
lion de cinq livres •, paflez & expriiribz. Là dofe
«fl depuis trois chopmes jufqu à deux pintes par
jour. Cependant, li l’on en croit les expériences
faites en Angleterre, cette recette, fi prônée qu elle
ait é té , a été bien loin de répondre au plus grand
nombre d’effais. Depuis peu, M. Hunter a voulu
tenter par lui-même l'efficacité du gayac, & ,
perfuadé que ce bois n’agiffoit que par Ton principe
réfineux, fes effais fe font bornés à la gomme.
l)n homme, d it- il, prefque tout couvert dulcères
vénériens, fut reçu à l’hôpital Saint - Georges -, un
grand nombre de ces ulcères étoient fongueux,
quelques-uns avoient la largeur environ d’un
àemi-penny ; il y en avoir également aux environs
de l ’anus, entre les feffes, le long du périné,
entre leferotum & la cuiffe * les ulcères qui étoient
fur le refie de la peau , avoient une apparence
ordinaire. J ’ordonnai d’appliquer un cataplafpie
de gomme de gayac fur les ulcères de l’aiflelle
droite, & j’en ns aufli appliquer un autre, fait
avec une forte décoétion de falfepareiile & de
gruau d’avoine , mêlés enfemble, fur ceux de
raiffelle gauche. On changea tous les jours ces
eataplafmes, pendant deux femaines. Les ulcères
fongueux de l’aiffelle droite étoient alors entièrement
guéris, & la cicatrice étoit bonne, quoique
la peau n’eut pas tout-à-fait fa couleur naturelle.
Les ulcères de l’aiflelle gauche, où Ton avoit
appliqué le cataplafme de falfepareiile, étoient
empirés de ce qu’ils étoient d’abord. 11 en étoit
de même des autres ulcères, à l’exception de ceux
del’aiffelledroite. J ’ordonnai, pour lors, d’appir
quer le cataplafme de gayac fur eux, & , quinze
jours après, ils furent guéris. Je fus alors convaincu
que la gomme de gayac avoit guéri ces
fymptômes. Je voulus enfuite faveur quel effet
produiroit ce même remède fur les autres ulcères,
c’efi-à-dire fur ceux des environs de l’anus, du
ferotum & de la peau en général, en le donnant
intérieurement. Le malade commença à en prendre
un demi-gros trois fois par jour, ce qui le pur-
geoit *, mais j’arrêtai cet effet , en y mêlant de
l ’opium. Tous les fymptômes difparurent dans
environ quatre femaines ; mais, malgré cette gué-
rifon apparente, le malade refta encore quelque
tems à l’hôpital. Mais, environ quinze jours après
les fymptômes reparurent, & le malade fu t , en
très-peu de tems, aufli mal' qu’il étoit précédemment.
Je lui fis reprendre l’ufage de la gomme de
gayac intérieurement, mais elle fut fans vertu ,
ou plutôt la conftitution n’en fut plus afftélée. 11
fubit alors un traitement mercuriel & guérit. Que
conclure de ceci ? que lé gayac l’emporte fur les
autres fudorifiques-, qu’il peur, dans quelques cas,
par lui-même, guérir la maladie, & que, dans le
plus grand nombre de c a s , on peut l’employer
comme remède acceffoire > fur-tout dans les Véroles
anciennes, où le mercure a échoué \ mais il
faut alors l’employer à très-forre dofe, pour le
mttire en état de déployer fon efficacité.
Cependant, l’inefficacité dés fubflances dont
nous venons de parler, bien reconnue dans un
très-grand nombre de c a s , les préjugés qu'on
avoit fur la qualité froide du mercure, réduits à
leur jufte valeur, les fuccès qu’avoit toujours ce
minéral, entre les mains des Praticiens prudens
ramenèrent peu-à peu le plus grand nombre vers
lui. On crut que les effets qu’il produifoit, appliqués
au-dehors, fer oient plus fréquemment heureux
, fi on le dépouillait de fon principe vénéneux
par des opérations chimiques, & ceft ce à
quoi on s’appliqua le fiècîe dernier, & dans celui,
ci. Voye\ , à’ ce fujet , les progrès de l’Art J à
l’article Mercur e.On établit dès-lors deux fortes
de traitements qu’on diflingua en intérieur extérieur,
Dans l’un , on preferit le mercure de manière
qu’étant avalé, il pénètre les voies de la
circulation par les orifices des abforbans, qui
s’ouvrent dans le fyflême des premières voies.
