
après, M. Fhirant eut occafion d’opérer de la
môme manière un homme du peuple , attaçjué
d’une ifchnrie , qui ne céda ni aux moyens an-
tiphlogiftiques , ni à la fonde. Le fuccès quant
à la faciliré de percer la veffie & d’évacuer la
toralité des urines fut le même; mais le malade
périt de la maladie qui duroit depuis long tems.
M. Flurram reconnut mieux cette fois combien il
étoit nécefi’aire d’avoir un trois - quart convenable
à l’opération dont il s’agir, il penfa dès-lors
à en faire faire un qui fût plus long, qui eût
une courbure déterminée, & dont la canule eût
un pavillon difpofé de manière à ne pas boucher
l’ouverture de l’anus, & à fe jo g e r com-*
modément entre les fefl'es. Celui qu’il fit exécuter,
avoit de la reflemblance avec celui dont on
fe fert pour la ponèlion au-deffus du pubis, mais
la courbure en étoit plus grande. Dans la Planche
inférée dans les mélanges de Chirurgie de M.P011-
teau, le bec de cuiller, qui en forme le pavillon,
eft fermé vers la concavité de fa courbure ; c’e li
fine méprife qui doit fans doute être attribué
au Graveur. Si îe bec de cuiller n’étoit pas placé
du côté oppofé, il atleindroit mal le but auquel
on le defiine, qui eft de diriger les urines vers
le vafe où on fe propofë de les recevoir.
La manière dont on fe fert de cet inftrument
eft (impie : le malade fitué &’ affujeni au bord
de fon l i t , comme s’il falloir le tailler, & les
bourfes relevées, le Chirurgien introduit un ou
deux doigts de la main gauche dans le reèium,
aufliloin qu’ils peuvent aller, pour s’aflurer de
la plénitude de la veffie, & pour conduire l’extrémité
du trois-quart fur le lieu qu’il doit percer.
Cet infiniment, dont on a retiré la tige de v
cinq à fix lignes en-dedans de la canule, de manière
que le poinçon qui le termine, y foit renfermé
& porté dans le reèlum; & , lorfqu’il eft
parvenu à fa deftiuation, le Chirurgien enfonce
la tige dans la canule pour en faire fortir la pointe,
& il perce le reéhim & la veffie. Il ôte alors les
doigts de la main gauche de dedans l’anus, &
faififiant la canule avec le pouce & le doigt du
milieu de cette main, il retire le poinçon du
trois-quart avec la droite, & i l permet aux urines
de s’écouler. Il ne refie plus qu’à affujettir la
canule avec des rubans *, on peut fe difpenfer
d’en boucher l’ouverture, parce qu’il eft facile
de placer fous les feffes du malade , un vafe pour
recevoir les urines à mefure qu’elles s’échappent
de la veflie.
Ce fut ainfi que M. Flurant opéra, en 1757,
un homme, âgé de 57 ans, fujet depuis plu-
fieurs années à'des Rétentions d’urine opiniâtres.
iN’ayant pu le fonder, il fe détermina, de l’avis
de M. Charmeton, à lui faire la ponèlion à tia-
vers le recium , les urines fortirèpt avec beaucoup
de facilité ; on affujettit la canule avec des
rubans qui alloiem s’attacher par-devam & parderrière
à une ceinture *, & , comme cette canule
retomboit peu-à-peu , on mit un bandage en T
pour mieux la contenir , avec des comprefe'
Lorfque le malade avoir befoin d’aller à la garde
robe , on ôtoit le bandage, & ou détournoit
un peu la canule. Dès le lendemain de celte
opération , le malade fut mieux *, les moyens
ordinaires rérablisent le cours naturel des urines.
Dès le troisième & le quatrième jour on put ôter la
canule *, depuis ce tems, il n’ en eft fort! que quelques
gouttes par l’anus.
