
'ion & les épanchemens dans les canaux médullaires
où dans les diploës. Plufieurs de ces effets
ne fe manifeflent que long-tems après les coups
reçus, époques où les accidens extérieurs étant
diffipés, on croit d'autant le malade guéri, que
ceux-ci ont été de nature à ne pas exiger une
bien grande attention. Cependant, en examinant
alors la partie , fur-tout lorfque le fiége du,
mal eft dans les régions de l'Os peu couvertes
de chairs, on y voit une élévation qui n’eft
point naturelle-, en touchant la partie , on fent
une dureté cirçonfcrité, & le malade éprouve
une douleur qui fe fait fehtir affez' profondément.
Si l’on néglige lés premières apparences,
bien-tôt elles font fuivies d'un empâtement, d’un
engorgement qui occupe une grande partie du
membre, l’inflammation arrive lentement & fe
termine pat un dépôt dont l’ouverture laifiè
échapper une matière fanieufe & purulente, &
fait découvrir une carie fouvent fort étendue ;
il faut alors fe comporter comme nous l'avons
dit à l’article C arie. 1 I
Quand la flâfe inflammatoire a lieu vers l ’intérieur
de 1 Os, foit à la fuite d'une irritation
interne, ou de la fecouffe qui accompagne toujours
la contufion, la matière du .pus qui lui
lùccède , s'épanche entre l’Os & la membrane
médullaire, détruit celle-ci & mêlée à l'huile
médullaire ou à la moelle, elle acquiert un
caraélère d’acrimonie qui fouvent occafionne les
plus grands défordres. Les fuites font encore
plus fâcheufes quand l ’épanchement a lieu dans
le tiffu celluleux ou fpongieux de l’O s , à raifon
de;la facilité que la matière a de fe porter de
proche en proche jufqü’à des régions fort éloignées,
& de la facilité qu’a la fubflance dè l’Os
à être corrodée. Dans tous ces cas, les douleurs
fixes, que les malades reffentent à l'O s , font
les feuls indicans qui faffenr fonpçonner le mal.
Elles deviennent de plus en plus violentes à mefure
que le mal fait des progrès & fouvent elles font
plus vives la nuit que le jour.
Les topiques, fous quelque forme qu’on les
emploie, font loin d’opérer auffi efficacement
qu’on le defire; les faignées répétées, & le réoime
ont un effet plus marqué, mais ils ne gué-
riffent point,- auffi eft-on le plus fouvent forcé
de recourir à une méthode plus effeélive. Il
faut alors incifer les tégumens, découvrir l'Os
en fendant le périofie. Quelquefois cette Ample
opération appaife la douleur & alors fi l’Os eft
vicié, on en attend l’exfoliation, ou fi on a trop
à craindre de fon retard, on rugitïe ou l'on
perce fa lubftance avec le trépan exfoliatif.
On n’a quelquefois que très-peu d’épaiffeur à percer
pour parvenir dans l’ intérieur de l’Os lono-
le pus, en pareil cas, fort auffi-tôt en plus ou
moins grande abondance, & d'une nature plus
ou moins cauflique. Mais foit que l’on attende
que la matière fe faffe jour par elle-même au -
dehors, ou qu’on lui donne iffue, par les moyens
que nous indiquons , quand elle eft (ortie, il
convient de découvrir l’Os dans toute l ’étendue
malade, & d’enlever avec le trépan ou la gouge
ce qui eft altéré. On fera ufage du cautère actuel
ou de leau mercurielle, pour attaquer ce
qui ne pourra être détruit par ces moyens; &
enfuite ron aura recours aux injeétions & aux
topiques dont il eft fait mention à l’article Spina
VE.NTQ£A
La fragilité de l’Os eft toujours en raifon de
l’abondance du principe calcaire qui remplit les
mailles de fon tiflu parenchymateux« L ’Os alors
eft fec , dur *, le grain de fa cafture eft fin & affez
femblable à celui qu’offre la porcelaine •, les vaif-
feaux qui l’arrofent font oblitérés, & fa totalité,
quoique compacte, cède aux moindres efforts,
comme le verre qui jouit de la plus grande denfité.
