
ÏI ramenoit enfuite l’infirument de bas en hau t,
en fùiv'ant la cannelure du cathéter dont la pointe
ne devoit pas for tir, & il le reportoit vis-à-vis
l’angle fupérieur de la peau des tégpmens, où
il' le donnoir à tenir à un Aide jufqu’à ce qu’il
eut .par fon moyen introduit dans cette canne- ,
lùrô.le bée d’un conduèleur mâle ou celui d'un
gbr gérer. Lun ouJautre de ces infirumens plac
é , le ' Chirurgien faifoit retirer le lithorome
devenu inutile ; puis faifant faire1 au cathéter une
nouvelle bafcule^il pouffoir l’un ou l’antre dans
la veffie, après quoi il dégageoir & retirait le
cathéter à fon tour. Quand il fefervoir du conducteur
mâle, il en prenoit le manche de a main
gauche $ faifoit glifler le conduèleur femelle le
long de la vive-arrête qui règne fur fa longueur
, après quoi il les écartoit P un de. l’autre
de haut en bas, & terminôit enfin l’opération en
portant les terièttes dans leur, intervalle. Quand
il employoit le gbrgeret, il le prenoit de môme
de la main gauche, portant le doigt indsca^-
t£hr de la main droite dans fa gouttière avec
Part en non de mettre la paume de la main en
haut*, il dilatoit la plaie & finiffoit par j ’in-
troduèHon des ténettes. Quelques-uns écartoient
les mors dé ce dernier infiniment, de haut en
en bas ,.pour augmenter la dilatation de la plaie,
avant d’aller à la recherche de la pierre. Dans
lés' premiers -tems., on empioyoit je dilaratoire
à cct ufage. Enfin, fi Ion étoit obligé de mettre
lès tenutès à di vêt fes r e p a ie s o n le fervoit du
bouton qu’on portoit profondément fur le doigt
indicateur de la main gauche, & on le faifoit
glifler fur la vive-arrête.
Lorfque Popéfation éroit achevée, le malade
étoit délié & porté anfii -tôt dans fon li t , &
on i’y laifloit pendant deux ou trois heures
fans je panfer, afin de donner le rems à la yef-
fie & à la playe de fe dégorger. Le parlement
confifloit à remplir la playe de quelques bour-
donnets , à la couvrir de plumaceaux & de com-
prefles qu’on rerenoir avec le bandage en double
1 , qui lui - même étoit fourenu par le
collier ou le fcapulaire, & à attacher les cuif-
fes l’ ine à l’autre âu-deffous du genou; enfin,
on pourvoyoit aux àccidens.
Ceux dont le Grand-Appareil étoit ordinairement
fuivi , étoient Pecchymofe du ferotum ,
l’inflâm niât ion des parties qui l’avoifinent , les
fifiules complettes & incomplettes de l’iirèrre,
l'écoulement involontaire des urines & I’impuif-
fance.
On avoir Jong-tems penfé que I’ecchymofe du
ferotum dépendoit de la. mal-adreffe de l’Aide ,
chargé de Contenir les b our fe s leq ue l frottoit &
Gomo'ndoit cette partie; mais il paroîtqu’elle dépendoit
d’une route autre câufe,. L ’incifion fe faifoit
le long du périnée, parallèlement au râ-
phé : la crainte dé bleffer le reélum', emi-
pêchpit de la prolonger en b a s o n étoit obîig
é , pouf lui donner une étendue convenable,'
de la commencer fo t haut , ce qu’ôn ne pouvoit
faire fans relever les bourfes. Celles - ci revenues à;
leur fituation naturelle , après l’opération, cou -
. vroient prefque toute la playe faire à l’urètre
•& alors le fang & lés urines qui s’ëchappoient
de ce canal, S'infiîtroiéht dans leur tiffu. On a vu
»de. ces infiltrations devenir affez confidérables,
; pour câùfer des abcès & attirer la gangrène.
L’infinirirnïtibn de là: .veffie & dès parties voi-
•:fines étoit unë îuifè du'délabrement que la partie
membranêùfe"de fui être, le: col. de la vdîie
.& la glandé profiare éprouvoient ; car ces parties
n’étoient pasint'érefi'ées par ^infiniment tranchant.
