
grande douleur,car , par ce moyen, on eft afluré
d’abrégèr le traitement : d’ailleurs oh n’elt pas
toujours fur que la fuppuration détermine efficacement
la fortiede ces corps étrangers, &Ji Ton
eft obligé de les extraire, on te fait avec bien
plus de facilité lorfqu’il n’y a encore ni gonflement
ni inflammation dans les parties affrétées;
les parties voifines. cèdent alors facilement aux
efforts néceffaires, & fe prêtent au paffage des
corps durs, fur-tout s'ils ne font pas d’une forme
angulaire, & fi le Chirurgien procède à ce travail
avec lenteur & circonfpeétion. Mais fi l’on
diffère cette opération quelque-rems, les parties
fe gonflent, perdent leurfoupleffe & deviennent
douloureufes-, & lors même que la fuppuration
lés a détendues, elles confervent encore beau-,
coup de roideur & de fenfibilité, & donnent
beaucoup plus difficilement paffage aux corps
qu’il s'agit d’extraire. ,
Il eft à propos d’oblerver que tes corps étrangers,
qui peuvent fe trouver engagés dans une
Playe, ne font pas tous également nuifibles. Une
balle de plomb peut demeurer très-long-tetns logée
dans quelque partie du corps, fans y caufer
ni douleur, ni aucun autre défagrémentj tandis
qu’un éclat de bois, de verre ou de fe r , bu quelr
que lambeau d'étoffe, produiront Couvent de grands
a:cidens. Le Francien aura égard à cette circonf-
lance, & s'inquiétera moins de la préfence d’une
balle de plomb dans une Playe , que de celle de
toute autre fubftance’, & s’il ne peut pas l'extraire
facilement, convaincu quelle ne fauroit caufcr
une très-grande irritation, il la laiffera jufqu’à ce
que la fuppuration puifle en faciliter la (ortie, ou
que venant, à la découvrir dans une fituation differente
il puiffe l’extraire à l’aide d'une contre-
ouverture. Mais s'il a dieu de préfumer que la
Playe recèle quelque fubflance capable d’exciter
beaucoup d’irritation & de douleur, il ne fauroit
rien faire de plus avantageux pour fon malade,
que d’en faire l’extraélion, s’il-juge quelle (oit
praticable.
• Il faut, autant qu’il eft poffible, extraire les
corps étrangers avec les doigts plutôt qu’avec des
inftfumens. Mais il y a des cas où l’un & l'autre
de ces moyens eft également infuffifanr, comme
lorfqu'il eft entré dans une Playe de la pouffière,
du Cable ou d’autres chofes pareilles. On cherche
à entraîner ces Cubfiances en baignant lés parties
bleffées dans de l’eau tiède, ou en y verl’ant de
l’eau j ou en l'injeélant doucement avec une fe-
ringue. 11 faut toujours avoir foin lorfqu’on lave
une Play e, ou que l’on cherché de quelqu’autre
manière à en faire fortir les corps étrangers j de
placer le malade dans la pofture la plus favorable
& la plus propre à mettre les parties bleffées
dans un état de parfait relâchement, afin que
^ouverture dé la Playe foit âulfi béante que
poffible j c’eft une attention de laquelle peut dépendre
tout le fuccès des tentatives qu*on fetf
dans lé but dont il eft ici queftion.
§. III. Réunion 6* Cicatrifation des Playes,
Dans toute Playe faite par incifion, on voit
d’abord une féparation plus ou moins manifèfte
des parties divilées, & pendant quelque-tems cette
féparation s’augmente peu-à-peu en vertu de la
contraction des fibres mufculaires qui ont été affectées,
Lorfque l'on fe contente de couvrir une
Playe de cette nature avec de la charpie, ou avec
des piumaceaux enduits d’onguent j fans fe mettre
en peine d’en rapprocher les bords, & de les maintenir
en contact , il commence au bout de quel-
que-tems à fe faire un fuintemem de férofité par
les orifices des vaiffeaux qui ont été ouverts*, ce
fluide fe convertit bien-tôt en pus, & la furface
de la Playe fe garnit de bourgeons charnus qui
s’ërant accrus à un certain point, paroilTent rem-
plir toute là cavité j il fe forme alors par-ddîus -
une pellicule fèche de la narure de l’épiderme, &
qu’on nomme la cicatrice. Voye\ R égénération.
