
Les Nymphes & les Lèvres deviennent quelques
fois fi longues, qu’on ne fauroit approcher
certaines femmes. Au rapport de Léon l Àfri-
quain , il y a des hommes qui nont d’autre
métier que de fa voir retrancher ce que la Nature
a trop alongé dans ces parties.
Le célèbre Mauriceau, Chirurgien de Paris , a
fait avec fnccès cette opération. Une femme de
condition, obligée de monter fouvent à cheval,
fentoit alors des cuiffons infupportables & de la
douleur par le froidement des Nymphes, qu elle
avoit très - longues. Elle fe détermina à fe lés
faire amputer par cette railon, & auffi parce que
la longueur démefurée de ces parties déplaifoit
beaucoup à fon mari. Il faut prendre des précautions
pour arrêter le fang avec foin *, car Mauriceau
dit que, plufieurs heures après l’opération,
il a vu furvenir une hémorrhagie allez confidé-
rable qui mit la malade en danger. On préviendra
cet accident en lavant la plaie avec de leau
alumineufe, & par l’application de 1 agaric, de la
charpie fèche, de compreffes graduées fou tenues
par un bandage qui fafle une comprelfion fuf—
fifante, ou par la ligature des vai fléaux qui four-
niflèntle fang. Voye^t article Hémorrhagir .11 y
a apparence que les Hifioriens,qui ont dit que, dans
certains pays, on cbâtroit les femmes-, nont entendu
parler que de la Nymphotomie & non de
l ’extirpation des ovaires qu on pratique chez les
Truyes pour les rendre fi cri les. Voye[ fur la
Caftration des femmes la Généantropie de
S in ibALDUS.— Article de l'ancienne Eucyclo-
P edie.
O
O B SER V A TION , Obfervatio. Expofé
d'un ou de plufieurs faits, tendant à confirmer
une doèlrinedéjà reçue, ou à en faire établir
une nouvelle, lorfqu’ils font allez certains pour
qu’on en puiffe tirer des mdu&ions. L ’Obferva-
tion, telle que nous la définiffons, fuppofe toujours
l’expérience , c’efi- à - dire, une application
confiante aux phénomènes préfens, & 1 art
de les rapporter à leur véritable çaufe, pour
enfuit© établir des loix générales & néceffaires
dans la Pratique. La vérité, en Chirurgie, repole
fur ces deux bafes , qui doivent s’entre-foutemr
réciproquement *, car s il faut foumettre à une
obfervation fcrupuleufé les objets qui font du
reflort de l’expéiience, il faut auffi ramener a
l’expérience ceux qu’on découvre par l’Oblerva-
tion : l’une & l’autre, liées ainfi , amènent des
réfultats plus certains, & les faits, loin dêtre
comme ces feux-folets qui conduifent au milieu
de la nuit le voyageur dans 1 abîme ,
deviennent des jets de lumière qui font voir
clairement la route qu’on doit tenir. La di -
eufiion des faits eft le meilleur moyen d établir
la certitude en Chirurgie, & généralement dan s H
toutes les branches de l’Art de guérir \ mais il I
faut que cette difculfion foit fondée fur les règles I
d’une' lévère Logique , fans quoi les routes dé- I
tournées fe pré entent, & chacun apportant pour I
garant une expérience fouvent empyrique, attire I
dans un labyrinthe d’erreurs l’homme trop cré- I
dule qui prend fur la foi d’autrui *, & ainfi O l’b- I
fervarion qui ne devroit fervir qu’aux progrès I
de l’art , contribue à fa détérioration. C’efi à ces I
Obfervations incohérentes avec les loix de la Na- I
ture , & toujours fondées fur le: préjugés, qu il
faut rapporter les théories monfliueufes qui ont I
infeélé l’Art dès fa naiflance. Ainfi, l’humeur noire
& fétide qui découle-d’un cancer ouvert depuis I
long -tems, en impofoit aux Anciens qui la re- I
gardoienr comme une preuve de furabondance
dans l’atrabile, dont le fang étoit en partie formée. I
c< L ’Obfervation, remarque Quefnai, avoir introduit
des erreurs encore plus funeftes*, les blef-
fures attirent des engorgemens qui étoient des
fluxions, félon tous les Obfervateurs ; la foi-
blefle du tiflu des parties en étoient, difoient - ils ,
la fource. Dans cette idée ils oppofoienf aux
fluides, qui s’arrêtoient autour de la plaie, les E
