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\ dehors, fi oet écoulement venant à fe fupprimer,
ï i furvïënt des lynîprômes qui indiquent une nouvelle
fuppuraiion , quoiqu’on ne i’apperçoive
point à la vue ni au toucher; comme, en pareilles
circonftances, le malade fe trouve dans
un danger imminent, on doit fe déterminer à
élargir la playe par des incitions faites aux lé-
gumens & aux mufcles intercofiaux , afin d’avoir
une ouverture qui permette d'y pafler le doigt,
& de chercher le liège de l’abcès. vSi l’on elt
affez heureux pour le découvrir , »quelque profondeur
qu’il foit fitué, on introduira un bifiouri
le long du d oig t, & on le pouffera doucement
jufques dans fa cavité. M, Bell a vu deux cas
de cette nature où il a ouvert des abcès profoii'
dément fi t ués , & qu’il n’a voit apperçus qu’en
introduifart fon doigt prefqu’en entier dans la
playe. Les malades furent foulagés à l’inftanr,
& , quoiqu’a-ant l’opération, iis paruffent être
dans un danger qui laiffoit peu d’efp'•rance de
guérifon , ils recouvrèrent l’un & Pautre une
lanté parfaite.
,En faifaut l’ouverture d’un abcès suffi p?o-
fondément fitué, il faut d’abord ménager extrêmement
l’ir.cifion, afin de ne bleiïer lat ubfiance
du poumon que le moins polfible. Mais lorfqu’on
voit paroître le pus , il faut lui ouvrir une ifîue
allez large pour qu’il puiffe forrir librement -, &
pour vuider complettement toute la cavité de
l ’abcès. Enfuite on aura loin d’entretenir Toi*-
verture extérieure , pour que le pus, qui fe formera
par la fuite, ne féjourne pas dans la playe;
car fi on lui permet de fe cicatrifer avant que
la cavité de l’abcès ne foit remplie par le fond,
il fe formera bien - tôt un nouvel amas de pus ,
& le malade.-le trouvera dans le même état de
danger où il éroit avant l’opération. Onfefervira,
pour cet,effet, de canules de plomb, ainli que
nous Pavons recommadé à l’article Pl a y e . Ces
canules doivent être larges & applaties ; elles
doivent auffi-avoir un bord plus large que l'orifice
de la playe, afin de fe mettre à l’abri de
toute efpèce de crainte qu’elles ne tombent dans
la cavité du thorax, accident qui n’ell pas fans
exemple.
Une tente folide £eut remplir la même in ten tion
qu’une cannule, lorfqu elle ne s’adapte pas
’ exaélement à l’ouverture de la playe, & que le
pus peut couler le long de fes côtés; mais il faut
toujours préférer une rente creufe , lorfqu’il n’y
a pas d’autre moyen d’entretenir l’écoulement
habituel du pus.
Dans les grandes playes avec déperdition de
quelque portion du fiernumou des côtes, on voit
quelquefois une partie du poumon fortir hors
de l’ouverture. Le Chirurgien , s’il eft appellé
d’abord après l’accident, fe bâtera défaire rentrer
cette partie déplacée ; mais fi elle a déjà été long-
terns expoféeà l’air, & fur-tout fi elle a beaucoup
fouffert au moment de iaccident, il com-
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mencera par examiner fi elle n’efi point gangrénée
& , en ce cas, il retranchera tout ce qui lui pa*
roîtra être dans un état de mortification com.
plette, avant que de replacer le refte. En faifant
cette réfeélion dans les parties mortes, on ne
courra aucun rifque d’occafionner par - là ni hé.
morrhagie, ni aucun autre fymptôme dangereux
& , en retranchant des parties altérées à ce point*
on prévient le danger qui réfulteroit néceffab
rement de leur rentrée dans le thorax.
Des Playes du coeur & des gros vaiffeaux, & de
celles du canal thorachique.
