vient d’être fait mention. Littré croyoit qu*on
pourroit les difpofer à fortir de deux manières
différentes-, fi elles font peu de faillie dans la veflie,
il vouloit qu’avec une fonde, introduite dans cet
organe, on froiffât la parois membraneufe qui les
couvre, après avoir pris la précaution de porter
un doigt dans le réélum pour l’affujetfir, & faciliter
l’aélion de l’infirument *, fi elles font taillantes
, il prefcrivoit de lés faiûr avec des tenettes,
& de mâcher & contondre ceffs même parois
membraneufe, avec les pointes Su \p.(pérités qui
sélevoient de la face interne & coniave de leurs
niors. La fuppuration devoit détruire la parois
interne de la loge, dans laquelle la pierre étoit
contenue, & ce corps tombé dans la vefiie devoir
être facile à faifir & à extraire. On s’apperçoit affez
que cette théorie eft fondée fur l ’idée que Littré
s étoit fermée de la manière dont les pierres deviennent
enkyftées, & qu’elle ne peut avoir lieu
dans la pratique.
Garengeot, après lu i, a ofé porter le bifiouri
dans la vefiie , pour dégager une pierre qui occu- j
poit une poche particulière à fa parois antérieure,
derrière le pubis. Cet infiniment fut entouré d’une
bandelette de linge, dans la plus grande partie de
fa longueur , & fut conduit fur le doigt indicateur
d éjà main gauche , qui avoit été porté plus avant
qu’il avoit été poflible. Le malade n’étoit âgé que
dix à onze ans, & par conféquent il étoit d’une
texture qui favorifoit cette opération. Le fuccès
en fut heureux, puifqu’eile permit de dégager &
d’extraire la pierre, & que l ’enfant guérit. Cependant
il y a beaucoup de cas où cet exemple
ne pourroit ê^e fuivi. S i , comme il arrive fou-
vent , la pierre étoit enfermée dans une forte de
eul-de-fae, dont l’entrée fm plus étroite que le
fon d , & que fon volume fût un peu confidérable,
on ne pourroit donner à l’incifion une étendue
fuffifante, fans s’expofer à ouvrir la vefiie dans
toute fon épaiffeur, & fans donner lieu à une
mort certaine, par l’effüfion des urines dans le
ventrue.
D'autres ont penfé qu’on pourroit, fans s’ex-
pofer à trop d’inconvénjens, faifir la pierre,
tourner les tenettes en différens fens, pour déchirer
lès adhérences & la tirer même avec force.
Dn voit dans le Mémoire de Houftet, fur les
pierres enkyftées de'la vefiie, que la Peyronie mit
ce procédé en ufage, fur un lu jet de trente &
un ans, qu il tailla à l’Hôtel-Dieu. La pierre ne
réfifla. pas long-tems j on vit qu’elle étoit garnie
de portions char nues qui avoient fait fes adhérences
avec la vefiie.'L’opération avoit-été douloureufe,
elle fut fuivie d’une effnfion de fang, fort abondante
, à laquelle fuccédèrent la renfion du ventre,
le hoquet, le froid des extrémités, & enfin la
mort.
Enfin, Le Dr an a réufii à dégager une pierre,
çnkyfîée, au moyen d’injeélions faites à la faveur ”
d une canule, qu’il a iaiffée à demeure dans la I
vefiie, pendant près de fix femaine«. La pofifîojj
de cette pierre lui avoit fait préfumer qu elle étoit
engagée à l’extrémité de l’uretère. Il l’ébranloit de
rems-en-rems avec des tenettes, enfin elle tomba
dans la vefiie, d’où il fut aifé de la tirer. Sa foi tue
étoit femblable à celle d’un cornichon, & ell©.
avoir été retenue par fa grofle extrémité, qui n’a-
; voit pu fortir de l’uretère , que lorfque les partie*
eurent été relâchées, & peut-être aufii, lorfque
les fecouffes réitérées qu’on avoit données à la
pierre , y eurent attiré une fuppuration qui la
difpofa à prêter. Le fuccès de Le Dran efi d’autant
plus flatteur, queconnoiffant les circonflances de
la maladie, il n’a fait courir aucun rifque aux malades.
