
de plufieurs de l’ une & l’autre claffe, dans-divers
articles de ter Ouvrage , fous les dénominations
qui leur font particulières. Toutes ne font
pas également de peu d’importance ; il en eft 1
même quelques-unes affez graves pour exiger
ou paroître exiger l'amputation. La gangrène de
la Verge a été celle qu'on a regardée comme
la plus urgente, quoique fouvenr elle laide encore
beaucoup d’efpoir, lorfqu’on croit le mal
fans remède. Cette circonftance arrive affez fou-
vent dans le cas de paraphymofis, lorfqu’on a
négligé l'opération, ou qu’on l'a mal-à-propos
trop différée. Il eft affez ordinaire, en pareil cas,
de voir tomber toute la partiecomprife en - deçà
de la bride ou ligature, & la Verge conferver
encore allez de longueur , quoiqu’il parût y
avoir une beaucoup plus grande perte > à sen
tenir au défordre qui paroît fur les tégumens,
& qui fe prolonge quelquefois jufqu’à la racine
de la Verge. La gangrène furvient encore à-la
fuite d’un commerce impur , & fouvenr alors
elle arrive fi promptement qu'elle eft tombée
avant qu'on ait pu avifer aux moyens efficaces
de la conferver. Je me rappelle d’une de ce
genre que je 'v is , il y a une vingtaine d’années,
fur un Invalide ; elle avoir tous les cara&ères
d'une gangrène sèche ; elle fit tomber la moitié
de la "Verge auffi complètement que fi l’on en
eût fait la réfeélion. Il faut, dans le plus grand
nombre de ces cas, attendre que la gangrène foit
fixée, pour ne point tenter une opération fans
la moindre chance de fuccès. Les cas qui exigent
plus évidemment l’amputation, font les dégéné-
refcences fchirreufes & cancereufes de la Verge ;
car ici la maladie eftincurable, quels que (oient
les remèdes qu’on lui oppofe. Nous n’entrerons
point ici dans des détails fur le cancer de la
Verge, renvoyant à ce fujet à l’article Cancer,
où il en eft traité d’une manière très - étendue.
Quant au fchirre de la V e rg e , il eftfouvent
porté à un tel volume, & quelquefois nuit tellement
à la fortie des urines qu’il ne refte plus
d'efpérance que dans l'amputation. Un foldat
invalide eut une affe&ion de ce genre , qui oc—
cupoit route la verge, lui donnoit un volume
confid érable, & la rendoic toute tortueufe. Il
attribuait cette maladie à la fuppreffion d’une
forte d'ulcération purulente qu'il avoit eu à la
bafe du gland, laquelle avoit été arrêtée par
une foltuion de vitriol, & de tout ce qu’il d it , on
n'en put conclure fur l’exiftence d’une affeCtion vénérienne.
Il y avoir trois ans & demi que le mal
avoit commencé , lorfqu’il vint aux infirmeries
de l’Hôtel, en 1782. A cette époque, le corps caverneux,
du côté droit, était tellement gonflé près
de la bafe du gland, & avoit tellement diftendu
Je prépuce, que l’ùrine ne pouvantpaffer qu’avec
les grands efforts, elle rompit dans un de
c e u x - c i, U foffe naviculaire du côté oppofé, &
fe fit ainli une iffue. On lui amputa la V erge,
prè« de fa racine. Lehafard fit que l ’urètre fi«
taillé en bec de flû te, de manière qu’on pût ai-
fément y introduire une fonde. On appliqua le
cautère aCtuel pour arrêter le fan g-, mais celui-
ci fortoit toujours d’une pente artère firuée au
côté droit de la Verge. Enfin l’hémorrhagie ceffa;
mais ce fut pour recommencer quatre jours après,
& elle fut effrayante; on appliqua un bouton
de vitriol , & l'on tamponna -, le fan g fortit
encore, mais le malade fatigué de ces pertes de
fang continuelles, eut quelques mouvemens fpaf-
modiques & mourut dans un accès de tétanos
décidé. La Verge aux endroits où le fchirre
étoit plus confidérable, étoit de la dureté d’un
cartilage-, le fchirre occupoit principalement le
côté droit, & s'étendoit tout le long du corps
caverneux -, vers fa racine, on avoit même
coupé dans la fchirrofité.
