car fi l'on a fait Vinciûon fur toute la longueur de
la phalange , on peut aifément la détacher avec
des pinces ordinaires. La douleur que caufe cette
opération, eft très-vive ; mais, comme elle n’eft
que momentanée, les malades s’y foumettent d’autant
plus volontiers , qu’il n’en réfulte pas de
grands inconvéniens ; car on voit que les perfon-
nes fur qui elle a été pratiquée, confervent a fiez
de force, dans les parties qui relient, pour s’accoutumer
à cette privation , & n’ en éprouver aucun
défavantage.
Lorfqu’on afépa rél’os altéré, la plaie, pour
l ’ordinaire, feferme avec facilité. Il convient même
d’en entretenir les lèvresféparées jufqu’à ce que le
fond fe foit rempH ;. c’efi ce. qu'il eft aifé de faire,
en infinuant entr’elles un petit plumaceau enduit
de cérar. Dans les commencemens, on doit appliquer
des cataplalmes, pour procurer la détente
des parties, & en continuer l’ufage jufqu’à
ce que les accidens foient paffés, & que la fup-
puraiion foit bien établie. Ce panfement doit être
le même pouf les autres efpèces, après qu’on
aura fait l’ouverture de la tumeur.
Dans toute efpèce de Panaris, excepté un petit
nombre de cas' où le mal efi très-foperfidel
& très-léger , on voit que l’ongle eft très-fujet
à tombër, ce qui n’efi qiv’un inconvénient très-"
paflager ; car la Nature manque rarement à reproduire
un nouvel ongle.
Lorfque le. Panaris commence , il n’affeéle
jamais que la dernière phalange; & , quelle que
fo it l’étendue des parties qui viennent, par la
fuite, à y participer , on ne voit guères que l’os
de la fécondé phalange s’altère, à moins que le
Chirurgien n’ait négligé trop long-tems d*’ enlever
l ’os carié, ou de donner iffue au fluide épanché..
Lorfqu’on a commis une pareille faute', les
îégumens, aux environs de la partie malade,-
font fujets à s’enflammer, & l’on voit de petites
ulcérations fe former fur toute l’étendue de Pos
carié',: alors il arrive fouvent qu’on efi obligé
de confeiller l’amputation de tout le doigt,
pour que le mal ne fe propage pas dans la main.
PANSEMENT. Application d’un appareil
propre à maintenir une partie en fiiuation, &
à contenir les remèdes qui lu i font convenables.
( Voye\ Appareil.)
L ’utilité des Panfemens , les règles fuivant
lefqwelles om doit y procéder , & les intervalles
qu’on doit mettre de l’un à l’autre, font autant
de chofes qu’il faut confidérer à ce fujet.
Les Panfemens fe font par différens motifs, j
lavoir pour contenir une partie malade dans \
une fituation convenable, pour aider la Nature
à fe rétablir, & pour faire fortir les matières
nuifibles amaffée.s dans la partie.
On met, par exemple., un appareil for une
fraélure, fur une hernie,, ou fur une plaie fim-
ple , pour maintenir-les parties dans une ûtua-
sioa naturelle. &, cGayenable...
On applique des remèdes fur les tumeurs, fin-
les plaies com p liqu ées& fur les ulcères, pour
faciliter le cours des liqueurs arrêtées, & la con*
folidation des chairs.
On lève l’appareil appliqué fur une plaie ou
fur un ulcère, pour dëbarraffcr la partie char«?
gée de fang , de pus , ou de quelqu’autre matière
qui y féjourne.
Quant aux règles générales qu’il faut obferve?
en appliquant les a p p a r e ils o n les a énoncées
en trois mots : il faut panfer doucement, mollement
, & promptement.
Doucement, c’efi-à-dire, en excitant le moins
de douleur qu’il eft poiTxbje..
Mol/ement,cd\~k-due, en n’introduifant point
fans néceflité dans les plaies , des tentes, des
bourdonnets, des cannules , dont l’application
caufe de la douleur, occafionne de l’inflammation
, & empêche la confolidation.
