
à vivre, 5c lui donnerai toutes les chofes dont
il aura befoin; je tiendrai lieu de Père à fes
enfans , & s’ils veulent fe donner à la Médecine,
je la leur enfeignerai fans leur demander ni argent
ni promette ,* je les inftruirai par des préceptes
abrégés & par des explications étendues ,
& autrement, avec tout le foin poifibié. J ’inftruira'i
de môme mes enfans & les difeipies qu’on aura
mis fous ma conduite, qui auront été immatriculés,
& qui auront fait le' ferment ordinaire ,
& je ne communiquerai cette fcience à nul autre
qu’à ceux-là. »
On pourroit ôbjeéler^ contre l’obligation du
domicile,qu’un jeune-homme trouve des reffources
pour fon inftruèVion dans les leçons publicfûes,
dans la fréquentation des Hôpitaux , & qu’il fe
fera par l’étude, l’Elève d’Hippocrate, d’Am-
brôife Paré, de Fabrice de Hilden & d’Aqua-
pendente , comme' le's Médcins Te ‘font d’Hippocrate
, de Galien de Sydenham, deBoëèrfhave.
Mais ces grands Maîtres ns font plus & ne peuvent
pas par conféquent répondre de là capa-
cité de leurs Difci'ple?. lieft de l’ intérêt public,
qu’avant de fe préfènter fur les bancs, un Candidat
ait été arraché, pendant plufieurs années,
à quelque Praticien qui l’ait formé dans fon Arr,
introduit chez les malades, entretenu d’obfer-
vations bien fuivies fur lés maladies y dans leurs
différent états, dans leurs diverfês Complications,
& dans leurs -différentes terminaifôns. Le grand
fruit de l’afîujeftiffement des ElèVes ', fous des
Maîtres, n’eft pas feulement relatif à l’inftruélion :
les Chirurgiens y trouvent même un moyen d’avancement
vers la fortune. Menés dans les Mai-
fons, ils font connus du Public pour les Elèves
des Maîrres en qui l’on a confiance; ils font.à
portée de la mériter à un certain degré par leur
application & leur bonne conduite. Ceux qui
n’ont pas eu cet avantage percent plus difficilement.
C’eft ce qu’on voit dans la Médecine,où
Ordinairement il faut vieillir avant d’atteindre
à une certaine réputation, qui procure une grande
pratique. 11 eft rare que dés ciroonftances heu-,
reufes favorifent un Homme d e . mérite : c’êff
la mort ou la retraite des anciens Médecins,
comme celles de anciens Avocats, qui pbufié'nt
Te plus chez Les malades & au barreau. De cette
manière, on doit plus à fon âge quà fes taiens
l’avantage d’être fort employé fur là fin de fes
jours ; de - là eil né peut - être Ce proverbe fi
connu : jeune Chirurgien, vieux Médecin , doriton
peut faire de fi fàuflcs applications. Si les Chirurgiens
font plutôt formés , ils le doivent au
grand exercice de leur A r t, & ceux même qu’on
regar doit comme médiocres font capables de rendre
au Public des fervices dient tels, & très-utiles
par l’opération de la faignée & le: traitement d’uti
grand nombre de maladies qui n’ exigent pas des
lumières fupérieures ni des opérations corifidérà-
bles, quoique l’art d’opérer j confidéré du côté
du manuel, ne foit pas’ la partie la plus difficile
dé la Chirurgie.