Quand les cas que nous venons d’ex pofer ont
paru affez graves pour fe déterminer à 1 amputation
, il faut y difpofer les malades par les
remèdes généraux , les faignées & les bains, fur-
tout chez les fujets vigoureux, & qui ont le
genre nerveux très- fenfible -, car on doit, en
pareil cas , penfer à prévenir les affrétions fpaf-
modiques & l’hémorrhagie, qui font périr ici
un grand nombre des opérés. Les procédés qu'on
fuivoit autrefois dans cette opération , n’étoient
rien moins que propre à en favorifer le fuccès.
Ainfi, Ruifch dit, dans fa trentième obfervation,
qu’ayant à opérer dans un pareil ca s , il intro-
duifit une fonde creufe dans |a v eiïie, & qu il
la retint au moyen d’une ligJfüre convenable.
IMia enfuite fortement la Verge au - deffus de
l’endroitaffeélé. Le lendemain,il fit une ligature
fur la première, & cinq jours après il coupa avec
un biftouri , dans la même place déjà prefque
détruite par les ligatures. Le but de cette manoeuvre
étoit de prévenir l’hémorrhagie; auffi g dit cet Auteur
, la partie tomba-1 - elle prefqu entièrement
mortifiée , & on l’emporta fans effufion de fang.
L e fuccès de l’opération fut des plus heureufes;
mais celle - ci n'en efi pas moins cruelle, &les
douleurs qui s’enfuivirent ne laiffèrent aucun
doute qu'on 11e lui doive préférer la réfeélion,
malgré ce que dit Heifter pour foutenir cette méthode.
•'
Quand on s'eft décidé pour e lle , la partie
étant rafée, & le malade ayant uriné, on le place
ou dans un fauteuil à dos ou fur le dos dans
fon lit ; on fera une incifion circulaire fur la
peau, à un travers de doigt environ de la tumeur
cancereufe. Un Aide alors la retirera en ar*
rière, pour découvrir les corps caverneux, &
d’un feul coup on les incife au niveau de la pea^j
de manière à ne faire d’eux & des bords de la
peau qu'une feule & même plaie. On cherche
; auffi-tôt à s'affurer des vaifleaux qui fourniflent
le fang ; ce font particulièrement les deux artères
caverneufes qui en donnentles plus, & conféquefflr
^ n t celles auxquelles il faut porter une ligature.
On les failli avec une pince ordinaire qu'on a
garnie d’une anfe de fil, on pouffe c e lui-c i fur fa portion de vaiffeau qui fournit, & l’on fait le
noeud du Chirurgien. On peut fans difficulté faifir
dans l’anfe un peu de tiffu, même du corps caverneux
; cette méthode rendra l'opération plus
fûre y en évitant le retour de l’hémorrhagie.
Quand les principaux vaifleaux ont été liés, il
refie encore un luintement affez abondant, &
dont on vient à b out, en lavant la plaie avec
de l’eau convenablement aluminée, & en fau-
poudrant la furface avec de la gomme arabique
en poudre & un peu de farine. On paffe enfuite
une fonde d’argent dans la veflie , pour faciliter
le cours des urines, & empêcher quelles ne fa-
liffent les pièces de l’appareil, quand celui-ci a
été convenablement appliqué. Cette fonde a encore
le grand avantage de donner plus de fermeté &
d’appui aux pièces d'appareil dont on fe fert pour
arrêter l'hémorrhagie. On peut faire fur la fur-
face de la playe, & mieux encore fur toute l’étendue
delà Verge, une compreflipnfuffifanre ,
au moyen d’une bande circulaire qu’on tient alors
un peu ferrée , fans aucune crainte que la playe
n’en éprouve aucun mal. On met de la charpie
sèche fur la playe, puis une ou deux compreffes
en croix de Malte, percées d’un trou par où
paffe le bout de la fonde, & l’on termine par
quelques tours de bande. On laiffe l’appareil deux
ou trois jours ; fi les premières pièces font mouillées
par les urines, on les change , & l'on tient
toujours la fonde dans la veffie. La ligature ici
eft indifpenfable, elle arrête le fang beaucoup
plus fûrement que ne pourroit le faire la fimple
compreflion; mais celle - ci auffi rend la première
plus certaine dans fon effet. On ne doit donc
point les employer l’une fans l'autre, fi l'on ne
veut point rifquer le danger d’une nouvelle h é morrhagie;
& en les employant de la manière
que nous venons de preferire, on ne s’expofe à
aucun inconvénient.