Celles qui a voient été incifées , étoient la peau ,
le tiffu cellulaire , le mufcle bulbo-caverneux
du côté gauclie , le tiffu fpongieux de l’urètre,
& ce qu’on appelle le bulbe. Le coup de Maître,
perfedVion que les Modernes cr'oÿ oient avoir ajoutée
à l’opération du Grand-Appareil ,■ & par lequel
ils avoient intention de s'approcher, le plus
qu’il étoit pcfiîble, du col de la v tffie , entamoit
à peine le commencement de la portion mein-
hràneufè de l’urètré. Il falloir donc que le refie
de cetre portion du canal , & les'autres parties
que nous venons de nommer, fnflent dilatées ,
pour prêter à l’introdudlion des infirumens avec
lefquels on procédoir à la recherche & à ’l ’extraction
d e là pierre. Pour peu que té corps étranger
eût de volume & d’afpérités, elles étoient
froiffées, cormyfes & déchirées , ce qui occafion-
noit l’inflammation , .la fièvre , la douleur , la
tenfion du ventre , les hocquets, les vomifîe-
mens, & enfin les fuppurations intérieures, qui
faifoient périr le plus grand nombre de malades.
Les fifiules complettes du canal de l’urètre, où
les urines fortent par une ou plufieurs ouvertures
f au périnée, comme les incomplettes , qui ne fe
manifefienr par aucune, ouverture extérieure , &
où l’urètrefeul éfiouvert, procédoient également
de la même eaufe que l’inflammation de la veffie.
La çomufion & le déchirement ne portôient pas
feulement fur les parties intérieures ; car, comme
l’ouverture faite.au périnée répondoit à la partie
la plus étroite de l’angle des osi'pubis, les bords
ne prétoient qu’avec la, plus grande peine à j p g
troduéliôn des infirumens & à la fortie de la
pierre, ils en étoient froiffés & meurtris ; il s’y
formoit dis fuppurations abondantes, & fouvent
des efearres gangre'neùfes. La' mauvàife manière dè
panfer, qui étoit alors en ufage , ajoutoit encore
à ces caufes. L ’ufage des boufdonners , Iong-tems
continué , la canule qu’on fe cr-oypit .obligé de
laiffer féjourner dan« la p l a i e e n r.çndoient lé
bord calltux & la guérifon difficile ; & fi quel-
qiies-uns dés points de la playe tardoient.plüs que
les autres à fe çicatrifer , le p.afTage cpntihqél des
urines acheyoit dè la rendre fifluleufe. Les 'fiâtes
complettes étoient fort incommodés au^ malades
! qui fe trouvoient plus ôu ffioins lafis & excôri»s
-par le pus & les urines. On en a même vu qui
•ne les rendoiem que par cette v o ie , & chez qui
elles fortoient involontairement, de forre qu’ils
né pouvbienr porrer aucune efpèce de \êtement.
Les fifiules incomplettes n’étoient guères moins
fâcheufes, en ce quelles donnoient lieu quelquefois
à la formation de pierres dans le tiflù cellulaire
du périnée*, mais pour cela, il failoit le concours
de plufieurs c^fconfiances. On fait que quand
les urines fortent de leurs voies naturelles, &
qu’elles fé dépofent -dans les cellules du tiffu
adipeux,elles occafionnent des abcès plus ou moins
confidérables, & qui font fouvent gangreneux.
Pour que le féjOur de cet excrément n’ attire pas
des açcidehs de çéttc efpèce , & qu’il puiffe s’épaif-
fir de manière à former des concrétions pierreu-
fes, non-feulement il faut qu’il ne s’écoule qu’en
petite quantité , & d’une manière, pour ainfi dire,
imperceptible , mais encore qu’il contienne une
plus grande quantité de matière hétérogène,
japidifique, & conféquemment fufceprible de fe
conglutiner *, auffi les pierres de la nature de celles
dont il s’agit i c i , font-elles-très—long-tems à
croître. On c'royoit autrefois qu’elles avoient pris
naiffance dans la veffie, & que chaffée à travers
Turètre., elles avoient.rompu ce canal, dont la
capacité ne pouvoit répondre à leur volume *, mais ;
il eft facile de voir que l’érhiologie que nous '
donnons i c i , d’après la théorie deM. Louis,-ex-
pofée dans fon Mémoire fur les concrétions Cal-
culeufes, formées'hors dés voies urinaires, in-
féré'dans le troifième volume de ceux de l’Académie
Royale de Chirurgie, eft plus fimple &
plus naturelle. Ce Praticien obferve, que ces
fortes de cohcrëtioiis. peuvent arriver en toutes
Entres circonfiânees, qu’après l’opération d é jà
Taille , & qù’ii fuffit que le canal de l’urètre ait
été léfé par quelque cauféque ce foit, pour qu’ellè
puiffe avoir lieu , ce qu’il confirme par l’hiftoire
dun Pilote, chez qui il fe forma une pierre de
cetre efpèce, à la fuite d’un coup de pied, anciennement
reçu, fur le ferotum, qui avoit oc-
cafionné des douleurs très-vives eu cette partie.
