
Les Auteurs qui ont écrit fur l’obliqîté de J
Matrice , ont tous dit que , dans cette affeétion,
l'orifice du mufeau de tanche ne répondoit point
au milieu du vagin -, mais quil fe trouvoit en
devant ou en arrière, à droite ou à gauche, félon
que l’obliquité étoit de l’un ou de l’autre côté.
Cette obfervation eft loin d’être fondée fur la
vérité , l’obliquité pouvant être indépendante
de la déviation du mufeau de tanche. Uuficurs
fo is , dit M, Bandelocque à ce fuje t, nous avons
trouvé l’orifice .exactement appliqué, contre les
os pubis chez des femmes dont la Matrice étoit
tellement inclinée en devant que le ventre ,
en forme de beface, avoit befoin d’être foutenu
par une efpèce de fufj:*nfojr } & nous avons fait
fouvent la même remarque à l’occafion de fo -
bliquité latérale droite chez-des. femmes où elle :
nelaifibit pas que d'être affez confidérable, quoique :
l’orifice fût fi tué auprès de fiffhium du même .
côté.55 L ’efpèce d’obliquité ne peut fe découvrir
qu’autant qu’on examine & preffe le veîvtre de la
femme, fouvent même la vue inftruit affez pour
ou’on fe difpenfe d’une pareille rechercher
Devenrer regarde l’obliquitié de Morice comme,
k.eaahp la ‘plus ordinaire des.aecouehemens diffi- •
ci les & contre nature.; Qn.penfe communément
que les-efforts de. la Matrice fç faifant oblique-’ ;
mtnt. fur l’enfant , & non fur l’axe eu balfi.n ,, f
l ’accouchement n’en pou voit que devenir labo-
rieux & même fouvent impoffible.C’efi une erreur,
comme le manifefte l’expérience, & fi quelquefois
les chofes ont eu lieu ainli j on doit plutôt
s’en prendre à l’impéritie de. l’Accoucheur qu’à
l’obliquité qu’on, avoir en vue j car quelque
fôit fon efpèce & fon degré, il eft toujours facile
de la corriger & d’en prévenir les fuites. La fou-
pi eflè rie l’enfant, la facilité qu’il a de fe courber
dans tous les fens,celle dé s’accommoder enmême-
feirts à la direélion • d’une Matrice très-inclinée
& à'celle du baffin, fufiàfenr pour, prouver toutce
que nous avançons à ce fujet. Mais, quoique
l’obliquité ne puilfe nuire au point où le croyoit
Deventer, & Levret après lui, on peut cependant
la regarder avec RoéderCr comme une caufe
des douleurs incommodes que les femmes éprouvent
dans 'lés derniers tems de la groffiffe, fur-
tout vers les aines,*furle devant des cuiffes ou
Vers les' lombes. En effet, quand l'obliquité eft
confidérable, le col de la Matrice appuyé pour
l’ordinaire Contre un des .points* du parois du
baffin - s’ouvré beaucoup plus rdifficilemqnt que
s?il tépendoif au centré ; de! eetf.e ca\ iré , parce
que lès forces qui tendent à rouvrir font alors
dirigées dé manière-qu’elles viennent fe perdre
en partie fur ce même point, ce qwi rend l’accouchement
plus'long. Dans ce cas.,.dit M. Bau-
delocque, fi les membranevfe rompent de bosne-
heure , fi l’aélion des puiffances auxiliaires de
la Matrice eft affez forte & lebaflin allez grand,
la tête de l’enfant vientfe: préfenter.à la vulve
recouverte d’ une portion de la Matrice quelle 3
forcé de s’étendre & de defeendre au-devant
d’e lle , pendapt que l’orifice fe porte de plus f
en plus en arrière. De-là s’enfuivent de grands
défprdres, fi l’Accoucheur ne fait les prévenir à
propos, en réprimant les efforts qui dépendent
deUa volonté do la femme , en répondant un peu j
la tête de l’enfant dans l’ i-oteîvalle des douleurs, :
en ramenant .& en maintenant au-de-flou s d elle 8c ;
vers le centre du baffin 1 Orifice de la Matrice. |
La tête s’engage beaucoup moins, lorfqn elle ef] i
ainfi recouverte d’une portion du col de la Matrice
chez les femmes dont le baîfn eft un peu
refferré, que chez celles dont l’ouverture efi plus
large. Mais, comme dans d’un & 1 autre cas, les
efforts agiffent perpendiculairement fur la portion
d é jà Matrice qui la recoijvrq'*,j,cellç-cî.^ténd^ s.’enflamme , fe déchire même, fi l on ne prévient
ces fuites-, en ramenant l’orifice aip. centre du
baffin , & {en l’y maintenant jufqnà ce que la
tête,ry foit engagée. . -, - : ' ,
Pour aller au-devant de tous les accidens qu on
a lieu d'attendre de l’obliquité de Matrice, il conviait
de faire coucher la femme fur le côté,qui
fui. eft cppofé, afin .que ;ce vifeère, chargé du
poids de i’enfant , p.uifiè s’y porter , ce à quoi
on le déterminera davantage,en pouffant le ventre
de. ce même côté au moyen dune main. On
conciliera à la femme, dans l’obliquité antérieure,
de ne pas pouffer en en-bas. Si 1 orifice,. au moyen
de ces précautions, ne fe rapproche pas du centre
du baffin après un tems convenable> -if faudra
l’y ramener avec le doigt pendant l intervalle des
d o u le u r s& l’y maintenir aîpfî jufqp à ce qu.il
foit affez ouvert pour permettre à la poche, des
eaux de.s’y engager en manière.de coin. Car la
longueur du travail, obferve M. Baudelocque,
provient toujours, en pareil cas de ce que. 1 orifice
de la Matrice ne fe trouve pas dans le rapport
favorable avec le baffin •, établiriez ce rapport,
.& vous accélérerez,ce travail, en épargnant à
la femme une foule de douleurs inutiles & fatigantes*
»-. ■■ -, .
