
ment & d’ un favoir au-deflus de Ton fièclé , en
foutînt les avantages , & enfeigna plufieurs manières
de la pratiquer, dans un excellent Ouvrage
fur l’Enfantement Céfarien , imprimé vingt ans
après le Traité de franco. Il paroît même certain,
par le texte de cet Ouvrage, que Roflcr
àvoit des idées très-netces ' fur la poliibiliié de
tirer la pierre, par une inciiion au-deflus du
pubis, avant qu’il eût connoiffance de l’opération
de Franco. Fabrice dé Hildân, après lui , blâma
d’abord , puis adopta cette méthode, dans un
cas où la pierre étoit d’un volume conlidérable.
Riolan la loue dans fes Remarques fur l'Anatomie
de Veflingius, & Simon Piètre, Médecin
de Paris, la fit défendre dans une ihèfe, foute-
nue fous fa Prélidenèe J en 1635 , aux Ecoles
de la Faculté, avfc ce titre : An ad extrahen-
dum calculum dijfecanda fît ad pubem vejica.
Depuis ce tems, plufieurs ont fait mention du
Haut-Appareil, mais peu ont ofé l’entreprendre.
On lit cependant dans T oler, qu’un anden Ghi-
rurgien dé l’Hôfel-Dieu de Paris, nommé Bon-
ner, y avoit eu recours , & que Petit , autre
Chirurgien du même Hôpital, la lui avoir vu
faire à une jeune fille. Ce furent fans doute fes
fufccès & fa facilité, qui déterminèrent, à-peu-
près dans lé même-iems, les Médecins de Paris,
•à faire des repréfentations au Parlement, fur la
nécéfîîté de rétablir le Haut-Appareil.Lamoignon,
premier Préfident, donna ordre à François Co-
lô_t\ Auteur d’un Traité fur l’Opération de la
T a ilje , publié en 17 2 7 , plus de vingt ansaptè^
fa mort, lequel étoit depuis long-tems chargé de
tôutes les opérations de la Taille à i’H ôtel-Dicu,
de faire les épreuves & expériences convenables.
Son avis fut, que cette opération étoit; extrêmement
dangereufe, & qu’il n'y all'oit pas moins
que de la vie; il fut arrêté, en conféquence, qu’on
ne le mettroir plus en ufage.
Cependant on ne s’en tint point par-tout à la
décifion de C olo t, & quelques Praticiens continuèrent
toujours à y avoir recours. Qn trouve
.d ans-les Tranfaélions Philofophiques, pour l'année
"1700, que Probi, Chirurgien de Dublin , l’avoit
pratiqué fur une fille de vingt ans, d’un tempérament
fort robufte, pour lui ôter de la velfie
une aiguille à cheveux, longue d’environ trois
travers de doigt, Si recouverte d’une couche pien-
reufe, qu’il avoit inutilement eflayé d’extfaire par
l ’ urètre. Groënevelt, Médecin Hoilandois, dit
dans un Traité fur la Lithotomie , publié en
Anglois , en 17 10 , qu’il fut auflî contraint de
tirer une pierre de la veffie,par une inu-ipn au-
defïus il u pubis ; mais il n’a joute rien fur Ja rai-
fon de cette néceffité. Enfin ie D. Douglas
lu t, en 1718 , à la Société Royale de Londres,
ûne differration, dans laquelle il établit,les avantages
du Hau-AppareiL”, b ientôt après, fo*n frère
■ |e Chirurgien fit des épreuves relatives à cette
méthode x en quoi il fut luiyi pgr plufieqfs
de fes compatriotes , & par des Allemand^
La même émulation régna en France; le Haut-
Appareil fut pratiqué à Saint-Germa in en-Laye
par Berger , Chirurgien dé cette ville, & à l’Hôtel
Royal des Invalides -y par Morand, fur un
Officier, qui, après avoir, donné les. plus grandes
efpérances de guérifon , mourut pour avoir fait
plufieurs imprudences. Ces deux dernières opérations
furent faites en 17 2 7 , & ‘Morand en rendit
compte dans un Traité.fur cette matière, imprimé
la même année , & dans lequel il avoir
raflembié tour ce qu’on avoit écrit à ce fit jet.
