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î eau foffit pour produire tous les phénomènes
qui accompagnent la fubmerfion indirectement,
en* excluant Pair atmofDhérique des poumons..
Mais il conclut de plus, d'après les notions ac-
qnifes fur l’utilité première de la refpiration, que
le fing nétant plus fourni du principe vivifiant,
qui non-feulement le colore, mais excite encore
puiflamment le coeur à de vives contractions,
celui-ci doit , de plus en plus, agir facilement
, jufqu’à ce que fes contractions ceffent entièrement
; ce qui arrive quelquefois en quatre,
fix , huit ou dix minutes, & quelquefois plus
tard.
Ces obfervations, fur la caufe première de la
mort des Noyés , ont pour but une Pratique
moins meurtrière & plus sûre, dans fes fuccès,
que celle qui étoit en vogue avant qu'elles
n’euffent été bien confiatées, & même à l'époque
de 1740 , où Réaumur établit un plan qui n'é-
toit rien moins que raifonné. Ce qu’on doit avoir
ici en v u e , eft de rétablir la refpiration , & de
s’oppofer à la coagulation des fucs , par l’em-
ploi d’une douce chaleur qu’il faut communiquer
d’ une manière autant égale qu’il eft poifible, &
de parer à la ftâfe du fan g dans les vaiffeaux du
cerveau, ftâfe qui èft prouvée par l’engorgement
où l’on trouve toujours ce vifeère, à l’ouverture
du cadavre des Noyés. A infi, les indications qu’on
doit fe propofer de remplir, font de débarraffer
les poumons & le cerveau , & de donner un nouveau
branle à la circulation qui peut n’être que
fufpendue. Nous retracerons ic i, à ce fujet,
les.règles que nous avons,déjà établies dans un
Ouvrage qui a pour titre : Nouvel Avis au T eu ■
pie , ou Inflruaions Jur les Maladies ou Âecidens
qui lui arrivent le plus fréquemment.
Ce qu’on doit d'abord faire , quand on a retiré
de l’eau un No y é, & que la putréfaction ne
fe manifefte par aucun ligne, c’eft de le porter
dans l’endroit où l’on fe propofe do lui donner
des foins, avec la même attention que fi l ’on
étoit perfuadé qu’il fût encore en v ie, lui tenant
la tête la plus élevée qu’il fera pofïible. Lorfqu’il
y fera rendu, on le déshabillera & on le mettra
fur un lit de fangle , près d’un feu fort clair;
on l’effuie*a bien avec des flanelles chaudesou
des linges chauds & fecs, qu’on laiffera quelque
tems fur lu i , & qu’on renouvellera de tems en
tems, pour q u e , par leur chaleur, ils fondent
les^ fuçs & empêchent la coagulation de ceux
qui rendent à fe prendre. On modérera cerre chaleur
pour qu e lle . n aille point à 1 extrême ; on
pourra même, fi l’on en a la facilité, étendre
fur un lit de (angle, l’épaiffenr de quatre doigts
de cendre qu’on aura chauffée dans des chaudières.
On couchera deffus le Noyé tout nud,
on le couvrira avec d’autres cendres également
chaudes, & l’on étendra une couverture °de laine
fui le tout; du fable fin , ou de la terre sèche,.
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pourroient avoir le même avantage. Comme ordinairement
il eft difficile de lui ôter fes vête-
mens, on pourra les lui fendre avec des cifeaux ,
pourréuffir plus promptement. On lui. tiendra
toujours la tête un peu élevée, & partchée de
côté j pour que les mucofités de la bouche puif-
fent aifément en fortir. On changera le corps de
pofirion, de tems à autre, pour que la chaleur
puiffe également fe communiquer par-tour.
Pendant que les aides font employés à ces derniers
foins, on s’occupera à donner le branle à
la refpiration, en fouftlant de l’air chaud dans la
bouche du Noyé, quand on peut l’ouvrir, ayant
la précaution de fermer les narines, pour l’empêcher
de revenir par cette voie. Une gaine
de couteau eft fingulièrement propre à cet effet;
on peut en comprimer les parois lorfqu’on eft
fatigué , de manière à reprendre haleine fans
craindre le retour de l’air qu’on a foufflé. Si
les mâchoires étoient tellement fermées qu’on
ne put y rien introduire, on pourroit porter
une fonde ou un tuyau de pipe dans une dès
narines, pour y fouffler l ’air qu’on voudroit y
introduire. Quoique l’on emploie communément
l'air qui fort des poumons , il n’eft cependant
pas le meilleur, vu fon méphytifme q u i, loin
de contribuer au rétabliffement de la refpiration,
ne peut que l’arrêter dans l’état de fanté aufii
préfère-t-on , avec raifon, l’air v ital, quand on
peut fe le procurer , ou l’air commun de l’at-
mofphère , qui en contient en affez grande quantité.
