alors on rapproche les lèvres de la plaie & on
les relient unies avec une petite mouche d’emplâtre
d’André de la Croix ou de taffetas d’Angleterre,
on ferme la paupière & on les maintient
clofes avec un lit de coton trempé dans
Peau vulnéraire. Si la réduction ne pouvoit fe
faire., on en feroit la réfection, & encore mieux
fi p'refque tout le corps vitré étoit au-dehors.
On ne doit point défefpérer que la vue ne fe
rétabliffe en pareil cas, Nuck dit avoir guéri une
plaie de ce genre, fans que la vue en fouffilr, &
les Oculiftes ont plus occafion que d’autres de
voir revenir la vue, quoique leur maladreffe eût
donné lieu à l’iffue d’une grande partie de l’humeur
vitrée. Dans le fécond cas, c’eft-à'dire celui
ou l’inftrument feroit dirigé fur la cornée tranf-
parente, l’humeur aqueufe fort & quelquefois
après elle le crifiallin. Il n’y a aucun incon -
vénient alors à retirer ce corps, car il n’efi aucun
moyen de le rétablir dans fon premier lieu. On
rapproche les lèvres de la petite plaie, qui fc
cicatrife comme dans l’opération de la cataraéle
par extraélion. Mais, quand Pinfirumenr a été
dirigé de manière à bleffer Piris le plus Couvent,
il s’en fuit une hémorrhagie qui fe fait dans l’une
& l’autre chambres, & un gonflement fouvent
prodigieux quand les lèvres de la plaie font rapprochées
& que le faog épanché ne trouve aucun
moyen pour fortir. Quand un pareil cas a lieu,
il convient de féparer les lèvres de la plaie pour
donner iffue au fan g ; fou vent l’humeur vitrée &
le crifiallin fuivent quand on attend trop long-
l e m s c ’eft un accident auquel fl n’efi pas poffi-
ble alors de remédier. Il faut, dans tous ces cas,
fe fervir de collyres aqueux & légèrement réfo-
lurifs,comme l’eau d’euphraife, de bluet,f de rofes,
animés d’un peu d’eau vulnéraire & auxquels
on donne un peu de confifiance avec un blanc
d’oe uf, le mucilage de coings de pfylium ou la
gomme arabique.
Les plaies qui font faites par un infiniment
piquant bien aigu & qui ne pénètrent pas trop
avant, ont fouvent des fuites très*peu fàcheufes;
mais celles où les membranes internes, les vaif-
feaux & les nerfs font affeélés, font toujours
très-inquiétantes *, elles peuvent donner lieu à
des épanchemens fanguins pu mien s , à des inflammations
violentes*, l’infirument peut avoir
paffé l’oeil & gagné le fond de l’orbite ou fa
parois fupérienre ; dans l'un & l'autre'cas, les'
effets font toujours à craindre, l’on a vu l’inftrument
dans le premier, gagner la fente furorbi-
taire, pénétrer le cerveau & faire périr fubirement.
Wepfer dit que les bouchers de fon tems
n’avoient point d’autres procédés pour faire mour-
rir les boeufs deftinés à notre ufage. Il peut également
parvenir jufqu’aux lobes anrérieurs du cerveau
dans le fécond, à raifon de la foible réfif-
tance que fa parois fupérieure de l ’orbite lui
préfente, & il eft également rare alors que les
bleffés en réchappent. Tel étoit le cas d’Henri
fécond dont Paré rapporte l’hifioire : les faignées,
les réfolutifî' & le régime le plus 'févère font les
feuls remèdes que le cas préfente dans le moment
même de l'accident*, les fuites fourniffent
d’autres indications auxquelles on fatisfera félon
la nature des circonftances.