Soit que les fuccès {h* Haut-Appareil n’enflent
pas été auflî heureux qu’on, s’y àttendoir, ou que
l’ attention des PraiicL-os fe portât vers l’appareil
latéral qui commençoit à s’établir , & en pro-
mettoit de plus grands, cette manière de tailler
fut totalement abandonnée, & il n’en feroitaéluel-
lement plus queftion , fans le nouveau procédé,
imaginé par le Frère Côme, Feuillant, & publié
par lui en 17 79 , dans un Ouvrage où -il fait con-
noître les épreuves nombreufes. qu’il en a faite &
leur réuffite. Revenons; fur tous ceux qu’on a
imaginé , & qu’on peut réduire à trois 3. celui de
Franco, celui de Rofiet, & celui du Frère
Gôme.
Franco a incité fur la pierre même, qu’il avoit
foulevée avec deux doigts introduits dans le rondement
, en quoi il a été imité par Bonnet, oç
depuis par Heifier, dans un cas où n’ayant pu
tirer un gros fragment de pierre, par l’appareil
latéral , il fe détermina le lendemain à ouvrir
la veffie au - deflus du pubis. Les fuites de cette
opération furent d’abord heureufes, mais le malade
„ épuifé par la fièvre .& par les douleurs, mourut
au bout de quatre fëmajnes. Si la pierre qu’on
fepropofe de tirer étoit exceflivement grofle, cette
méthode feroit prefque la feule que l’on pût mettre
en pratique. L e malade , couché fur le côté droit
de fon ü t , & fuffifamment aflujetti, le Chirurgien
fait lever la pierre par un aide, pour avoir
la liberté de fes deux mains 3 puis tendant les té?
gumens avec les doigts de la main gauche, ilin-
cifera la peau, à la partie inférieure de la ligne
biançhe, & enfin la veffie, dont il pourroit, pour
plus de commodité, aggrandir la playe avec un
biflouri boutonné , porté de haut en has , à
travers la première ouverture qu’il auroit faite,
& il procéderoit à l’extraélion de la pierre & au
panfement de la playe.
Dans lé procédé de Rouffet, on diflend la
veffie avec de l’eau qu’on y injeéle, pour pouvoir
l’ouvrir avec plus de facilité. Le malade limé &
retenu comme il vient d’être dit, il faut introduire
une algalie dans ce vifeère, & y poufler lentement
de l’eau tiède avec une. feringue., .pour imir
te r , autant qu’il eft poflîble, la marche de la
nature, qui ne le remplit que.gQutte â,goutte. La
quantité ne doit pas être moindre que huit onces,
plus çonfidérable que feize, Loffque la yeW?
çô fuffifamment diflendue , & qu’elle fait faillie
au-deflus du pubis, le Chirurgien ôre la fonde;
ii donne la verge à tenir à un aide, qui la comprime
avec fes doigts, pour empêcher la forrie de
[’eau, & qui l’abaiffe entre les cuifles du malade;
puis il tend & coupe les tégumens & la ligne
blanche, de la même manière que s’il opéroit fur
la pierre même. Cela fait, il porte le doigt indicateur
de la main gauche, dans l’angle fupérieur
de la playe, la paume tournée en haut, & il
appuie fur la partie fupérieure de la veffie, pendant
qu’il y plonge la pointe d’un biflouri, qu’il
tient comme une plume à écrire, & dont le tranchant
regarde le pubis. Ltéau s’échappe & la veffie
ne tarderait pas à s’affaifler, s’ il n’enfonçoit
le doigt indicateur gauche dans la playe de ce
vifeère ; il le courbe alors de bas en haut pour
en foutenir les parois, comme avec un crochet,
pendant qu’il achevé de l’incifer de haut en bas
& jufque deflous le pubis. Enfin, il retire le
biflouri fans cefler de tenir le vifeère comme
fufpendu, & cherchant la pierre avec les doigts
de la main droite, ou avec une tenette appropriée,
ii termine l’opération. Midleton, Chirurgien
Anglois , pour être sûr que la veffie fût
pleine, n’ôtoit point l’algalie pendant l’ incifion
des parties extérieures, afin d’avoir la facilité
de poufler une plus grande quantité d’injeilion ,
s’il le jugeoit néceflaire ; & Douglafs ne plaçoit
l’algalie qû’après avoir mis la veffie à découvert;
mais ces précautions font inutiles, puifqu’on n’a
jamais conseillé de pratiquer le Haut-Appareil par
la méthode de l'injeélion, que fur des fujets dont
onfauroit que la veffie étdit fuffifamment grande
pour qu’elle pût s’élever au-deflus du pubis.
Quelques-uns veulent,auflî qu’on ouvre ce vifeère
de bas en haut, procédé dangereux, en ce qu’il
expofe à l ’entamer au-delà de fes adhérences avec
le péritoine, & qu’il peut donner lieu à l'épanchement
des urines dans le ventre.
