
’J 2.1 O P H
ils préviennent & exécutent mieux ce qu’ils ont
à faire. Voye\ Aides.
i .° Quant au tems même de l’Opération ,
chaque Opération a fes règles particulières -, mais
il y a des règles générales dont il ne faut jamais
S écarter , & q,ue les Anciens ont renfermées en
ces trois mors latins, ciro, tutà & jucundè}
promptement, furement & agréablement.
Il faut faire les Opérations avec promptitude ,
afin de ne point prolonger inutilement les douleurs.
Le Chirurgien , pour acquérir cette qualité
, doit s'être exercé fur les cadavres., & avoir
vu opérer les grands Maîtres *, car c’eft par ..ces
moyens qu’on apprend à faire choix des inftru-
mens, à les tenir adroitement, à ne les point
multiplier , & à ne point couper à plufieurs fois
ce qu’on peut couper en une. Il faut outre cela
que la cure foit auftî prompte qu’il eft poflïble.
L e Chirurgien , en prolongeant, bleffe fa confidence,
rjfque fa réputation & quelquefois même
la vie du malade..
Il faut faire les Opérations avec fureté, c’eft-
à - d ire, que le Chirurgien doit être alTuré de
la néceflité de l’Opération, connoître parfaitement
la ftruélure des parties fur IefqueUes il doit opérer
, & prendre en conféquence toutes les précautions
néceffaires pour éviter les dangers de
l ’Opération , & en affurer le fuccès.
Le mot jucundè qu’on a rendu par celui d’agréablement
, fignifie que le Chirurgien doit encourager
le malade, lui cacher en partie les
douleurs de l’Opération , & lui épargner, autant
qu’il eft poffibte, en agiffant avec dextérité &
avec promptitude.
$.° Après avoir fait l’Opération & avoir appliqué
l’appareil convenable , le Chirurgien doit
mettre le malade en fituation , prefcrire le régime
de vie & les remèdes, & pourvoir aux chofes
néceffaires pour les panfemens fuivans.
Il faut placer le malade commodément & à
fon aife. Il faut fituer la partie malade hautement
, pour faciliter le retour des liqueurs, mollement
, de peur qu’elle ne foit bleffée , & fû-
rement, de peur qu’elle ne foit expofée à quelque
mouvement. Les Auteurs appellent cette fituation
pofirive.
L a nature de la maladie , l’efpèce d’Opération,
l ’âge , les forces du malade,. &c. doivent déterminer
fur l’efpèce du régime & de remède qu’on
lui preferit.
Enfin on pourvoit aux chofes néceffaires pour
les panfemens fuivans, c’efi-à-dire, qu’on prépare
l’appareil convenable & les remèdes propres
à la maladie. Voye[ Pansement.
OPHTALMIE* Injlammatip ocuïi.
Les Anciens ont caraélérifé, fous cette dénomination,
l’inflammation humide qui attaque la conjonctive,
membrane qui fixe i’oeil aux paupières.
O P H
Celfe lui a fubflitué le mot lippitudo, qui, en fa
langue, fignifioit la même chofe. Galien qui I
avoit remarqué que tantôt cette affeélion étoit I
accompagnée d’un flux abondant de larmes, & I
tantôt point, caraôlérifoit la première, fous le I
nom d’Ophtalmie & la fécondé fous celui de Xé* I
rophtalmie.
La conjonélive efi une de ces membranes du I
corps humain la plus fine & la plus rranf parente I
qu’on connoiffe • elle ne doit fa blancheur éblouif- I
fanre qu’à l’expanfion aponévrotique des tendons, I
des mufcles qui meuvent l’oeil, & le portent dans I
toutes fortes de direélions. Mais cette blancheur |
ne perfifle qu’autant que la circulation eft ré- I
gulière dans les différens ordres de vaifleaux qui I
(ont entre elle & cette expanfion. O r , quand I
il y a flâfe ou une plus grande affluence de-fang I
dans les réfeaux infiniment fins qu’ils forment, I
l’oeil devient douloureux, plus rouge, plus fec; I
infenfiblement la lumière devient infupportable, I
& , pour l'éviter, on ferme fpontanémem les pau- I
pières, & l’on cherche l’obfcurité. Mais cette I
dernière circonftance n’a guères lieu que dans I
le cas où la maladie fe confirme jufqu’au dedans I
de l’organe , & fur les vaifleaux qui ornent la I
choroïde d’une manière fi merveilleufe , ou lorfi I
qu’elle commence par être intérieure, ainû qu’il I
arrive affez fou vent. Quand la flâfe efl portée I
au plus haut point, les vaifleaux de la conjonc- I
tive font tellement engorgés, que l’oeil paroît tout I
rouge -, la cornée, au lieu de faillir au dehors, I
fe trouve comme dans un creux. Quand lama- I
ladie efl arrivée à ce terme, les Auteurs l’ap- I
pellent alors Chémofis. Voye[ cet article.