On a peu d'exemples de la réuftite de Enficumeut
de M. Fleurant. M. Le Blanc dit s’en être fervi une
fois avec fuccès. On voir auffi dans les Tranfaéiions
PhilofophiqueSj pour l’année 1776, qu’un homme,
fur qui on l’avoir mis en ufage, a fort bien guéri,
(les urines ayant repris leur cours naturel au bout
de fix jours. Ce n’ eft pas que cette manière d’opérer
n ait des avantages a fiez grands ; mais, en
général, la nécéfliré de faire la ponction à la
veflie eft fort rare*, fi quelque chofe pouvoir détourner
de la faire félon cette méthode, e-e feroir ladiffi*
culté de parvenir jufqu’à la veflie avec les doigts,
pour aiïiijtttir la canule du trois-quart , & la
crainte de bleffer les véficules urinalés. Cependant,
comme celles-ci s’éloignent beaucoup l’une de
l ’autre à la partie fupérieure , on n’eft pasexpofé
à les.atteindre , fi l’on porte la pointe du trois-quart
fuffifammenc haut. Sans cette précaution , la partie
la plus large des canaux déférens > & le lieu
où elles s’adoffent, ne feroient pas à l’abri de
1 infiniment.
De la Rétention d'urine caufée par des corps
étrangers , renfermés dans la vejjie.
Les vers, le fang , le pus, & nombre d’autres
corps étrangers, peuvent fe trouver enfermés dans
la veflie, & ainfi donner occafion à la Rétention
d’urine ; nous ne parlerons que des deux
dernières, parce qu’elles font les plus fréquentes.
Une ou plufieurs pierres dans la veflie , font
naître diversfyniptôtnes dont i’enfembleeft connu*,
cependant il eft rare, qu’elles produifenr une Rétention
totale d’urine. Mais , en fuppofant ce cas,
il feroit facile à reconnoître, en fe rappeliant ce
qui a précédé : on pourroit également y remédier
, & peut-être pour long-tems, au moyen
de la fonde, qui déplaçant la pierre , pourroit
la déterminer, à fe porter vers le bas-fond de
la veflie & y refler. Ces inrermiflions dans les
fymptômes ne font nullement rares. Un riche
Éccléfiaftique fut ainfi fondé, par un Chirurgien
connu , celui-ci lui annonça qu’il avoit la pierre,
& qu il pouvoir être taiilé : mais les douleur»
étant devenues moindres, & même malles, le malade
, prévenu de l’erreur de celui à qui il avoit
donné fa confiance, lui laiffa en mourant fon
corps pour fon inflru<ftion. Celui-ci l’ayant ac-
I tepté, la veflie fut ouverte en préfence debeau-
I coup de témoins ', & on y trouva une pierre d’un
f très-gros volume.
Le fang peut tomber des reins dans la.v<flie,
I il peut s’a ma fier dans Cette poche, à la fuite de
la léfion de fes parois, ou de l'exCoriation- de
i fa tunique intérieure : s’il conferve fa- fluidité,
il fort prefqu’aufli facilement que les urines. S’il
fe'coagule;,- les caillots qu’il forme peuvent boucher
le col de la veflie, & donner lieu à une
I ‘ Rétention d’urine, d’autant plus fâcheufe que le
fluide amafi'ë ne peut être tiré par i'inrroduélion
I de la fonde. Il convient alors d’ en e (foyer don?
E le calibre foit plus gros qu’à l’ordinaire *, fi ce
moyenne réuflit pas, il faut ajouter au pavillon de
[ la fonde une feringue, avec laquelle on pompé
J le fang & les urines. Ce procédé a été mis en
ufage, avec le pins grand fuccès , dans des cas
qui paroifloient dangereux.
: Vêla Rétention d’urine caufée par la prejjîon que
la matrice exerce fu r la vejjie
pendant la grojfejfe.
I Cette Rétention où difficulté d’uriner arrive le
plus louvent vers les derniers mois de la grof-
1 feffe ; les femmes y remédient fpontanément en :
I fe tenant accroupies fur les coudes , pofirion qui
détermine la matrice à comprimer le col de la
veflie avec moins de force. Quelques-unes portent
un ou deux doigts chus le vagin & relè-
! vent leur matrice; mais il en eft à qui ce Ample
moyen ne faut oit convenir, on eft alors obli-
r gé de les fonder , fur-tout au moment de l ’accou-
! chemenr. Lorlqu’il ne fe préfente point d’autres
I obliacles à cette opération , que la caufe même
I de la maladie , l’introduélion de la fonde eft peu
| difficile. Levret en avoir fait confiruire, qui au
lljeü d’être percées de deux yeux fur les côtés,
flétoient à leur extrémité d’une ouverture , fermée,
avec une lame ou bouton, qui tenoit au
fiilet dont ces fondes étoient remplies. Lorfque
cetinfirumentétoit entré dans la veflie, ilretiroit
1,1e fiilet & le bouton, & il le remettoit après la
tfortie des urines ; de cette manière , la fonde'
formoit un corps folide & fans afpérité , lequel
ine pouvoit blefler 1 urètre. Il avoir aufli propofé
ides fondes qui fuflent plates, au lieu d’être ron- 5!.es > elles font ordinairuri :r,t, afin que
ImroduéHonen fut plus aifée. M. Bell dit qu’on
leur donne cette forme à routes en Angleterre.