L ’Elè ve, qui a toutes les qualités requifes, ne
•peut fe metrre fur les bancs pour parvenir à
la Mai tri fe que pendant le mois de Mars; &i|
fnbit le premier lundi du mois d’Avril , dans
une afiémbléë-générale, un examen fommaire
fur les principes de la Chirurgiè. Les quatre
Prévôrs font lés feu!s In te r ro g a te u r s& fi le
"Candidat eft jugé fuffifant & capable , il eft immatriculé
fur les Regiftres. L'aéle de Tentative
ne peut être différé plus de trois mois après
l’immatricule. Dans cet exercice , l’Afpiram eft
interrogé au moins par treize Maîtres-, à commencer
par le dernier reçu ; les douze autres
Examinateurs font tirés au fort par le Lieutenant
du premier Chirurgien du R o i , immédiatement
avant l’examen, & en préfencede l’Affemblée:
dans la Tentative on l’interroge ordinairement
for les principes de la Chirurgie , & principalement
fur des points physiologiques. Letroifième
aéle , nommé Premier Examen j a pour objet la
Pathologie , tant générale que particulière. Le
Candidat eft interrogé par neuf Maîrrés , au
choix du premier Chirurgien du Roi ou de fon
Lieutenant ; fi le Candidat eft approuvé*dans cet
aéle, il entre en femaine. Il y en a quatre dans le
cours de la Hce’neé; dans la première, nommée
femaine d’Oftéologie , le Candidat doit fou tenir
deux aéïès en deux jours féparés, dont l’un eft
fur la démonftration du fquélette, & l’antre fur
toutes les démonftrations nécefiàires pour guérir
les maladies des: os. Après la femaine d’Oftéolo-
gie vient celle d’Aratomie pour laquelle ‘'-on
ne peut fe préfemer que depuis le premier jour
de Novembre jnfqu’ân dernier jour de Mars,
bu an plus tard jufqu’à la fin d’A v r i l, fi la faifon
le permet.- La femaine d’Anatomie fe fait fur
un cadavre humain relie eft compofée de treize
aéles, l’Afpirant devant travailler & répondre
pendant fix jours & demi confécutifV, foir &
marin ; fav cri r ; le matin pour les opérations de
la Chirurgie , & le fe ir fur toutes les parties de
F Anatomie. La troilième' femaine eft celle des
fàignées-; l’Afpirant y fourient deux aéles à dif-
férens joiirs , l’un for la théorie & l’autre fur
la pratique des fàignées. La quatrième & der*
niére femaine eft celle des médicamens pendant
laquelle le Candidat eft obligé de fomenir encore
deux aéles à diff’érens jours , le premier for les
médicamens (impies* ,,le fécond fur les médica-
mens compofés. Les quatre Prévôts font les feuls
Interrogateurs dans les aères des quatre femaines»
& c’eft le Lieutenant do premier Chirurgien du
Roi qui recueille les voix del’Affemblée fur l’cd-
miffion ou le redis de l ’Afpirant. Après les quatre
femaines , il y a un dernier l examen, c’eft celui
de rigueur , qui a pour objet les méthodes curatives
des différentes maladies .chirurgicales
& l’explication raifonnée des faits de pratique.
Pans cet a fle , le Candidat doit avoir an moins
douze Interrogateurs, tirés au fort par le Lieutenant
du premier Chirurgien du K 0 1, en préfence
de l’Affcmblée.. > . > ÿ -
Les Candidats doivent enfutte fomenir une
thèfe ou aile public en latin. La Faculté de Médecine
y efl invitée par le Répondant; elle y députe
avec fon Doyen deux autres Dotleurs qui
occupen; trois fauteuils au côté droit du bureau
du Lieutenant du premier .Chirurgien du. Rot
& des Prévôts. Cet aéte doit durer au moins
quatre heures : pendant la première, les Médecins
propofent les difficultés qu'ils jugent à propos
for la matière de Rafle ; les Maîtres en Chirurgie
argumentent pendant les trois autres heure?,
après q u o i, fl l’Afpiram a été trouvé capab e
par la voix du ferutin, aux fnffr.ages.des feuls
Maîrres del’A rt, on procède à fa réception dans
une faite féparée. Le Lieutenant propofeau Candidat
une queftion fur laquelle il demande, fon
rapport par écrit. Il faut y fatisfiire fur- le -
champ, & faire levure publique de ce rapport;
enfuite de q u o i, le Candidat prête ie ferment
accoutumé & ligne fur les Regiftres fa réception
en la Maîtrifeen l’Art & Science de la Chirurgie.
| Ceux qui ont rendu, pendant fix années, des
foins gratuits dans les Hôpitaux de Paris avec
la qualité de Gagnant-Maîtrife, après un examen
fuffifant , font difpenféS; des aères de licence.,
& font reçus au nombre de Maîtres en 1 Art &
Spience de la Chirurgie en foutenant l’acie public.