Les playes du coeur & des gros vaiffeaux at-
tenans à ce vifeère, doivent toujours être regardées
comme mortelles , & tout l’Art des Chirurgiens
ne fauroit prévenir cette terminaifon.Car,
quoiqu’on life chez quelques Auteurs des Obfer-
vations qui tendent à prouver que le coeur même
peut être bleffé, fans que la mort en foit la con-
féqueuce, il y a tout lieu de fe défier de'l'authenticité
de pareils faits. On comprend qu’une
bleffure fuperficielle de cet organe peut bien ne
pas entraîner fur - lè-champ la perte de la vie;
mais on voit aulfi quelle doit tôt ou tard avoir
cet effet; caria portion dit coeur qui aurafoufferr,
fe trouvant plus foibleque toute autre, cédera
peu - à- peu à l’effort de fa contraction, & lorf-
qu’elle/fera diftendue au point de former un
aneurifme, le mal ne tardera pas à augmenter
de plus en plus rapidement , jufqu’à ce que le
fac aneurifmal, venant à fe rompre, le malade
périffe (ubitement. Foyq\A neurisme & Car-
diogmus.
L'unique méthode à fuivre, en pareil cas,
confifie à diminuer l’aétion du coeur par des
faignées répétées de tems - en - teins, par un régime
févère, par Iç repos du corps ; ces moyens,
il eft vrai, niopéreront pas une guérifon ; mais
iis prolongeront pjus ou moins la vie,enralen-
tiffant les progrès du mal. Ce que nous difons des
playes du coeur s’applique également à celles des
gros vaiffeaux.
Il y a dans la Poitrine un autre organe très-
important dont il eft à propos de faire ici mention
, c’eft le canal thorachique. C a r , quoique
les playes de cet organe fe terminent, dans la
plupart des cas , par la mort , il y a des circonftances
où un traitement fage & méthodique
pourra opérer une guérifon. Le canal thorachique,
en s’éloignant du réfervoir du chyle,
paffe le long dç l’épine du dos près de l’aorte;
il-paffe derrière cp vaiffeau , vers ia cinquième
ou lixième vertèbre du dos , & , remontant jufqu’à
la veine fouclavière gauche, il verfe le chyle
dans fa cavité.
On juge que le canal thorachique eft bleffé
par le fiège & la direétion de la p la y e, parla
nature du fluide qui en découle -& qui paroit
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toiit-à-fait blanc comme du chyle, ou mêlé d’une
proportion confidérable de fluide; enfin, par l ’af-
foibliffement du malade , affoibliffement qui
augmente,de jour en jour beaucoup au - delà de
ce qu’on auroit lieu d’attendre d'une playe de
la même grandeur, en toute autre partie du
\ corps. • # . . .
Pour favorifer la Lcicatrifatiotr de cette
playe , il faut prévenir , autant qu’il eft
polfible , la trop grande diftention du ca -
î nal & diminuer ainli l’étendue de l’ouver -
ture faite à fes parois. 11 faudra , pour cet
; effet, tenir le bleffé à un régime extrêmement
févère, & ne lui donner le peu d’alimens qu’ on
I lui accordera que par très-petites dofes, fré-
t quemment répétées ; on ne lui permettra pas même-
| de prendre beaucoup à - la-fois d’aucune boiffon.
On aura foin d’entretenir la liberté du ventre;
! on recommandera le repos du corps le plus parfait,
& l’on fera éviter même tout mouvement
laborieux de la Poitrine, & tout ce qui peut contribuer
à rendre larefpiration plus fréquente.
Des Playes du diaphragme , du nudiaftin
& du péricarde.
On juge que le diaphragme eft bleffé , par
la fituation de la playe ,& par la nature desfym-
iptômes qui l’accompagnent. Comme cet organe
eft toujours en aétion pendant qu’on refpffe , il
ne fauroit être endommagé fansr que la refpira-
| tion en foit affeétée, & fans que le bleffé éprouve,
j pendant là refpiration, une douleur affez v iv e ,
| non - feulement dans l’endroit de la piaye , mais
I encore dans toutes les parties où le diaphragme
! s?attache. Il fe plaint en outre de douleurs dans
toute la région de l’eftomac , & quelquefois dans
[lés épaules; il a des maux de coeur, des vomif-
femens, du hoquet, de la toux, du délire, un
pouls dur & fréquent , de la fièvre & tous les
fymptômes qui annoncent l’inflammation. On
1 parle du rire involontaire comme d?un fymptôme
que caufent quelquefois les playes de cette
[partie.;
i Ceft une opinion affez généralement admife,
rparmi les Praticiens, que les playes^des parties
j tendineufes du diaphragmç font toujours morilles,
& que celles des parties mufculaires font
accompagnées de moins de danger. Mais cette
difiinélion ne paroît pas trop fondée fur l’expérience
; tout ce que c e lle -c i nous apprend,
j ceft que les playes de cet organe , en quelqu’en-
droït qu’elles fe trouvent, font toujours extrê-
i mement dangereufes.
