7 0 M E R
qu'ils avoîent- vu réfulter de l’ufage de l'un ou
de l’autre de ces médicamcns, ils l’ont enfuire
Conftammcnt rejetté comme infidèle & pernicieux.
II. Des Preparations du Mercure par trituration.
M E R
inventée jufqu'ici pour le traitement des
ladies vénériennes , n’ a réuffi dans tous les cas
où l ’on en a fait ufage , ni même toutes kM
fois qu’on l'a employée dans des cas en apparence ’
parfaitement femblables à d’autres où elle avoir -
eu un plein fuccès. Aufli les Praticiens doivent-
i i s , non - feulement être au fait des diyerfesmé«
thodes qui ont eu quelque réputation, mais en-
bore ils doivent être très - circonfpeèls dans le .
jugement qu’ils en portent, & très-attentifs à ne
fe 1 aider prévenir ni pour ni contre aucune d’eüesl
fans l’avoir fuffifamment examinée , afin de nti
pas la regarder trop à la légère comme infaillible, .■
ni s’expofer à la rejetter & à fe pfivet ainfi d’uni
remède utile, parce que dans quelques cas par- ■]
ticuliers elle n’a pas eu tout le fuccès'qu'on pou-
voit en attendre. I f eft à préfumer que les effetsI
du Mercure fur le fyftême animal ne tienneut pointa
effemiellement à la forme fous laquelle il en ad-
miniftr.é ; mais q u e , de quelque façon qu’on !'in-|
troduife, il fe combine avec les fluides d’une I
manière qui eft cenftamment la même, &l fousl
laquelle feule il agit comme *médicament. La
forme particulière qu’on lui donne peut être plus!
ou moins favorable à fon introdnélion. Ladifpo-J
firion naturel le de chaque individu peut âiiffii
faciliter chez lui l’admiffion du Mercure , pré-l
paré d’une manière plutôt que d’une autre
mais ii n’y a aucune préparation de ce métal
dont on ne puiffe. obtenir les mêmes effets curatifs
, comme il n’y en a aucune fur laquelle on
doive abfolument compter.
De la méthode des Frictions.
Dans la pratique moderne, on fait plus de
cas de l’application extérieure du Mercure qtie|
de toute autre méthode, l’expérience ayant montré!
j.® que, par le moyen des friélions, on pouvoit
adminiftrer une beaucoup pins grande quantité
de ce remède, dans un tetris déterminé, qu’on
ne pôuvoit le faire dans le même rems, en le
donnant intérieurement, fans s’expo fer à fatiguer
le canal imeftinal &. à nuire à la confiitution ;|
2.* que les malades qui onr été traités par des
médicamcns internes , font plus fujets à des
rechutes, lors même que le Mercure a occafiom-é|
une falivation abondante , & qu'en pareil cas, |
.c’eâ fur les frictions qu’on doit fur-xout compter
pour obtenir une guérifon coniplette. En confé-
quence , on a recouis au traitement extérieur,
toutes les fois que la chofe eft praticable : mais, |
comme ii y a fou vent des circonftances qui 1«
rendent incommode, les autres méthodes ent un
grand prix en pareil c a s , indépendamment de|
l’avantage qu’il peut y avoir quelquefois à les
combiner avec celle des friâions. ÉÉ
Il peut arriver aufli que la furface au corps?
foit tellement difpofée que le Mercure ne pénètre,
point par cette voie & ne manifefte aucun effet,
M E R
foit fur la confiitution , foit fur la maladie. Ce
cas eft rare, mais ou en voit des e x em p le s&
alors il eft heureux que l'on puiffe introduire
le remède d’une autre manière malgré tous les
inconvénims qui peuvent en réfulter. On rencontre
aufli des indivtdus chez qui fon application
intérieure n’n aucun e ffe t, ou à qui il eft
impoffible de faire fupporter en une quantité
fuffifcnte aucune des préparations les plus ufi-
tées 5t pour lefquels on eft dans le cas de
varie’r les tentatives, afin d'en trouver une dont
on puiffe efpérer du fuccès. Ce feroit état
bien trifte que celui d’un malade chez qui les
traitemens extérieur & intérieur feroient également
infruéhieux. Heureufement il nen exilte
peut-être aucun exemple dans la Médecine.
