
thode de Çelfe , parce que la pierre étoit trop volumineufe pour s'engager
dans le col de la veffie; néanmoins ne voulant point abandonner
ce petit malade a ion malheureux fort', il fit une incifion au-deftus du
pubis, & ' tira' la pierrè; Quoique l’enfant guérit de cette opération
Franco ne confeille à peribnne de l’imiter. Cependant la tentative de
ce praticien .fut une étincelle dé laquelle jaillit avec le tems une lumière
éclatante. Malgré les fuccès de , la taille de Marianus , on rencontrait
fouvent des pierres difficiles à extraire à caufe de leur volume ; on étoit
obligé de les brifer avec des inftrumens particuliers, ce qui expofoit les
malades à des dangers fouvent mortels. Quelques changemens que l’on
fît dans le. procédé de Marianus, ç’étoit toujours la même difficulté,
parce que l’efpacé ôffeux que la pierre avoit à traverser étoit trop
étroit. La taille latérale qui fuccéda à l ’autre* par la fuite , qüoiqu’offrant
un efpace bien plus large , n’eft pas à l ’abri du même inconvénient,
lorfque la pierre eft tres-groffe. On voulut réduire en méthode le procédé
qu’avoit tenté Franco. On obtint quelques' fuccès , mais ils ne
balancoient point les àccidens & lès fuites funeftes qu’on eut fouvent
occafion d’obferver , ce qui fit regarder la taille hypogaftrique comme
très-peu avantageufe. O n étoit perfuadé qü’elle ne devoit point , être
tentée indifféremment, & qu’on ne devoir y avoir recours que dans les
cas de néceffité abfolue. Il étoit fans doute réfervé au frère Corne , de
- perfe&kmner cette ‘méthode-& de'paferaux'inconyéniensdoht elle avoit
paru fùfceptibléy il imagina des inftrumens'particuliers & traça une méthode
d’opérer fimple &: facile. Si on lui reproche'd’avoir multiplié les
■ inftrumens pour cette opération , on ne peut lui refufer la gloire d’en être
pour ainfi dire le créateur.
L ’étude des opérations. conduit néceiïairement à la connoiflance des
inftrumens qui leur font propres. D ’abord ceux-ci étOient greffiers & imparfaits.
A mefure que l’art d’opérer s’eft perfectionné , on les a rendus
plus fimplës & plus convenables à l ’ufage* auquel ils étoient defti'nés ;
ce n’èft guères que y ers le tems de Paré que l’on s’eft réellement
occupé- de ce perfectionnement. Les ouvrages des deux derniers“’fiècles
prouvent de combien on avoit furpaffé les anciens dans la pratique’ des
opérations.
Au commencement de ce fiëcle , la chirurgie prit une nouvelle face.
La taille latérale a été fubftituée. au grand appareil; le traitement de la
fiftule lacrymale fut fimplifié , ainfi que l’opération, de la fiftule à l ’anus
& des hernies. Bientôt" après lé forceps remplaça les inftrùmens meurtders
qu’on employoit précédemment pour terminer les accouchemens
laborieux ; l'extraCtion de la. çataraCle fut préférée à l'abaïflemént : la* ligature
des polypes a été' pôur amfi dire créée de' nos jours , & ;;fubftitüée à la
méthode de l ’arrachement & du èaùftique ; ce . qui a donné naiffancè à
une multitude d’ ihftrumens1 ,r 1 les tins ‘ fort' finfples , lès autres plus, ou
moins compliqués’ ! & dont le choix peut être très-embarraffant pour le
jeune praticien, lorfqu’il n’eft point guidé: par les confeils d’un maître
inftruit & dégagé de toute prévention. Les inftrumens les plus fimples
font toujours les meilleurs, & par çonféquent préférables , fur-tout quand
ils font deftinés à inçifer les parties. C ’eft la. mai'n guidée par le ''frértie
de l’homme de l ’art, qui doit ôpérér *•’•& non l’inflfument qü’elle dirige.;
Les inftrumens n’étant que les auxiliaires doivent donc être fournis à la
main qui les dirige o ù , & comme elle v e u t , ce quelle ne peut faire
fi l’aCHon de l’inftrument dépend d’une mécanique particulière qu’on ne
peut maîtrifer en opérant. 11 faut le dire, ces inftrumens-machines n’ont
été inventés que pour iuppléer à la dextérité ; auffi il y a plus de mérite
à faire l’opération de la taille latérale avec le lithotôme de Moreau qu’avec
celui de Lecat ; & celui qui pour i’extraftion de la cataracte incife
la cornée avec le couteau de Lafaye ou celui de enzel , eft fans
contredit plus habile que ceux qui n’opèrent cette feftion ou’avec des
inftrumens-machines.
Mais pour parvenir au point de perfection où fe trouve l’art d’opérer ,
combien de tentatives n’a-t-on pas été obligé de faire , avant d’arriver à
des réfultats fatisfaifans ; il falloit combattre l’habitude , plus fouvent
encore les préjugés , qui dans l’art de guérir font ordinairement les plus
difficiles à vaincre. L ’expérience qui eft le meilleur maître , a pu feule
faire adopter les nouveaux procédés : chacun alors a voulu coopérer
à leur perfectionnement^; ce qui a donné naiflance à cette fouie
d’inftrumens dont l’arfenal des modernes fe trouve maintenant comme
furchargé, & parmi lefquels il s’en trouve beaucoup qui n’ont point fur-
vécu à leurs Auteurs.
Les opinions diffèrent encore fur le choix à Élire parmi ceux qui font
le plus généralement adoptés ; & il feroit peut-être difficile d’afleoir un
jugement certain à cet égard. Quelque parfaits que quelques-uns paroiffent,
des connoiflances ultérieures pourraient encore en faire imaginer de meilleurs
;. car il feroit abfurde de penfer qu’on ne pût aller au-delà du point
où nous fommes. Cette vérité avoit été fentie par l’Académie de Chirurgie.
Perfuadée comme elle l’étoit de la néceffité d’une réforme dans les inftrumens,