
& dans le trajet des mufcles droits, on pour-
roit facilement ouvrir l’artère épigaflrique } & ,
li on le portoit vers l’un ou l ’autre des os des
île s , on sexpoferoit au danger de bleflèr les in-
teflins. Le lieu que l’on défigne ordinairement
comme étant celui où il y a le moins d’incon-
véniens à redouter de cette operation, eft à une
diflance à-peu-près égale, entre le nombril & le
milieu de la crête de l’os des iles •, il ne s’y
trouve prefque jamais de vaifleau fanguin un
peu confidérable-, les parois du bas-ventre font
moins tendineufes, & plus charnues en cet endroit
qu’ailleurs , ce qui. donne plus de facilité
à la plaie pour fe cicatrifer*, & les inteftins ne
s’y préfentent jamais de manière à pouvoir être
bleffés par finfiniment, fi l’on a foin de coucher
le malade un peu fur le côté j car les eaux les
tiennent alors fuffifamment écartés de la furface
inférieure, pour les mettre hors de la portée de
Tinftrument. Enfin , dans cette pofition, l’endroit
que nous avons défigné, fe trouve à-peu-
près le plus bas pomble, & par conféquent le
plus convenable pour ouvrir une ilfue au fluide
épanché.
Il peut cependant fe préfenter des cas particuliers
où il convient de fe régler) fur les cir-
conftances, pour déterminer le lieu où l’on doit
/aire la Ponélion , plutôt que de s’en tenir au
lieu d’éleélion que nous avons déterminé. S i, par
exemple, l’ombilic formoit une tumeur aqueufe,'
comme cela s’eft vu quelquefois, il feroit à propos
de percer la peau dans cet endroit, parce
que 5 par la feule ouverture de la peau, on pro-
cureroit l’ilfue des eaux épanchées. Les perfon-
nes affeélées d’une hernie inguinale complette,
qui deviennent hydropiques, ont une tumeur
aqueufe, le fluide épanché paflant dans le fac
herniaire. La Ponélion des tégümens & de la
portion du péritoine qui forme ce fac , procurera
la fortie des eaux plus avantageufement qui
la perforation de toutes les parties contenantes
dans le lieu d’éleélion. Si la maladie a pour caufe
l’obftruélion du fo ie , on préfère le côté gauche
pour l’opération. On choific le côté dro it, fi la
rate eft gonflée, ou s’il y a quelque fquirrhe du
côté gauche. Chez les femmes afeitiques, il n’eft
pas rare que les eaux , par leur poids fur la
partie inférieure du bafiin, forment une protubérance
dans le vagin , & même une tumeur
plus ou moins confidérable hors des parties naturelles
, laquelle cède aifément à la preflîon,
& reparoît aufli-tôt qu’on cefle de la comprimer.
En pareil cas , c’eft par le vagin qu’on doit faire
la Ponélion -, car c’eft-là que fe trouve la partie
la plus déclive de la tumeur , & la plus propre,
par conféquent, à la vuider compleitement. L ’ouverture
doit fe faire vers le milieu de cet organe,
ou l’on rifque le moins de rencontrer des vaif-
feaux fanguins, qui font plus confidérables fur
•les côtés. E t , comme le vagin n’eft jamais fortement
rendu par les eaux, il faut, pour qu’il
ne glifte pas devant la pointe du trocar , paffer
deux ou trois doigts dans fa cavité, & par-derrière
la tumeur, afin de la comprimer en y renfermant
le fluide , & d’en augmenter ainfi la ten-
fion, ce qui facilitera l’introduélion de l’inftrliment.
Après l’opération , on tiendra des linges
chauds auprès de la vu lv e , pour imbiber les
eaux qui pourroient couler encore.
Pour pratiquer l’opération dans le lieu ordinaire
, on avoit coutume autrefois de faire af-
feoir le malade dans un fauteuil j dans cette attitude
, les eaux fe portent dans la partie inférieure
du bas-ventre , & rempliflent le baffin,
& il n’eft pas poffible de tirer la plus grand«
partie de ce qui fe trouve au-deflous du niveau
de la cannule.' II eft plus à propos de faire coucher
le malade fur le bord de fon lit 9 un peu
penché du côté où l’on opère, parce que, dans
cette attitude , avec l’attention de preffer la circonférence
de l’abdomen mollement & également
dans tous Ces points, à mefure que l’eau
coule, on mer prefqu’à fec la cavité qui la con-
tenoit *, & parce que cette fituarion eft la plus
favorable au malade , qui éprouve un foulage-
ment marqué, à mefure que fon ventre fe dé-
barraffe , en même-teins qu’elle contribue beaucoup
à prévenir ces défaillances qui faifoient
regarder laTonélion , chez les Anciens, comme
une opération très-dangereufe.
