
On pratique cette opération pour deux
raifons générales. i° . Pour ouvrir un paf-
fage à l’air lorfqu’il ne peut arriver aux
poumons par la voie naturelle. 2°. Pour
extraire les corps étrangers engagés par
erreur de lieu dans la trachée-artere : d’ou
il fuit qu’il y a deux manières d’opérer :
par la première, on fe contente de faire
une liinple ponétion entre deux anneaux
cartilagineux , & de placer enl'uite dans
l’ouverture une canule que l’on affujettit,
& de l’y maintenir jufqu’à ce que l’air
ait un accès libre par la voie naturelle ;
& quand on le juge néceffaire , on guérit
l ’ouverture artificielle. D ’abord on fe fer-
voie de canule courbe , mais l’expérience
ayant fait connoître qu’elle excitoit de la
to u x , on lui en a fubftitué une droite.
La mobilité de la trachée a quelquefois
rendu l’opération difficile ; M. Bau-
chat, ancien chirurgien-major de la marine
ayant fait cette remarque , il a imaginé
un croifiant q u i, en fixant ce canal ,
fert en même-tems de conduéteur à l’inf-
trument pour opérer ; ce procédé a été
affez généralement adopté.
Par la fécondé manière d’ opérer , on
fait une incifion longitudinale par laquelle
on divife trois ou quatre anneaux pour
faire l’extradion des corps étrangers qui fe
font introduits dans le canal.
Nous ne pouvons mieux terminer cet
article qu’en rapportant ici l’extrait d’une
obfervation communiquée à l’Académie
de Chirurgie, au mois de feptembre 1 7 9 1 ,
par M. Defcamps, chirurgien à Caftillo-
nès, près Bayonne. Une jeune demoîfelle
avoit avalé un noyau de prune. Ce corps
étoit paffé dans la trachée artère , & oc-
cafionnoit les accidens les plus effrayans ;
M. Defcamps propofa pour tout remède
l ’opération de la bronchotomie , tout le
monde s’y oppofa , & l’on donna à la
malade les remèdes que l’on crut capables
de la foulager ; comme les accidens per-
fiftoient, M. Defcamps de nouveau con-
fulté , perfifta dans fon opinion. Comme
rien ne xéulfiffoit, & que la malade qui
étoit prête à chaque inflant de p é rir,
défîroit elle-même d’être opérée , 011 y
confentit. L ’opération fut faite trente-neuf
heures après l’accident. A peine l ’incifion
fut elle achevée, que le noyau fut expulfé
par l’air qui fortit en abondance , on vit
à l’inftant la malade palfer de la mort à
la vie'. Elle a été parfaitement guérie en
trois femaines. Y o ilà un exemple de plus
du fuccès de cette opération^ & qui, joint
à ceux déjà connus , prouve qu’aucun
moyen ne peut la fuppléer.
Quelquefois cependant le corps étranger
ne defeend point dans la trachée-
artère , il refie engagé dans les ventricules
du larynx. La bronchotomie feroit
inutile dans cette circonftance ; cependant
le malade n’eft point lans reffource ; en
peut fans crainte incifer du haut en bas le
cartilage thyroïde : puis en écartant les
lèvres de la plaie avec des crochets mouf-
fes, on a la facilité d’aller faifîr le corps
étranger avec des pinces à anneaux. Cette
opération n’efl point fans exemple , :le C.
Pelletan l’a déjà pratiquée deux fois avec
le plus grand fuccès ; la première ■ , il
y a environ dix ans, fur un ouvrier à la
' manufafture des glaces. Cet homme avoit
avalé un morceau de tendron de veau qui,
au lieu d’enfiler la route de l’efiomac,
s’égara & s’arrêta dans les voies de la ref-
piration , le C. Pelletan, bien certain que
le corps n’étoit point dans la trachée-
artère , fendit fans héfîter les cartilages thi-
roïde & cricoïde, fit enfuite l’extradion du
corps étranger & fauva par un coup hardi
mais non téméraire , la vie à cet ouvrier
dont la perte étoit certaine fans l’opération.
La fécondé fois , ce fut à un enfant
de trois ans qui avoit avalé une mâchoire
de macquereau : après l ’incifîon du larynx
& de la trachée-artere ,1e corps étranger ne
fortoit p o in t, M. Pelletan introduifît dans
la plaie une bandelette de linge fixée au
bout d’un ftilet ; au moyen de laquelle il
attira comme en balayant le corps étranger
dont les pointes multipliées expliquoient
allez l ’obfiacle à fon expulfion.
