
Dans les faignées du pied on ne fe fert point
de Palettes; on juge de la quantité du fang tiré,
par le rems qu'il y a qu'il fort, comparé avec
la groiTeur du jet; par la couleur plus ou moins
ronge que l'eau reçoit, & par la teinture que
cette eau communique à un linge qu’on y trempe.
Quelques Chirurgiens mefurent avec un bâton
la hauteur de l’eau lorfque le pied yeft plongé. Ils
retirent autant d’eau qu’ils veulent tirer de fang,
& après avoir ouyert la veine, ils en laiffent
lortir jufqu’à ce que l’eau foit au niveau de la
marque faite au bâton. Voyt[ Saignée.
PANARIS. Panaritium, Paronychia. Ces mots
viennent du grec -'.ty.r.*-* , formé de si*?*
auprès & de Si»f Ongle ; tumeur phlegmo-
neufe accompagnée d une douleur tres-vive qui
vient à l’extrémité des doigts, ou à la racine &
aux côtés des ongles.
Lès Auteurs ont décrit différentes efpèces ou
variétés de cette maladie; mais il n’y en a que
quatre qui méritent d’être diftinguées ; encore
font-elles toutes de la même nature, leur principale
différence provenant feulement du plus
ou du moins de profondeur de la pattie qui en
efi le fiége. , .
La première efpèce a fon fiége fous 1 épiderme;
elle commence par former au coin de
l ’ongle une petite tumeur qui en fait le
tour. Quand il s’y forme du pus on lui donne
ilfue en coupant l’épiderme avec des cifeaux ;
cette opération n’ eft point douloureufë &
n’a aucune fuite fâcheufe; quelquefois l’inflammation
détruit les adhérences naturelles de la
racine de l'ongle qui, ne recevant plus de nourriture,
efi chaffé au-dehors par un autre ongle
que la Nature produir.
Dans la fécondé efpèce, le malade fe plaint
pendant quelques jours dune fenfation incommode
de chaleur à l’exrémité du doigt; la partie
devient de plus en plus fenfible St doulou—
reufe au toucher; ilyfurvient un peu d’enflure,
mais fans que la peau change de couleur, & fi
l’inflammation , qui efi la caufe de ces fymptômes,
ne fe diifipe pas par firnple réfolution, ( Voyei
I n f l a m m a t i o n . ) il fe fait un épanchement
de fluide entre la peau & les parties fubjacentes.
Si l’on incite alors la peau en cet endroit, il
en fort une férofité limpide, & cette évacuation
pour l’ordinaire foulage fur-le-champ le
malade. .
La troifième efpèce de Panaris a ton liège
dans la gaine des tendons fléçhiffeurs des doigts.
L e pus, lorfque l’inflammation ne s’efl pas terminée
de bonne - heure, fe manifefte quelquefois
près des articulations & même dans la main
par une fluêluation qu’on ne lent point dans l'a
longueur des phalanges, parce que la gaine des.
endons & les bandes ligamemeufes font d’ un
tiffu fort ferré. La douleur eft très-violante &
g fait fentir, non-feulement dans la partie qui
P A N
efl le fiége du phlegmon; mais aufli vers le haut
des mu fcies; par cette raifon, lorfque le pouce
eft affeélé, la douleur ne pafle pas la moitié de
l’avant-bras *, & quand cette efpèce de Panaris
arrive aux quatre derniers doigts, on reffent de
la douleur au condyle interne de l’humérus, à
l'attache fixe des mufcles fléchifleurs de ces
doigts. L'inflammation fe communique fort
fouvent, & forme des abcès au-deffüs du ligament
annulaire dans les cellules graiffeufes qui
font fous les tendons des mufcles profond &
fublime, & qui recouvrent le mufcle quarré
pronateur; quelquefois même la continuité de
la douleur & des accidens produifent des abcès
à l’avant-bras, au bras, & même jufqu’au-def-
fous de l’aiffelle.
La quatrième efpèce de Panaris efl une maladie
de l’os & du périofte; on la reconnoît à
une douleur profonde & v iv e , accompagnée
d’une renfion & d’un gonflement inflammatoire
qui fe borne plus fréquemment que dans la précédente
à la phalange affeétée. Lorfqu’on fait
une incifion pour donner iffue au fluide épanché,
on le trouve fous le période, & l’os généralement
paroit carié. La fièvre, les infomnies, les
agitations & le délire accompagnent plus particulièrement
la troifième & la quatrième efpèce
de Panaris.