Promptement, pour ne pas lai lier la partie trop
long-tems expofée aux injures de l’a i r , dont fini-
preflion peut coaguler les fucs , & rétrécir le
.. diamètre des vai fléaux. Il faut, pour cette même
raifon , fermer les. rideaux du lit du malade,
pendant qu’on le panfe , & tenir auprès de lui
| du feu dans un réchaud.
Pour exécuter ces règles, on mer d’abord le
. malade, & la partie malade, dans une fi tu a? ion
commode pour lui & pour le Chirurgien ; on
lève les bandes,, ou bandages, & les- comprefles,
fans remuer la partie aftèélée.; quand le pus ou
; le fàng les ont, collés enfemble, ou a !a partie,
; on les imbibe d’eau, tiède pour les-.détacher. Si
c’efi une plaie, qu’on panfe, on ennétoie les bords
avec la feuille de myrthe, & avec un petit linge
. ou une éponge; on ôte enfuite les plumsceaux,
: les bourdonnets & les tentes,,avec des pincettes j
on effuie légèrement la plaie avec une fauflè
i tente, ou un bourdonnet m o lle t, ou du linge
fin, pour ne caufer que le moins de douleur qu'il
efi poflibîè , & pour ne point emporter les fucs
nourriciers ; on a toujours foin de tenir, fur la
plaie qu fur l ’ulcère, un linge., pour les garantir
des impreflions de l’a i r ; on fait les injeclions,
les lotions, les fomentations néceflaires. ;; on applique
enfuite, le plus doucement, le plus mollement
& le plus promptement qu’il.efi.pbfiable,/
un appareil nouveau couvert,, ou imprégné des
médicamens convenables , & qu’on a eu foin de
faire chauffer. Il faut remarquer, au fujet des
bandes ou bandages, qu’ elles ne fervent fouvent
qu’à tenir les remèdes appliqués à la partie,
& qu’ elles fervent aufli quelquefois, à maintenir la
partie en fituation. Dans le'premier c a s , elles
ne doivent être que peu ferrées dans le fécond,
elles doivent l ’être davantage.
On ne fait ordinairement le premier Panfement,
à la-fuite de. quelque opération qu’au bout de
quarante-huit heures ; à moins que quelque accident.,,
comme, par exemple, une hémorrhagie,.
..’oblige à lever plus tôt le premier appareil. ■
Comme ce premier Panfement efi ordinairement
le plus douloureux, on laiffe ce long intervalle,
afin que l’ appareil s’humeéte, & puifle tomber
aifément A l’égard des autres Panfemens , on
ne peut pas donner^de règle générale relativement
à l’intervalle qu’il faut mettre entr’eux. L efpèce
de la maladie, fon état, les accidens auxquels il
faut remédier, la nature des médicamens appliqués,
font autant de motifs différens qui doivent
engager à panfer plus ou moins fréquemment.
Il y a des efpèces de maladies qui demandent
des Panfemens fréquensyil y en a dautres où il
ne faut panfer que rarement. Les mortifications
promptes, les dépôts inflammatoires dans les parties
graiffeufes, les anthrax, & toutes les autres
efpèdës de maladies dont- les progrès font fort
fàpidés, demandent beaucoup d’attention de la
part du Chirurgien. Il faut les examiner fouvent,
pour en découvrir & en prévenir les progrès;
il faut renouveller fréquemment les remèdes
qu’on y applique, parce que la vertu & 1 àclion
de ces remèdes fe perdent affez promptement.
Les rumeurs, & autres maladies fur lefquelles
on applique des cataplafmes, doivent être pan-
fées fréquemment „ parce que ces fortes de topiques
, qui agiffent principalement par leur chaleur
, demandent à être fouvent renouvellées. Les
maladies qui n’exigent que des fomentations, ne
doivent être découvertes que pour voir les progrès
, ou la diminution des accidens ; mais quoi-
que les fomentations doivent être fouvent renouvellées,
on ne touche point chaque fois à l’appareil
, puifqu’ii fuffit d’entretenir la partie chaude
& humide; ce que l’on peut faire, fans enlever
les comprefles.