Dans l’autre, on l ’applique fur la furface de la
peau , dans un tel état de divifion qu’il puiffe
facilement être réforbé par les pores inhalar.s qui
communiquent avec le fyflême des abforbans. Ces
deux divifions renferment toutes les méthodes
mercurielles quk>n a inventées jufqu’ici, & qui ont
eu quelque fuccès , ainfi qu’on peut s’en convaincre,
en lifant l’article Mercure , où l’on
trouve beauçoup de détails fur lefquels nous ne
pouvons entrer ic i, fans tomber dans des répétitions.
Nous conclurons de tout ce qui y eft dit,
que ce minéral peut agir, félon les circonflances,
comme évacuant, comme liquéfiant, ou comme
fpécifique, c’eft-à-dire comme poffédant une qualité
anti-dotale dont on ne peut fe rendre compte
que par les loix de la Chimie.
Le D.Wodward, en Angleterre, étoit un des plus
grands partifans delà première de ces doélrines. Il
croyoit que tout ce qu’on a dit fur le changement
du principe virulent par les aliérans , étoit une
pure chimère. Il foutenoit que, dans la Vérole,
comme dans tout autre genre d’mfeélion, il ne
s’opéroit aucune altération avantageufe dans le
corps humain, fans l’évacuation de ce qui lui étoit
nuifible, & qu'il ne furvenoit alors d’amélioration
dans i’erganifme, qu’autant que de nouveaux fucs
balfamiques remplaçoient ceux qui étoient atteints
d’infeélion : l ’efprit imbu de cette opinion, il ne
regardoit le mercure comme fpécifique dans la
maladie vénérienne , qu’aurant qu’il procuroitoes
fécrétions abondantes. Le D. Fordyce paroî.f
être du même avis*, car il dit : « Quelque prépa?
ration que Ion emploie, on doit la donner de
manière & à telle dofe qu’elle produife une dureté,
une plénitude & une fréquence modérée du pouls,
avec des évacuations fenfibles 5 car, de cette manière
, le mercure guérit plutôt & avec plus de
certitude. Le D. Plenck croit également que
le virus, une.fois combiné au Mercure doit ne-
ceffairement & plus aifément être évacué pat >eJ
felles, les fueurs & les urines,, quoiqu’il regarde
fa falivatjon comme dangereufe : Keyfer, dans la
prefeription de fes pillules, avoit particulièrement
cn vue la liberté du ventre *, & même il la por-
toit à un tel point , en redoublant la dofe de
fon remède, que la diarrhée paffoit fouvent à la
dyffenterie, inconvénient ordinaire de cette méthode
, & dont nous avons eu occafion de voir
beaucoup de viélimes aux Invalides , où elle
étoit la feule admife en 1771. Plufieurs Praticiens
, en France, ont également été per-
fuadés de la néceflité des évacuations dans le traitement
mercuriel ,* & , à leur tête, étoient le
D. Aftruc & J. L. Petit. Cette opinion, quelque
plaufîble quelle Toit dans quelques 'cas
où l’on ne peut fe refufer de reconnoître une évacuation
évidente, eft combattue par d’autres où
l’on ne découvre pas la moindre excrétion, quoique
la guérifon s’enfuive; & par’ plufieurs autres
faits fur lefquels nous ne pouvons infifter ici, fans
entrer dans de trop grands détails.
La fécondé doélrine fur l’opération du mercure
, celle où on le croit agir en liquéfiant ou
diflolvant les humeurs, eft celle où on le fuppofe
pénétrer en fubftance dans les voies de la circulation
, mais fous une forme extrêmement divifée.
