
Académicien, n’eft point le même dans les
différentes Pierres, les unes comme les perles
fines, les pierres blanches & jaunes murales de
la veffie, celles de l’utérus, certains bézoards
trcs-compaéls du porc épi, & celles des boyaux
de chèvres, ont un cannevas compofé de couches
articulaires concentriques , emboîtées les unes
dans les autres, comme les peaux d’un oignon,
iranfparentes, flexibles & muqueufes. D’autres,
comme celles des éçreviffes &, des homards,
le tuf des denrs, & quelques-unes du baffinet
dil. rein ont un cannevas compofé de couches
âufli tranfparenres, mais plus folides, & feulement
femi-orbiculaires, emboîtées les unes dans
les autres comme des gobelets. Ces deux efpèces
de cannevas s’eodureiflem par l’eau bouillante,
& par l'efprir-de-vin, mais l’eau tiède les ramollit
& les réduit à la longue en une fubflance
brancliüe & muqueufe. Il eft des Pierres dont
le cannevas eft poreux & repréfente une efpèce
d’éponge. Ces cannevas font de trois efpèces
différentes ; les premiers qui fe trouvent dans
certaines Pierres des boyau* des chevaux, font
compofés outre la fubflance muqueufe, d’une
très-grande quantité de poils. très-fins, & de
frsgmens très-menus de végétaux.
Nous allons parler dans divers articles fépa-
rés, des Pierres les plus ordinaires, & qui par
leur fituation peuvent offrir différentes indiva-
tions; relatives à leur extraélion , les autres étant
plutôt du reffort de ia Médecine que de la Chirurgie.
jDes Pierres Urinaires*
L ’urine la plus cuite, la plus limpide, pailée
à travers le papier gris & abandonnée enfuite à
elle- même y laiffe dépofer nombre de petits grains
qui s’aggrumelanr , forment enfin une couche
d'une certaine épai fleur. Un corps étranger qui
féjourne quelque ums dans les voies urinaires,
fe recouvre également d'une pareille couche &
devient par la fuite du tems le double, le triple
& le quadruple plus volumineux qu’il
n'étoit précédemment. On peut voir, à ce fujet,
un Mémoire de Morand,-relativement aux corps-
étrangers introduits dans la veflie & le fondement,
.publié dans le troifième volume de ceux
de l’Académie Royale de Chirurgie. On y trouve
une fuite d’obfervations , fur des pierres qui
avoient pour noyau des morceaux de fondes de
plomb, des aiguilles à cheveux, des fèves, des
épis de bled, des bougies, des cannules, de
tentes, des aiguilles de tête en ivoire & desçure-
oreilles portés ou tombés dans la vefiïe. jPref’que
tous les calculs de la- veflie offrent ainfi une
fubflance d’une-toute autre nature #que la leur ,
qui fert de bafe à. la matière propre qui les forme,
& fur laquelle celle-ci s'appofe par couche concentriques
d'autant plus grandes qu'elles deviennent
plus volumineufes, comme on le peut voir
dans les Pierres caffées dans un de leur diamètres.
On a beaucoup cherché à connoitre la nature
des Pierres urinaires, perfuadés que fi on
pouvoit la Lifir,*on parviendrait à prévenir les
luîtes fâcheufes auxquelles elles donnent lieu. Pa-
racelfe, qui les croyoit formées d'une efpèce de
réfine, les comparait aux concrétions arthritiques-
Van Helliront les regardoit comme une coagulation
faire par les feis de l'urine & un efprit
volatil terreux, & penfoit qu’elles différaient
beaucoup de la craie arthritique, dont l’épaifif-
fement & l’acidification de la'Synotfieétoient félon
lui la caufe. Boyle en avoit extrait de l'huile &
beaucoup de fels volatils. Boëtrhave y admettait
une terre unie à l’alkali volatil, Haies, en
avoit retiré fix cens quarante-cinq fois fon volume
d’a ir, & de deux cens trente .grains, il
n’en avoit obtenu que quarante-neuf de réfidu.