Avant de mettre le malade dans cette pofi-
tio n , on eft dans l ’ufage de marquer, avec de
l’encre , l’endroit où l’on doit plonger le trocar.
On place enfuite le bandàge, dont nous avons
parlé ci-deflus, de manière qu’il laifle cette marque
à découvert, par une ouverture pratiquée
à deffein \ il doit être d’abord pafiablement ferré.
Alors le Chirurgien , tenant le manche du trocar
dans la main droite, le doigt index de cette
main étendu fur la cannule, pour fixer la longueur
de l’inftrùment qui doit pénétrer dans la
cavité du ventre, il le plonge en perçant les
parties contenantes, jufqu’à ce q u e , ne fentant
plus de réfiftance, il juge qu’il eft parvenu juf-
qu’ au fluide épanché. I l prend alors la cannule,
avec les doigts de la main gauche, & retire le
poinçon avec la droite. Les eaux coulent alors
par la cannule , & , à mefure qu’elles fortent,
on a foin de ferrer peu-à-peu le bandage. S i ,
malgré cette précaution , le malade fe fentoit
foible & , menacé de défaillance, il convien-
droir de fufpendre, de tems en teins, l'évacuation
pendant quelques minutes \ ce que le Chirurgien
pourra faire aifément, en mettant fon
doigt fur l’ouverture de la cannule.
Il arrive quelquefois, dans le cours de l’opération
, que les eaux ceflent de couler avant que
l’enflure ait beaucoup diminué. Si cet accident
provient de ce que la cannule fe trouve obftruée
par quelqu’une des parties qui flouant- dans le
bas-ventre, telles qu’une portion de lomentum
ou des 'imeftins > on éloigne l’obftacle avec un
flilet boutonné qu’on introduit dans la cannule.
Si c’eft la trop grande vifeefité du fluide qui s’op-
pofe à fon écoulement , on eft quelquefois obligé
d’introduire un trocar plus gros que le premier.
Mais.fi l’empêchement vient de ce que les
eaux font contenues dans plufieurs kyfies particuliers
, toutes les tentatives de cette efpèce feront
inutiles j il faudra, en pareil cas, retirer la
cannule., couvrir la plaie d’un plumaceau enduit
de céraf, & procéder, tout de fuite ou le lendemain,
à une nouvelle Ponélion, du côté op-
pofé du bas-ventre, ou à la partie la plus déclive
dé la tumeur , fi le gonflement paroiffoit
limité à quelque partie dé l’abdomen.
Quand on a tiré les-eaux, il faut ôter la xan-
nule ; pour cet effet, on applique deux doigts
de la main gauche fur la peau, de chaque côté
de la cannule, qu’on retire facilement avec la main
droite, en prenant la précaution de lui faire décrire
un demi-tour fur fon axe.
L hydropifie enkyflée des ovaires , îorfqu’elle
eft parvenue à un certain point, fe diftingue difficilement
de la véritable afeite, avec laquelle
d ailleurs elle fe complique fouvent. Cependant
) f fluctuation, comme nous l’avons dit ci-deflus,
Ù fàit moins appercevoir pour l’ordinaire , &
lorfque la maladie n’eft pas très-avancée, la tumeur
occupe particulièrement un des côtés de
l’abdomen. La Ponélion n’eft pas moins néeef-
faire, dans cette efpèce d’hydropi fie , que dans
1 afeite proprement dite ; & fo n voit desreas où
l ’on eft obligé de recourir très-fréquemment à
cette opération..