L’onguent mercuriel, comme nous 1 avons déjà-
dit fe°préparc communément aujourd’hui avec
parues égaies de Mercure crud & de graiffe de
porc. On a été long-tems dans l’ufage d'y ajouter
un peu de térébenthine, avec laquelle on trituroit
d’abord le Mercure, avant de le mêler avec la
graiffe, afin d’éteindre plus promptement les globules
& d’abréger ainfi le travail. Mais il' y a
beaucoup de perfonnes dont l’onguent préparé
de gettt manière irrite & enflamme la peau -,
& l'on a renoncé à cette addition à laquelle
on fupplée par un peu d’onguent mercurtel, qui
a aufli la propriété de faire difparoitre les g lo bules
plus promptement que i’axonge feule. Malgré
les précautions de cette nature, ion ne fauroit
donner trop de foin à la trituration de 1 onguent,
dont la bonté dépend particulièrement du tems
qu’on aura mis à fa préparation.
La quantité d’onguent qu’on doit employer
pour un traitement quelconque, variera fuivant
le degré & l’ancienneté de la maladse qu’on veut
attaquer, 8t fuivant la difpofition du malade à
être affrété par le remède. L ’on trouve quelque
avantage’ à faire précéder l’onélion mercurielle
d’un petit nombre de bains tièdes qui nétoyent
la peau, affonp^ffene l'épiderme, & difpofent
peut-être les vaiffeaux à une abforprion plus
facile du Mercure. En général les Praticiens
modernes n’ont d’autre règle, pour l’adminiftra-
rion de l’onguent mercuriel, que celle de s’en
tenir dam les premiers jours à des petites dofes,
telles qu’un fcrupule ou un demi-gros par jou r ,
pour ne pas s’expofer à affecter trop vivement
les glandes falivaires, & à les augmenter en-
fuitè, jufqu’à ce que l’on voie , par une légère
affeélion de la bouche où par une diminution
fenfibin des fympiômes, que le Mercure affeéte
la conflit urion. On fouiient enfui te ces mêmeî
dofes, jufqu’à ee que les fymptômes foient entièrement
difbpés : on les continue même encore
quelque rems par de-là , fur - tout dans les cas
récens qui cèdent plus promptement au remède ,
« toujours avec 1 attention néceflaire pour que
IC h n n r t in n n l . r ___ • ______ . i x r
feéter trop fortement. Si ht premières dofes, quoique
foibles, portent fi la bouche , on attendra que
ce'premier effet foit appaifé, avant de f aire une
nouvelle frièlion ; alors, en revenant à la même
dofe, le malade déjà accoutumé à l’imprcffion
du remède , en fera moins sf&élé, & l'on pourra,
pour l’ordinaire , le continuer fans incoevénieni , 8c même l augmenter à la dofe d'un ou deux
gros & au-delà. Voyét VÉROLE."
Quant fi la manière de faire fonction, il faut
jufqu’à un certain peint proportionner la quantité
d’onguent à la furface fur laquelle n rap plique.
Deux gros d’onguent , étendus fur
une furface proportionnée à cette quantité
auront amant d’effet qu’use demi-once fur la
même furface \ car il ne fc fera pas une plus
grande abforprion dans le fécond cas que dans
le premier. D'un autre côté, fi l’on étend l'onguent
fur une trop grande furface, l’on o’augmenre
pas pour cela l’efficacité du remède. Il faut de
tems en tems laver les parties qui ont été couvertes
de l’onguent, pour ne pas rendre inutile
celui qu’on y appliquera de nouveau.
On a toujours été dans l ’ufage de beaucoup
frictionner les malades en admlniftrantce remède,
& l’on a cru que plus l’on employoir de tems
à ces friéiions, plus on les rendoit efficaces ;
mais cette opinion n’eft point fondée far l’expérience
: il fufüt pour l’efficacité du remède que
l’onguent foit très - exactement étendu fur U
peau.
