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avec un biftouri, la cloifon charnue du palais ,
& de fai fi r enfuite le Polype avec des pinces
courbes ou avec les doigts. Quelques - uns
regardent ce confeîl comme imprudent, en
ce que , d ifent-ils , il eft fort incertain
fi la playe du voile pourra fe réunir. Mais
qu’elle fe réunifie ou non, la dégluiirion ne
s en fait pas moins facilement comme chez ceux
qui ont cette partie fendue par un vice de naif-
fance. La Faye difoit cependant à fes élèves,
qu’ il s’étoit au moins convaincu par la fuite que
cette feélion étoit inutile. Morand, dans un pareil
cas, n’eut recours qu’à fes doigts, il en mit
an dans une narine & un fécond dans la bouche
par derrière la cloifon, les portant enfuite
de côté & d’autre, il arracha ainfi le Polype
que le malade cracha à différentes reprifes.
L ’extirpation a été regardée comme préférable à
toute autre méthode, en ce que quand le Polype
étoit d’une certaine dureté, on pouvoit l’emporter
jufqu’à la racine, ce qu’on ne pourroit faire avec
r infiniment tranchant, en ce que la torfion qu’ é-
prouvoiem les vaifleaux à la bafe de la tumeur,
les difpofoit de manière à ne pouvoir fournir
une bien grande hémorrhagie comme dans l’ex-
cifion, ce qui peut être vrai pour quelques ef-
pèces & non pour d’autres; car il eft certain que
cette méthode telle fagement qu’on l’ait mife en
pratique, a été fuivie d’une très-grande perte de
fang, fur-tout dans les cas des polypes qui de-
mandoient qu’on opérât par la bouche, vu peut-
être la difficulté qu’on avoit à faire la torfion fi
recommandée en pareil cas. Mais, en général,
l ’hémorrhagie n’eft à craindre, qu’autant qu’elle
vient des parties qui avoifinent le pédicule de la
tumeur, car le fang qui vient de la tumeur même,
doit peu inquiéter, fur-tout quand le malade
loin de s’affoiblir fent fes narines plus libres
& fa refpiration plus aifée. Néanmoins comme
il peut y avoir des cas inquiétans, les Praticiens
que leur expérience a mis à même d’avoir
recours à plufieurs moyens propres à réprimer
promptement le fang, ont confeillé les uns un
féton de linge au milieu duquel eft fixé un ou
plufieurs morceaux d’agaric ou un bourdonner
ferré & imbibé d’eau ftyprique & affez gros pour
fermer les arrières-narines, puis de tamponer la
partie antérieure avec plufieurs rouleaux de charpie;
les autres des poudres & des liqueurs flyp-
tiques qu’ils faifoient tirer par le nez ou iniec-
toient par les narines^Mais cette dernière méthode
peut avoir quelque danger quand les remèdes
fe portent par i’arrière-bouche jufqu’au
larynx. Les moyens compreffifs fuivans nous pa-
roiflent être les meilleurs. Comme, le plus fou-
vent l’ hémorrhagie vient de l’ouverture de quelques
vaifleaux qui rampent dans les fofles nafales
poftérieures, c’efl par l’arrière-bouche qu’on doit
tenter la compreflion fur les vaifleaux qui fourni
lient. On introduira donc une aiguille plate,
p o t
boûtonnée & un peu flexible par le nez jufques
dans le fond de la narine ; pendant qu’on pouffe
cette aiguille d’une main, un doigt de l’autre
porté jufques derrière le voile du palais ramène
l’extrémité boutonnée dans la bouche & au dehors.
L ’aiguille eft armée d’un fil qui fuit le mâ.
me trajet; lorfqu’elle eft tout-à-fait fortie, on
coupe le bout du fil pour le féparer de fon con-
duéîeur; on y'àttache un tampon de charpie,
imbibé d’eau alumineufe & bien preffé enfuite:
puis tirant le bout du lien qui fort par le nez
on attire le bourdonnet jufques derrière le voile
du palais dans la folle nafale qu’ il remplit affez
pour comprimer les vaifleaux qui fourniflent le
fang. Au lieu d’aiguille plate .ou ronde, on peur,
dans un cas urgent d’hémorrhagie, fe fervir d’une
bougie à fonder l ’urètre ou même d’une bougie
à brûler qu’on appelle rat-de-cave. Le Dran,
dans un cas femblable introduifit fur le bout du
doigt une bandelette de linge effilée qu’ il porta
par l’arrière-bouche jufqu’à la narine poftérieure;
où il l’alla faifir avec des pinces pour l’attirer
hors du nez. Cette bandelette entraînoit un bourdonnet
trempé dans une liqueur aftringente. Bel-
locq avoit imaginé un infiniment particulier,
pour porter de dedans en-dehors le moyen com-
preffif. Comme cet infiniment ingénieux eft fort
utile pour faciliter la ligature des Polypes de la
gorge, nous en parlerons dans peu en décrivant la
meilleure manière de placer la ligature fur eux.