Cette maladie peut être produite par différentes
caufes, elle l’eft fouvent par des càufes
extérieures & fur-tout par des piquures ou des
contufionsj mais plus fouvent encore on la voit
naître fans avoir été précédée d'aucun accident
de cette efpèce,& fans qu'on puiffe l’attribuer à
aucune caufe dont la Nature foix connue.
On a recommandé pour le traitement du Panaris
jdes médicamens topiques de deux claffes
bien différentes. Les uns font les fomentations,
les cataplafmes, & tomes fortes d’applications
émollientes. Les autres, font le vinaigre g les
liqueurs fpiritueufes, les applications aftrin-
gentes.
Excepté dans la première efpèce de Panaris,
l’épanchement occasionné par l’inflammatron
ne foulage point le malade , & l ’expérience
prouve qu’on ne gagne rien à le favorifer. Il
efl manifefie même que cet épanchement ne
fait qu’augmenter la douleur', & lorfqu'ii a lieu
l’on ne retire aucun avantage de l'ufage des cataplafmes,
ni de tout autre mâturatif, fur-tout
lorfque le fiége de la maladie eft profond, car
la matière féreufe qui s'épanche en pareil cas,
ne prend jamais le caraétère du pus, C’eft pourquoi
la pratique la plus fage confifte alors à
prévenir l’épanchement par des faignées locales,
par l'ufage des antiphlogiftiques & par des topiques
aftringens. L ’application de quelques
, fang-fnes fur le doigt malade fuffit quelquefois
pour faire ceffer prefqu’à l’inflanr tonte douleur,
mais dans les cas où le mal fe manifefte avec
beaucoup
beaucoup de violence, comme lorfque l’ enflure
t gagne le bras & lorfqu’elle eft accompagnée de
l fièvre il faut faigner du bras & donner de
S l ’Opium, même en affez fortes dofes, pour ap-
■ paifer les fouffrances du malade, en même-tems
[ qu’on aura recours aux fang-fues.
; Lorfqu’on aura tiré, de la partie affeélée, le
fan? qu'on jugera néceffaire, un des meilleurs
I remèdes qu’on puiffe employer fera l’immerfion
du doigt malade dans l’eau-de-vie, ou même
dans de l’efp rit-de-vin reétifié *, on emploie aufli
quelquefois de la même manière de l’efprit de
térébenthine, ou de très-fort vinaigre, fur-tout
[ lorfque les piquures de fang-fues commencent à
fe cicatrifer.
Mais il ne faut pas oublier que ce n’cfl qu’au \
[ commencement de la maladie qu’on doit avoir ;
[ recours à ce traitement, car il n’eft defliné qu’à I
prévenir l'épanchement; & il ne fauroit être j
[ d’aucun avantage dès que ce dernier eft formé*, «
le feui parti qu’on ait à prendre alors eft d’ou - !
; vrir fur-le-champ une iffue au fluide qu’on
chercheroit vainement à découvrir en un pus
louable, & qui, par fon acrimonie, tend à
. nuire aux parties qui le renferment, en même-
! tems que fa préfence fait fouffrir cruellement
le malade. Rien n’eft plus firnple que cette opé-
| ration lorfque l’épanchement n’eft couvert que
par la peau, une firnple piquure avec la pointe
I d’une lancette fuffit pour l’ordinaire*, mais, lorf-
I que le fluide eft firué plus profondément, il
[ faut procéder avec circonfpeéîion pour ne pas
‘ bleffer les tendons extenfeurs ou fléchifleurs du
doigt, & faire l’ouverture affez grande pour l’éva-
| cuer complètement.
Quand le fiége du mal eft dans la gaine des
-tendons, il ne faut-pas attendre que l’épanche-
i ment fe faffe appercévoir ; les accidens font trop
; violens, & l’on rifque beaucoup en différant
I 1 ouverture. Il faut y déterminer le malade, &
! le mettre en bonne fltuation, de manière qu'il
t a*r Ie coude appuyé contre quelque chofe de
f ferme*, il ne pourra retirer (a main fi le coude
I ne peut reculer. On prend alors un biftouri
avec lequel on fend le doigt & la gaine j dès
: qu on a pénétré jufqu’au tendon on fe fert d’une
I fonde^ cannelée fort déliée qu’on introduit dans
f 5 J È l i l Pour con(feire le biftouri qui doit la
| débriderons toute fon étendue, tant fupérieure-
ment qu’inférieurement.
