
4?4 V E R ion voit qu’un pareil déplacement ne peut pas
avoir lieu également, par-tour. Nous avons déjà
co n fi dé ré ,- aux articles C ol & C o c c ix , le genre
de luxation qui pouvoir fur venir entre la première
Vertèbre & la fécondé, entre lîfin du lacrum &
la première pièce du Coccix.Maintenant, fi nous
confidérons le grand nombre de ligamens qui
unifient tant le corps que l'arrière-train ëntr’eux,
leur peu d’étendue, leur entrelacemenr, les paquets
de mufcles qui les lient & les retiennent,
leurs articulations multipliées & rapprochées,leurs
'Cartilages intermédiaires qui forment entre chaque
pièce, une fynchondrofe très-forte, l’articulation
des côtes, qui ajoute une plus grande folidité à
la jonélion mutuelle de celles du dos; nous y
vetrons autant dargumens conrre la prétendue
luxation des Vertèbres, de quelque claffe qu’elles
foient ; argumens qui font encore appuyés fur ce
qu a découvett l'ouverture des cadavres après la
mort. L ’expérience m'a fait voir deux fois, dans
les Hôpitaux, que des cas de ce genre, que l’on
croyoit devoir rapporter à une luxation , d’après
les fympiômes , étoient entièrement dus à une
fraélure complerte de l’arrière-train & du corps
d’une Vertèbre ; ce qui a été confirmé fur trois
cadavres, par Tabarrani, Chirurgien à Lucques,
& qui avoir déjà été établi par Duverney, dans le
fécond volume de fon Traité fur les Maladies des
.Os, même d’après l'autorité d’Hippocrate. Auffi
ce dernier Auteur, après avoir critiqué jufiement
différentes méthodes de réduélion , ne veut-il en
enfeigner aucune *, non-feulement parce qu'il croit
la maladie impoffible, mais encore les moyens d’y
remédier dangereux, pour ne pas dire impoffibles
à remer, quand même on l’admettroit. Auffi ne
trouvera-t-on rien ici relativement aux manoeuvres
à t»mer pour guérir une prétendue maladie que
nous fomines loin d’âdmettre ; ni rien de relatif à
une diafiafe des apophy.fes articulaires, que nous
ne croyons pas plus admifiifele , quoiqu’on la
trouve décrite dans un Traité des Maladies Chirurgicales,
imprimé, il y à une dixaine d'années,
aux frais de leurs Auteurs, & dans IQuvrage de
Bertrandi, qui a paru il y a quelque tems. Mais
un accirieut qui fouvent efi la fuite des coups ou
ou chûtes fur l’épine| efi la commotion de la
moëjle épinière, fur laquelle nous dirons un mot.
La Morte efi peut-être le premier qui, dans les
réflexions ajoutées à l’Oblcrvation 289 du IV e
Volume de fa Chirurgieçompîetre, ait parlé de
la concufifion ou commotion de la moelle épinière,
fans fraélure ni luxation. Par exemple, fi
pn homme tomboic d en -h aut, fur fes pieds ou
fur le croupion , les Vertèbres, alors ébranlées &
tiraillées, éprouveroient une fecouffe on réper-
cidfion qui fe ccmmuniqueroit à toute l'Epine &
fonféqutmmtnt à la moelle qui y efi comfenne.
Ce cas n’eft point de pure fuppoiuion ; li s’cii
préTçnté avec tous les fymptôtnesqui as comp3®rr*fht
a f i t f l u ï ç des y e r# r e s ; & , çn général-, ia
mort en efi toujours la fuite. Mais un fytnpfômc
qui femble lui être particulier, efi un certain
tremblement ou palpitation des chairs qui avoi-
finent l’épine, & qui, s'il ne cefie, efi Lien-rôt
fuivi de marques livides qui annonceur la gangrène.
Quoique la maladie fdit très- fâcheufe &
ordinairement mortellè, l’on confeille néanmoins
les onélions d’huile de laurier, d’eflence de térébenthine
, d’huile de fuccin , de petrole, pendant
qu’on donne intérieurement les cardiaques
& les antifpafmodiques , tels que la teinture d»
fuccin & de cafioreum avec l’eau thériacale.
De la Carie des Vertèbres.