Toutes ces notionsquelques reçues qu’elles
fuffent, n inftruifoient point encore fur la nature
intime de laPierre*, il étoit réfervé à Bergman
& à Scheele de prouver qu'elles étaient com-
pofées d’une très-grande quantité d’un acide
particulier qu’ils appellent Lythique, deux centièmes
de chaux, & une matière blanche fpon-
gieufe & indiffoluble par tous les réaélifs, &
qui n’eft point encore bien connue , & d'une infiniment
petite portion de fubflance extraélive
qui lui donne fa couleur. Les çriftaux de cet
acide par.oiuenr à la Ample vue fur la fraérurc
dune Pierre, & il en eft même qui femblent
n’êtie qu’un groupe de criftaux. Ainfi. la formation
de ces Pierres n'offre rien que n’ait pré-
fentée la criftallifation dans les opérations générales
de la Nature, & ce feroit à tort qu'on
recourreroit aux rêveries des Anciens pour
l’expliquer.
La Pierre commence communément à fe former
dans iesflèins',« fes élémens fe tamifent en quelque
forte à travers les tubulures dont font percés
les mamelons j on en a même yu dont une extrémité
comme branchüe tenoit aux tubulures
pendant que l'autre, étoit étroitement faifie par
le calicule. Quand les urines trouvent de la
difficulté à defcendre vers la veffie^ ces élémens
sagglutinem*& font corps' dans le baffi-
n e t , & augmentant de jours en jours, ils
prennent l’apparence d’une pierre irrégulière, &
qui eft plus ou moins adhérente au parenchyme
du rein*, telle étoit celle à quatre angles.en
forme de croix dont parle Tulpius*, & quioccti-
poit tellement toute fon étendue, qu'on n’auroit
pu l’ôter fans déchirer par morceaux fon parenchyme.
Viderint igitur i'ili, dit -il à ce fujet,
qui fatis fpecioje docent exiticijis renibüs calculos
eximi pojfe, quamturpi ignominia proftituennt^ &
6* artem fuarÿ, yj2 'qutdem aliquandb inciderent in
calcuium, ta'm firmiter renibus lunatum, D'autres,
fois ces Pierres irritent les parties, y attirent uninflammation
qui , dégénérant fourdemcnt en
fuppuration , donne lieu à la fonte chronique
du rein. Tel eft le Cas de cette Pierre volumineuse
qu'on retira après la mort du Pape Innocent
JII , dont parle Dionis. Aflcz communément
la Pierre déjà formée dans le baflînet du
rein enfile la route de l’uretère. Quand elle eft
ronde & polie de toute p a r t, elle defeend ai-
fément le long de ce canal, & n’occsfionne que
quelques légères douleurs qu'on rapporte au lum-*
bago, & qui s’appaifent par le repos. Mais quand
elle eft irrégulière , volumineufe, elle féjourne
dans l'uretère, & y occafionne des fymptômes qui
indiquent une vraie néphritique *, les douleurs de
colique fe -font fpécialement fentir le long de
l’uretère *, le tefticule eft tiré en haut, & le fpafme
du bas - ventre _eft porté à un tel point que les
vomiffemens font continuels. Quand lesaccidens
font plus mitigés, qu’il furvient rémittence &
même intermiflion pendant de longs intervalles ,
la Pierre peut refter ftarionnaire, & félon la
manière dont elle eft pofée, laiffer un cours
libre aux urines\ mais alors, par fucceflîon de
tems, il fe fait de nouvelles additions à ia Pierre
qui fe prolongeant dans l’étendue de l’uretère,
prennent l’apparence d’un canal plus ou moins
alongé. On peut voir dans les übfervateurs, des
faits finguliers qui confirment cette théorie , &
où les urines paffoient dans l’intérieur de la
Pierre comme dans un canal d'aqueduc. Les ac-
cidens, dans les cas de ce genre, ne font point
auffi urgens que dans ceiflx où la Pierre occafionne
des fymptômes inflammatoires *, mais la
mort n’en menace pas moins de loin.