Lorfque l’on fait l’opération à tems, l’ouver-
J,urf/fe fe gaine arrête le progrès du mal -, mais
» 1 étranglement caufé par les bandes ligamen-
teules gui entrent dans la ftruélure de cette
t partie n a pas été détruit avant la formation du
pus, il faut prolonger l ’incifion jufques dans le
; creux de la main quand il s'y eft fait un abcès.
11 y avoit du pus fous le mufcle quarré pro-
naeur, ,1 foudroit, pour donner iffue à la
matière, faire fléchir le poignet, & introduire
i'àirurgic. Torne J J } I.erc Partie.
fons le ‘ ligament annulaire, par l’ouverture de
l’intérieur de la main une fonde cannelée, au
moyen de laquelle on fera une incifion qui pénétrera
entre les tendons fléchifleurs des doigts
jufqu’au foyer de l ’abcès; on paffera enfuireun
féton de la main au poignet. Si les accidens
continuoient & qu’on jugeât qu’ils vinffent do
l’étranglement caufé par le ligament annu’aire
commun, il faudroit le couper ; le Chirurgien,
en ce cas, doit avoir la prudence d’avertir que
le malade en demeurera eftropié, & qu’il ne fe
détermine à faire cette opération que pour lui
fauver la vie. Si les accidens venoient du tendon
, on pourroit l’emporter entièrement. M. Petit
a pratiqué cette opération avec fuccès, en coupant
d’abord l’attache du tendon à la phalange,
il le tiroit enfuite de deffous le ligament annulaire,
& le coupoit dans fon corps charnu.
Lorfque l’affeélion de la gaine & du tendon
forme un Panaris de la troifième efpèce, ces
parties font quelquefois affeélées en conféquence
d’un Panaris de la fécondé efpèce, lorfque l’ouverture
n’en a pas été faite à propos. Si l’on
tarde trop, le pus qui eft fous la peau comme
dans un abcès ordinaire, la perce; la partie la
plus féreufe foulève l’-épiderme, & forme une
tumeur tranfparente qui reflemble au Panaris
de la première efpèce. Lorfqu’on a enlevé l’épiderme,
on apperçoit à la peau un petit trou
par où le pus forti II faut y introduire une
fonde cannelée, & , à fa faveur , ouvrir la tumeur
dans toute fon étendue, avec les attentions que
nous avons décrites. Le féjour du pus a fouvent
altéré la gaine & le tendon; & il y a des Panaris
de la fécondé efpèce dont la manière eft
de fi mauvais caraétère, quelle altère les os
d’où s’enfuit la perte des'doigts.
Quant à la quatrième efpèce de Panaris fi la
tumeur fuppure, il faut fuf-le-çhamp l’ouvrir^
on eft fouvent obligé de faire une incifion de
chaque côté du doigt; il eft bien rare que le
malade conferve la phalange; cet os eft fi fpon-
gieux, qu’il eft prefque toujours altéré jufques
dans fon centre. La pratfque ordinaire confifte à
entretenir l’ouverture, jufqu’à ce que la portion
altérée de l’os s’exfolie; mais il ne réfulte, de
cette méthode, aucun avantage pour le malade ;
& , de plus, elle eft extrêmement longue, & très-
douloureufe. Le fluide épanché eft fujet à s’in-
finuer fous l’ongle; l'ulcère fe couvre d’excroif-
fauces fongueufes, qu’on a beaucoup de peine à
réprimer, même à l’aide des cauftiques; & l’on
voit fouvent que le malade, après avoir fouffert
plufieurs mois, perd enfin la phalange, dont on
avoit efpéré de voir exfolier la portion altérée. On
abrégeroit confidérablemem les fouffrances, & l’on
éviteroit prefque toujours beaucoup de peine,'
foit au malade, foit au Chirurgien, en fe déterminant
à enlever tout l’os affeélé, d’abord après
avoir fait l’ouverture, pour donner iffue au fluide \