On a reproché à la méthode du Haut-Appareil,
de n’être praticable que fur ceux dont l'embonpoint
eft médiocre, & dont la veffie efl fpa-
cieufey ce qui malhenreufement eft affez rare,
car ce vifeère eft le plus foùvent raccourci, ou
2u moins fort contrarié fur lui-même , chez
es Perfonnes attaquées de la pierre. On a dit
auflî que le fecours de l’injeélion étoit incertain ,
douloureux , en ce qu’on ne pouvoir pas toujours
pouffer une aflëz grande quantité d’eau dans la
veffie, de forte qu’on court rifque d’ouvrir le
péritoine. Enfin on a obfervé que cette méthode
croit ordinairement fuivie d’infiltrations urineufes,
purulentes, & d’efearres gangreneufes dans le tiffu
cellulaire du baffin , à ration de ce que les urines
ont-plus de facilité à s’échapper par la playe de
a qu’à fe porter au-dehors par Je canal
de 1 urètre ; & parce que la veffie fe comrr.cianr
Ur .elle-même, & s'enfonçant derrière les os
pubis , fa playe ceffe d’être parallèle à celle de
Chirurgie Tome I I , I I ,t Partie;
la ligne blanche & des tégumens, & devient dé
plus en.plus profonde. C’eft envain que, pour
éviter cet accident, on a preferit de faire tenir
les malades dans une pofition'horizontale, & de
leur introduire une algalie dans la veffie, futvant
le confeil de Rouffet , renouvellé par Morand :
l’expérience a appris qu’il n’étoit ni moins bon nf
moins funefte.
Le procédé du Frère Côme n’a aucun de ces
inconvéniens. Il confifte à ouvrir la veffie au-deffu#
du pubis, à l’aide d’une fonde à flèche, portée
dans ce vifeère par une playe faite à l’urètre, au
bas du périnée , tant pour la facilité de fon introduction
, que pour pouvoir mettre à demeure dans
la veffie, après l’opération, une canule droite,’
au moyen de laquelle les urines s’écoulent librement,
tant que la playe fupérieure refte ouverte.
La fituation qu’il convient ici de donner au malade,
eft à-peu-près la même que dans le grand-appareil.
Lorfqu’il eft affujetti, on lui paffe un cathéter
dans la veflje; cet inftrutnent eft confié à uiï
Aide , qui le tient ferme en inclinant fon manche
vers faîne droite. Le Chirurgien tend les Tegu—
mens du périmée avec les doigts delamain gauche,
& après s’être afluré du lieu auquel répond la courbure
du cathéter, il fait une incifion de la langueur
d’un pouce ou environ.^ll ouvre enfuite l’urètre
dans une même étendue, en s’approchant le plus
qu’il lui eft poffible du bas de fon bulbe & de fa
partiemembraneufe. Ce canal ouvert, il portedans
la canelure du cathéter, l’extrémité d’une fonde
droite, terminée par un bec analogue à celui dit
gorgeret, cannelée elle-même fur fa longueur
large de deux lignes. Il dégage & ôte le cathéter,
& fait glifler le long de la canelure de la fonde,
dont il vient d’être parlé, une autre fonde en argent,
longue & faite comme une algalie ordinaire,
laquelle renferme une flèche, dont la tige eft cannelée
auflî dit côté de la concavité de fa courbure,
8c qu’on peut en faire fortir en pouffant la fige de
cette flèche , qui excède le pavillon de la fonde.
L ’inftrument parvenu dans la veffie, il ôte la
fonde cannelée, & il le donne à tenir à un Aide.
Voye% les Planches pour ce qui concerne cet
infiniment.
Ceci fait, alors il incife les tégumens de la
région hypogàfirique, vis-à-vis la ligne blanche,
dans une étendue qui ne doit guère être moindre
que la moitié de l’intervalle qui fépare le nombril
du pubis- Cette incifion doit s’avancer jufqn’à
la partie fupérieure de la fymphyfe des os pubis,
Si entamer la graiffe jufqu'à la ligne blanche. Le
Chirurgien plonge enfuite, à la partie inférieure
de cette ligne, un petit trois-quart, dont la tige
renferme une lame tranchante, qui s’en ccarre en
faifant angle avec la pointe. Cet infiniment doit
pénétrer d’un tiers ou de la moitié de fa longueur,
defeendre un peu obüquemment derrière les os
pubis, & regarder ces os par fa tige, pendant que
la lame qu'il contient regarde lenornbril. LeChi^
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