L ’errigne double ou tenette d ’Helvé- ;
tius a été imaginée par ce dernier, pour
faifîr la mammelle cancéreufe, & l’écarter
des côtes afin qu’on pût l’excifer avec plus
de facilité ; cet inflrument a été regardé
dans le tems comme une perfedion de
ceux dont on fe fervoit précédemment.
En effet, avant Helvétius , on traverfoit
la mammelle avec deux fils placés en croix ;
ce préliminaire de l ’opération parut trop
cruel, on adopta la tenette d’Helvétius :
fi on confîdère que ce dernier eft aufii
douloureux, on ne fera pas étonné que
les chirurgiéns aient rejetté tous ces préliminaires
d’opération qui ffont d’autre mérite
que d’augmenter les douleurs de la
malade. On a rejetté pareillement tous ces
inftrumens variés & imaginés , difoit-on,
pour opérer plus fûrement & promptement
; on fe fert tout Amplement du bif-
touri à tranchant convexe, & dès que la
mammelle efl fuflîfamment entamée , on
glilfe les doigts dans la plaie, & on fou-
lève la partie à mefure qu’on en fait l’ex-
cifion circulaire, ce qui efi aufii fur, &
plus prompt que les moyens ufîtés par I
les anciens. Nous ne parlons point des
précautions à prendre pour fe rendre maître
du fang pendant & après' l’opération ,
cela n’étant point de notre objet.
Il n’en eft pas de même des petites
tenettes ou errignes doubles, fig. y , elles
font très-commodes 8 c fort utiles pour
faifîr les petites tumeurs glanduleu'fes que
l’on veut emporter lorlqü’on craint qu’elles
ne deviennent par-la fuite une nouvelle
fource de cartcer ; pour ce la , on incife la
peau jufque deffous l’aiffelle j & quand ces
petites glandes font à découvert, on les
faifit avec cette errigne , puis on les
-excife.
P l a n c h e X X X I .
E l l e e f t r e la t iv e à t a r t i c le C a l .
■ F ig . 1. Tibia de la jambe droite vu antérieurement.
On y obferve une grande
ouverture dans celui nouvellement formé,
à travers laquelle on découvre l’os primitif
avec la perte de fubftance qu’il a
éprouvée dans toute fa partie antérieure.
Toute la furface extérieure du nouvel
os efl irrégulière comme on le voit dans
la figure fuivante.
F i g . 2 . Celle-ci montre l’état du cal
vers la partie poftérieure , & quelquescir-
conftances qui éclairciflent le cas.
a. Là partie fupérieure de l’os.
b . L ’inférieure feulement tracée.
c e . Les parties latérales de l’épiphyfe.
d d . L ’union de l’épiphyfe avec l’os.
' e e . Le commencement de la nouvelle
oïïîfication, de manière que d’o en e ,
tout eft dans l’état naturel, le relie étant le
produit de la végétation.
F i g . 3. Tibia d’une poule traité par le
procédé de Troja. ( Voy.-en l’explication
à l’article C a l. )
F i g . 4. Os de la cuiffe fraéturé obliquement
& guéri fans réduétion.
F i g . 5. Le lieu de la réunion fcié tranf-
verfalement pour en voir le parenchyme.
F i g . 6 . Canon d’un cerf folidifié après
une fradurenon réduite.
F i g . 7. Repréfente une portion d’un os
du bras qui a été fràduré obliquement, &
où il s ’eft formé un cal qui eft aflez égal 8 c
qui a peu défiguré cet os fcié ici en long
pour en voir l’intérieur.
a . La tête de cet os.
b ,• c.'Efpace où la fradure a été faite,
& où le cal s ’eft formé obliquement.
d , e , ' f , g . Subftance compade
trouvée dans un travail de décompofition
plus ou moins fenfible, pour fouder en-
femble les deux morceaux rompus , par un
mécanifme qui ne diffère pas beaucoup
de celui dès futures par engrainure profonde.
:
h . Endroit où la fubftance compade e
commence à fe décompofer infenfîblement
après avoir paffé par un certain degré de
ramolliffement.
i b . Lieu où les lames offeufes des extré-
f z