Quand le volume & la figure de la Pierre’ lui
permettent de defcendre facilement dans la vef-
fie, elle paffe par le détroit de l’uretère à fon
inferrion à la veffie. Mais$ pour peu qu’elle trouve
de difficulté à traverfer les détours de ce canal
à travers les membranes de-ce réfervoir, elle s’y
arrête, & peut devenir alors un genre de Pierre
enkyftée qui gêne plus ou moins la defeente de
l’urine dans-la veflie. Mais, en fuppofam qu’elle
y tombe , elle prend des acccroifl’emens d’autant
plus grands qu'on en ignore la préfence, & que
la fécuriré où l’on e fi, fait qu’on n’y porte aucune
attention. Ces accroiffemens fe font par
couches qui font évidemment de couleurs différentes
$ on en a vu alternativement de noires
& de blanches, & d’autres fois entièrement noires
ou jaunâtres. Le volume de la Pierre n’eft pas
le même chez rouas les fujets, les unes font pentes,
les autre» d'une groffeur plus ou moins
confidérables j on en a vuqui rempliffoiemtbiue
la capacité de la veflie. Ces fortes de Pierres,
ont ordinairement fur les côtés des gouttières
creufées par les urines, & deftinées à les conduire
depuis l’extrémité des uretères jnfqli’à
l'orifice de l’urètre. La figure des Pierre ne varie
Pas moins $ elles font tantôt régulières & tantôt
irrégulières*, quelquefois leur furface eft polie,
d’autres fois âpre, parfemée de pointes *, on les
nomme alors murales, calculi echinati, à raifon
de leurs reffemblanccs à une mûre ou à un
hériffon. Celles - ci font ordinairement feules j les
Pierres polies font également quelquefois feules,
même celles^ qui font à facettes ,* mais le plus
fouvent elles vont de deux à vingt, & même à
trente. Leur folidiié n'eft point ia même; il en
eft de fort dures , pendant que d’autres font
molles, friables, & fe brifent à la moindre pref-
fion , circonflance qui rend leur extraélion difficile
& laborieufe, & qui même eft en faveur
de l’opération en deux tems , & dont nous ferons
mention, à l’article T ail le . Enfin le plus,,
grand nombre des Pierres peut fe porter d’un
endroit de la veffie vers un autre, quand leur
pefanteur les y détermine *, mais auffi il en eft
d’autres qui font tellement fixées, qu'elles font,
pour ainfi dire , immobiles *, on les appelle alors
Pierres adhérentes, chatonnées ou enkyflées, calculi
incarcerati. Leur immobilité peut venir de
ce qu'elles ont contraélé des adhérences avec
les parois de la veffie, de ce qu’elles font renfermées
dans une poche particulière, de ce
quelles ont g lifté entre les tuniques dont la veffiô
eft compofée, ou enfin de ce quelles font engagées
à l’extrémité des uretères d’où elles ne
peuvent for tir. Voyons comment ces différentes
circonftances peuvent avoir lieu.
i.° Si une Pierre inégalé, raboteufe & en
même-tems pefante, fe cantonne dans un endroit
de la veffie , elle y produira une excoriation, de
laquelle il pourra s’élever des chairs molles &
fongeufes, qui santroduifant dans fes vuides ,
donnera lieu à une adhérence plus ou moins
étendue, comme l'ont prouvé un affez grand
nombre défaits, & entr’autres l’adhérence des
p'eflairés dans le vagin , quand ils y ontféjourné
quelque tems. Le Dran tailla, en 1730 , une
Dame à qui il ôta une Pierre très - groffe, dont
une des faces inégales étoit longue de trois pouces,
& large de deux & demi *, elle étoit par toute
cette face adhérente fur la portion de la veffie
qui touche le reélum Cetre adhérence étoit faite
par des inégalités de la Pierre, qui avoient oc-
cafionné une excoriation à la portion de la veffie
quelles touchoient. A cet endroit il s’élevoit de
l'ulcère quantité de mamelons charnus ou fongeux,
qui s’engageoient dans les inégalités de la Pierre.
La Pierre fe détacha fans peine, & lorfqu’d le
fut dfchors, il reconnut qu’elle avoit entraînéplu-
fieursde ces mamelons.*Au bout de dix jours,
la portion malade de la veffie s’exfolia & fortit
en morceaux par la plaie.
2.0 On trouve fôuvent l'intérieur de la veffie
garni des colonnes charnues, plus ou moins Affilantes,
& difpolées fort, irrégulièrement. Ces
colonnes , comme celles du coeur, laiftent entre
elles des enfoncemens dans lefquels peuvent