On a penfé que fon aéfion pouvoir alors fe rapporter
à la mafie de chacune de fes molécules,
qui refloient apparentes, quelque foit la formule
dont on fe fervît. On fut d’autant plus porté à
cttte opinion, qu’on découvroit dans l’onguent
mercuriel vu à la loupe, une infinité de globules
avec leur apparence métallique , & très -propre ,
dans .cet état de divifion > à agir jufques dans les
détours les plus gâchés de l'qrganifme, & que
les Faites de l’Art renfcrmoienidesobfervations où
il étoit dit qu’on avoit trouvé dansleciâne, même
dans 1 intérieur des os de ceux qui étoient péris
dans les remèdes, du mercure en maffe & en aflez
grande quantité. On partit de-là pour accorder à
ce minéral une force centrifuge d’autant plus
grande que la puiffance trufive du coeur étoit plus
énergique. Mais tout ce fyflême s’écroula , du moment
que le D. Macquer eu r fait voir que le mercure,
dans l’onguent mercuriel, étoit d’autant mieux
difpofé à opérer fes effets, qu’il y étoit dans l’état
d’une exaéte combinaifon, & qu’il y avoit moins
de globules apparentes. Aufli les Pharmaciens,
dans laconfeéfion de l’onguent mercuriel, ont-ils,
depuis, porté le fciupule jufqu à ne vouloir aucune
apparence de globules, quand ils le répudient
bien fair.
Enfin, la dernière doélrine relative à l’aélion du
Mercure , eft celle où l ’on rapporte fa fpécificité
aJ’atiraélion chimique entre lui & le principe
brûlent, attraélion q u i, quand elle eft exaéle
comme celle qui a lieu entre l ’acide fulphurique
î *a potaffe dans le tartre vitriolé, rend l’une &
autre fubftance inaétive. Les preuves de cette
opinion font l’analogie qu’on a cru devoir ad-
■ SP emreîe virus vénérien & les autres agens
chimiques qui, quoiqu’aélifs, perdent toute leur
force par une pareille combinaifon, & le fuccès
des topiques mercuriels pour guérir les ulcères
vénériens, fuccès qui indique une aélion immédiate
fur la partie. Cette opinion, femble être ad-
miflible dans beaucoup de cas où aucune évacuation
ne fuccède à l’opération du mercure, & où la
guérifon fe fait d’une manière cachée, comme
dans le^ traitement inférieur ou dans la méthode
mercurielle par extinétion; Mais le mercure, alors,
paroît agir non-feulement par attraction, mais encore
en fufcicant les »étions de la vie par une faculté
qui lui eft particulière. En effet, il eft d’ob-
fervation que les ulcères vénériens prennent ,
dans le traitement , une apparence de vie qu’ils
n’avoiem point auparavant; le pouls devient plus
animé , & les forces plus grandes, circonflances
qui indiquent que le mercure agit par une faculté
ftimulante quelconque. Ceci avoit déjà été remarqué
par le D. Fordyce, qui dit que les
battemens du pouls dans le traitement mercurkl,
vont rarement au-deffous de quatre-vingt-dix
pulfations. Aufli recommande-t-il de donner le
mercure de manière qu’il produife une dureté ,
une plénitude & une fréquence dans le pouls,
marque d’une diathèfe inflammatoire commencée.
Avant de paffer à de plus grands détails fur l’ ufage
qu’on fait des préparations mercurielles pour
remplir les indications qu’offrent les différentes
àffeélions vénériennes, nous croyons bien faire
d’en préfenter l’enfemble félon l’ordre qu’a fuivi
le D. Schwediaver, dans fes Obfervations-
Pratiques fu r ies Maladies Vénériennes. Ce Praticien
y a rangé fts acides fuivant la table des
attraélions éleéiives de Bergman,
Tableau de toutes les différentes P r é p a r
a t io n ^ 8ç C ompositions - m ercurielles
connues jufqù'à ce jour. ( 1)
I. Préparation dans laquelle le Mercure
eft fimplement purifié.
* Hydragyrûm purificatum.
Mercurius erudus purifiçatus ofie inarum.
Argentum vivum purificatum. Pharm. Lon.
Anglis , Quinckfilver , crude purified mercury
*, Germanis, Reines quec-kfiLber ; Gallis,
Mercure pur.
II. Préparations dans iefquelles le Mercure
eft fimplement divifé.
I. Par les gommes ou mucilages ; tels
que la gomme arabique , la go m tue
adragànt, Scc.
* hydragyrum gummofum.
( 1 ) Les plus ufitées font marquées d’une *.
O o o i j