Je l’ai employé ( l’air vital } plufieurs fois
chez les jeunes animaux, dit le D. Goodwyn
& le rétabliffement a toujours été beaucoup plus
prompt que quand j’avois recours à ‘l’air atmof-
phérique>mais-|e n’en ai jamais pu rétablir aucun
avec cet air , quand l’air atinofphérique
n’avoir pu-me réuffir „ Le procédé de l’infuffla-
tion opère cfune manière très-prompre, quand
on le met convenablement à exécution. J ’ai ob-
fe rv é , difoit à ce fujet le D. Cogan , que le
coeur & les prières battoient fortement, pendant
qu’on foufïloit ainfi dans la bouche d’un enfant
nouveau-né, & que les pulfations difeontinuoient
dès qu’ on ceffoit les tentatives, pour recommencer
quand on y revenoit. Le manuel demande
de la dextérité, & la connoiffance du lieu fur
lequel on opère, pour qu’on puiffe faire parvenir
; l’air où l’on fe propofe de le porter.
Pour furmonter plus facilement toute diffi-
culté, il faut fe fervîr d’un tube courbe § affez
femblabié, pour la forme, à une fonde de veffie;
c’eft ainfi que M. Monro le. recommande. Pour
l’introduire, on commencera par porter le doigt
indicateur de la main gauche à la bouche, près
la commiffure des lèvres du côté droit, & dirigeant
fur lui , comme fur un conduâeur , le
bec du tube qu’on portera, de la main droite,
vers l’angle gauche de la bouche, jufqu’à ce
qu’il ait dépaffé le bout du doigt introduit.; 0»
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le laiffera tomber dans l’ouverture de la glotte,
plutôt que de, l’y pouffer. D’une autre part , on
aura une grande veffie remplie d’air vital , &
fermée à fon col par un robinet dont le tuyau
foit du calibre de l’extrémité du tube qui eft
au-dthors. Tout étant ainfi difpofé, on preffera
les parois dé la veffie, de manière à pouffer le
fluide qu’elle renferme dans l’intérieur des poumons
; quelque tems après, on comprimera la
poitrine de toute part, pour produire l’expulfion
de l’air,& l’on agira ainli alternativement, comme
pour exciter une refpiration naturelle. Ce procédé
eft plus fimple que celui de Hunter, qui con-
feille un fouftlet à deux cavités diftinéles , de
manière qu’en en étendant les panneaux, lorfque
la tuyère eft appliquée aux narines, une cavité
puiffe être remplie d’air commun , & l’autre de
l’air qui fort des poumons, & qu’en les rapprochant
, celui-ci puiffe s’échapper au-dehors, &
l’autre pénétrer au-dedans. Pour ne point mettre
d’interruption dans les fecours, il faudra fe munir
de plufieurs veffies garnies chacune de leur
robinet, & pleines d’air.