Ce cas, qui doit être fort rare, eft peut-
être le feul où l'on puiffe fe promettre du fuccès
de l’extraélion des pierres enkyftées j dans tous
les autres, il n’y a rien à efpérer pour le falut du
malade. Si l’on rencontroit des cas de cette efpèce,
il feroit plus.prudent de laiffer les pierres, & de
faire cicatrifer la playe, que d’expofer le malade
à une perte prefqu’affurée, ens’obftinantà vouloir
les tirer. Circunfpeâi efi, dit Tulpius , en parlant
de ces fortes de cas, Lithotomi fluduantes qui-
dem caleulos educere , fed qui inter utramque tuni-
cam delitejeunt, prudenter relinquçre.
L ’opération par l ’Appareil Latéral étant ainfi
terminée, il ne refie plus qu’à panfer le malade.
On commence par le délier ; on le porte en-
fuite dans un lit garni d’alaifes, où on le laiffe
. pendant quelque rems, fans rien mettre fur la
playe, afin de lui donner le teins de fe dégorger.
Peut-être feroit-il encore mieux de n’y rien appliquer
pendanr tout le traitement jufqu’à la gué*
rifon ,fe conrentantdefomenter, detems-en-tems,
le périnée, avec une décoélion émolliente & réfo-
lu îiv e, pour empêcher l’impreflion des urines,
dont il eft perpétuellement baigné les premiers
jours. Mais l’ufage veut qu’on mette un pluma-
ceau, des comprefles , un bandage en double T,
& fur-tout un trouffe—boupfes, qui eft extrêmement
néceffaire pour empêcher le ferotum de def-
cendre trop bas, & prévenir les engjrgemens qui
ont poutome de s’y faire. (,es panfemens doivent
êrre fréquemment renouvellés , & continués
jufqu’à la guérifon : ce qui n’a guère lieu avant
la feptième ou huitième femaine.
Les avantages de l’Appareil-Latéral, tel que nous
l’avons expofé, font ceux que Méry reconnoiffoit
dans la manière détailler du Frère Jacques, pourvu
qu’on y employât un cathéter, garni d’une
canelure propre à diriger le lirhotome, & qu'elle
fût pratiquée par des gens habiles, il expofe beaucoup
moins à l'engorgement des bourfes, parce
que i’incifion commençant fort bas, elles ne reviennent
point après l’opération vis-à-vis la place
de 1 urètre. L’irritation, la douleur exceflîve, &
1 inflammation des; parties intérieufes, fuites ni-
ceflaires de l’extenfion forcée, & du déchirement
que la partie membraneufe de l ’urètre & du col de
la vefiie
ja vefiie éprouvent dans le grand-appareil,n’arrivent
pas aufii foiivent, parce que ces parties font incifées,
au lieu d’être Amplement dilatées. L ’extraélion
de la pierre fe faifant par la partie la plus large
de l'angle que forment les os pubis, eft beaucoup
plus facile. La difpofition de la playe, qui re-
•préfente un triangle fealêne, dont-an des côtés
répond àTintefliil, le fécond aux tégumens, &
le troifième defçend obliquement du col de la
Vefiie jufqu’aubas du périnée, permet un écoulement
libre aux urines & au pus. Enfin l’incontinence
des urines, les fiftules& l’impuiffance font
moins à craindre. Cependant en ne peut pas dire
quecesaccidens ne puiffent quelquefois avoir lieu ;
aufii le Chirurgien doit-il mettre toute fon attention
à les prévenir, en donnant à la playe l’étendue
que permet la nature des parties incifées, en
couvrant les bourfes après l’opération avec un dé-
fenfif, tel que le blanc d’oeuf battu avec de l’eau-
de-vie, & une petite quantité d’alun en poudre,
en tenant les malades à une boiffon abondante &
i un régime févère j en le faifant faigner fi le
pouls eft fo r t , en mettant fur le ventre des flanelles,
trempées dans des fomentations ou des
embrocations émollientes *, enfin, en donnant de
légers narcotiques, pour difliper iefpafme & faire
ceffer la douleur. Il doit aufii fe mettre en garde
contre l’hémorrhagie , qui furvient affez fréquemment
à la fuite de l’opération, notamment félon
le procède de Chefelden, & qui eft un des in-
convéniens le plus grand de l’Appareil-Latéral.
Pour l’ordinaire, on y remédie affez aifémenr, par
l’introduélion d'une canule garnie de linge &
d’agaric , qu’on pouffe jufque dans la veflie. Cette
canule doit relier dans la playe jufqu’à ce que
la fuppuration foit bien établie.