Les plaies contufes font en général, les plus
fàcheufes & encore plus celles qui font faires
pa-r des armes'à feu. Ces fortes de plaies (ont
toujours: accompagnés de déchirement, d’extrava-
farion, & de commotion, d'où dérivent un défordre
non-feulement dans l'organe, mais encore dans
les environs. Il eft rare que la vue foit confer-
- vée dans un pareil c a s , fiUMout quand la cornée
tranfparente eft intérëffée. Les laigtiées ici
doivent être copieufes*, on ne ménagera les inci-
fions qu’autant que la délicateffe de l’organe
pourra l’exiger. Il convient toujours d’aller à la
recherche des corps étrangers comme éclat de
bois, une parcelle de fer*, & fi, dans ce dernier
cas, le débridement ne réoffiffoit point on en vien-
droit au moyen de Fabrice de Hildan , ou Tair-
manr. Si le bourfouftlement & l’inflammation
étoient confidérables &. cachaffent, en quelque
forte le corps qui entretient le défordre, il fau-
droit, après les remèdes généraux, en venir aux
facrifications & enfuire aux répercuffîfs, & ici le
collyre, fait avec le-fel de Saturne ou les tro-
chifqnes blancs de Rhafiù & le camphre pulvé-
rifé & mêlé avec les eaux de plantain & de
rofe eft le plus convenable. Mais fouvent la centurion
pour être légère n’eri eft pas moins inquiétante.
et Un enfant de douze ans étant à
» l’école à D o s a i, en Flandre, fut frappé d’un gros
grain de fable à l ’ûèil gauche. Il n’en éprouva
aucun accident jufqtr’au lixième jour où l’oeil
s’enflamma confidérablement & devint douloureux.
Un Chirurgien de la Ville fut confulté; il
confeilla l'application de deux fan g-sites à la
tempe du même côté & un cataplafme fait avec
la pulpe de pomme cuite. Après fix femaines
de ce traitement l’enfant fut amené à Londres,
dans un fi fâcheux état qu’il ne pouvoit voir
aucun o b je t, même ceux qui étoient près de lui.
Il fut commis aux foins de M. Wathen , qui ap-
përçut fur la cornée, un peu plus bas que la
marge correfpondante de la pupille, une faillie
obfcure de l'étendue environ d’un huitième de
pouce & qui imitoit affez bien une tête de mouche
; c’étoit l’iris qui étoit forcée par une ouverture
de la cornée. Il ne put découvrir que la
moitié de cette cloifon, l’autre étant cachée par un
1 encorna ƒ bien apparent, contigu à la faillie.
La conjonèlive des environs étoit dans un état
de très-grande iuflammation. M. 'Wathçnfe détermina
à lui iirer une plus grande quantité de fang
de la tempe, & lui fit enfuite appliquer au même
endroit un large vélicatoire. Çes moyens ayant
difpofé le malade, il eut recours à la teinture thébaïque
baïeme dont il.verfoit utie goutte chaque jour, ce
qu’il fit pendant trois jours*, 'mais la douleur &
l’inflammation pérliftèrent toujours les mêmes,
la faillie de l’iris lui paroi ffant entretenir l’inflammation
par le frottement qu’elle éprouyoit
du mouvement des paupières, il (e détermina
à la toucher par - tout avec la pierre infernale.
Il hume&a ce qui avoit^ éprouvé l'effet
du caufiique, pour empêcherjqu’ii ne fe portât
trop avant *, mais cette précaution n’émpôcha
pas que la douleur ne fut exceffive, néanmoins
elle céda bien-rôt à l’application de la teinture.
On lava fréquemment ce jour l’OEil avec l ’eau
végéto-minéralé , & , dès le lendemain matin, la
diminution de la faillie & de l’inflammation parut
évidente. M. Wathen réitéra l'application de
la pierre,1 elle fut moins douloureufe que précédemment.
Quinze jours fe payèrent dans un
pareil traitement au bout defquels l'inflammation
fut entièrement guérie. Le malade recouvrit une
vue affez paffable malgré l’opacité partielle de
la cornée & l'adhérence de l’uvée avec elle, rt
Les Amples contufions de 1 OEil quoique d’abord
peu inquiétantes par elle-mêmes & ne
troublant point'vifiblement la vue, n’en font pas
moins fàcheufes par leur fuite*, la rétine en a
fouvent éprouvé une telle commotion, que c'eft
avec fa plus grande peine quelle reprend fon
premier ton ; fouvent même elle refie entièrement
atone. Il fe forme fubitement des épanchemens
fanguins dans les chambres, lefquels ôteiit à
l’humeur aqueufe toute fà tranfparence, ou des
flafes qui amènent néceffairement la fuppuration;
& les enveloppes du crifiallin étant rompués, ce
corps s’échappe & fe porte fur la cornée. Si les
effets vont plus profondément dans l'orbite, il
fe fait des épanchemens dans cette cavité, qui
fouvent font confidérables, & alors lefang s'ex-
travafant, gagne jufqu’aux paupières qu’il gonfle
confidérablement ; & l'OEil pouffé hors de l’orbite
femble ne pins avoir de connexion avec
le fond. Le plus fouvent le fang fe répand dans
le tifiii de la conjonélive & y formé une échy-
mofe dont la réfolution s’obtient difficilement.