C’eft ainfi que la nature achève la euérifon'des
Playes, lorfqu’elle ne reçoit aucune àfliftance de
l’a rt, ou lorfque l’on n’aide fon travail que par
l'ufage des moyens propres à garantir les parties
bleffées des injures de l’air, & à les-protéger contre
d’autres accidens. Mais quoiqu’il y ait des cas
où l'on n’ait pas d’autre méthode à fuivre que
celle-là, elle ne laiffe pas d'avoir des inconvé-
niens dont on peut fe mettre à l’abri par un traitement
d’un autre genre.
Dans les Playes d'une grande étendue dont la
guérifon eft ainfi abandonnée à la nature, la fup-
purarion eft ordinairement très-abondante, ce qui
peut nuire au* malade;, fur-tout lorfqu’il eft. d’une
conftituiion délicate*, la guérifon d’ailleurs fe fait
très-lentement; & lorfque les mnfcles ont été coupés
tranfverfalement le jeu des articulations en
fouffrira plus ou moins, fi l’on permet que les
parties divifées fe cicatrpfent féparément les unes
des autres. D ’ailleurs la cicatrice d’une grande
Playe, qu’on a traitée de cette manière,-à toujours
une apparence défagréable, elle n’acquiert point
la, foupleffe des parties qui n’ont pas foufftrr, St
elle n’a jamais le degré de force néceffâire. pour
donner aux parties fubjacentes la proteétion dont
elles ont befoin. L’A r t, comme nous venons de
le dire, peut, par des foins très-fimples & faciles
à adminiftrer , parer à ces. divers înconvéniens
dans la plupart des cas.
. L'expérience nous a appris, que toutes les fois
que deux furfaces dans un état d’inffammation fe
trouvent en contaél, elles ne tardent pas à contrarier
enfemble une forte adhérence. Ce rair, que
le hafard fans doute a fait connoître aiiÿ homni-s,.
eft devenu d’un grand avantage'dans :Ia prjuique
de. la Chirurgie, qui en. a tiré parti , foit pour le
traiietuem des- blelîurés accidente lies, ..foit fo'ÿj
celui des Playes que le procédé des opérations j
rendoit néceflaires. On a vu qu’en rapprochant
l’une de faune les parties divifées, & en les maintenant
en contaél, on guériffoit très-promptement
des'Playes d’une grande étendue, on confervoir
le libre mouvement des membres dans des cas, où
fans ces précautions, il eût été néceffairement fort
endommagé, & l'on procuroit une très-bonne cicatrice.
/ ■ ■■ - .
Ce n’eft pas fans beaucoup de foins & de recherches
que les Phyfiologifies font parvenus à fe
faire une idée de la manière dont la naturg forme
cette réunion. On a long-têtus été perfuadé
quelle s’opéroit par une nouvelle jonétion de
chaque fibre en particulier, & par l’inofculation
des deux orifices de chaque vaiffeau coupé *, on
croyoit que chaque partie alloit rejoindre exacr-
tement celle avec laquelle elle étoir auparavant
unie. Mais,quoique dans lepanfement d’une.Playe,
le Chirurgien doive être très-attentif à replacer les
parties feparées auffi exaétement qu’il lui fera pof-
fible dans leur fitùaiion naturelle, afin d’en con-
ferver la fymmétrie, & de ne point les défigurer,
elles fe réuniront quelque peu d’attention qu’il ait
donnée à ce replacement, pourvu quelles foieht
en contact*, & moyénnant cette condition, on
verra une membrane con^raéter adhérence avec
un os , & l’extrémité d’un vaiffeau artériel ou veineux
fe-réunir avec la première fubflance auprès
de laquelle elle fe trouvera.
Il eft certain que le fang. circulé au travers du
plan de réunion des,, parties di.vjfées., &. c’tft çe
dont on ne concevoir pas la poffibiliré fans fup-
pofer un rapproihemeni.exaét de chacune de; leurs
portions.. Mais les. obfervations, ejes Anatomiftes
les ont mis a pprtée-de jugerque qette,circulation
ne s’établit pas1, du moment que. la cicatrice.eft
formée*, elles leur ont appris- que ce parfait réta-
.bliflement tient à un procédé feconjaire de la nature
& à la formation de petits vaiffeaux, qui font
.comme autant de rejetions .des troncs .artériels.; ,&
veineux de chaque, côté de la Playe, & qui s’à-
naflomofent enfemble, de manière:à établir une
.libre .circulation entre les uns; & le s autres; ■
On ne fauroit douter que. tel eft le procédé
d elà Nature dans la réunion des parties qui
ont été divifées accidentellement, lorfqu’on; voit
que là circulation s’établit également entre.çellçs
qui, defiinées à être feparées,, viennent: Cjepen-
dant à fe réunir en conféquence;de quelques
..circonflances particulières;. Ainfiy l’on, yoit.gjuèl-•
.quefeis quedqux doigts, ou, deiix orteils vpififis
J'un de l’autre , s’ils; ; font, ,dans~un',-état„d’in-
ftammatipn, fans qu'-on prenne- foin de. les
, tenir ,féparés, eontradlerpm .de for tes. ;ad hère n-
;• çef pn. yer(tu dçfqqçÜçS) là circiilatiQnj S t , a'1'autre.'.l^s Çhirprgie^s^nt, ffréqiiiem- !