J1 y a fix places de gagnant - Maîtrife : deux à
l’Hôtel - Dieu, dont une par le privilège de
RHôpital des Incurables, une à 1 Hôpital de Charité
, deux à il’Hôpitalr-Général : l ’une pour la
maifon de la Salpêtrière , d’autre pour la maifon
de Bicêrte, enfin une à l ’Hôtel Royal des Invalides
; en.forre que , par la voie des Hôpitaux ,
il v a , chaque. année, l ’une dans l’autre, un
Chirurgien reçu, gratuitement. A l’exception des
frais de la thèfe,, ceux qui ont acheté, des Charges,
dans la Maifon du Roi-ou des Princes, auxquelles
le-droit d’aggrégation tlt attaché, fontaulfiad-
m i ', fans aucun- examen .que le. dernier, à là
Maîtrife en Chirurgie, de laquelle iU font déchus
s’ils viennent .à vendre, leurs Charges avant que
devoir .acquis la vétérance, par vin ut - cinq ans
de poffcffion. Les Chirurgiens qui ont pratiqué
avec réputation dans une Ville du Royaume où
il y a Archevêché 5t Parlement , après vingt
années de réception dans leur Communauté ,
peuvent fe faire .agréger au Collège, des Chirurgiens
dé Paris j où ils ne peuvent prendre rang
que du jour de leur agrégation.
■ • Les examens que doivent fubir les Candidats
paroiffent bi.n plus utile1- pour eux & bien plus
propres à prouver leur capacité que le vain appareil
de thèles qu’on pourroit leur faire fomenir
fucceffivement ; parce que celles - ci font toujours
for une matière au. choix du Candidat ou du 1
Préfidem ; qu’on n’expofe for le Programma la
queftion que fous le point de vue qu’on juge à
propos, que le fujet eft prémédité, & (uppofe
une étude bornée & circonfcrite qui ne demande
qu’une application déterminée à un objet particulier
& exclufif de .tout ce qui n’y a pas un
rapport immédiat. Il n’y a perfonne qu’on ne
puitte mettre en érat'de foutenir affez paflàblement
une thèfe, pour peu qu’il ait les premières notions
de la Science.; Il y a iong-tems qu’on a
dit que la diftinélipn avec laquelle un Répondant
fourenoit un aéte public prouvoit moins fon habileté
que l’artifice dit Maître. M. Baillet a dit à ce
fujet qu’on pouvoir paroître avec applaudiffement
fur le tfiêâtrè dès ‘Écoles par le fecours des machines
qu’on monte pour une feule repré -
Tentation , & dont on ne conferve fou vent plus
rien après qu’elles ont fait leur effêr. On
peut lire, avec fatisfaèlion & avec fru it, une
Differtarîdn contre l’ufage de foutenir des
thèfes en Médecine, par M. le François, Doéleur
en Médeirie de Paris, publiée en 1720.
La réception n’ eft pas' le terme des épreuves
auxquelles les Chirurgiens .font affùjetris pour
mériter la confiance du Public. L ’arrêt déjà cité
du Çonfeil ci'Etat du R oi, du 4 Juillet 1750,
portant Réglement entre la Faculté de Médecine
de Paris les Maîtres eh l’Art & Science de
Chirurgie a ordonné, fur les repréfentations
de M. de la Martinière, premier Chirurgien de
Sa Majefté, pour la plus grande pe:f.élion de
la Chirurgie, que les Maîtres nouvellement reçus,
font tenus d’affifter afliduement, pendant deux ans
1 au moins, aux grandes opérations qui fe feront
dans les Hôpitaux, en forte qu’ils puiffent tous
y être admisTùjçceffivemenr. Par un autre article
de ce Réglement, lefdits nouveaux Maîtres feront
tenus d’appeller ’, pendant le même teins, deux!
de leurs Confrères, ayant au moins douze ans de
réception aux opérations difficiles qu’ils entre-
.prendront; Sa Majefté leur défendant d’en faire
. aucunes pendant ledit tenis qu’en préfence & par
le Çonfeil defdifs Maîtres à ce appellés. Cette
difpofition de la loi eft une preuve de la bonté
vigilante du Prince pour fes Sujets, & fait l’éloge
du Chef de la Compagnie qui l’ a follicitée.
Les Chirurgiens de grandes Villes de Département
comme Bordeaux, Lyon, Montpellier, Nan-
j tes, Orléans, Rouen, &c. ont des Statuts particuliers
qui prcfc.rivent.des aéles probatoires auflî multipliés
; qu’à Paris & , fuivant les Statuts généraux pour
toutes les Villes qui n’ont point de Régiemens
particuliers, les épreuves pour la réception font
affez rigoureufes pour mériter la confiance du
public , fi les Interrogateurs, s’acquitent de leurs
devoirs avec la capacité & le zèle -convenables.
Les Afpirans doivent avoir fait un apprentiflage
d'e deux ans au moins, puis avoir travaillé trois
; ans fous des Maîtres particuliers, ou deux ans
dans les Hôpitaux des Villes frontières, ou au