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& les ulcères de la cornée. L e miel, mêlé
avec uu quart ou environ de cire , à l’aide
d'une douce chaleur, forme un excellent cérat
pour les plaies & pour les ulcères.
On a donné de grands éloges à l’application
du miel fur des brûlures récentes de la peau.
Nous avons vu un ulcère cancérant de la
langue qui avoit réiiflé àTaélion de beaucoup
de remèdes, fe guérir par l'ufage de cette
fubüance dont la malade tenoit conftamment
une petite quantité dans fa bouche.
M O LE , Müver, MoU. Subfiance carnifor-
me, infenfibie. St m o la ffeq u i fe forme dans
la matrice à la fuite de la conception. La Môle
& le faux-germe font les mêmes à leur origine,
joute la différence eft que, dans la Môle, on n ap-
perçoit aucune trace du fétus, que toutes les
parties fe font, pour ainfi dire .confondues pour
la former , au-lieu qu’on en découvre quelques
apparences & même quelquefois des membres bien
formés dans le feux-germe. On peut croire, d’après
tout ce que préfente une fcrupuleufe obferva-
tion , que le faux-germe n’efi que le commencement
delà Môle, & qu’en fuivantcelle-ci comme
l'autre par rétrogadation , on arriveroit au produit
d’une génération régulière. La Môle eft
toujours feule , & ce n’eft que dans des circonf-
tances infiniment rares qu’on en a vu plufieurs;
néanmoins Sennert en cite deux, trois, & même
davantage; il ajoute que quelquefois elles fe rencontrent
même avec un fétus, ce qui eft infiniment
rare.
La Môle eft toujours 1» produit d’une grof-
feffe qui ne peut parvenir à terme ; les fétus
•périffant alors d’une manière quelconque, & le
placenta continuant d’abforber les fucs qui dévoient
paffer par le cordon, cetteunaffe s’aggrandit
de plus en plus, prend plus de confiftance, &
ncquierr par la vie nouvelle dont elle jouit alors,
une organîfation différente de celle quelle avoit
précédemment. Cette organifetion varie beaucoup;
quelquefois elle offre l'apparence d’un parenchyme
dont les fibres ne confervent aucune direélion
comme celui de la rate; d’autres fois elle forme un
amas de petites veffies remplies d’eau, attachées par
amant de pédicules à une fubftance carniforme
qui leur tient lieu de bafe par laquelle elle tient
à la matrice. Plufieurs de ces véficules ou hy-
datides ont quelquefois un pétiole commun &
forment comme une efpèce de grappe qui imite
allez celle du raifin ; & ,en pareilcas, l’imagination
ayant prêté à la chofe, on a été jufqu'à
direque les femmes ont accouché d’une grappe de
raifin quelles avoient defiré dans les premiers
rems de leur grofleffe, erreur qu’une attention
plus fcrupuleufe eût diffipé fi les hommes fe li-
vroient moins aux préjugés. On trouve dans 1 un
des Tréfors de Ruifch un. placenta ainfi converti
en hydatides, lequel mérite d’être examiné.
sJ’en ai vu aafii quelques-uns affez co rieux
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dans les Cabinets d’Anatomie à Londres.'
On parle de Môles formées chez les filles ^
les femmes ftériles, & même chez les vieilles j
mais fi quelque chofe de femblable a eu lieu chez
elles, c’eft qu’on a pris un polype pour une Môle,
erreur dans laquelle l'intérêt de tromper a pu
quelquefois faire tomber. La Môle parenchyma-
teufe dont nous avons parlé plus haut, s accroît
allez v ite , & le fang qu'elle abforbe de la matrice
, paffant par fes eellulofités , les engorge
toutes, & tellement qu’au moindre effort la femme
éprouve des pertes qui continuent jufqu'à ce que
ce corps foit expuliée hors de la matrice. Il eft
allez ordinaire que ces Môles aient intérieurement
une cavité qui contient plus ou moins d’eau, vrai-
femblablement c'eft celle où nageoit le fétus lorf-
qu’il jouiffoit encore de la vie*, mais à une certaine
époque on ne la rencontre plus, parce que fans
doute elle s’eft échappée par une cellule particulière.