il arrive quelquefois que la ligature eft fuivie
de mouvemens fpafmodiques , & même d un véritable
trifme, chez les perfonnes fingulièrement
fcnfibles. Cet accident étoit plusfréquent, quand
on fai foie la ligature avec'une aiguille courbe,
en comprenant beaucoup de chairs & de nerfs
dans fon anfe. La méthode que nous avons con—
feillée , qui eft celle de Paré perfectionnée , fait
éviter cet accident. 11 faut Toujours, dans ces fortes
d'opérations, laiffer pendant les deux premières
vingt - quatre heures, un Aide qui veille à ce
que le fang ne forte point ; car, faute de cette
précaution, or a vu des malades périr , & très-
promptement.
On panfe par la fuite avec les digeftifs (impies ;
l'on a foin de toujours coucher la Verge fur
l’hypogaftre , & de l y maintenir avec une bande
étroite de linge double, qu'on fixe avec des épingles.
Lorfque la fuppuration eft bien établie,
on fubftitue à la fonde une canule du même volume
, & longue de deux ou trois pouces, pour
faciliter le paffage des urines, & empêcher qu elles
ne mouillent l’appareil. On peut employer celle-
ci jufqu’à parfaite cicatrifation ; elle empêche à
ce, terme que l’orifice du canal ne fe refferretrop;
ce qui auroit un grand inconvénient. J'ai v u ,
dit le Dran, que faute d'avoir mis une canule
auffi — tôt après l’opération , l’urètre fe ferma,
de manière que cinq à fix heures après le malade
ne put uriner ; fort qu’on n’eût pas coupé affez
de peau, ou que les corps caverneux fe fu fient
beaucoup retirés vers leur point fixe, la peau étoit
bourfoumée fur la-playe, & s’étoit rapprochée de
toute la circonférence, de manière qu’elle ne
paroifloit prefque plus. On eut beaucoup de peine
à retrouver l’entrée de l’urètre , & on n e lad if-
tingua qu’en appuyant à plufieurs reprifes le doigt
fur la playe, pour fentir le point où la colonne
d’ufine faifoit effort pour fortir. Alors le Chirurgien
y porta la pointe d’une lancetre , & l’u rine
fortit avec force; on n’avoit point de canule
toute prête , on paffa une algalie dans la veflie,
jufqu'à ce qu'on pût lui en fubftituer une.
( M. P e t i t - R a d e l . )
VÉROLE , Syphillis , Morbus Venereus. Maladie
vénérienne. Infedion d’une ou plufieurs
parties de notre fyfiême, occafionnée par l’action
du virus vérolique qui, ayant paffé des fur-
faces du corps au - dedans, y opère des chan-
gemens apparens qu’on regarde comme autant
de fymptômes de la maladie. Les Auteurs en
portent l’apparition à l’année où débarquèrent
en Europe les flottes de l’Amiral Colomb ; cette
vérité eft actuellement reconnue par le plus grand
nombre des Auteurs qui ont écrit fur la Vérole.
Voye\ à ce fujet le Traité De morbis venereis ,
du D. Aftruc *, rAmew qui a nais Je plus ^’érudition
& d’exaCtitude dans fes recherches. La
caufe de la maladie refia d’abord inconnue, & fes
effets n’étant aucunement arrêtés dans leur marche,
& fe revêtant des apparences communes à d’autres
affections , furent long - tems infruélueufement
traitées pour elles. Cependant le tems & lo b—
fervation, qui ont amené tant de richeffes en Médecine
, amenèrent auffi des réfultats affez certains
pour qu’on pût établir fur eux un plan
de pratique utile à plufieurs, s’il n’étoir pas toujours
avantageux au plus grand nombre. On entra
d’abord dans la carrière par empyrifme,
& le fuccès favorifant l’entreprife , on modifia
les moyens, & l’on fit de leur a iminiftration
une doctrine raifonnée, fondée fur l’expérience,
& qui conftitue ce qu'on appelle aujourd'hui
une M'thode. Cette méthode a fingulièrement
varié jufqu’à préfent, tant en rai fon des voies que
devoiem pénétrer les remèdes qu’on employoif,
qu’à rail’on des remèdes eux - mêmes qu’on a r a -
vaillé de m i l l e m a n i è r e s , pour leur donne*
N n n ij