Quelque précaution qu’on prenne pour employer
la méthode de l’extirpation, ibuvent il
refte des portions inaccefiibles aux pinces & qu’il
faut cependant détruire, fi l ’on ne veut voir
revenir la maladie, telle qu’elle étoit avant. Les
Anciens, qui employoient la méthode de l’exci-
fion n’ignoroient point cet inconvénient & la difficulté
d’y remédier. Paul, après avoir donné les
moyens de reconnoîrre s’il n’en eft point encore
refté, continue en difant qu’il faut prendre un
fil de lin de médiocre gtofleur, tortillé comme
de la ficelle, fimiculi modo intoitum , y faire des
noeuds féparés les uns des autres d’environ deux
ou trois doigts. On paflera le bout de ce fil dans
l’oeil d’un flilef, on introduira enfuite le bout
de celui-ci par le nez, en haut vers l’arrière-narine,
puis l’ayant faifi par la bouche, on tire à
foi le ftilet dont ôn débarrafîe le fil, enfuite prenant
celui-ci de chaque main, on tire en avant
& en arrière pour déchirer les chairs reliantes
par le moyen des noeudç, qui agiflent alors comme
les dents d’une feie. Albucafis & plufieurs
autres venus après lu i , ont copié ce procédé de
Paul;, fans rien dire de fes inconvéniens. Un
des principaux que trouve Fabrice d’Acquapen-
denre eft qu’il n’a aucun effet fur les parois fu-
périeures des narines où ces reftes de Polypes
l'ont ordinairement implantés. Néanmoins le Dran
d i t , dans fes Observations, l’avoir employé avec
fuccès à la Charité, & Lafaye rapporte dans fel
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Remarques fur Dionis, avoir été témoin du fait.
Ce fut d’après l’ idée de ce moyen que Levret
imagina un infiniment qu’il appelle Ver ticillé,
pour détruire un Polype muqueux qui avoit ré-
Sfté à tous les remèdes. Cet infiniment eft un
(il d’archal tourné en fpirale fur un ftilet d’ argent
très-flexible, & terminé à chaque bout par
un manche dont l’un feulement s’adapte à vis.
On fait pa(Ter celui-ci, après qu’on en a dévifé
le manche, dans la narine, jufqu’à ce qu’on l’ap-
perçoive en arrière. On le faim alors avec des
pinces à Polype pour l’attirer au dehors en mê-
me-tems quon pouffe par le nez avec l'autre
main | enfuite on adapte le manche à cette extrémité
, puis on prend de chaque main un
des manches de l’inftrument, & par des mou-
vemens combinés tantôt en bas tirant à foi, tantôt
à droite ou à gauche tirant fur les côtés,
tantôt en haut tirant d’ une main St repouffant
avec l’autre dans un même Cens, faifant enfuite
faire à celle-ci ce que faifoit celle-là, & à cette
dernière ce que faifoit la première, combinant
enfin ces divers mouvemens, leur direction &
leur durée, on parviendra à confondre en rapant
pour ainfi dire. Telle eft la manière dont Levret
le propofoit d’opérer; mais, la répugnance de
la malade, pour cet inftrument, empêcha, dit-il,
d'en juflifier l'excellence. Mais quelque foit la
valeur de la cordelette de Paul, celle du verti-
cillé de Levret, nous croyons qu’il vaut encore
mieux détruire ces reftes au moyen d’une mèche
garnie de bourdonnets qu’on charge d’onguent
■ brun ou ægyptiac, & quand la narine eft allez
libre, alors on fubflitue l’eau de chaux, l’eau
vulnéraire & autres defticcatifs. Mais, comme ce
traitement a beaucoup de rapport à la méthode
du féion dont nous allons parler, nous n’eu dirons
pas davantage.
