
acides minéraux , les alkalis, les cantharides &
la moutarde. Voye\ pour les trois premiers > les
articles auxquels ils fe rapportent.
L a graine de moutarde contient une fubftance
volatile très-pognante à l’odorat & au g oû t, &
une grande proportion de fubftance farineufe,
capable de fermentation lorfqu’elle eft mêlée
:avec une pordoln d’eau fuffifanre, & qui en fermentant
favorife le développement de la partie
volatile. C’eft par cette, raifon que la moutarde
qui a été humeâée pendant quelque tems, eft
beaucoup plus piquante- que celle qui vient de
l ’être au moment où l’on s'en fert. Auffi convient
il mieux d’employer, pour‘les finapifmes,
la moutarde qui a été préparée quelque tems
d'avance, que la moutarde fraîche. Voye\ Sin apisme.
.
La moutarde appliquée fur la peau, de quelque
manière qu'elle ait^été humedlée , pourvu qu’elle
n’ait pas perdu fon principe volatil , excite plus
ou moins promptement une rougeur qui augmente
pèu-à-pcù, & une inflammation considérable
qu’accompagnent bien-tôt les ampoules o,u cloches
remplies de fèroiiré'. La furface enflammée continue,
pendant plufieurs jours,,à fournir un fluide
purulent, & l’ulcération eft ordinairement plus
durable & plus difficile à cicatrifër, que celle
qui eft produite par des véftcatoires. On évite,
dans l’application des Rubéfians, de les laifîer
aflez long-tems pour produire la fupuratioTi de
l'épiderme, & l’on a foin de ies ôter dès qu'ils
ont excité un certain degré d’irritation & de
rougeur à la peau.
^ RUI3CH ( Frédéric),né à la Haye en 1638 ,
d’Henri Ruifch , Secrétaire des Etats-Généraux.
Il alla àL e yd e , dès fon ba -âge > pour.;y étudi-r
la Médecine;, il s'appliqua fpécialetnent à l’étude
de la Botanique .& de la Chirurgie 3 & , après,
avoir fait un aflez long féjour à Leyde , i l alla
à Frantkerƒ où il prit fes degrés. Il revint alors
à la Haye , fa Patrie, ,& s'y exerça dans l’Art
des Injections. Il s’occupoit paifiblement, dans
fa retraite, de fes travaux en Anatomie, lorfque
déterminé par la fôrfanrerie d’un certain Bd fins,
envoyé par le Roi d’Efpagné, pour profefler à
Louvain, il fe fit connoître par un Ouvrage fur
les valvules des .vaifleâux lymphatiques, i l fut
dès- lors appèllé à Amfterdam pour y enfeign.r
l ’Anatomie^ Science qu!il fut développer fous un
fi nouveau jour, qu'on eût pu dire qu’elle étoit
toute dpuvdle, tant il y àyoit déjà ajouté. Profitant
des moyens employés par Svammerdam, il
fur fi bien remplir les vaifleaux, qu’il donnoit
au corps* fes premières apparences. Les momies
de Ruifch, dit Fonten&lle , dans fon . éloge,
prolongeaient en quelque forte la v ie , au lieu' ;
que celles de l ’ancienne Egypte ne prolongéoienc j
que la mort. Tous ces-morts fans defféchement
.apparent, fans rides, avec un teint fleuri &"des
^nçmbr^sToupies, étoient prefque des reflufeités,
ils ne parojfloîent qu’endormis, fout prêts i
parler quand ils fe réveilleroienr. Les talens fi
parlans de Ruifch le firent cor.noître parmi tous
les S.-i.vans de l'Europe, & attirèrent chez lui
jufqu'aux Princes qui vouloient par eux—mêmes
contempler toutes-fes merveille?. Ruifch, quel-
qu’occupé qu'il fut à faire des découvertes dans
les-différentes branches de l’Anatomie, trou voit
néanmoins du temps à employer dans la pratique
de la Chirurgie. 11 s’occupoit fpécialement de la
partie des Accouchemens, & nous a laifte fur la
délivrance d’excellentes obfervations. Il s’eft
également a'onné aux autres, & fa grande réputation
en Anatomie le faifoi-t appeller fouvent en
çonfulration, ce qui lui a donné lieu d’obferver
& de traiter des . cas fort graves , • & d'ouvrir
beaucoup de cadavres. , La République de Hol-
1 lande 1 honora de plufieurs places 3 le revenu
qu’il en tiroit joint à un patrimoine qui,.étoit allez.
| confidérable, fournirent à toutes fes dépenfes &
j lui donnèrent lieu d’êtréauffi fomptueux qu’il étoit
; libéral. Ruifch a beaucoup plus écrit fur l’Anatomie
| que fur la .Chirurgie. Sès T réfors anatomiques,
qui font au nombre clé dix , font fans contredit
un 4e fes meilleurs Ouvrages. On y trouve pki—
fieurs Obfervations de Chirurgie ; très - intéref-
fantes, fur différens fujets,3 le latin n’en, eft pas
des plus purs , mais il fe 1 aifle néanmoins, entendre.