L’écoulement:involontaire des urines, qui fuc-
cédoit an Grantf-Appareil, v'enoit de la dilatation
& du déchirement du col. d*e la veffie, qui avoit
plus ou moins perdu fon refiort. Quelquefois Cet
accident fe diffipoit avec le teins, quelquefois àuffi,
u étoit permanent,& tluroit autant-que la vie.L’im-
puiffance procédoit de la çomufion du verumon-
tanùm , & des ulcérations gangreneufes dont elle
étoit-fuivie. Lorfque la perte de fuhfiance avoit été
considérable,les par ties fe rapproehoient & fécon-
îolidoienr de fnantère à fermer conftamment les
órifjces dés vaiffeaux'éjaculatoires , * alors, le
uialade perdoit pour iôuioufs: la faculté d’engeh-
drerV - '
Tour ce que nous venons de dire fur les ac-
cidens confécurif. â l’opération de la Taille, par
le Grande Appareil, fuffit pour éclairer fur le jugement
qu’on doit en porter, & pour confirmer ks
raiforts qui l’ont'fait abandonner; fi cette méthode a
été long-iems en vogue , on doit en attribuer
la canfe à l’habileté de ceux qui la pratiquoienr,
aux nombreufes occafions de fuccès que cette habileté
leur .proGurôit, & au manque d’autres
mieux raifonnées & plus certaines dans leurs
efFets ; mais à» préfent que l’Art efi plus riche en
moyens, il y auroit plus que de l’imprudence à
leur préférer cetre méthode. Si nous fommes entrés
ici dans les détails que nous venons d’expo-
fer, c’e fl que, dans un Ouvrage tel que celui-ci,
on doit y trouver tout ce qui a rapport aux
fafiesde l’Art.,*v & que, d’ une autre part , le
plus grand: nombre des Ânflrumens avec lefquels
on pratiquoit le* Grand-Àlppareil, ainfi que plu-
fiutrs de fes procédés, foi# encore reçus aujourd’hui
dans la méthode latérale.
Du Haut-Appareil.
On donne ce nom à la méthode dans laquelle
on tire la pierre de la velfie, par une incifion
qu’on, fait à fon fond, au-deffus du pubis. On
doit cette manière de tailler à Franco , Chirurgien
de Tutrières, en Provence, qui l’imagina
& ôfa la tenter fur un enfant de deux ans, confiés
à fes foins, & dont la pierre , dans la méthode
par le petit-appareil , ne pouvoir être amenée
vers le périnée ; eu égard à fon volume. Voici
comme il raconte le fait, dans fon Traité des
Urines, imprimé à L y on , en 1561. et Je rapporterai
ce qu’une fois m’efi advenu , en voulant
tirer une pierre à un enfant de deux ans ou environ
, auquel ayant trouvé la' pierre de la grof-
feur d’un oeuf de poule , ou ,à-peu-près, . je fis
ce que je pus pour h mener bas. O r , voyant
que jé ne pou vois rien avancer par mes efforts,
avec ce, que le patient étoit merveilleufement
tourmenté , & auffi fes parens délirant qmil mourût
plutôt que de vivre dans un tel travail, joint
auffi que je ne voulois qu’il me fût reproché de
ne l’avoir içu tirer, ce qui étoit à moi grande
folie , je délibérois avec l’importunité des père &
mère & amis, de couper ledit enfant par-deffus
le pubis, d'autant que là pienre ne vouloir def-
cendre bas; & fut coupé; fur le penil , un peu
à côté, & fur la pierre, car je la ferrois avec
mes doigts, qui étoient au fondement d’autre
cô té , en la tenant.affuj.et.tie avec la main d’un
ferviteur, qui comprimoit le bas-ventre, au-deffüs
de la pierre, dont elle fut tirée par ce moyen,
& puis après le patient fut guéri, nonobfiant qu’il
fut bien malade , & fa playe confolidée.w
Un fuccès auffi heureux ne fuffit pas pour raffu-
fe r Franco fur les dangers des playes cie la veffie,
auffi erut-ii devoir avertir de ne pas Limiter. Ce
éonfeii intimida, fans doute, fes contemporains,
car depuis lui, perfonne ne parla de cette façon
de tailler , jufqu à ce que François Rouffet, Médecin
du Duc de N e m o u r s , h om m e d’un juger