fymptômes, qui font ici le plus à redou-
[ter> font ceux qui dépendent de l’inflammation
ou de i’irritaiion. Le moyen, fur lequel on doit
i ie plus compter pour, les piévenir ou les modé-
la faignée abondante & répérée fuivant
& les forces du malade. L ’on fera grand
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ufage de fomentations émollientes fur tout l'abdomen
& le thorax ; on tiendra le bleffé à un
réaime févère & dans un parfait repos,. & on
lui adminiftrera des dofes fuffifantes d’opium
pour calmer les fymptômes d’irritation.
Un accident q u i, lorfqu’il a lieu , rend les
playes du diaphragme particulièrement fâcheu-
fes, c’e ft, lorfqu’une portion de l’eftomac du
colon ou de quelqu’autre partie du canal intêf-
tinal , paffe par cette ouverture de l ’abdomen
dans le thorax , & fe trouve étranglée au paf—
fage, d’où réfultent des douleurs atroces & tous
les accidens qui accompagnent les hernies étranglées.
Il n’eft pas polfible de réduire une pareille
hernie, & quand on en pourroir yenir à bout
on n’ auroit aucun moyen pour l ’empêcher de
fe former de nouveau.
Les piayes du médhftin ne demandent pas de
traitement particulier ; les .conféquences qu’on
a le plus lieu d’en redouter, font un épanchement
de fang dans l’une des cavités du thorax,
l’ inflammation , la fuppjration & les accidens
qui en font la conféquence. Les remarques que
nous avons faites fur les autres playes pénétrantes
de la Poitrine s’appliquent également à celles-
ci. Nous ne croyons, pas, non p lu s,.d evo ir
nous étendre fur les bleft’ures du péricarde. G t
organe contient un fluide, qui paroît être ri-.f-
tiné à rendre le mouvement du coeur plus facile
& , Jorfque ce fluide peut en foriir &• fe répandre
dans la cavité du thorax, on feroir fondé
à regarder cette circonftance comme pouvant
augmenter le danger de la Playe. Néanmoins
les bl effares du péricarde ne paroiflent pas.être
aufli dangereufes dans le fait qu’on pourroir le
fuppofer a priori , & l’expérience ne montre
pas qu’eues demandent aucun foin particulier.
Toutes- les playes'pénétrantes de, la Poitrine
où il fe forme une fuppuration font En jettes
à ne fe cicatrifer que très-lentement il y a
même des cas où il s’établit un écoulement de
pus qui fubfifte pendant nombre d’années , &
quelquefois pendant toute la vie , malgré tout '
ce qu’on peut faire pour y porter remède. L ’inquiétude
dès malades & leur impatience de fe
voir délivrés d’une incommodité aulfi défagréa-
ble a Couvent engagé les Praticiens à redoubler
d’efforts, foit pour leur procurer une guérifon
complette, foit au moins pour diminuer l’abondance
du pus; c’eft dans de pareilles vues qu’ils
ont imaginé différentes fortes d’injeélions appelées
déterfives & vulnéraires. Mais, rarement
i ufage de ces topiques a- î-ii eu les bons effets
qu’on s’en éroit promis, & malgré toutes tes
précautions & tous les ménagemens avec lefquels-
on a pu les employer, ils ont fouvent fait du
mal ; ils irritent & enflamment les poumons &
les parties voifines; & , au lieu de cicatrifer l’ulcère
ou l’abcès, ils lui dopnent plus d’érendue
en divifant & en déchirant le tiffu cellulaire.