On trouve tout ce qu’il a écrit fur la Chi-
; rurgie, dans unz/z-4.0, qui parut à Amfterdam,
avec le titre fui van r : Ruifckii opéra amnia Anato-
tomico-Chirutf0ca luce kitoufqùç édita. On trouve
dans fes Adverfair.es une rcmarqne intéreflante
fur le circoçèle , j& particulièrement fur lesmau-
rvaifes dénominations qu’on donne a beaucoup
de maladies, fans çonfulter leur vrai caractère.
Utinarn, dit-il à.ce fujet. qui inventif nova imponunt
nomina morbis , cüram fernper gérèrent utin his
. formand:s objervaretur fedulo convenientict yerà no-
minis cum ipfâ rei qui datur nàtùrâ., ut- • i-tàjvox.
exprimer et rem eâ defignandam. Qu.cena.rti queefi
• caufa fuadet vaiasteftium dildtatas- no mina re ap-
pellaiione Hernies varieofes ? Nonne aptius varices
venarumJpermaticarum'appellaJfcopportuerat? Révéra
non eft aliahujus malt iûdoles nijî tantum quoi
fit conge ne s venarum quee ùltrh nativam fiùam ma-
gnitudinem ■ ddatatoe arque fpijjiores redditez apparent.
Ses Obfervaticnes Anatomico - Chirurgien ^contiennent
beaucoup de faits chirurgicaux qui
prouvent combien il jugeoit fainèment dans
les cas de Chirurgie. On en trouve plufieurs,
entr autres fur le renverfement de matrice à la
fuite de l'accouchement, affeélion qu'il défigne
fous le nom d’Inverfion.' 11 regarde le cas comme
très - fâcheux;, & pouvant même occafionner
très - promptement la mort. Tanins enim, dit-,
if 3 ut plurimifm fanguinis eft affluxus ad uterum
propendentera, ut ftatim inflammetur induretw &
prppter impeditam fanguinis circulationem gangra-
nam eoncipiat. Ce prognofiic de Ruifch ; quoique
Vaçcident foit toujours très - grave, eft .cependant
loin1 d’être auffi fâcheux qu’il le rapporte.
Voye\ à ce fujet ce que nous en avons dit à
l’ariicle M atrice. Les connoiffances de Ruifch
en Anatomie lui faifoient fouvent trouver des
moyens dans des cas où d’autres incertains ne
favoient qu’elle route tenir, auffi confeilloit - il
à fes élèves une continuelle application à’ cette;
Science. Omnes, d i t - i l , qui Chirurgict opérant
dare decreverunt, perpétuaJ’efe exercere debent non
in ftftuloe pleclri aliorumve mufîcoru n inft'wnen-
torum lufiu uti inter ipf’os nu ne confuetum eft, Jed
in rebus Anatàmicis; fie in milUnis occafionibus non
filum affilât s fioepè opem fe- rent verum etiam
fummos honores fibi ipfis procurèrent, il prouve
ceci par le fait fuivam. Un Chirurgien ouvrit
un bubon pas encore mûr à un homme 3 un gros
vaiffeau lymphatique fut ouvert, qui dès-lors
verfa une fi grande quantité de lymphe que tous
fes linges , en étoient continuellement mouillés.