L’Appareil - Latéral a varié , relativement aux
procédés que les différens Praticiens ont employé,
pour faire la feélion des parties qui y font inté-
reffées. Nous allons aéluellement nous occuper de
chacun, pour donner à cette matière toute l’étendue
dont elle eft fufceptibîe, & nous commencerons
par celui de Le Dran.
Procédé de Le J)ran.
Après avoir bien difpofé le malade, il faut faire
au périnée une incifion, qui commence vis-à-vis la
partie inférieure du pubis, & qui s’étende un
pouce & demi au-deffous de celle qui fe pra-
nquoit pour le grand-appareil. Cette incifion doit
jntéreffer l’urètre dans route fon érendue, jufqu’au
bulbe inelufivemenr. On introduira le long de la
partie membraneufe de ce canal, une fonde ca-
nelée , droite & garnis d’une languette à fon extrémité}
pour qu’elle puiffe glifter plus ailément
dans la canelure du cathéter. Lorfque cette fonde
c» parvenue dans ee vifeère, on ôte le cathéter,
on cherche à reconnoître le volume de la pierre ,
* on dirige la-canelure de la fonde vers l’inter--
Chirurgie.Tome I I . II,c Partie.
valle qui eft entre l’anus & làtubérofiré de l’ifchium;
après quoi, tenant cet inftrumerit dans une direction
horizontale, on introduit un bifiouri convexe,
large de fix lignes ,long de feptà hu it, avec lequel
on coupe la partie membraneufe de l’urètre & le
col de la vefiie. Il ne refie plus qu’à fubftitûer un
gorgeret à ce bifiouri > & à finir l’opération comme
il- en d’ufage.
Quoique Le Dran n’ait pas dit quelle direélion
il convient dé donner à l’incifion des parties extérieures',
il eft évident qu’elle doit defeendre obliquement
depuis le raphé jufqu’au-dedans de la tu-
bérofité de l’ ifchium, Par ce moyen, aufii fimpie
que facile , on incife les parties qui doivent donner
iffue à la pierre, dans le lieu le plus favorable
à fa fortie , & on fe procure tous les avantages de
l ’appareil-latéral,fans s’expofer aux hémorrhagies,
qui en font quelquefois la fuite. Le trajet de l’in-
cifion ne repréfente pas un triangle fealêne, comme
dans la mérhode-de Chefelden -, mais il ne permet
pas moins l’écoulement des urines & des mucofïtés,
qui s'échappent prefque continuellement de la
veflie, les premiers jours de l’opération. On verra
par la fuite, que la manière de tailler la plus avan-
tageufe, telle que celle de Moreau , de Poureau,
& de Hawkins, approchent beaucoup de celle
que nous venons de décrire.
I ■ '
Procédé du Frère Côme.
L e Dran publia fon procédé en 1742 ; mais, en
1748, le Frère Côme, Feuillant, dont nous avons
déjà eu occafion de parler, en traitant de la méthode
par le haut-appareil, en découvrit un autre,
qui confifle à couper le col delà vefiie, dé
dedans & en dehors, avec un infiniment d’une
forme particulière, auquel il a donné le nom de
Lithotome caché. Frère Côme ne s’attribnoir pas
l’invention de cet infiniment, il convenôit de l’analogie
qu’il avoit avec le bifiouri herniaire , qu’on
dit avoir été imaginé par Bienaife , un des Membres
& Reflaurateur du Collège de Chirurgie de
Paris j & il ajoutoit qu’il n’avoit fait que l’approprier
à l’opératiou de la Taille. La longueur du
îithotome caché eft de neuf pouces -, il eft compofé
d’une tige & d’un manche. La tige légèrement
Courbée , de la groffeur d’un tuyau de plume à
écrire , & longue de quatre pouces & demie,
eft évidée & forme une gaîrie , dans laquelle eft
renfermée une lame tranchante de même longueur.
Elle eft terminée, à fon extrémité, par une languette
applatie, longue de trois lignes. Du côté
du manche, cette tige devient infenfiblement plus
groffe , & porte le noyau d’une, grofle bafçule ,
qui tient à la lame tranchante, & par le moyen de
laquelle cette lame fort de la gaine qui la renferme,
& une autre bafcule plus petite, qui s’engage
dans les hoches pratiquées au haut du manche.
Celui-ci, rravërfé par une mèche qui tient au relie
de l’inftrument, eft taillé à fix faces ou pans iné-
B b b -