Lorfquil. fe préfente des obftacles , tel que
ceui qui réfulte de la courbure de l’ urètre, foit
que cette courbure foit l’effet d’une forte de pro-
> qui a lieu depuis long-tems, ou quelle
ri-nne de la prdfion arrivée pendant le travail,
I ,n ”.e r^flit à tirer les urines, qu’au moyen d’une
Ig a te, confiruite comme la fonde dont il vient
1 £fe par lé, laquelle doit être introduite par-deffiis
le ventre en faifani un demi-tour qui en porte
le pavillon en bas.
De la Rétention d’urine caufée par la tuméfaSion
de la proflate.
Lorfque la tnméfaélion de la proflate efl inflammatoire,
la Rétention d’urine s’annonce par
les fymptômes qui caraélérifent l’inflammation da
col de la veffie. Cette maladie fe termine quelquefois
par un abcès, qui s’ouvre de lui-même,
ou dont l’introduélion de la fonde détermine
l ’ouverture , & le pus qui s’en écoule fort avec
les urines fans fe confondre avec elles. Quelques-
uns confeillent ,dans ce cas , de pratiquer une ouverture
au péri né, & de fendre la proflate comme
fi l’on fe propofoit de tirer une pierre de la veflie.
Ce moyen pourroit être mis en ufage fi l’abcès
fourniffoit une grande quantité de pus, s’il étoit
long à fe déterger, St que le malade tombât dans
le marafme. En procurant une iflite libre aux
urines, il en préviendrait le féjour & l’altéra-
tion, St donnerait la facilité de porter le. in-
jeélions convenables jufques fur le liège du mal.
Mais, pour l ’ordinaire , les chofes fé rétabliflen-t
d’elles-mêmes, & l’on n’eft pas obligé de faire
courir an malade le rifque d’une opération aufli
dangereitfe.
La tuméfaction de la proflate, qui donne lien
à la Rétention d’urine, eft pour le plut fouvent
fongeufe ou fquirreufe. Dans le premier cas
elle efl molle, St ne parait être produire que
par un accroiffement plus ou moins confidérable
de fon volume-, dans le fécond , elle efl dure,
St préfente un changement marqué dans fon or-
ganifatron ; fouvent le corps de la proflate eft
malade, quelquefois auffi la patrie dé cette glande
, à laquelle on donne le nam de luette véfi-
eale, eft la feule qui foit affeélée. J'ai v u , er>
plufieurs cas , cette luette former une rumeur
ronde , portée fur un pédicule étroit : h groffeur
varioit depuis celle d’ un noyau de cerife jufqu’à'
celle d’une greffe noix ( 1 ). Lorfque cela arrive ,
elle bouche le col de la veflie fur lequel elle c-ft
entraînée par le cours des urines, St elle s’op-
pofe à leur écoulement. L ’intrqduélion du doigt-
dans l’anus, fait aifémmt connoître fi la profite
eft tuméfiée , & fi ce corps eft mou on fquirreux y
mais aucun (igné n’indique d’une manière poli-
rive le gonflement de la luette véficale.
La Rétention d’ urine à laquèlle ces différent
états de la proflate donnent lie u , commence
(a ) Ces Obfervariôns piécieutës prouvent que tar
luette véficale n’eft autre chofe qu’un repii ou une protubérance
de ta membrane interne de la veffie, occa-
fîonnée par la fituation & prçflîon de l’extrémité de la!
proflate. Cette éminence ou luette difparoît en eüfee
quand la proflate eft enlevée.