■ cî'pbferverj,de;}par.qiliqsp^réunipçs !
rCÙi, dfautrej,jpatfjes, jdii/npfpSi-./i: .j
• i* iCitSHktidn
entre des parties divifées demande un certain
tems pour s’achever, il n’en faut pas beaucoup
pour former entr’elles une réunion folide. Auffi,
Iorfqu'elles ont été replacées & contenues avec
foin , on peut généralement, au bout de quatre
ou cinq jours, les abandonner ,à elles- mêmes
fans craindre qu'elles fe féparent de. nouveau.
Leur adh.éfion dépend d’une exfudaricn de la
partie lymphatique ou glutineufe du fang qui
fe fait entre leurs furfaces, par les orifices des
vaiffeaux coupés*, cette lymphe,qui ferr d’abord
à les unir par une efpèçe d’agglutination, devient
enfuite la m«ttice où fe forment les vaiffeaux
qui doivent rétablir la circulation entr'elles.
Cette manière de çiqâtrifer les Plaies à laquelle
les Chirurgiens -Anglois’ donnent fë nom
de guéiifon. par première intention , eft la plus
favorable de toutes, & l'on ne devro.it' jamais
négliger d’y avoir recours lorfqn’elle fe trouve
praticable, ce qui n\ft pas toujours le cas,
comme nous Je verrons ci-après en parlant d.e
Playes d’une nature difFértnte de celles qui non?
occupent aél.uçllement.
Dans ç e .lle sv c lç ’efet-'ftiro dans Tes, 'P!aye§
faites par une (impie incifion, il eft rare qu’on
;ne puiffe opérer'ja réunion des parties *, mais
.cela deyient plus, difficile iorfqù’ïi y.a déperdition
de fubflance. 11 fera quelquefois abfolument
impoftibie de les rapprocher & de les maintenir
en contaél, lorfque l’inflruinent tranchant
aura; enlçvé & féparé. .dii, corps une ■ certaine
étendue de peau a.ypc une portiion des mnfcles
fubjaçens;^ mais on; .pourra toujours • diminuer
la diftance des b.ofds .de. là ' Plaie., &. en abréger
Ip traitement 'eu proportion de -ce qù’ôn
en aura refferré: l’étendue. Quelquefois onïrou-
^y.era affez de difficulté à rapprocher les parties',
quoiqu'il n’y a it.eu au cube déperdition de
Jubflance, comme! .dans. les cas-.c-^, les fibres dès
mufcles. ont été coupdqs téaveTs' à une pro-
.fondçur 'qonfîdéraUei^niais alors on facilitera
beaucoup ce rapprôchéir.ent en plaçant le méîn-
bre .bleffé deiman^repquç^l^^mufclès'qui dût
fottffert fpient dans la.pofition la plus favorable
.à leur, relâchement, & avec cette précaution on
pourra prefque .toujours parvenir"à mettre en
• CjOntaél les parties diviféps.
Lorsqu’on eft parvenft à lés approcher coti-
venabljOment, il faut jchèrpher à les maintenir eft
plaçg „ &phoiiir;1ènt;re los ^îoyejns'qùpn, a prô-
•(poféfj pô,urrG^la, ceu^. qui. s’adaptent le mievlx ail
.cas, îaâi3;ei.>'î'Qçsr.moyepsVfôfft, 'différentes fortei
de bandag.es ,ie s emplâtres; agglutina tifs , &. les
futures,
f, : .;Dans jes :>ças de Playes . longitudinales fur
.q^çfqu’qne. ; des extrémités^- daps quétquesr-
PÎayçJs; .à, 'la.^éke on Retient .âlfèiiient
epafopfaj6V 1 es .part,! çsK t vjlf^ès aù. .‘moyen ’ d’un
g ^ ç g n i f f^ n ^ A N D À G È V ) . Mais1 cè
: b a n t j ^ p o u r les playes du tronc,