Ignorant d’où pouvoir venir un pareil accident,
il en demanda la èaufe à Ruifch , qui la lui expliqua
, & en même - tems lui conleilla de faire
une compreffion an moyen d'une compreffe p'iée,
épaifle, fur le trajet du vaiffeau ouvert, & le
fuccès couronna cette méthode.. Ruifch s’appliqua
beaucoup à Thiftoi-e des. animaux, & porta
dans leur étude des notions qu'il dévoit ru foin
qu’il avoir pris de bien connoitre l’organifation
de l’homme. Auffi fu r - i l connu, non-feulement
aux perfonn- s de fon état, mais encore aux Narura-
liftes de fonpays & déroute i' Europe. Mais,au milieu
de joute fa g’oire , Rhuichfut mal heureux. 3 à peine
l’Académie Royale des Sciences vénoit de l'agréer
parmi fes Membres qa’-il perdit Ibn fils, qui mur-
choit à grands pas dans les mêmes Sciences
qu’d cultivoit-. L ’année r d’en fui te, 1728, il fe
cafta la cuifle eu tombant. Ii fe rétablit de ce
dernier accident. 11 fe plut, dès - lors, dans la
retraite 3 il s’occuppa de l’éducation de la plus
jeune de fes filles, à laquelle il enféigna lui-même
l'Anatomie & la Botanique. Enfin les infirmités
l’aftaillirent pendant les deux'derniers mois de fa
vie, & i! y fiiccomba en 1731 , âgé de plus de
quatre-vingt-douze ans,, ayant joui en perfonne,
dit l’ Hiftorien de l’Académie,, de fa réputation ,
grâce à fa bonne conftitution , qui l’a fait furvivre
à l’envie. ( M. P e t i t - R ad e l . )
RUPTOIRE. Médicament qui a la vertu de
brûler-& de faire une efearre aux parties fur
léfquelles on l’applique 3 c'eft la même chofe que
rc cautère potentiel. Voye^ Caustique. On.prépare
les médicamens Ruptoires avec la chaux vive,
les cendres gravelées,, &c. Ilildanus en faifoit
grand ufage dans les cas de. gangrène, pour fé-
parer le mort du vif. Ainbroife Paré les recommande
fort dans ceux de charbons peftilentiels
& autres tumeurs critiques p pourvu que l’inflammation
ne foit pas exceffive.. Quand l’efeaire eft
faite, on en procure la chûte par les remèdes
maturatifs-& luppurans.
Le fujet du premier prix que l’Academie de
Chirurgie apropofé, en 1732 , à fa naiftance,
étoit de déterminer pourquoi certaines tumeurs
doivent être extirpées, & d’autres Amplement
ouvertes 3 dans l’une & l’autre de, ces opérations,
quels font les cas où le cautère eft préférable à
Pinftrument tranchant, St les raifbns dé cette préférence.
Les Mémoires qui fout imprimés fur cette
queftion contiennent d’excellens principes fur
l’ufage des cautères potentiels., L ’Académie a depuis
donné la queftion de l’ufage des remèdes-
cauftiques en général, St tout ce qui regarde ces
médicatnens a été- traité avec étendue. O11 peut
avoir recours aux Differrations imprimées dans:
le recueil des pièces qui ont concouru pour les-
Prix de l’Académie de Chirurgie. Article de l’arv
derme Encyclopédie.
RUPTURE. Déchirement d’une partie à Toc—
cafion dune extention violente, à laquelle elle
n’a pu fe prêter, accident qui arrive particulièrement
aux tendons, M.. Petit, a donné , à ce-fujer,,
plufieurs obfervations à l’Académie des Sciences,,
•année 1^22 Si. fuivantes, & a traité cette matière
dans fon livre des maladies des os..
La Rupruredutendon d'Achille eft celle qui arrive
le plus fréquemmenr 3 c’eft auffi cet accident
q ii fait le principal fujet du Mémoire de M, Périr,
, Cene Rupture eft compiette ou incomplctte. La
poffibilifé de la Rupture eft compiette par un feul
effort, eft prouvée par beaucoup de faits. Il fuf-
fir,pour qu’elle/arrive, que la partie rendinetife
n’a.H pu réiîfter à la force avec laquelle elle étoit
riréè en-haut par la partie charnue, St en-bas
par le poids du corps- M. Périt donne l’obferva—
don d’ un fauteur, qui fe rompit cornplettement
le< deux tendons d’Achille , en fautant fur une;
table'élevée de. trois pieds- St demi 5 il n’y eut:
que le bout des pieds qui portèrent fur le bord!
de la table 3 ils n'y appuyèrent qu’en gliffanr &:
qu’autant qu’il falloir au fauteur pour fe redrefler;;
c'eft dans cet effort qu’il fe cafta les tendons. Qm
a des exemples de fraôlure de l ’os du talon par
la feule rétraêlion du tendon d’Achille dans uni
faux pas *, & les Praticiens favenr que la corwrac-
tion forcée des miifcles'. extenfeurs de la jambe.1
eft capable de caffer tranfverfalement l’ôs du genou.
V oy e zRotule, Si les os'peuvent fe cafter
par des caufes fi légères en apparence, comment
les rendons réfifteroient- ils toujourslorfque les;
mufcles feront obligés d’agir, non-feulement pour
réfifter au poids du corps ,. mais même pour le-
relever avec force ? La Rupture compiette du>
tendon d’Achille r.’eft fuivie d’aucune douleur;,
pourvu qu’il n’y ait aucun défôrdre aux environs..
On fent fous la peau un efpace à mettre trois;
doigts, formé par l’éloignement des bouts caffés,,
i & le malade ne laiffe pas d’ étendre fon pied par