Des effets du Mercure fu r la constitution Gf fur
des organes particuliers.
Le Mercure agit fur le corps de deux manières
; l’une qui a fon effet indépendamment de
toute maladie déjà exifiante , modifie l’état aélucl
de la confiitution ou de quelque partie du corps;
elle tient à une efpèce particulière d’irrirarion.
L ’autre tend directement à corriger un étal morbifique
, & ne manifefte fes effets que par la
fuppreffion graduelle de cet état.
Les effets de la première claffe font, ou généraux
fur tout le fyftême, ou particuliers fur
des parties füfeeptibles de quelque fécrétioo.
Les effets généraux font une augmentation d’irritabilité
dans tout le fyftême nerveux, qui le rend
plus fufceptible que de coutume de toute efpèce
d’impreflion; une plus grande fréquence & fou-
vent une plus grande dureté dans le pouls ;
St dans quelques tempéramens, ces fymptômes
vont au point de reffembler aux effets-d’un poi-
f®n> Chez quelques individus, le Mercure produit
une forte de fièvre hétique, dont tes fymptômes
font un pouls .petit & fréquent, un manque
d’appétit, une inquiétude générale, i’infomnic,
un teint livide , & une grande variété d'autres
accidens; mais, pour l’ordinaire;ces fâcheux effets
s’affoiblitfem à mefure que le corps s'accoutume
Quant aux préparations de Mercure qui ont
pour bafe ce métal dans fon état naturel, trituré
avec d’autres fufiances capables de l’éteindre, elles
diffèrent -peu cntr’elles, quoiqu’elles aient été
extrêmement multipliées *, leur plus ou leur moins
déclivité dépendant particulièrement du foin
plus ou moins grand qu’on a mis à cette trituration.
Perfonne aujourd’hui n’ignore que le
Mercure coulant peut parcourir tout le canal in-
tcftinal, fans manifefter aucun effet fenfible fu r
la confiitution. Néanmoins, lorfqu’on le triture
avec des corps gras, vifqueux ou eu forme de
poudre, on parvient à le divifer & à luiNfaire
perdre la forme de globules, & , par ce moyen,,
on le rend capable d’agir fur le corps animal.
On n’a pas manqué de tirer parti de cette d é -’
couverte pour le triturer avec une multitude
de fubflances, dans l’idée d'obtenir un remède
plus efficace que tous ceux que l’on connoiffoit.
On a particulièrement employé, dans cette intention
, . ï,es yeux d’écreviffes & d’autres terres
îibfoibantes, la gomme gayac, la térébenthine , le
fu c re , le miel, la gomme arabique & divers
au ries mucilaginenx. L e Mercure trituré avec
le ioufre, fe combine avec lui de manière à former
un corapofé dépourvu de toute aélivité ,
connu fous le nom d’Éihiops minéral.
De toutes ces préparations, ce font celles qui
fe font au moyen des mucilages qui onr, à jufte
titre, obtenu le plus de confiance. M. Plenck,
Chirurgien de Vienne, à qui le Public eft redevable
de les lui avoir fait connoître, fe donna
beaucoup de peine , ii y a une vingtaine d’années
> pour déterminer par des expériences quelles
é;oient les fubflances de cette claffe qu’on pouvoir
employer avec le plus d’avantage dans cette
intention, & il trouva que le mucus animal &
la gomme arabique éteigtioicnr 1e mercure beaucoup
plus promptement & plus complertement
qu’aucune autre. Il fit, avec le Mercure ainfi préparé
, fur des perfonnes attaquées de maladies
vénériennes, des efi'ais qui fui prouvèrent l'efficacité
de ces fortes de préparations, employées
lo it întéiienremenr, en forme de pilules ou de
heiffons, foit extérieurement. comme topiques,
fur k s ulcères. Sa méthode a depuis été adoptée
par un grand nombre de Praticiens , qui o»t
préféré cette manière d'admimftrer le Mercure à
l’ufage des préparations chymiques , comme étant
beaucoup plus douce , & tout aufli falutaire dans
fes effets.
Nous devons faire obferver cependant qu’aucune
préparation mercurielle , aucune méthode,