La carie des Vertèbres efi une maladie qui
furvient fouvent à une petite vérole mal jugée
chez les Plvhifiques, à la fuite de vomiques,
foit que le pus ait fufé ou non, & affez fouvent
chez les Vérolés. Le mal, en pareil cas, commence
dans le corps même de la Vertèbre , la matière
détruifant & corrompant fon propre tifllif Elle
peut également provenir à la fuite d’un effort ou
d’une chute de fort haut ; c’efi une remarque de
Hunault , qu’il confirme par une obfervation,
dans une thèfe foutenue, en 1742, aux Ecoles
de Médecine , fous ce titre : An ab id u , nifuvc
quandoque Verttbrarum caries? Le mal alors
commence prefque toujours vers le milieu du
.cartilage intervertébral *, les lames ou feuillets en
font difiendus, forcés, déchirés ; d’où s’enfuit
l’épanchement des fucs, q u i, devenant âcre par
fon féjour, corrode & mine la Vertèbre la plus
proche; & quelquefois toutes les deux. Elle efi
ordinairement accompagnée d'une douleur locale,
profonde , fourde, que fouvent l’pn prend pour
un rhumarifme. ïnfenfîblement l’épine fe courbe
ou fe déjette de côté, mais plus fréquemment en-
dehors ; les apophyfes épineufes font faillie, le
malade maigrit -, une petite fièvre lente le mine
fouvent; & , au moment, où l’on s’y attend le
moins, il fe manifefie un ou plufieurs dépôts à
l’aine, ou en arrière, au plis de la fefle, qui, dès,
qu'ils paroiffent, offrent une fluctuation mani-
fefte. Quelquefois ces dépôts fe forment beaucoup
plus promptement aux environs de la carie ; mais
alors ils paroiffent toujours tenir de l'oedème > &
font peu circonfcrits , & la fluétuaiion s’y fait
fourdement fentir. Il ne faut point confondre
cette carie des Vertèbres avec l’ufure que leur
occafionne la preffionM’un fac anévrifmal. J’ai
vu ainfi, à Londres, dans le cabinet de M, Hun-
te r , les huit dernières Vertèbres du dos, & toutes
celles des lombes, & même une portion des côtes
& des os des iles du côté gauche, ufées fans aucune
apparence d’érofion , par une anevrifme
énorme, qui avoit fait tout ce dégât. Tout ce
qu’on peut faire dans la véritable carie , c’ea
d’ouvrir, avec le biflouri , les dépôts, dès qui»
font formés j le pus qui en fort, efi d’abord blanc,
■ jaunâtre
V E S
& inodore ; mais il devient bien - tôt
Tféreux, mêlé de concrétions lymphatiques, & enfin
1 entièrement ichoreux; mais la mort alors ne tarde
Ipoint à venir; peut-être l’entrée de l'air dans le
(foyer purulent y entre-t-elle pour beaucoup, aufii,
Ipour cette raifon, doit-on préférer letroiscait
J à l infirument tranchant. Pott confeille l’ufage des
[cautères à l’extérieur de l'épine, vers les lombes,
javanr que la maladie en foit venue à un fi fâcheux
l'état. Voyei ce que nous avons dit de cette méthode,
j à l'article Gibbosité. (AL P e t i t - R a d e l . ) ^
J VESICATOIRES. Ew/!T.ar«(XT/*<* s Attrahentia.
Médicamens topiques, qui, appliqués fur la peau,
ifont lever l’épiderme en forme d’ampoule pleine
[de férofité.
Différentes fubftances ont la propriété cfe pro-
i (luire cet effet fur la peau ( Voyei Ru b é f ia n s ) ;
J mais la poudre de cantharides efi celle qui l'opère
[le plus sûrement & le plus promptement; elle efi
Jauifi la feule dont on faffe ufage aujourd’hui dans
(cette intention. Les cantharides d’une bonne
■ jqualité , & appliquées exactement à la peau,
I manquent rarement d’y occafionner de larges am-
ïpoules;^ & Iorfqu'elles ne produifent pas cet effet,
1 il faut s’en prendre, ou à leur mauvaife qualité,
■ ou à ce quelles ont perdu leur vertu dans la préparation
de l'emplâtre avec lequel on a coutume
J fe incorporer, pour en faire ufage. Voici une
■ formule très-convenable pour préparer l'emplâtre
iVé/icatoire;
I Prenez , de Cantharides ,
de graiff» dè Porc ,
de Cire jaune ,
de Réfine blanche , de chacune partie
égale..
I Broyez les cantharides en poudre très-fine , &
■ ajoutez cette poudre aux autres ‘ingrédient que
■ vous aurez fait fondre enfemble , & que vous
■ aurez retirés du feu , de peur que la trop grande
■ chaleur ne nuife aux cantharides- Mêlez le tout
Jexaélement.
