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NITRE. Sel neutre qui a la propriété d’agir
fur le fyftème fanguin comme antiplogiftique. On
l’emploie fous ce point de vue en gargarifmes, en
la v em e n s e n fomentations. On le donne aufli
intérieurement dans les affections inflammatoires,
dans les maux de dents opiniâtres & dans les
hémorrhagies •, mais, dans bien des c a s , il faut
remployer en dofes plus fortes qu’on n’a coutume
de faire. — Nous en avons donné demi-once &
davantage dans vingt-quatre heures, en différentes
circonflances , avec fuccès.
NODUS. Grofleur ou tumeur qui s’élève fur
la (urface des o s , & dont le volume efl moindre
que ce qu’on a coutume d’appeller une
exoflofe. On défigne communément ainfi celles
qui paroiffent fur la furface du crâne ou du
tib ia, & dont la caufe eft fomentée par un principe
vénérien. Ces tumeurs ne demandent aucun
autre traitement que celui de l’infeélion vénérienne
, dont elles font un fymptôme } ordinairement
elles difparoiffent vers le milieu du
traitement*, la coutume, dans les Hôpitaux, eft
de les couvrir d’un emplâtre de de-Vigo cum mer-
curio \ mais J . Hunter leur préfère les illinitions
mercurielles. Si ces topiques ne-fuffifent pas,
d it- il, il faut tâcher de détruire le mal local,
en excitant une inflammation. Cet Auteur dit
avoir vu guérir un Nodus vénérien, qui caufoit
d’affreufes douleurs, par une incifion qu’on fit
jufqu’à l’os, félon toute la longueur dit Nodus.
L a douleur ceffa, le gonflement diminua , & la
p ’aie fe confolida peu-à-peu, fans que le malade
prît un grain de mercure. Le D. Ruffell,
Médecin de l’Hôpital Saint-Thomas, à Londres,
a éprouvé, en pareil cas, un grand fuccès de
la décoélion de racine de Mézéréon. Nous renvoyons
ce fujet à l’article Périostose , ou l’on
trouvera de plus grands détails. (A L Pe t i t -
R ad e l .')
NOEUD DU CHIRURGIEN. C’eft un noeud
qu’on fait- en paffant le fil deux fois dans la
même anfe*, on fe fert du Noeud du Chirurgien
pour la ligature dés vaifleaux, & l’on affujétit ce
noeud par un autre qui eft fimple. Le noeud double
fe fait le premier,afin quil ne puiffe point fe
relâcher pendant qu’on fait 1 anfe pour le fécond
noeud.
NO IX , Juglans régla. Lin. Le fuc exprimé des
noix vertes & mêlé avec du miel eft utile dans
les cas d’angine & de gonflement des amygdales,
adminiftré en forme de gargarifme. On l’applique
aufli utilement comme déteriïf fur les aphtes &
les autres ulcérations de la bouche.
On a recommandé l’application des feuilles
fraîches- fur les tumeurs oedémateufes. On fe fert
avec avantage d’une forte décoélion de ces
feuilles dans le panfement des ulcères accompagnés
de carie pour en corriger la putridité.
On loue aufii cette décoélion comme un bon
N O L
réfol utif dans certains cas d’engorgemens fcrti-
phuleux.
N O L I ME TANG ER E . Mots latins qui lignifient
ne me touchez pas , & dont on a fait
le nom d’un ulcère malin au vifage. On
l’appelle ainfi, parce qu’il peut fe communiquer
par l’attouchement , ou plutôt parce qu’en y
touchant on augmente fa malignité & fa difpofi-
îion à s’étendre.
Le Noli me tangere eft une efpéce de fuite
de dartre corrofive que quelques-uns croyent tenir
du cancer & d’autres de la lèpre.— On donne particulièrement
ce nom à un ulcère externe aux
ailes du nez qui vient quelquefois d’une caufe
vénérienne.
Cet ulcère ne fe borne pas toujours aux ailes
des nez , quelquefois il corrode aufli les chairs
circonvoifines. Il eft bien difficile à guérir, fur-
tout quand il a fon principe dans une confiitu-
tion dépravée. "
Souvent, en voulant guérir cet ulcère, on,ne
fait que l’irriter davantage & l’on avance la mort
du malade. Il n’eft point de nature différente* du
carcinome ulcéré ; on le guérit par l’extirpation
des parties affrétées., & il n’y a de difficulté à la
guérifon que lorfqu’il eft impoflible d’extirper
totalement la maladie & toutes les duretés qui en
dépendent. — Article de VAncienne Encyclopédie.
