en avons vu nous-mêmes
des exemples dans notre pratique. Nous croyons
cependant qu’on fera bien de l'employer toutes
le s fois qu’on n’aura pas été à portée de détruire
de bonne heure la partie affeéîée, en le pouffant
auffi loin que cela pourra fe faire avec prudence,
& en fou tenant long - tems fou effet.
Lorfqu’une Playe fe trouve envenimée par la
matière de quelqu'ulcère de mauvaife nature,
accident auquel fe trouvent fouvent expofés les
Chirurgiens, ce qu’il y a de mieux à faire eft
de brûler la partie fur - le - champ avec un fer
rouge, ou de l’enlever avec le biftouri, ainfi
que nous l'avons confeillé pour les cas de morfure
Bien des gens peut - être ne feront pas
difpofés à ufer d’un remède auffi douloureux dans
le cas de Playe infeélée de virus vénérien, contre
lequel on a un antidote fur 5 cependant la dou-
P Z A
leur momentanée d’une brûlure feroit bien à prfi I
férer à un traitement mercuriel. Mais nous croyons I
qu’on ne devroit jamais héfiter à recourir à ce
préfervatif, dans le cas où une Playe fe trouve
infeélée du virus cancéreux, contre lequel on I
ne fauroit trop fe tenir en garde. Ce feroit pro- I
bablement auffi le meilleur parti à prendre pour I
prévenir les funeftes conféquences des Playes faites I
avec des armes empoifonnées, lorfqu’elles en laif- I
feraient lè' rems.
P L A Y E S D’ ARMES A FEU ou D’ARQUE.
BUSE. Solution de continuité faite par un corps I
dur & contondant quelconque > mis en mou- I
vernent par la poudre à canon.
On a été dans l’ufage jufqu’à préfent de con- I
fidérer ces Playes comme très - différentes des I
autres“ bleffures, & d’en traiter féparément.Ce- I
pendant les différences qu'on obferve entre les I
unes & les autres ne font point eflentielles j elles I
entraînent en général les mêmes fortes, de dé- I
fordres, les mêmes fymptômes, les mêmes ac- I
ciden$. Mais ceux qui réfultent des Playes d’ar- I
mes à feu font en général plus violens & plus I
compliqués , & demandent par-là même plus I
d'attentions &.de foins de la part du Praticien, I
quoique lé traitement doive s’ëiàblir fur les mêmes I
principes. Elles font ordinairement accompagnées I
de comufion , dans un degré plus ou moins con-
fijérablç -, de. déchirement ,.rnême au-delà de l’endroit
frappé. j d’inflammation violente, & fouvent
de fuppuration,d’irritation, d’ébranlement,comme
auliVde ftüpeurdans toute la machine j & presque
jamais d’hémorrhagie. , à moins que le corps
qui a fait Playe n’ait ouvert un gros vaiffeau..
Les Playes d'armes à feu varient fi fort entre
elles qu’il feroit difficile d’en trouver deux parfaitement
femblabies.
Leurs différences viennent principalement de
celle des parties ou. elles font fituées, de celle
des corps conrondans qui les ont faires, du degré
de force que la poudre a communiqué à ces corps,
de là diftance où étoit le bJeffé de l’endroit d oit
le coup eff parti, des différentes figures & di-
menfions de ces Playes, & des différentes manières
dont elles font compliquées. Elles fort
d’ailleurs fulceptibles de toutes les variétés qui
peuvent réfulter do la différence des organes af-.
fe&és. :
Les balles, les boulets, les éclats de bombas
& de grenades, les pierres, le menu plomb, &
généralement, tous les corps' qui peuvent être
chaffés par la poudre à canon , font des effets
très - différéns, fuivant leur maffe > leur forme,
leur nombre. La fuperficie des balles eft , pour
l’ordinaire, liffe & unie-, quelquefois elle eff
inégale, comme lorfqu’elles ont rencontré un
corps dur avant que de toucher la partie. Il ny
a quelquefois qu’une balle dans une arme, quelquefois
il y en a .plufieurs , & celles - ci peuvent
itit ftparèes ou unies cnfemble par une chai-
ne, Stc.
Les balles, en pénétrant dans le corps, peuvent
entraîner dans la Playe un morceau de vêtement
du bleffé , ou une portion de quelqu’autre
corps qui fe trouve dans fes poches, d’une c le f,
par exemple, d’une pièce de monnoie, &c.
^ Les boulets, les éclats de bombes, de grenades
, & c . caulènt plus ou moins de défordres,
à raifon de leur volume & de la partie qu’ils
bleffent. Les coups que les boulets portent à la
tête ou au tronc font ordinairement mortels. Lorf-
qu’un boulet frappe perpendiculairement un
membre, il l ’emporte pour l'ordinaire entièrement.
Lorfqu’il atteint une partie charnue , telle
que les-Telles, les gras - de - jambes, &c. il peut
emporter une portion confidérable de fubflance
fans caufer la mort.