Les plaies fimples, les fraélures, les luxations,
les hernies, & les autres maladies dont la guéri-
! fon exige beaucoup de repos , ainfi que les tumeurs
froides ou chroniques, doivent être pan-
fées rarement. Par exemple ; quand on a rapproché
les Bords d’une plaie, quand on a réduit
une fraélure, uneTuxation, ou une hernie, il
faut laiffer agir la Nature ; une curiofité mal
• placée la troubleroit dans fes opérations. Quand
on a appliqué des médicamens fur ^quelque tumeur
chronique, & q u i, par fa nature , n’admet
que lentement des changemens, ou qui eft profondément
fituée, il faut donner à ces remèdes le
tems de faire leur effet. A in fi, l ’on panfe rarement
dans toutes ces maladies.
On condamne aujourd'hui très-généralement,
& avec beaucoup de ràifon, les panfemens fréquens
dans le traitement des ulcères ; mais c’efi
une graude erreur que de fe jetter dans l’extrémité
contraire, comme l’ont fait quelques Praticiens
, qui recommandent dé ne les renouveller
que tous les quatre oucinq, ou même tous les huit
jours. En général, tout ulcère fe guérit plus facilement
en changeant tous les jours l’appareil,
que quand on le renouvelle moins fouvent. L’im-
preflïon de l’air fur lés ulcères, fur-tout dans les
Hôpitaux, efi le principal inconvénienr, que l’on
croit réfulter dés Panfemens fréquens; mais il
fuffit de tenir les nouveaux appareils prêts, de
manière à pouvoir les appliquer immédiatement
après avoir levé les autres, pour éviter les mauvais
effets qui pourroient réfulter de l’aétion de
l’air. • .
Il faut encore avoir égard à l’ état, ou au tems
d’une maladie ; au commencement & à la fin
des maladies , les fymprômes font moins violens
qué dans le fécond ou le troifième tems. O r ,
il faut panfer plus fréquemment quand lesfymptô-
mes font violens, que quand ils ne font pas considérables,
parce que la violence des fymptômes
diminue promptement la vertu des médicamens.
Ainfi les Panfemens doivent être , pour l’ ordinaire,
plus fréquens vers le milieu d’une maladie,
que vers fon commencement ou vers fa fin.
Les Panfemens des plaies doivent être fréquens
à. leur fécond tems où elles font en fuppuration.
Leur multiplicité feroit inutile dans lé premier
tems, où la fuppuration n’efi point établie; elle
feroit nuifible dans le troifième tems, où fe fait
un développement des fubfiances de la partie , &
dans le, quatrième, où fe forme la cicatrice. Car
il efi dangereux alors d’expofer fouvent une plaie
à l’air ; d’ailleurs, ois. ne peut guères lever les
bourdonnets, les plumaceauxou les emplâtres, fans
déchirer quelques petits vaiffeaux, & par confisquent
fans retarder la confolidation de la plaie ,
& la ’ formation de'la cicatrice.
Les accidens qui furviennent, obligent à panfer
plus fouvent qu’on n’auroit fa it , s’il n’en
étoit point furvenu. Par exemple, dans certaines
fractures compliquées ou fimples, une douleur
ou un prurit violent, des abcès, des excoriations,
déterminent à lever l’appareil qu’on auroit laiffé
plus long-tems. Car il faut examiner la caufe de
ces accidens, débarraffer la partie des matières
qui les occàfionnent, & appliquer les remèd.s
convenables. La fortie des excrémens, à la fuite
de l’opération du bubonocblê, ou de celle de
la fiftule à l’anus, de la taille, &c. obligent de
même à lever l’appareil plus fouvent qu’on ne le
feroit, fi on n’étoir point obligé de donner iffue
à ces matières. Il faut dire la même chofe d’une
fuppuration putride, corrofive, maligne ou ver*
mineufe, dans certains ulcères ; d’une fuppuration
trop abondante dans d’autres ulcères, & dans
certaines plaies; d’un amas de p u s , de fang &
de férofité dans quelque cavité, comme dans la
poitrine, & de la rétention d’urine dans la veffie.
Car tous ces accidens, fi l’on n’y remédiqit, re-
tarderoienr la guérifon des maladies. Ils demandent
, par confisquent, qu’on multiplie les Pan*
femens.
Enfin, la nature des médicamens déterminera,
en partie, fur la multiplicité des Panfemens. Il
S i j