11 efl rare que l’inflammation n’occupe que I
l’intérieur de l’oeil \ quand cela arrive , c eft tou- I
jours à la fuite de quelque coup de foleil ou I
de la phrénéfie , ainfi qu’il efl attefté par les Ob- I
fervateurs. Dans ces cas la douleur efl beaucoup I
plus vive., plus pongicive que iorfque le mal
efl extérieur } elle fetnble fe porter au fond de I
l’orbite, & augmente confldérablement à l ’ap-
proche d’une vive lumière. Les objets ne paroifi I
fent point nets, la pupille efl rapperiffêe,. vrai- I
femblablement à raifon de l'affluence & de la I
flagnation des humeurs dans les vaiffaux radiés I
de l’iris ; néanmoins l’oeil ne paroît pas beaucoup I
plus rouge qu’à l’ordinaire. Ces fymptômes pren- I
nent de plus en plus de la gravité, & bien - tôt I
ils font fuivis du délire, à moins qu’une hémor- I
rhagie fpontanée ne furvienne , & encore, en
pareil cas, les vaifleaux dilatés au - delà de leur I
ton ont-ils peine à revenir fur eux - mêmes 5, I
iis relient dans une atonie qui rend l’iris inca- I
pable de tout mouvement, & la rétine déformais I
fufceptible d’aucune émotion. Mais, quand paf I
les lolx générales au refle de l’organifme , la flâfe I
tourne à la fuppuration, la violence des fymptômes I
fembliÈ s’adoucir, le pus s’écoule & tend, par I
une propenfion qui dérive de ladifpofition des I
mm
O P H
parties, à fe porter dans les chambres de l’oeil
ou il vient former un abcès qu’on nomme hy-
popion. Là, la matière peut refler ou dans fon
état de primitive fluidité, ou s’épaiflir & dégénérer
en une fubflance affez folide, ainfi qu’on
en a des exemples. Quand la matière efl verfée
dans la chambre poftérieure, elle paffe toujours
auflï-tôt dans l’antérieure, & vient s’accumuler
au bas de la cornée tranfparente. Lorfque la
matière s’épaiffit, elle adhère communément ou
à la capfuleducriflallin ou à la partie poftérieure
de l’iris, ou à ces deux parties qu’elle colle entre
elles *, & félon que cette adhérence efl plus ou
moins étendue, la pupille devient plus ou moins
petite & plus ou moins irrég ,-.:ère. Quand la
concrétion ne contracte aucune adhérence, elle
erre dans l’humeur aqueufç , & change d,e place
diverfement, félon qu’on tient la .tête dans telle
ou telle direction ; elle paffe d'une chambre à
l’autre, & difparoît fouvent pour quelque tems.
Quelquefois, mais cela efl rare , cette concrétion
a la forme d’une membrane, & reliant dans la
chambre poftérieure , elle partage cet efpace en
deux autres diftinéls, & peut alors paffer poqr
ce que les Anciens défignoient fous le nom de
Cataraéle membraneufe. Quelquefois cette.membrane
adhère par tout fon contour à celui de l’iris,
fans gêner en rien fon aélion. On a vu , en pareil
cas, quand c e lle - c i fé contraéloit, la nouvelle
membrane fe porter en avant, & reprendre fa
première place quand la pupille venoit à fe dilater.
Mais l’inflammation efl fouvenr fi étendue ,
& la quantité du pus fi grande que l’oeil en efl
totalement déforga ifé.