Quand cet écoulement a lieu , la mille
delà Môle fe pelotonne à mefure, & prend de plus
en plus de la confiftance \ fa cavité , telle lpa-
cieufe qu’elle fût précédemment, s'efface & tellement
quon ne la retrouve plus après l'expulfion
de ce corps qui alors offre une très - grande
folidité. Les Môles parenchymateufes font quelquefois
dures, Cêches & comme racornies, &
c’eft ce qui arrive à la fuite des hémorrhagies
qui ont duré long-tetns *, la Môle en pareil cas
fort fans être accompagnée d’une bien grande perte.
La Môle féjournç un plus ou moins long tems
dans l'intérieur de la matrice félon nombre de
circonftances fur lefquelles il eft bien difficile de
pouvoir s’accorder. Ordinairement elle eft expulfée
du premier an troifième mois de la grofleffe,
quelquefois elle reftejufqu’au neuvième*, les Auteurs
éloignent encore bien plus cette époque en
la reculant à des années. Il eft difficile de s’affurer
dans les premiers mois de lapréfence d’une Môle ,
fes lignes fe confondent tellement avec ceux d’une
bonne grofleffe qu’on ne peut la diftinguer d’elie.
Mais l’on commence à avoir quelques doutes vers
le quatrième mois, tems où les femmes doivent
fentir remuer leur enfant & où alors elles ne
le fentent point. Quant à ce figne exclufif fe
joignent une habitude maladive, un gonflement
des mamelles fans que le lait s’y fépare , que les
douleurs du bas- ventre & les pertes fe fuecèdent,
ce font autant d’indices qui font pour l’état qu’on
fou pçonne, & auxquels il relie au toucher à donner
de la valeur. On le pratique de la manière gus
nous l’avons confeillé à l’article T o u c h e r . On
cherche à s’affurer fi l’enfant balotte au milieu
des eaux, que fi ce mouvement ne s’annonce en
aucune manière au terme où ordinairement il
eft de la plus grande évidence , & que, d’un autre
côté, les lignes qui annoncent le développement
de la matrice aient lieu , fi d’ailleurs on eft sûr
que ce vifeère n’eft affe&é d'aucune maladie , on
peut annoncer la M ô le , far-tout quand il y a
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en de fréquentes hémorrhagies. Si cette dernière
circonftance n’a point eu lieu , en peut préfumer
une hydrométra ou un phyfoméiraj ; mais, en général,
il arrive Couvent qu’on fe trompe en pareil
cas, foit par la faute des femmes qui rendent
mal’ ce qui a précédé, ou par l'inattention qu’ on
porte aux phénomènes qui annoncent l’ètat aftuel
du dèfordre..
La matrice fe débarraflè d’une Môle par le thème
mécanifme dont elle fe délivre de l'enfant dans
une bonne grofleffe, dont elle expulfe l'air ou
l’eau qui la dilatent dans une fauffe g ro f-
feffe. Peu-à-peu le col & l’orifice s’étendent ; les
fibres turbinées entrent en aôlion & la Môle paffe
par l’orifice dont la capacité eft alors fuffifame
pour l’admettre} fi l’orifice eft encore trop peu
ouvert, des douleurs furviennent, un travail régulier
commence, il eft précédé par des hémorrhagies,
& une portion de la maffe s engage &
eft rejetée au-dehors.. S’il tarde,, on l’accélère au
moyen du toucher,: des lavemens irritans, on faifit
le corps , foit avec les doigts ,.foif avec la pince
à faux-germe, en méme-tems que de l'autre main
©n frone l’hypogaftre pour déterminer les contrarions
de la matrice *, fi les douleurs font con-
fidérables à raifon de la difficulté qu offre le col
ou l’orifice à la mâffe qui fe préfeme, on fait
des injeètions dans le vagin pour faciliter le relâchement
} on preferit des demi-bains, on faigne
même en certaines ckconfiances. Que fi la femme
perd peu de fang & qu’elle conferve affez fes
forces , on abandonne le travail à la Nature ,*
finon l’on porte le doigt vers l’orifice & 1 on tâche
de le dilater ,* quelques-uns confeillent même de
J’incifcr, quand la réfiftance eft infurmontable par
tous ces moyens j mais on ne doit prendre ce
violent parti que dans le cas où il y auroit coalition
entre les bords.de l’orifice, comme il arrive quelquefois
à la fuite des accouchemens laborieux où
il y a eu déchirement du mufeau de tanche.La
portion delà Môle qui s’échappe,.eft quelquefois
étranglée par l’orifice, en forte qu'elle ne peut
avancer ni reculer quoiqu’elle foit entièrement
détachée de la matrice *, il faut, en pareil cas,
déchirer ou couper la poriionqui elt dans le
vagin, & qui s’oppofe à ce qu’on puiffe porter
le doigt fort haut, & enfuite iniinuer celui-ci dans
l ’orifice pour le dilater au point qu’il convient.