NOUEURE. Voye^ l’ article R achitis.
NOYÉ, iô/Mêvo<r, Submerfus.ÉtaS d’une perfonne
afphyélique qui eft reliée plus ou moins
long-tems fous l’eau, & qui peut fe terminer
très-promptement par la mort, fi l’on néglige de
recourir aux moyens les plus’ propres à la rappeler
à la vie. La caufe de la mort, dans la
fubmerfion, a dû fixer , dès l’enfance de l’Art ,
l’attention dé ceux qui, par état, s’occupent à
fecourir l’humanité dans les maux phyfiques qui
l’affligent.
Mais, quoique cette caufe foit intimement liée
avec les phénomènes de la Phyfique, on n’a eu
fur elle que de fauffes notions, même dès que
celle-ci prit l’expérience pour bafe de fes affer-
tions. La première opinion qu’on ait eue, celle
qui fe préfentoit naturellement au vulgaire, eft
que les Noyés périffoient par la trop grande
quantité d’eau qu’ils avaloient forcément. Le gonflement
du ventre, quelques cas où l’on trouva
beaucoup d’eau dans l’eftomac, parurent confirmer
cette idée, & toutes les conféqueneesqu’on
en peut déduire relativement à la Pratique. Mais
les Phyficiens, les Anatomiftes, en France comme
en Angleterre, certains Jurifcônfultes même,
en Allemagne, ne s’en tinrent point à ces apparences
j on ouvrit des cadavres, on multiplia Iles expériences, mais par une fatalité âffez ordinaire
aux Obfervateurs, les faits qu’ils décou-
vroient, & regardoient comme probatifs, étoienî
ceux qui les éioignoient le plus du but. Le ré-
N o Y
fukat de toutes les tentatives f u t , i.° que les
Noyés ne périffoient nullement par 1 eau qu ils
-avaloient, ce qui eft prouvé par une fuite d expériences
tentées par Becher, & rapportées dans fa Differtation De Submerforum morte fine potâ
aquâ : Z.” qu'ils étoient ftiffoqués par l’air de la
dernière infpiration qui gonfloit exçeffivemenr
ieurs poumons ; ce qu'on croyott être prouvé
par la grande quantité d’air qui dilatott leurs poumons,
l’affaiffement où ceux-ci tomboient quand
on donnoit iffue à l’air, au moyen d’ une incifion
pratiquée'à la trachée-artère, par le gonflement
des hypodiondrés & l’élévation des côtés,
& , par l’obturation de la glotte produite, ob-
ferve Detkarding, par l’épiglotte qui lui eft appliquée
plus ou moins fermement. Cependant,
quelques Obfervateurs avoient déjà été plus loin;
Littré, entr’autres, avoir remarqué plulîeurs fois
une. eau écumeufe, dont les poumons des Noyés
étoient furchargés. L ’Hiftoire de l’Académie
Royale des Sciences, année 1 7 1 9 , contient les
obfervations qu’il fit à ce fujet ; mais, entraîné
par l’opinion courante, il crut n’en devoir pas
faire grand compte, en ce . que les pulmoniques,
les afthmatiques en avoient davantage. Enfin,
df. Grateron, de la Société des Sciences de
Montpellier, mit foit-difant la chofe en évidence
par l’expérience fuivante, qu’ il tenta en 17x8.
f l mufela un chien de manière qu’il ne pût
mordre, mais avaler; il fitenfuite une ouverture
entre deux anneaux delà trachée-artère, y adapta
un tuyau d’argent qui fe joignoit à un tube de
même efpèce, par une vis à écrou. Ces deux
tuyaux, joints enfetnble., formoient un conduit
d’en-viron quinze pouces de haut. Il plongea en-
fuite le chien au fond d’une cuve pleine d’eau,
en forte que le tuyau furmontôit 1 eau de quelques
pouces. Le chien refta , pendant plus d un
quart-d’heure, dans cet état, refpirant toujours
par le tuyau adapté à la trachée; & quand il fut
délivré, il s’échappa & courut comme à fon ordinaire.