Le traitement, dans tous ces cas| a beaucoup de
rapporr.avec celui des plaies contufes dont nous
venons de parler 5 il doit être fi fin pie. dans les
contufions légères, & approprié aux différens cas
dans les compliquées. Paul & Aërius recommand
e n t alors le fang de pigeon*,il convient d’en
aider les effets_par les faignées du pied ;- fi l’on
ne peut fe le procurer, on a recours aux réfoiu-
nfs en topique, tels que les eaux ophtalmiques
aiguifées par la teinture de faffran. Si la con-
tulion efl accompagnée de troubles dans les humeurs
, celles-ci fe clarifient quand le fang épanché
n’efi point en grande quantité. On confeille
nne incifion au bas de la cornée, quand l’épanchement
eft confidérable | cette incifion peut
avoir fon utilité; mais-, en général, on ne doit
Chirurgie. Tome I I . I ,re Partie.
la pratiquer qu’à la dernière extrémité*, car elle
entraîne fouvent la perte de la vue. On ne doit
pas également fe déterminer à incifer dans le cas
où le fang feroit épanché dans l'orbite*, car,'
quelque volumineùfes que foient les paapières,
quelque déjerté que l'OEilparoiffe au-dehors, on
a vu toutes ces parties revenir à leur volume &
à leur fituation primitive par un régime févère
aidédes évaenans & des topiques. Quand la réfolu-
tîon eft fa ite ,il refie quelquefois une atonie qui
rend l’OEil fùjct aux gonflemens variqueux de la
conjonélive; pour éviter cer accident/ on confeille
les eaux légèrement aftringèntes qui rendent
aux vaiffëaux leur force première, telles
■ font celles de verveine, de centinode, de b il—
torte & de quinte feuille auxquelles on mêle un
peu d'alun ou de vitriol.
Il eft dans toutes des affeélions traumatiques
des yeux des attentions générales, l’omiffion
defquelles rend leurs fuites fingul.ièremem opiniâtres/
fouvent ^même fàcheufes. I l faut, par
exemple, toujours couvrir les deux yeux quoiqu'il
n’y en ait qu’un de malade ; car, entretenant
entré eux une grande fymparhie, fi l’on
n’en couvroit qu’un , l'autre exciteroit un mouvement
dans ce dernier , qui rie pourroit qu’être
nuifible à la guérifon. On doit,dans l’application
des pièces d’appareil, avoir foin qu’aucune ne
comprime l’OEil trop fortement;cette précaution
utile dans tous lès cas-, ! eft encore plus lorfque.
la cornée eft fimplement divifée; car la preffion
pourroit'donner Heu à-u n fiaphylome ou à
l’iffue des humeurs de 1 (Eil même du cryfiallin.
Quand, avec les maladies de l’OE il, font joinres
différentes affeèlions des paupières, il faut avoir
foin que ces partie's ne fe collent enfemble en
fe cicatrifant. On confeille pour cela au malade
de mouvoir fréquemment les paupières ;
mais il femble qu’ un morceau de baudruché
taillé fur la forme de l'OE i l, & mis entre le
globe & les paupières - répondroit beaucoup
mieux à l’intention. Quand ce coliemem a eu
lieu , on peut détruire l'adhérence par la Ample
diffeèlion ; Fabrice de Hilden, dans un cas pa reil,
eut recours” à un moyen qui fait honneur
à fon génie, quoiqu'il foit moins expéditif que
celui que nous confeiîlons. Il paffa un fil an
moyen 1 d’un ftilet flexible terminé par un OEil
au-deffùs du poiar d’adhérence de la paupière
avec la çonjonéiive*, il atracha au deux extrémités
du'fil deux petits plombs du poids d’un
gros *, ce f i l , continuellement tendu, parvient ainli
par fon frottement répété à détruire l’adhérence.
Des Excroijfances fongueufes de l ’QEil.
La felérotique ou la tunique externe de l’OEil,
que quelques-uns regardent comme une continuation
de ia dure-mère, eft lu jette à des ex-
croiffanees qui varient tant à raifon des lieux
O