Quelques Praticiens , préfumanr qu’-on pour-
roi* parvenir à une guérifon radicale de l’hydro-
pifie de 1 ovaire, & fondés fur quelques faits qui ;
montroient la poffibilité d’une pareille guérifon,
ont tenté défaire de gtandes ouvertures au kyfte,
afin d exciter une inflammation qui en réunît lès'
parois, ou de le faire fuppurer; mais ces tentatives
ont quelquefois coûté la vie aux malades
~ur lefquels on les avoit faites. Chez quelques
autres, elles ont lailfé une ouverture fiftulgirfe,
qui paroifloit donner plus de foulagement qu’on
nauroitpu en attendre d’une fimpie Ponélion;
mais cet avantage n’eft pas affez grand pour encourager
à répéter des expériences suffi dange-
reufes.. °
La Ponélion e l le - même eft plus fujette à
occafionner des accidens dans les cas d’hydropi-
te de 1 ovaire, que dans ceux de fitnple afeite,
a caufe de l’inégalité d’épaifleur du kyfte, & du
^,que de rencontrer, avec la pointé de l’inftru-
’ ^eS GorPs charnus qui fe trouvent fouvent
a fiérens à la furface interne de la cavité, & qui
*en ent lopération non-feuiemem inutile, mais ;
angereufe, par l’inflammation qui peut en être
coméquence. Mais le principal danger qpi
accompagne la Ponélion , en pareil c a s , eft celui
qui peut réfulter de la bleflure de quelque branche
de l’artère épigaftrique. Car , comme on n’ eft
pas toujours maître de la pratiquer dans l’endroit
que nous avons déterminé comme étant le
moins fiijet à inconvénient, & comme on eft
obligé de choifir les points où la fluéluation eft
le plus manifefte, il n’eft pas très-rare, en la fai-
fant, de voir furvenir une hémorrhagie occa-
fionnée par l’ouverture de quelque branche de
cette artère j hémorrhagie qui peut être très—
confidérable , & devenir promptement funefle ,
attendu la difficulté qu’on rencontre à arrêter le
fang. Le meilleur moyen d’ y réuffir eft peut-
être de faire comprimer la partie bleffée, par un
Aide qui la tient entre fes doigts , jufqu’à ce
que le fang ait ceffé tout-à-fait de pouvoir couler.
Cette compreflïon fe fait ici d autant plus
aifément, que la fortie des eaux laifle les parois
de l ’abdomen dans un état de grand relâchement.
Il eft infiniment rare qu’on ait un pareii ac-
| ci dent-à craindre, I or fqu’on fait la Ponélion dans
le- lieu d’éleélion que nous avons indiqué j cependant
il n’tft pas fans exemple. On eu lit un
dans le fécond Volume dés Medical Communications
, p. 1 36.
L ’on n’ôtera pas le bandage compreffif, après
l’évacuation entière des eaux. On le laiflèra
même paflablemcnt ferré , afin de foutenir les
vifeères accoutumés à une preflion confidérable.
On aura recours alors aux remèdes toniques &
diurétiques , & fi, malgré leur ufage, il fe fait
un nouvel épanchement, on répétera l’opération
de la Paracentèfe, dès que le volume du ventre
l ’exigera, fans jamais attendre que la dif—
tenfion foit portée trop loin, par les raifons que
nous avons expofées plus haut.
Les fluides aqueux ne’ font pas lês feuls qui-
puiflent occafionner le gonflement de l’abdomen.
On voit quelquefois le même effet en confé-
quence d’un- amas d’air, ce qui conftitue la maladie
appellée Tympanite.
Cette efpèce de gonflement produit'une gêne-
de la refpirarion femblable à celle qui accompagne
l’hydropifie afeite ; mais ici la tenfion eft
plus grande que. dans le cas d’enflure aqueufe y
& l’abdomen donne au toucher la même fenfa-
tion, à-peu-près-, que cauferoit une veflie pleine-
d’air.-
L ’ouverture des cadavres morts de tympanite ,,
a fouvent montré un prodigieux volume d’air
renfermé dans les inteflins. Mais il ÿ a une autre
variété de cette maladie, où l’air paroîtêtre:
répandu dans toute la cavité de l’abdomen-, ce
qui néanmoins n’arrive peut-être jamais qu’eu:
conféquence de quelque petite ouverture du canal
inteftinaL.Dans l’un & l’autre cas , ce feroit
un grand4' foulagement pour le malade, que de
donner iffue à cet a ir , & l’on peur le faire, au-:
moyen de la Ponélion telle que nous T'avons dé«-