On érend cette ccmpofition fur de la peau, &
■ on en forme dos emplâtres depuis un jufqu’à trois
■ oh quatre pouces de largeur, qu’on applique ,
■ lui vaut le befoin & les circonf an c e sa u x bras,
j au? jatnbes, entre les épaule;, fur.les tôrës de la
■ poitrine, fur les reins, fur la tête, &c. On affu-
I}€tnt l'emplâtre avec une compreffe, & deux ou-*
■ trois tours de bande. Au bout de douze r quinze
■ ou dix-huit heures y on. le lève & l’on trouve fur
■ w peau, à l’^ndroir qu il recouvroit, une veffie
I ^tuée par 1 épiderme ,. pleine d’une férofiié lim-
I d’ 1 l p P^ITPart Chirurgiens font dans l'ufage
K Ti f ®ver touxe cetre épidcime détachée de la peau.-
■ * luffit, pour l’ordinaire, d’y faire quelques in'-
F poi,r <looner à la férofité ; elle fef
^che tnfihte, dans les panfemens. On met à la
i l ?Ü6. .^ U' ^ 'é f i c a t o i r e qnelqu’onguent propre
I®liiciïer..un nouvel écoulement rie férofité, & à
I '•terminer une luppiîjration ;. mais il vaut mieux
V I G 4 9 f
s en tenir à la méthode populaire de n’employer
pour les premiers panfemens, que des feuilles de
poirée, ou , à leur défaut, des feuilles déchoit.
On enduit ordinairement ces feuiRes d’un peu de
beurre frais.
Lorfqu’on veut entretenir, pendant quelque
tems, l’écoulement d’un Véficatoire , ces moyens
ne fuffifent pas. On joint alors une petite quantité
de poudre de cantharides û quelque Gérât doux
dont on fe fert pour panfer la plaie, & l’on en
varie la proportion fuivant le befoin.
Il arrive affez fouvent que les Véficafoireï
caufent une impreflïon douloureufe à la veffie, &
beaucoup d’ardeur dans les urines; ces accidens
fe manifefient fur tout lorfque l’on fait un ufage
trop fuivi de cantharides dans les panfjnens. Ces
accidens, fi l'on n’y fait.attention, peuvent devenir
très-graves; nous les avons vu dégénérer
en une inflammation mortelle de la veffie. Il faut,
dès quils fe manifeflent, ôter de deffus la plaie
tout ce qui peut contenir des cantharides, & faire-
prendre^ abondamment au malade des boiffons
muciîagrneufes, des émulfions . &c. On donna
enfin , avec fuccès,. quelques dofes de camphre,.
Voye\ C a n th a r id e s -
On prépare, avec le bois de garou y l’euphorbe,
& d'autres fubfiances irriranres^ incorporées avec
des onguens, des compofitions épifpaniques très-
propres au panfemem des Véficatoires, & qui
n'ont pas l’inconvénknt d’irriter la veffie, comme
les-cantharides. L
VI GO ( Jean de ) né à Gènes, vers la fin dw
quinzième liècle. Il publia divers Ouvrages au
commencement du feizième. Sa réputation l’ap-
pella à Rome , où il exerça la Chirurgie avec 1^
plus grande diffinélion. Jules II lui accorda 1&
titre de fon premier Chirurgien. Sixre de Rivere,.
fon Neveu, lui fit trois cents écus d’or jufqu’à fa
mort , pour le récompenfer dès fervices qu’il
rendort au Public. Jean de Vigo, non-feuiementr
donnoit fon tems aux malades ; mais il fit encore
beaucoup d’Elèves, parmi lefquels fe difiingua*
Marianus, Célèbre Lithotomifle, dont nous avons
fait mention en fon lieu. La réputation de ce grand'
Homme ne fur point bornée à l’Italie ; les plus
grands Princes de l’Europe le confuitèrenr : ranr
réputation s’étoit étendue au loin ! Le feuf
Ouvrage que nous ayons de lui , efi le Buvant r
V radie a in A rte Ckirurgieâ copiofa, continent
novetn Libros. Lugd. , i f i 6 , in-40. Il y en a etr
un très-grand nombre d’éditions & de traductions.
L ’Auteur ,-dans fa préface, exhorte fon fils
à foutenir la dignité du Chirurgien y fl lui- f. iî
voir l’étendue des connoiffances que fon émt exke^
il lui recommande la probité, le défintéreffe:-
ment & l'humanité,, qualités effeniklles-pour un
homme defiiné à fecourir fus fêmblables dans leurss
infirmités. Neo qucmqu.wi avaritïâ aut odbo'dkre-
linquas- > qu a tenus' negligentia vel tuâ culpd non
pereat,. ne- tu ; infeüx homicidtr) in poih ruiæ uma