Cette expérience, qui parott concluante,
n’eft rien moins que telle; en effet peut-on , ob-
ferve M. Louis, établir la caufe de la mort des
Noyés fur des animaux qu on n a point noyés ;
c a r , dès que l’aira pu entrer & fortir librement1
des poumons, dans cette expérience, la refpira-
tion a dû fe faire, comme s’ils enflent eu la tête
hors de l’eau.
Néanmoins , l’opinion ^que les Noyés mou-
roient par faute de refpiratton, n’en continua pas
moins d’avoir cours jufqu’en 1752., que 1 Auteur,
dont nous venons de parler, publia fon Ouvrage
fur la certitude des lignes de la mort, où fe
trouvent diverfes obfervations & expériences fur
les Noyés. Il noya un chien dans une cuve d eau ;
& , lorfqu’il fe fut affuié qu’il étoit compktte-
ment mort, il ouvrit la poitrine & trouva les
poumons fort gonflés ; il en incifa la trachée - artère
., & comprimant enfnite légèrement la cir-
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conférence des poumons, il fit couler ane p artie
de l’eau qui y étoit contenue ; il dit une
partie, car celle qui a pénétré jufqu’aux extrémités
des bronches, fe trouvoit mêlée intimement
à l’air & formoit une écume qu’une plus
forte aétion de la main fait palier fous la membrane
extérieure des poumons. Cependant il ref-
toit à prouver un fait; cette eau n’aurôit-elle, pas
paffé, après la mort, dans l’intérieur des bronches?
L ’objeélion étoit fpéciettfe, & M. Louis y
répond en difant que, quelque long-tems qu’il
ait tenu fous l'eau des animaux morts, il n’a jamais
vu qu’il en fût paflédans les poumons,
comme cela auroit lieu s’ils euffem été vivans.
Mais ce qui ôte matière à tout doute, c’eft qu’ayant
noyé des oifeaux & des lapins , en leur tenant
la tête dans des liqueurs colorées, il a toujours
trouvé leurs poumons farcis & gorgés de ces liqueurs;
les poumons des moineaux, qu’il avoit
noyés ainfi dans de l’eau colorée d’enc reé toient
tout noirs, comme s’ils euffent été gangrenés.
« Pour découvrir précifément comment on fe
noie, dit notre Auteur, je fis attacher un chien
par fes deux pattes de derrière , avec le bout
d’ une ficelle de dix à douze pieds de long, allez
forte pour porter l’animal, & un poids double
du lien qui y étoit pareillement attaché. On jetta
le chien, ainfi préparé, dans un réfervoir bien
nettoyé, que j’àvois fait remplir d’une eau très-
claire. En tenant à la main l’extrémité de la
cord e ,-je foutenois-le poids de façon que l’animai,
fitué perpendiculairement, avoit fa tête deux
ou trois pouces au-deffous de la furface de l’eau,
afin que je puffe obferver facilement tout ce qui
fe pafferoit. L ’animal fe débattoit beaucoup ; il
remuoit les pattes de devant, & faifoit des efforts
pour nager : après deux ou trois minutes de
mouvemens inutiles, il fortit de fa poitrine, beaucoup
d’a ir, qui forma d’affez greffes bulles à la
furface de l’eau. Un inftant après, l’animal s’agitant
toujours , il fortit de l’air en moindre
quantité, mais u n ‘peu plus longuement; le chien
fit enfuite la culbute, & parut mort. Cette expérience
, que j’ai répétée plufieurs fo is , ne me
iaiffe aucun lieu de douter qu’à l’inftanr que l’animal
eft fubmergé, fa poitrine relie dans l’état
où elle étoit avant que de tomber dans l’eau,
mais la néceffité dont eft la refpiration, l'oblige
enfin à ceffer de fufpendre le mouvement de la
poitrine. Par le mouvement d’infpiration, l’eau
entre dans les poumons, & en chaffe l’air qui
y. étoit renfermé. C’eft la fortie de cet air qui
forme les bulles qu'on apperçait à là furface de
l’eau, u Ces-expériences furent répétées, avec
un égal fuccès,.par le D. Goodwyn, ainfi qu’on
le peut voir dans l’Ouvrage qu’il publia, en 1788,
fous ce litre : The Connexion-of life vith refpiration,
or an Experimental Inquiry into the effeâ.
offubmerfion, &c. Il conclut, d’après ces dernières
faites avec le mercure & autres liqueurs' , que