Les boulets font dangereux , même à la fin de
leur courfe , & lorfque la violence de leur mouvement
eft amortie j car ils peuvent encore caufer
des contufions considérables,fraélurer les os &
altérer la texture des parties. -
Quant aux éclats de bombes & de grenades,
ils peuvent frapper une partie par leur grande
fuperficie, ou par un de leurs bords *, dans le
premier cas , la Playe eft plus large & plus irrégulière
; dans le fécond, elle eft plus p rofonde.
Toutes les Playes d’armes à feu font compliquées
'■) mais les unes le font beaucoup plus que
les autres, & celles-ci peuvent, en quelque manière,
être regardées comme fimples, par rap- .
port aux premières.
Ainfi, on peut appeller fimple une Playe
d’arme à feu, faite dans les chairs., & qui n’tft
accompagnée que de perte de fubflance, de con-
tufion nerveufe ou de ftupeur , -effets communs
à toutes les Playes de cette claffe.
L ’on peut appeller compliquée une Playe d ar-
quebufe dans laquelle, outre fes effets communs,
il y a hémorrhagie, contufion à l'o s , fraélure
ou fracas à un ou à plufieurs o s , contufion ou
déchirement des tendons , des aponeurofes, des
ïigamens. On peut ,à plus ftrte raifon, regarder
comme compliquée une Playe d’arme à feu ,
lorfque quelques corps étrangers font refiés, ou
que le coup a pénétré dans quelques-unes des
cavités du corps , & qu’il a otfenfé quelque vif-
cère.
Un corps qui frappe une partie , & qui eft à
la fin de fa courfe, ne fait quelquefois point
de Playe apparente -, mais il caufe une contufion
plus ou moins confidérable, accompagnée d’épanchement
defang ,.foit fluide , foit en caillots,
dans l’endroit frappé, & quelquefois même de
fraèlure, félon la force avec laquelle le coup a
été porté.
Lorfqu’il y a Playe extérieure , elle a généralement
la forme du corps qui a frappé , furtout
quand ce corps a été porté perpendiculairement.
Une b alle , par exemple, portée perpendiculairement,
fa it , pour l'ordinaire, une
Playe ronde, & un éclat de grenade qui frappe
par un de fes bords, la fait longitudinale ou irrégulière.
Lorfqu’ une balle a traverfé une partie, fi l’on
examine la bleffure peu de tems après qu’elle a
éré faite, l’ouverture par où la balle eft entrée
paroît plus petite que celle par où elle eft fortie ;
la peau & les chairs font enfoncées du côté de
la première , & forment une faillie en- dehors
du côté de la fécondé. Les environs de l’un &
de l’autre font jaunâtres, bruns, violets , noirs,
fuivant le tems qui s’eft écoulé depuis la bleffure,
& fuivant la quantité de fang extravafé par la
corr.preffion ou l’ébranlement des vaifteaux cutanés.
Voye7L Ec ch ymo se. ..Les parties molles
qui fq font trouvées plus direélement dans le
trajet de la balle , font ou entièrement détruites
& emportées, ou tellement -brifées & contufes
que leurs vaifteaux ont perdu leur firucture &
leur vie. Ce font ces chairs écrafées qui forment
ce qu’on appelle une èfearre.
Quand le corps, qui eft chafl'é par la poudre ,
rencontre un os, il le contond, & fouvent il le
brife en un ou plufieurs éclats, ou il y refie
enclavé. La contufion de l’os fe connoît par le
doigt ou par la fonde, & par l’applariffement de
la balle \ il faut fe fou venir néanmoins que la balle
peut, avant que de bieffer, avoir rencontré un
corps dur qui l’aura applatie. La fracture de l’os
fe fait féntir par la crépitation des pièces fracturées
, par la fonde ou par i’introduélion du
doigt dans.la Playe.
Les aponeurofes, les Hgamens, les tendons,
les nerfs, les gros vaifteaux , peuvent encore
être eontqs & déchirés par le corps qui a fait
la bleffure , ce qui fe reconnoît par la -direélion
d e là Play e, par fa profondeur, par la ftruéture
de la partie & par l’inveftigation au moyen du
doigt ou de la fonde. Si un gros vaiffeau eft ouvert
dans une grande parrie de fon diamètre-,
l’hémorrhagie fe manifefte fur- le - champ ; au
lieu que s’il n’eft que cornus, elle n’a lieu qu’à
la chûre de l’efearre qui arrive ordinairement
au bout de fept ou huit jours.
Trois fortes de corps étrangers reftent ou peuvent
refter dans la Playe : ceux qui l’ont faites
favoir, les balles, la bourre , &c. ceux que ces
premiers ont entraînés, comme des morceaux
d’étoffe, des pièces de monnoie, &c. & ceux qui
ont été féparés de* la partie par l’effet du corps
frappant, c’e ft-à -d ire , des efquille's d’os. L ’efearre
, quoiqu’attachée encore à la partie, peut
être .mife au nombre de ces derniers.
Lorfqu’une Playe ne traverfe pas la partie ,
il y a tout lieu de croire que le corps qui l'a
faite y eft relié, à moins que la Playe étant pe«