Fabrice de Hilden,dansfa deuxième Centurie,parle
dun fexagénaire arthritique dont les Os étoient
fi fragiles qu’il fe rompit le bras & l’avant-bras en
mettant un gant •, & dans la foixante*huitième ob-
fervation de la même Centurie , il cite une femme
qui fe rompit quelques Os en chauffant un foulier
neuf. Nicolas Fontano donne l’hiftoire d’un vieillard
à qui le moindre attouchement rompit les
Os. Rcederer , dans ■ fa Differtation , De OJJîum
v itiis , parle auffi d’une femme morte à la fuite
d’une violente goutte dont tous les os étoient
légers, fragiles & même friables >u n ive rfa li quafi
carie exefa} Jîmilia OJJîum. calcinatorum vel acido
quodam liq uore im butorum . Les parties moyennes
des Os cilindriques, quoique n’offrant aucune
marque de vermoulure, étoient néanmoins légères,
d’ une fubftance lâche & tenue, avec un réfeau
aride & friable. Les Os du métacarpe, du mé-
tatarfe & des phalanges étoient tellement atténués
qu’ils étoient pellucides. On trouve d’autres faits
confirmatifs.de cette maladie, dans Saviard 8c
dans plufieurs autres Obfervateurs. Les vices
humoraux, notamment ceux qu’on caraèlérjfe
fous les noms des véroliques & cancéreux , doivent
beaucoup contribuer à la faire naître, fi
l’on s’en rapporte aux lignes commémoratifs ;
auffi le mercure, prudemment adminiftré, a-t-
il^été plufieurs fois fuivi de grands fuccès dans
le premier cas. Pour les autres, on eft réduit
au pur empyrifme. P oyq, pour de plus longs détails,
les articles qui ont rapport à celui -çi.
( M. P e t i t - R jId e l . )
O V A IR E S , Ovaria. Organes propres aux
femmes, & qu’on rencontre de chaque côté dans
les régions iliaques , entre les deux ligamens latéraux
& poftérieurs delà matrice.Nous paffons
fur tout ce qui a rapport à l’hiftoire curieufe
de ces organes, leurftruélure, leurs fonctions
& ufages, pour nous occuper d’une de leurs af-
feâions qui quelquefois demande les fecours de
la Chirurgie, c’ eft « à - dire, l’hydropifie qu’on
peut regarder .gomme une efpèce de celle qu’on
appelle communément enkyftée. La férofiré s’accumule
fouvent dans la membrane propre, foit
immédiatement ou à la fuite d’une affeélion
fchirreufe de ces organes. La tumeur dans le
commencement eft peu volumineufe*; les femmes
même ne s’en apperçoivent point à cette époque*,
cependant, avec un peu d’attention , on la voit
naître d’un côté où de l’autre d’une des régions
iliaques. Mais les eaux augmentant en quantité,
le kyfte prend infenliblement plus d’étendue,
& comprime à mefure les parties de manière à
gêner & même interrompre leurs actîbns. 11
devient alors tellement adhérent aux vifeères
que quand on ouvre le bas - ventre après la mort,
il femblc que tous en aient été enlevés. À mefure
que le kyfte prend fes accroiffemens, les
règles, fi les femmes font encore dans l’âge de
les avoir, fe dérangent ; enfin elles s’arrêtent
entièrement, les urines deviennent briquetées
& en petite quantité; fouvent la fièvre s’allume,
les vomiffemens furviennent, le ventre eft quelquefois
douloureux, quelques coliques fe font
fentir, & la conftipationqui'paroît les occafionner,
eft plus ou moins opiniâtre. Quoique communément
les urines coulent en petite quantité, cependant
on les a vu, en quelques cas, être rendues
en grande abondance, ce qui eft le contraire
dans l’hydropifie afeite. Quelquefois le kyfte eft
libre & ne tient à l’Ovaire que par un pédicule
très-étroit en comparaifon de fon volume. Ce
volume eft quelquefois énorme. Morand en con-
fervoit un qui contenoit dix pintes de liqueur ;
M. Duret, de Vitri-le-François, a envoyé à,
l ’Académie, en 1740 , l’hiftoire d’une hydropifie
de l’Ovaire dont le kyfte contenoit cinquante
pintes d’eau. Il avoit diftendu le bas-ventre à
un tel point que la malade étoit obligée de porter
fes jupes à quatre doigts de l’aiffelle. Quelquefois
le kyfte eft rempli en-dedans de maffes fehirreufes
qui naiffent de fa furface interne, & qui font
fufceptibles d’ un accroiffement d’aurant plus'considérable
qu’elles font moins bornées dans la cavité
du kyfte. Morand dit avoir trouvé deux
ovaires de cette efpèce qui furent pefés yuides ;
l ’un étoit de quatorze livres & l’autre de vingt-
fept.