Le féton a été mis en ufage d’après l ’obfer-
vation de ce qni fepaffe, quand on a recours
à ce moyen pour faire fuppurer une fiftule ou
un finus. On a cru qu’en paffant ainfi dans l’intérieur
des narines, une cordelette de foye ou
de coton imbue de confomptif, & la retirant
journellement pour en appliquer une autre, on
parviendroit en excitant une inflammation & une
fuppuration convenable, à la détruire par
fuite de tems. Cette théorie étoit fondée fur celle
qu’on avoit des fuppurations ordinaires, où l’on
admettoit une grande abrafion des folides. On a
tenté cette méthode, mais elle n’a point eu tous
les avantages qu’on s’en étoit promis; fi d’abord
die a eu quelque fuccès, c’eft que les bourdon-
nets & autres corps chargés de médicamens ,
avoient agi en pouffant ailleurs le Polype & dégageant
ainfi momentanément les narines; mais en
la ceffant, la maladie revenoit bien—tôt comme
précédemment. D’ailleurs la fuppuration n’eft que
luperficieüe & jamais affez profonde pour donner
lieu à un affaiffemem complet j &, pour peu
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que la tumeur tourne à la malignité, ces remède»
cauftiques ne font que l'accélérer.
La ligature eft le dernier moyen de guérifoa
qu’on ait employé dans le traitement du Polype.
On en fait cependant remonter l’origine à Hippocrate,
quoique cet Auteur foit loin d’être
clair fur cet article. L ’Auteur le plus ancien qui
ait expreflèmeat parlé de cette méthode , eft
Glandorp, ainfi qu'on le peut voir dans fon
Ouvrage, intitulé : TraSatus de Polypo narium, af-
feân gravijpmofibfervatianibus illuflratus, imprimé
en 1628. « Il faut, d it- il, entourer le Polype
le plus près de la racine qu'on le peut avec un
fil de foye ciré, nouer enfuite ce fil & couper
enfin l’excroiffance au-deffous de la ligature.
Mais comme, par cette opération, il faut de toute
néceffité lier le Polype au-dehors avec des pin-
ces ou une érigne s’il ne faillit point, il tant
prendre garde, ajoute-t-il, d’arracher la tumeur,
avant de l’avoir liée. Quoique Glandorp ait employé
ce moyen avec fuccès chez une dame dont
il avoit d’abord traité le Polype par les cauftiques,
cependant il ne parait pas avoir le degré
de confiance qu’il aurait dû donner à une méthode
dont la réuflite lui fut fi avantageufe. Cette
méthode fat en quelque forte oubliée jufqu’à
Heifter qui la tenta avec fuccès fur une perfonne
âgée, dont le Polype avoit été infruclueufement
traité avant par la mérhode des cauftiques. Il
fe fervit dans cette opération d’une aiguille cour,
be, qui a beaucoup de reffemblance à celle que
Goulard imagina pour lier l’artère intercoftale,
& qui a latéralement vers la pointe un oeil pour
porter un f i l , & fe termine comme l’autre par
un manche applati. Un peu avant, Dionis avoit
également confeillé cette méthode pour celle des
tumeurs dont les racines étoient grêles; il la faifoit
avec un fil difpofé en anfe, dans lequel il
comprenoit la tumeur, enfuite un bout fortanr
par la gorge & l’autre par le nez, il procédoit à
!a ferrer, affez difficilement cependant ainfi qu'il 1 avoue. On doit à Levret une fuite des moyens
qui rendent la méthode de la ligature auffi aifée
que tout autre procédé, ainfi qu’on en fera convaincu
par la fuite. Audi doit-on regarder ce
Praticien comme le véritable Inventeur de cette
méthode; l’application qu’il eut à faire de ce
genre de moyen aux Polypes de la matrice, lui
donna fur lui des notions beaucoup plus précises,
<lue d’autres n’avoient pules avoir. Le premier
inftrument qu’il fit connoître, fut celui qu’il appelle
Porte-anfe ou ferre-noeud : c’efi une efpèce
de pincette à anneau de longueur proportionnée.
Aux côtés de chaque branche, vers le fommer eft
une ouverture dans laquelle eft placée une-petite
poulie. Au bas, c’efl-à-dire à environ une ligne
de la jonélion eft une avance qui loge également
une autre poulie. Enfin les anneaux de l ’inftrument
doivent être fendus dans les trois quarts de
leur étendue j Voyei la Planche relative à cet