Le genre de déviation dont il nous reffe a
parler, a été nommé par Levret Renverfemenc
tranfverfal | ceux qui en ont enfuite traité, l’ ont
défigné fous les noms de Rétro/ vcrfion & d Antro-
verlion. Il paroit que cette affecrion n a point été
méconnue d’Hippocrate, c’eft ce qui eft prouvé
par les deux pa.ffages fuivans, pris du livre de
Maturâ pue r i , qu’on lui attribue.
., Si eircumvertitur , ■ utérus, menflrua
non fiunt , nique in illo genitura : fed tenet dolof
ijnurn ventrem, lumbos ê' regionem ihaeam^ At-
fi immittitur ad, convertendum digitum , pique non
potefl attigi os- uper.iquod v aide :recefjit,
Quib.us utérus proeidit , in ijf kiç nteeffe eÿ aven
Jiim f i t os & fiuperiora petat. JProeterea quoque.
imum ventrem dolor detinet, & crura çontrahuntur
coxçndhum jwçkrce ad fédéra dolent 3 cumqu&
Pentris onus deponiti dotons acuti âetininïpfX vio-*
ïentiâ , exiguum ftercus prodit, urina, ftridet, v
animi affcâio invadic.— Roderic à Çaitro, qui
vivoir au feizième fiècle, en a enfuite dit quelque
chofe , mais confufémènt. .Grégoire en parla
enfuite dans fes Cours particuliers fur les aecou-
ehemens-, & c’cft chez ce Chirurgien que Wau
en puifa les premières notions. De retour dans
fa patrie, il fut appeilé pour un cas de cette
nature, & s’érant rappel lé les préceptes de Grégoire,
il chercha à les mettre en pratique-, mais,
p'ayant pas réuffi, il appella en confultation le
D. Humer, lequel s’étant affuré par le toucher
de l’état des^parties, crut la maladie nouvelle ,
& en donna la description dans le quatrième
vol.des Medical Obfervadons and Inquiries. Dans
cette efpèce de déplacement , la'Matrice’femble
couchée félon fa longueur entre le pubis &. le
facrum, mais de manière que fon fond eft tantôt
un peu plus élevé que fon orifice, & tantôt beaucoup
plus bas, ou femble être fur la même ligne $
circonftances très - intéreftantes à ohferver. La
rétro-verfion eft le déplacement dans lequel le
fond delà Matrice s’eft. tournéVvers là facrum ,
& i’orgfice vers le pubis v & l’antro-verfion au
contraire celui où le fond, s’efi; porté derrière
le pubis, & l’ofifice au-devant du facrum. L ’ une
& i ’autre peuvent êtreiplus ou moins complettes'i
mais il ferrbie éependant, d’après la firuélure &
le rapport dès'parties, autant que d'après i’ob-
fervation même-, que l ’antro-verfion ne fauroit
dèvenihfi confidérablê que la rétro-ver fi on ; elle
efi d’aillêurS'plns rare' tk moins fâcheufe. L ’une
& l’autre de ces déviations parti arriver hors J b
tems'de la'grôfièffe & dans' fon commencement.