La liqueur épanchée dans l’Ovaire, eft communément
épaiffe, gluante , & comme gélati-
neufe; on y trouve quelquefois des filandres ou
coagulations épaiffes, & des portions de membranes
reftes d’hydatides , & des hydatides
même qui font flouantes dans la liqueur , & quelquefois
après l’iffue d’une certaine quantité d’eau,
après la ponction, il fort une matière réellement
purulente. D ’autres fois l’humeur épanchée eft
comme de la gelée , & elle eft renfermée dans
différentes cellules ou poches particulières. C’eft
à raifon de cette variété dans la confiftance du
fluide épanché, qu’il eft fi difficile de s’affurer
du véritable caraélère de la maladie par la fluctuation,
àinfi qu’on le peut dans un afeite ordinaire.
L ’épaiffeur du kyfte, & les duretés fehirreufes
qui l’augmentent encore, contribuent auffi
à la difficulté du diagnoflic. Quelquefois cependant
on peut reeonnoître cette dernière complication
on compte même fouvent les maffes
fehirreufes, on en parcourt tout le contour. Morand,
à qui ces fortes de cas fe font quelquefois
préfentés, dit avoir porté le trois -carr dans
ces maffes *, il en fortoit du fang, il reportoit
l’inftrument ailleurs ; l’eau en fortoit , & il ne
réfultoir, dit-il, de la première ponélion qu’une
douleur paffagère.
On a toujours regardé l’hydropifie de l ’Ovaire
comme une maladie incurable, & la ponélion
comme le feul moyen palliatif auquel il falloit
recourir, quand la fluéhiation de l’humeur épanchée
étoit bien évidente. L e D. Huntèr, dans
fes Remarques fur la membrane cellulaire, fai-
fan t fuite de l’Hiftoire d’un enphysême, rapportée
dans le 11e Vol. de Medical Obfervations
and Inquiries , dit pofitivement : u Si je puis
établir une décifion d’après ce que j ’ai vu, tant
fur le mort que fur le vivant, je Cuis porté à
croire que l’hydropifie de l’Ovaire eft une maladie
incurable, & que la malade eft plus afftirée
de vivre long-tems avec fon mal, que fi elle
cherchoit à s’en délivrer. La vérité de cette af>
fertion n’a pas toujours été confirmée par la
Nature , & l’obfervation fuivante prouvera combien
elle eft hafardée.
J e fus confuUé,en 1774, à Surate, par une
Morane qui étoit attaquée d’une hydropifie ,
depuis deux ans. Elle avoit pris inutilement tous
les remèdes que les Médecins du pays & les
Chirurgiens Européens lui avoient perferits. L e
taél m’annonça bien-tôt le genre de maladie que
j ’avois à combattre, mais une plus ample information
ne tarda point à m’en caraélérifer l’ef-
pèce. Cette femme bien portante, mais ftérile,
avoit eu à trente-&-un ans quelque temps avant
que fa maladie commençât, une fuppreffion de
règle à la fuite de laquelle elle s’éroit plainte
d’une douleur fourde au bas de la région lombaire
gauche. Dès ce moment les urines commencèrent
à couler en petite quantité, les accidens
qu’elle éprouvoif, ne l’empêchoient pas de vaquer
aux néceffités de fon ménage. Enfin, elle fenrit
manifëftement ■ une dureté vers le fiége de la
douleur qui peu-à-peu augmenta en volume &
devint de plus en plus indolente. Le ventre
dès-lors commença à prendre plus de groflèur
du côté gauche que du côté droit, & enfin en
un an & demi de temps, il étoit fi volumineux
que cette femme étoit obligée de fe contournei
en arrière pour faire équilibre au centre de gra <
vité de fon. corps qui l’ëntraînoit' toujours en
avant. La jambe & la cuiffe gauche étoient fim
gulièrement oedématiées , les urines étoient
briquetées & en très-petite quantité. Du refie-,