Mais ,• dans toutes ces tentatives, il ne faut pas
confondre la maladie avec un polype, un ren-*
verfement de matrice ou route autre affeôlion qui
puiffem en impofer. ( M- P e t i t -R adez. )
M 0 N D I F 1C A T I F . Voyt\ D é t e r s i f .
MONO CD LE. Bandage pour la fiftule lacrymale
& autres maladies qui affeélent l’oeil. Il
fe fait avec une bande longue de trois aunes,
large de deux doigts, roulée à un globe que
l’on tient de la main oppofée à la partie malade,
c 'eft-à-dire, que, pour appliquer cette bande
fur l’oeil droit, le.globe eft. dans la- main droite ,
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& l’on tient le bout avec la main gauche &
vice ver/â. On applique le bout delà bande à la
nuque, & l’on fait une circulaire qui pâlie fur le
front, & on vient engager le bout de la bande ; on
defeend enfuite fous l’oreille du côté malade, &
l’on paffe obliquement fur la joue ait - deffous de
! oe il, fur la racine du nez, fur le pariétal oppofé,
& à la nuque ; le troifième tour de bande formé
un doloire avec lé fécond , le quatrième en fait
un fur le troifième , & l’on finit par quelque»,
circulaires autour de la tête. Ce bandage efl contentif
& fuppofe l’application de l ’appareil convenable
Son nom vient du Grec /.«w, feul ,& de
latin oculus, oeil. Un mouchoir en triangle eft
auffi bon St moins embarraflâm qnece bandage..
Extrait de l’anc. EncycL
MORAND ( Sauveur ) ,. né à Paris en i6-yyr
au fein même de la Chirurgie, Morand eut dans;
fe jeuneffe une éducation cultivée, ce qu’il a bien
foin de faire remarquer chaque fois que Voceafioir
s en préfente. Il fe livra , dès fon plus bas-âge,
à l’étude de l’Anatomie, & fuivir les Profeffeurs
les plus en- réputation en ce genre. Il fe notir-
riffoit des grands principes de fon Art fous for»
Père, qui étoit Chirurgien-major aux Invalides.
Après les A clés de la Maitrife, il fut reçu à 1 Académie de Chirurgie qui alors comtnencoit
a fe former- Il fuccéda à Quefnai comme Se -
crétatre, place qu’il a remplie avec affez de
diftinftion.il fut Chirurgirn-en-chef à l’Hôpitali
delà Charité pendant plufieurs années, & de-là
il paffa à la place de Chirurgien - major de l’Hôtel
Royal des Invalides dans laquelle il eft relié
pendant fort long - tems. Morand avoit réellement
à coeur les progrès de la Chiruroie. T é moin
plus d’une fois des. fâcheux accidens qui
accompagnent l’opération de la taille au grand-
appareil, il tenta fouvent de faire revivre la méthode
de Franco qu’il avoir comme en prédilec-'
nom II écrivit même à ce fujet; mais, pendant
qu il entretenoit le Public de fes vues, Chefelden
en Angleterre, tailloir à la méthode d eR au, il
heureufement que la renommée de fes fuccès parvint
jnfqu’en France. Morand qui vouloit le
bien public, mais fans préjudicier au lien propre .
détermina 1 Académie Royale des Sciences dont
il étoit Membre , a 1 envoyer à Londres pour
apprendre, par lui - même , le tour de main de
Chefelden. Les deux rivaux ne fe virent poinc
« il Philofophes , Morand en devina plus que
Chelelden ne lui en avoir dit & montré- De
retour il s effaya, & fes tentatives furent falutaires
aux malades qui fe confièrent à- fes foins utiles »
“ aur: Chirurgiens qui profitèrent de fa pratique,
il publia fes Obfervattonj fur la méthode latérale
qui fut celle qu’ il adopta par la fuite. M o -
■ rand a donné différens Mémoires à l’Académie
Æ jB & O T Sciences dont plufieurs ont rapport
a la Chirurgie. On en trouve également quelques-
uns dans le fécond & le troifième volumes