remèdes aftringens, & ceux qui pouvoient fortifier
les fibres affaiblies. Mais ces remèdes donnant
de nouvelles forces aux caufes qu’ils dévoient
combattre , des étranglemens faciles àdiffiperde-
venoient des étranglemens mortels. Ainfi les malades
trouvoient dans les Obfervations les plus
reçues un furcrôît de maux qui n’étoit pas capable
de corriger les efprits prévenus, & ces Obfervations
féduifantes l’emportoient toujours^ fur le
mauvais fuccès- qui les condamnoit. » L ’Anato*
m ie , plus fcrupuleufement étudiée, les loix de
la Phyfique animale mieux appréciées, & la nature
des humeurs ainfi que les détériorations
dont elles font fufceptibles, plus connues, ont
détruit beaucoup de ces préjugés, & en rapprochant
les vérités, elles ont donné à l’Art une
beaucoup plus grande fiabilité. Les Obfervations
font venues infenfiblement à l’appui les unes des
antres j une févère difenflion en a écarté les faits
douteux aufli bien que les faux ^ elle à rapproché
ceux qui étoient avérés , & ainfi par une longue
fuite de travaux & de méditations fur chaque
ob jet, les maladies Chirurgicales ont été plus
connues, & les moyens curatifs mieux choîfis
& plus efficaces. Mais, pour qu’on ne croie point
que ces allégations font de pure théorie , éprouvons
tout cl ci par des exemples. Les coups reçus
à la tête font périr, & quelquefois d une manière
fi prompte qu’on ne peut porter aucun
fecoors aux bleflésj c’eft une Obfervation qu'on
eut lieu de faire dès les tems'les plus reculés.
La furprifé d’ une mort fi fubite, fur -tout ü
le malheur arrivât à une perfonne qui intéreftoir,
dût d’abord porrer à en rechercher la caufe, en
ouvrant le cadavre. Un heureux hafard fit d abord
cerveau ; c’en fut affez pour.faire conclure qu’il
falloir j dans ces fortes de cas, ouvrir le crâne
oour donner iffue au lang .dont la préfence oc-,
cafionnoit les acçidens. Mais une plus grande,
expérience montra- que 1 opinion qu on avoit
lrop aifément p r ife , ne pouvoir quadrer avec,
un grand nombre de cas *, que fouvent les fym-.
ptômes avoiem été alarmans, fans que 1 ouverture
du crâne ait pu vérifier qu’ils M e n t dûs à aucun
épanchement; c’en fut affez pour les faire
rcoarder comme dépendais d’une toute autre
caufe. On perfiila d’autant plus dans ce dernier
fen riment qn’on trouva , dans plufieurs fujets, le
cerveau affhifiè fur lui - même, laiflint entre lui
& le crâne,un efpact vuidequi n’y devoir point
être, & une plus grande dureté de ce vifcè.re
une ’celle qui lui eft naturelle. De la difculfion
de tous ces faits font (orties cette théorie lumi-
neufe de la commotion & de la çompreffion , &
l hifloire, tant des (ignés qui annoncent ces deux
états,diflincts du cerveau que de ceux qui ma-
nifeflent leur complication, quand elle a lieu.
On n’a plus vu dès - lo rs , dans la violence d'un
coup porté à la tète, & dans les accidens qui s’en-
fuivenr, une circonflance" qui exigeât l’opération
du,trépan. On a cherché, dans tes cas ernbar-
raliaas, les fign.es les plus certains pour leur donner
un caraélère d’univocité qui pût guider dans
la Pratique, & ainfi, en raffemblam les Obfervations
, & comparant ce qu’elles diéloient, à ce
que fuggéroit l’expérience raifonnée d’après les
pirconlïances, on s’eft approché des indicans
ou moyens réels de guérifon auxquels on n auroit
jamais pu parvenir fans une pareille marche.
Une -plaie fimple tend fpontanément à la cica-
trifation, même fous la direêiion du routinier qui
croit bien agir lorfqu'Mourmeme la Nature par-
une application peu réfléchie de. fuppurans ôu
de cicatrifans dont il ia furcharge; p’eft encore
une Obfervation qu'on eût occaflon de faire dès
l’enfance. de l’Art , & qu’on peut trouver également
vraie aujourd’hui. Mais , auffi.la même
-plaie fouvent avec la plus belle apparence relie
dans un état ftationnaire à raifon de la dérivation
vers elle des humeurs ou acrimonies qui
tiennent fa furface dans un état de continuelle
irritation.