L ’inflammation, .qui n’eft qu’extérieure, efl
moins expofée à d’aufli fâcheufes fuites. Quand
elle efl violente, la cornée partage l’affeélion de
laconjonétive*, on a vu même des vaifleaux fe
développer dans cette tunique , qui n efl point
organilée, fi l’on en croit le plus grand nombre
des Anatomiftes. Elle change de couleur, blanchit
& même s’ulcère ; mais le plus fouvent le
pus au lieu de ronger le tiffu de cette membrane
s’épaiflit, & forme des taches opaques q u i, à
raifon de leur étendue, de leur épaiffeur & de
leur pofirion, nuifoient plus ou moins à la clarté
de la vifion. Voyei l’article Albugo. Les paupières
en font également affeélées •, elles font don-
ïoureufes, tuméfiées, lourdes, & ont peine à fe
mouvoir*, la douleur s’étend le long du front &
fympatiquemem à toute la tête qui efl pefante*,
on fent des démangeaifons dans tout l’oeil, les
points lacrimanx , obflrués par l’engorgement,
n admettent plus la matière des larmes qui, devenant
plus chaudes & plus irritantes, s'écoulent
au-dehors fur les joues & les lèvres que quelquefois
elles enflamment & excorient.
Les Auteurs s’accordent tous pour diflinguer
les caufes de l’Ophtalmie en internes & en externes^
cellesrcj, fituéeç au-dehors de l’organifme,
O P H 123
ainfi que l’annonce leur dénomination. On doi
regarder comme telles, certaines influences de
l’air qui courent épidémiquement d’un canton
dans un autre, ainfi que Pont obfervé les Météorologistes
qui étudient & notent fcrupuleufe-
ment toutes les variations de l’atmofphère, &
les différentes maladies qu’elles occafionnenf.
Une Ophtalmie dé ce genre régna, à Newbury,
dans le Berkshire, lE t é , en 17 78 , où on
la connoiffoiî fous le nom de Maladie oculaire.
Les coups, les chûtes, les bleffùres, les piquu-
res & les corps étrangers font encore autant de
caufes au nombre de celles que nous confidérons,
& qui, parce qu’elles font fenlibles à la vue, pré-
fentent des indications évidentes à remplir. Les
caufes , internes paroiffent venir de la plétore
ou de quelqu’acrimonie comme la varioleufe, la
vérolique ou la.fcrophuleufe. Cette dernière févit
fouvent chez les jeunes gens dont les glandes
du col font fort gorgées , & qui offrent en outre
tous les fymptômes des écrouelles. L’Ophtalmie
vénérienne efl communément la fuite de laréper-
cuflïon de l’humeur gonorrhoïque*, fouvent auflî
elle provient du contaéï de la matière fur les
vaifleaux de l’oeil, comme il en efl quelques
exemples. Saint-Yves efl le premier Auteur qui
ait parlé de cette efpéce d’Ophtalmie. Provient-
elle d’une métaftafe de l’humeur gonorrhoïque fur
l’oe il, comme le plus grand nombre des Praticiens
le croit encore, ou feroit-elle occafionnée
par l’attouchement des doigts ou d’ un mouchoir
imbu de la matière gonorrhoïdale ? C’eft fur quoi
l’on n’eft point encore d’accord. Quoi qu’il en
foit, l'inflammation, en pareil cas, efl toujours
accompagnée d’un écoulement blanc & purifor-
m e , qui reffemble beaucoup à la matière de la
gonorrhée & qui efl auffi acrimonieufe qu’elle.
On pourroit encore ranger parmi les caufes internes,
ou dont l’origine efl en nous, l’inverfion
des cils qui n’étant plus dans la direction qu’ils
doivent avoir, piquent & irritent la conjonctive
d’une manière continue.
Ces notions données, voyons comment il
faut fe conduire dans les différens cas que nous
venons de rapporter. Nous fuppoferons que
l’Ophtalmie vienne chez un fujet , d’ailleurs
bien conflitué, & que fa caufe foit extérieure,
ou qu’elle provienne d’une trop grande abondance
de fang. Si la caufe efl mécanique, il faut
commencer par l’extraire par les procédés que
fa nature-indique. On fe fert de petites pinces,
d’un morceau de papier roulé, de l’aimant pour
extraire les grains de pouflière, les paillettes de
fer ou les petits férus qui par leur féjour pour-
roient occalionner les accidens. Quand ce9 fubf-
tances étrangères font fichées dans l’oeil, qu’ elles
prominenr, on les faiflt dans une anfe de crin
ou avec une pince à épiler, & s’ils font plus
enfoncés, on les pique avec une aiguille à cara-
rïéle. Si lfaccident vient de la piquure de quelque