Mais fouvent l’air que l’on infihue ne peut fé
faire voie jufqu’aux dernières ramifications bronchiques,
à raifon de l’écume & de l’eau qui les
obfiruenr. Le D. Goodwyn, qui a fait différentes
expériences fur la fubmerfion , confeille alors un
moyen fait d’après les principes de l’Hydraulique ,
pour attirer l’eau & dégager les bronches. C ’eft
un corps de pompe A B C D E dont le cylindre
A B , qui eft de cuivre, contient cent pouces
cubiques dair , & dont l'intérieur communique
avec l’atmofphère par une petite ouverture circulaire
a ; le pifton D E eft de bois, & garni,
à fon .extrémité E , d’une fubftance molle pour
le tenir bien ferré. Les deux ouvertures a b font
pour donner iffue à l’air, quand on tire le pifton
plus haut que l’ouverture a. Le tube C eft
pour y placer un plus petit, qu’on doit mettre
dans le nezou le larynx ; Voye\ , à ce fujet, la
Planche relative à cet Article. Quand on fe propofe
d’employer cet inftrumenr, on commence
par mettre le petit tube, qu’on choifit d’une
longueur & d’une courbure proportionnée , dans
l’un des paffages de l’a ir , & fon tient les autres
convenablement fermés. Le pifton étant tiré
en-haut, & l’orifice a fermé avec le-doigt, on
pouffe en-bas le pifton, & l’on force ce qui eft
contenu dans le corps de pompe à paffer dans
les poumons ; quelques minutes après on tire le
pifton , & l’air paffe des poumons dans le cylindre,
Alors on ôte le doigt de l’orifice a ; on
pre ffe en-bas le pifton , & la plus grande partie
de cet air expiré s’échappe dans fatmofphère.
Enfuite on tire le pifton une fécondé fois, pendant
que l’orifice a eft ouvert, & il entre dans
le cylindre un volume d’air frais , qu’on peut
porter de la même manière dans les poumons.
Mais, quand il convient d’extraire l ’eau des pou-
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mons , avant l’infuflbtion , il faut commercer Ie
procédé, le pifton étant én-bas; & quand on a
inféré le petit tube, comme ci-deffus, on tire le
pifton jufqu’à ce que fa portion inférieure E foit
contiguë à l’orifice a : l’eau s’élève alors des poumons
dans la gorge ou le cylindre. Si elle s’élève
dans celui-ci, on peut l’évacuer, en détachant
le tube C du petit tube; ce qu’on peut
répéter une ou deux fo is , toujours avec précaution;
enfuite on cherche à. fouffler dans les poumons
, comme nous venons de le dire précédemment.
Lorfque la vie n’eft point entièrement éreinte
& qu’elle n’eft que fufpendue, l’emploi bien
combiné de ces premiers moyens rappelle quelques'contrariions
du coeur, la chaleur fe développe,
le pouls commence à battre quoique foi-
blément, & bien-tôt une ou deux refpirations
paroiffent pour recommencer à de plus longs ou
plus courts intervalles. Quelques mouvemens irréguliers
des lèvres fe manifeftenr, fi alors les
apparences du vifage indiquent une ftâfe dans
le cerveau, il faut en venir à la faignée de la
gorge , qu’on fait fans ligature. L ’ouverture
de la jugulaire eft préférable ici à toute autre
qui ne fourniroit point une fuffifante quantité
de fan g ; elle dégage les finus du cerveau & aé-
barraffe les grands réfervoirs fanguins de la poitrine,
du fang qui les opprime, en même-rems
que l’infuftlation de l’air vital fournit l’âme de
la vie. Cependant, malgré futilité apparente de
cette opération en pareil cas, il faut apporter le
plus grand ferupuie dans l’examen des circonf-
tances qui la favorifent ou la rejettent. En général,
quand il y a houffiffure au vifage, échymofe
à la conjonctive, que le fujet a une apparence
forte & vigoureufe, que l ’on fait qu’il s’eft débattu
long-tems dans l’eau, & que tous les lignes
qui manifeftenr un embarras dans le cerveau,
• exiftent ; dès que le retour à la vie paroîr être
affuré, l’ouverture de l ’artère temporale ou de
la veine jugulaire eft reconnue de la plus grande
néceffité & même elle doit aller de concurrence
avec les autres moyens; on doit l’omettre dans
toute autre circonflance.
L ’obfervation que les inteftins très-irritables
de leur nature , avoient une grande fympathie
avec les organes vitaux, & qu’il fuffifoit fouvent
chez un animal mourant de les irriter pour ramener
les contrariions du coetir & continuer
ainfi plus long-tems la vie, a déterminé quelques
Praticiens à folliciter leur irritabilité au moyen
de la fumée de tabac portée dans l’anus. Cette
tenrative a eu dans plufieurs occafions les fuccès
les plus heureux. Je l’ai expérimentée, dit M.
Louis fur beaucoup d’animaux que j’avois noyés
& j’ai prefque toujours réuffi à les rappeller à
la vie lorfque je n’avois pas trop différé à leur
donner ces fecours. 11 y a également' des exem-
* pies du prompt & heureux effet de cette fumée