L ’Obfervation enfeigne que le moyen le plus
prompt de parvenir alors à procurer ia cicatçi-
lation eft de détourner ailleurs les humeurs par
les purgatifs & autres cathartiques qui irritent
fortement les- inteflins. Ce fuccès fut d abord
dû au hafard; on remarqua que des hlefl.és qui
avoient traîné Iong-tems fans pouvoir guérir ,
malgré tous les topiques, dont on furchargeoit
leurs plains, fe rétabliflbient quand ils étoient
pris de dévoyement pour être forti des, bornes
d’un régime trop févère. Il n’en fallut pas davantage
à l’homme réfléchi qui obferva ce fait ,
pour établir la néceffté des purgatifs, réitérés ,
Chirurgie. Tome I I .e I .Ti Partie.
• dans le cas où les plaies ayant parcouru tous
■ leurs tems, font cmre.ie période de fuppuration
[ & celui de ciçatrifation.
L ’Obferyârion & l’Expérience font les feu!s
moyens que l’homme puiffe avoir pour parvenir
i à la certitude én Chirurgie co'mme en plufieurs
• autres Sciences. Les faits en font les matériaux ,
l’Hifiorien recueille ceux-ci, l’Obfervatenf les
combine, & celui qui expérimente, vérifie le
réfuitar de ces combinaifons, il fépare ce qui eft
négatif dé ce qui eft pofnif, &. dès-lors des faits
qui ifolés paroîflent n’a voir'aucune valeur , acquièrent
une force qui dérive de leur rappro-
■ chement, ou nouvelle combinaifon. Les faits deviennent
des: matériaux dès qu’on en a rama fie
un nombre fuffifant pour offrir'quelqu’apparence
de vérité. Si alors on les difpofe convenablemenr,
& qu’on ne cherche point à fuppléer à ce qui
manque par des pièces de rapport mal-afforties,
on Fait line Obfervation dont la valtnr eft d’autant
plus réelle que fimaginarion n’y eft pour
rien. ATais il s’en faut de beaucoup qu’on puiffe
regarder comme telles telles qui paroiffenr com-
mnnémenr, la plupart de ceux qui les donneur,
n’bnt aucune notion réelle de ce que fuppofënt
les .faits, ils raifonnent d’après les vues généra-
I les de l’organifme fans s’inquiéter des exceptions
; particulières qui ôtênt à leurs condufions toute
leur valeur, & ainfi de principes en principes
ils conduifent à une opinion erronée, qui a d’autant
plus l’air de la'vérité, qu’elle paroit avoir
pour fondement le fuccès. De-là non-feulement
le peu de fruit, mais même encore les erreurs
qtj’on puifè dans de femblâbles Obfervations.
La'plupart ne les ont publiées que pour fe
faire une réputation, & cachant les circonftances
en apparence fàcheufes qui auroient été peut-êrre
plus, inftfuélives que" leur fuccès, ils ont cherché
à faire voir par leurs yeux, & ont porté l’impudence
jufqu’â s’arroger le titre d’ interprètes de
la Natiire, lorfqu’ils n’en étoient que les perturbateurs.
A in fi, non-feulément ils ont été peu
utiles à leurs contemporains, mais encore pernicieux,
à leurs fucoefleurs par lés écarts où ils
ont entraîné ceux qui comptant fur leur célébrité
paffagère, ont réglé leur pratique d’après
le pian qu’indiquoient leurs Obfervations. Il n’en
i eft point ainfi de rObferva.tion où l’on prend
la Nature pour guide; où déjà inftruit de fes
’ opérations & voyant des yeux de l ’elprit tous
'le s ègaretnens où elle peut tomber, on expofe
.ceux qu’on découvre avec celte fimplicité de
langage qui eft toujours Texpreftion de la vérité.
C ’eft-i à que lès dogmes de l’Art qui ailleurs
perdroient toute leur authenticité, font mis dans
, la plus grande évidence. L’homme inftruit y trouve
des faits qui confirment fà pratique, & celui
qui l’eft moins, des moyens propres à diriger
fa marche & la rendre plus affurée. Mais , pour
t retirer tout le fruit qu’on attend des Ohlbrva-«*
N