Auprès le nuatrièmë mois | la-chofe éft impoffible
àlraifon de ce que fit hauteur furpaffe alors ,; .
chez le plus- grand nombre des femmes , la
largeur du baffin prife du pubis au faoruni. L ’une
& l’autre •peuvent également arriver d’une manière
lente ou'fubitemènt. Dans le premier casr
on en obférve lé-progrès* de jour en jour,-&
dans le fé c o n d i l pàroît complet' en moins d’une'
heure, & fouvent en un inftant. Cette, dernière
luccède'fouvent aux efforts qui accompagnent
le vomiflement $ oq à eeux qu’ou feit pour rendre
les excrémens ou l’urine.
_-T- Les accidens qu’ôcça;fionhe îa'réfrô^verfion >ou
l ’antro-verfion de la !Matricè# font bien! moitts
en raifon de l’éteAdù>e dû déplacement, qne 'du
volume de !la Matrice • comparé à la* 'cap?.cité> -dit
baffin. En fuppôfârir la Matrice faine & én vacuité,
&' le baffin'de grandeur, ordinaire-', fi le
déplacement fe fait lentement', -la femme fert
nne pefanteur-incommode' fur le fondement ;
infenfi blémeht les tunes 'deviennent douloüreufes |
dés tiraitlenféhs s’ÿ i ’font fetatif ^ ainfi 'que dans
les lombes & au-devant- deS cûiflèsI À ces pre^
.ffiicrs'accidens vient fe joindre ùn {entknm d’éwipreinfeS,
tant au coi de la veflie , que du côté
de l’inreftin •, fentiment qui fait naine fréquemment.
le befoin d’uriner & d’aller à la felie v
les urines fui montent fouvept l’obftade elles forc
en t, mais leur jet eft bien-tôr entrecoupé & fe
fondent difficilement, le déplacement augmentant
à raifon des efforts que fait la femme pour rendre
fes urines ou fes excrémens, tous ces accidens prennent
plus d’intenfité, & tellement qu’ il fur viens
fouvent une rétention totale dans ces é\ aenar-
tions. Les accidens paroiffent d’une manière
bien moins équivoque, quand la Matrice eft engorgée,
ou que fon. volume eft augmenté par
la grofieffe. Alors la conftipation & la rétention
d’urine font fouvent compiettes & arrivent en
très-peu de tems j c’ eft ce qu’on obferve. s fiez
fouvent dans le (cours du troifième mois de la
grofieffe au quatrième/, car alors . la longueur
de. la Matrice , prife du fond d e .l’orifice, .égale
& furpaffe même de quelques lignes la diflancs
du pubis au facrum, ce qui fait qu’elle aftàili’e
& comprime fortement le col de la veffie, le
canal de l’urètre [& l’inreffin reélum dès l’inflanE
du déplacement, & qu’elle fe trouve clle-mêms
comme enclavée dans l.e baffin, La Matrice , air.fi
renfermée; dans:eçtre cavité & continuant décroître
comme, dans les cas d’une grofieffe régulière, fe
moule en quelque forte à l’dpace qu’èlië occupe;,
en fe portant vers les endroits qui lui offrent
moins de réfiftance; fan propre tfi’ u s’engorge ,
s’enflamme même aux endroits qui fouffrent une
plus grande .preffion , & fe for jette vers ceux
où .elle eft moindre. On trouve dans le quatrième
volume des Medical Qbfervations and inquiries^
fhiffoireiid’une. jeune femme qui éprouva fnbi-r
renient les effets de cette maladie à la fuite d’une
frayeur^, elle ne pouvoit rendre fes urines- & fes
excrémens qu’avec la pins grande difficulté, &
enfin peu de jours après:, ecs évacuations furent
totalementfupprimées. On appellàalôrs M. Walter
Wall qui-,' l’ayant fondé', lui retira environ fix
où fept pintes d’urine y il effaya énfüite de.fairo
prendre un clyftèfè , «riais fans fiicarè?'. L ’après-
m id i, il retira encore environ trois pintes d’urine
teinte de fang,. & la malade éfah; toujours mal y
le D. Humer étant - appelléy, celui-ci- tenta en-
vain la réduâion; la femme, feifeliffant de jour
en jour > elle.mourut, &i ài Ion .ÔBiîëmirçy on
trouva' la veffie; prodigieiifement diftendue par
les urines & rempiiflhrir-prefque1 toute la région-
antérieurè du bas.-veurre , comme la Matrice dans
les •derniers mois' de la groff’effe : les; uriries.étant
forties par une -ouverture -qu’on-fit à là . veffie y
on obferva* que. fa partie inférieure qui eft unis-
avec le vagin 8c le col de la. Matrice , & où
S’infèrent les uretères, /étoit élevée j.ufqu au-dé-
jîroipfupérieûr /du baffin 'par mne tumeur rondo
qui en retriplifTort toute là cavité. Cette tumeur
étoit formée cmièreînent par la ]\i?.trice, comme: