
s'engager des graviers qui, par leurs accroiffemens,
formeront des Pierres allez volumineufes. Outre
ces veilles à colonnes , il y en a d’autres qui
o n t , dans l’épaifleur de leur parois, de véritables
prolongemens en 'manière de cul - de *iac, dans
îefquels il -peut fe loger des Pierres avec encore
plus de facilité. On voit dans le premier volume
de l'Académie Royale de Chirurgie , la
figure d'une veffie dont l'intérieur préfentoit plu-
fieurs ouvertures qui conduifoient dans des cavités
dent le fond étoit plus large que l'entrée 3
plufieurs de ces cavités ou cellules contenoient
«les Pierres.
3-° Lîttre, faifant l’ouverture du corps d'un
jeune-homme de vingt ans, trouva le rein gau- ;
* che & l’embouchure de l’uretère à la veffie, con- :
fidérablement ulcérée du 3 il y avoit en outre à
cet endroit de la veffie, un trou, & un con- |
duit de deux lignes de diamètre, Iefquels répon- ■
doient à une poche -éloignée de fept lignes dans
laquelle étoient renfermées deux petites pierres. \
O r , il eft vraifemblable que ces Pierres avoient
commencé dans le rein gauche, quelles avoient
excité à l’extrémité de l’uretère une inflamma-
lion fin vie d’ulcération, & qu’elles s’étoient avancées
peu-à-peu entre les membranes de la veffie
jufqu’au lieu où elles s’étoient arrêtées. Cette
explication paroiflbit fi naturelle à Littré, qu’il
penfoû que toutes les Pierres enkyfiées étoient
de la même nature, parce qu’il ne concevoir
pas que des Pierres puffent contrarier des adhérences
autrement, ni qu'il pût fe former des
leyftes - dans un vifeère lavé continuellement
comme la veffie.
4.0 Enfin le Dran a communiqué à l ’Académie
Royale de Chirurgie une obfervation fur
une Pierre oblongue arrêtée à T'extrémité de
l ’uretère. Ce fait eft trop bien expofé dans tous
fes détails, & l’autorité de le Dran eft d’un fi
grand poids, qu’on ne peut le révoquer en doute.
En 173 2,5 il tailla un malade dont la Pierre étoit
enchauée dans l'uretère, comme un diamant dans
fon chaton. Elle ne débordoit dans la veffie que
de trôiSvà quatre lignes^ il ne put faifir la pierre
avec la tenette le jour de l’opération, mais au
bout de fept femai.nes, il Centii qu’elle faifoit dans
la veffie une faillie d’un demi-pouce ou environ :
il la prit & l’ôta alors plus facilement, vraifem-
blablement à raifon de la fuppuration furvenue
dans le chaton, quidétruifit tout obftacle.
Tant que les pierres de la veffie font peu volumineufes
, qu’elles font polies, peu pétantes,
elles peuvent féjourner dans ce vifeère , & néanmoins
ne pasoccafionner des accidens bien in-
quiétans; on en a même trouvé d’aflez groffes dans
la veffie des -perfonnes qui ne s’en étoient jamais
plaintes. Mais Iorfqu’elles font de toute autre nature,
elles font naître de fymptômes dont la gravité
eft relative à la plus ou moins grande fen-
Çb'ûiié des fujetsy i l ’irrégularité & ù la pefaatenr
de la Pierre-, ces fymptômes conftituent ce
qu’en appelle les lignes équivoque?. Le plus or- i dinairemônt c’eft un femiment de douleur que
les malades rapportent à l’extrémité du gland,
& qui les force à tirailler le prépuce q u i l e plus
fouvent -eft beaucoup, plus gros & plus a longé
que de coutume. A ce fymptôme fe joint un
fentimenr d’une pefanteur incommode au périnée,
■ une envie fréquente d’uriner ou d’aller a la garde
- robe, le cours des urines s’arrête quelquefois
iorfqu’elles font en train de fortir.avec la plus
grande force, elles s’échappent vers la fin avec
douleur, elles font blanches ,-glairenfes & comme
furfuracëes, & pour peu que-les malades aient
été cahotés , foit en voiture ©n en allant à pied
par des chemins raboteux, elles deviennent fan-
guinolenres /quelquefois les cuiftes font comme
engourdies & les tefticules retirés en haut, les
érections font plus ou moins fréquentes-} mais,
comme i’ obferve le Dran, toutes ces apparences
font fouvent trompeufes; la veffie eft fujette à
bien des maladies, qui pouvant en impefer par
la bizarrerie des accidens qui les accompagnent,
font croire qu’ils font occafionnés par la pré-
fence. d’une Pierre , quoiqu’il n'y en ait pas, &
d’autres fo is , femblent ne caraélérifer qu’une
maladie de ce vifeère , quoiqu’il y ait des Pierres
dans fa cavité. Auiîi le figne le plus certain, le
figue vraiment univoque eft-il le cathétérifme ou
l’impreffion que reçoivent les doigts au moyen
d’un cathéter ou d’une fonde que l’on introduit
dans la veffie par le*canal de l’urèrre. Voye[
pour tout ce quia rapport à cette opération, l’article
Sonde*.
Les Pierres urinaires de la veffie, foit par les
accidens qn’elles entraînent ou les opérations
qu’elles néceflitem, font toujours très-inquiétantes,
notamment chez les hommes , car il eft reconnu
que les femmes qui en font plus rarement af-
feélées, s'en délivrent aufli plus fouvent, vu la
facilité que cçs concrétions trouvent à s’échapper
par le canal de l’urètre, qui chez elles eft très-court
& fort large. Les accidens dont leur préfence eft
toujours accompagnée , font fouvent relatifs à
l’ancienneté de la maladie, à .. l ’âge. & au tempérament
des malades,. Les Pierres oui font inégales
ou raboteufes, irritent, enflamment même
quelquefois la veffie & donnent Heu à des ulcérations
qui font périr par la fuire les malades,
& à leur mort on "trouve toujours la veffie dure,
racornie, ratatinée & tellement relierrée fur
la Pierre qu’il eft très - difficile de la dégager.
Tous les moyens curatifs font alors inutiles; il
faut s’en tenir à la mitigation des fymptômes, fi
l ’on veut être encore utile au malade. Mais à
une,époque moins avancée, & lorfque les accidens
locaux ne font accompagnés d’aucun défordre
dans le refte du corps, on peut encore fe déterminer
pour l’opération avec efpérance de fnccès ,
quand on préfume que ce genre de moyen eft le
plus convenable. Le Dran a extrait detrès-grof-
fes Pierres de la veffie qui les embraffoit étroitement
& quoique les lignes indicaffent que ce
vifeère fût dans un très-mauvais état, le fuccés
n'en fut pas moins heureux, celle-ci ayant fup-
puré & s’étant détergé à l’aide des injeélions
qu’il y portoit dans' les panfemens.
La Pierre reconnue dans la veffie, ne laifTe d’aiu
tre efpérance que dans l’opération de la taille,
quelle que foit la méthode qu’on admette pour
la pratiquer.' Cette reffource eft fâcheufe, mais
elle eft plus certaine que celle qu’offre les divers
lithronriptiques dont on a tant vanté l’efficacité,.
notamment l’eau de chaux , & l’alkali cauftique
dans un état de dilution. Ces remèdes ont eu
beaucoup de vogue en Angleterre, fous les noms
de Stéphens & de Kitcich; mais quoique certaines
Pierres foient foîubles par l’un ou l’autre
de ces menftrues, particulièrement la dernière,
quand on les y plonge immédiatement, cependant,
comme aucun ne peut être porté en cet état
dans la veffie fans léfèr cet organe, & que fi ou
les délaye pour les donner intérieurement, ils
perdent leur efficacité dans les routes de la circulation
, & qu’ils n’arrivent que très-foiblts
où ils doivent agir avec la plus grande fo rc e ,
ces raifons plaafibles les ont fait abandonner.
Cependant fi quelques malades en ont éprouvé du
foulagement, ce n’eft qu’à la longue, & parce que
la Pierre s’étoit couverte d’une couche moins
dure, & que, par cette raifon, elle irritoit moins
la veffie ; mais nous n’avons aucunfaitauchentique
en faveur d’une diffolurion réelle par leur feui
moyen, ou partout autre. Il eft même très-in-
conféquent de porter trop loin l’ufage de ces remèdes;
ils ruinent la conftitution plus ou moins
promptement, & mettent le fang dans un état de
diflblution feorbutique, dont il lui eft difficile de
revenir; c’eft ce qu’on a eu occafion d’obferver
fouvent en Angleterre, Où le charlatanifme trouve
fouvent des dupes.
La pierre, lorfque lie eft d’un volume médiocre,
peut pafler par le col de la veffie, & s'arrêter
en différens endroits du canal de l’urètre.
Tulpius parle d’un Enfant chez qui plufieurs
Pierres s’étoient ainfi accrues au milieu du canal
de l’urètre, & formoient autant de tumeurs dif-
tinéles qu’on pouvoir toucher séparément, & qui,
cependant, n'apportoient aucun obftacle au paC—
fage de l’urine. Le Chirurgien à qui le malade
fut confié, fe contenta d’ouvrir la tumeur, & il
en retira plus d’une vingtaine de petites Pierres
du volume des petits pois. Les endroits où ces
fortes de concrétions fe forment le plus communément,
& où'celles qui viennent de la veffie,
s arrêtent toujours, font la portion membraneufe,
& lafoffe naviçulaire. L a Pierre ne s’arrête communément
dans l’efpace que forme la portion
membraneufe de l’urètre, que chez les pérfonnes
Chirurgie. Tome l.*<} ÉJM Partie-.
qui ont quelques rétréciflemens ou brides dan*
l’intérieur de ce canal. Eprouvant du côté de 1?
veffie comme vers l’obflacle, une réliftance qui
soppofe à fa marche, elle féjourne là où elle
fe trouve, & acquiert infenfiblement un plus grand
volume, étant continuellement en contaél avec
l’urine qui s’épanche de la veffie. Quand elle
peut aller plus avant, elle s’arrête dans la fofte
naviçulaire, & y augmente de volume par le même
mécanifme que nous venons d’expliquer. J1 eft
rare que le canal fe rompe alors, quelque foit
i’ extenfion qu’il éprouve, tant eft grande la force
ex pan fi ve des membranes qui le compofenr.
George Coopmans, dans fa Névrologie, imprimée
à Franéker, en 1789 , parle d’un calcul de l’urètre
qui, étant placé fous le gland du côté gauche,
s’étoir fait jour en oceafionuant un ulcère ;
ce calcul féché, & nétoyé, pefoit cinq onces &
demie.
La maladie alors préfente des indications fur
lefquelles on peut confulrer l’article TailDe , à
l’endroit où il s’agit des procédés à mettre en
exécution pour extraire les Pierres du canal dô
l’urètre.
Mais la Pierre fe forme quelquefois hors des
voies urinaires, lorfque ces voies n’étant point
dans une parfaite intégrité, l’urine fe filtre lentement
dans les cellules du tiflii graifteux qui
avoifine fes réfervoirs, & fes canaux naturels.
Cette circonftarice arrive aftez fouvent après l'opération
de la taille , de la boutonnière, à la fuite
de l’ouverture des abcès urineiix, ou des fiftules
urinaires fort anciennes. M. Louis rapporte différens
exemples du premier cas, dont plufieurs
lui font particuliers. Dans quelques-uns. les Piètres
étoient uniques, d’autres fois elles étoient
plufieurs, féparées les unes 'des autres par des
cloifons qui leur fet voient comme de tuniques.Pour
que les Pierres fe forment âinfi hors des voies
urinaires-, il faut que les urines s’écoulent avec
la plus grande lenteur, ce qui fuppofe une ouverture
infiniment petite du canal de l’urètre; une
plus -grande irruption inonderoir le riffii cellulaire,
& cauferoit les accidens formidables d’une
infiltration gangreneufe. L ’urine ic i, comme l’ob-
ferve M. Louis, pénètre comme par imbibition ;
la petite quantité qui s’infiltre, s’épaiffiffant à
mefure, fans pouvoir produire d’ autre défordre
que k concrétion calculéufe qui en dérive. (Les Pierres urinaires peuvent fuccéder encore à
une érofton locale du canal de l’ urètre, occafion-
née par une violence extérieure. On trouve une
obfervation de ce genre dans le 111.e volume des
Mémoires dé PAcadémie Royale de Chirurgie;
elle a rapportaun Pilote qui n’a voit jamais rendu
s aucun gravier, ni été affeété de rétentions d’urine,
ou de maladies vénériennes, mais qui avoir reçu
autrefois fur le feotum, un coup de pied qui lui
avoir occafionné une violente douleur. Il lui for-
Z