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fur les hommes. On a invenré à ce fujet des
appareils qui facilitent fingu lié rement l'emploi
de ce remède. Ôn en peut voir un dans l’Ouvrage
de Müfchenbroëck ; M. Louis en a imaginé
un autre dont on peut voir la defcription
dans les Mémoires de l’Académie Royale de Chirurgie;
il fait partie de la machine qu’on trouve
dans tous les Corps-de-Garde à j ’ ufage des Noyés
& qui a été imaginée par M. P ia , ancien Eche-
vin de Paris. Mais, comme on n’a pas toujours
cet appareil fous la main,.on peut fatisfaire aux
vues qu'il remplit en lui fubftituant deux pi*
pes allumées dont on a abouché les fourneaux ;
on met le tuyau de l’une dans le fondement &
Ton fouffle par celui de l’autre, & pour eropê-
cher la fumée de s’échapper on applique fur
l ’anus une éponge ou des linges mouillés, qu’on
retiendra comme il paroîtra convenable. Mais
quelque foit l’efficacité de ce moyen fur laquelle
les Praticiens font encore en fufpend, comme
il n’a jamais réuffi feul , & fans l’ infuffiation,
dans les poumons, on ne doit, y avoir recours ,
que quand on a employé tous les autres.
On a depuis peu publié les bons effets de
l ’irritation des narines au moyen de la barbe
d’une plume. d’un long tube de papier trempé
dans l’alkali volatil & porté dans le nez. L ’émo-
vibilité des nerfs olfaéïifs fi proches du cerveau
& fi facile à procurer par ce moyen, n’eft point
à méprifer dans un état où les fources de la vie
doivent être ébranlées par toutes - les iecouffes
favorables ; mais il ne finit . pasvplus^ compter
uniquement.fur lui que.fur linfufflation de la
fumée de tahac. Nous en dirons autant d e l ’émé-
tique qu’on a-'également vanté, on ne fait trop
pourquoi, même comme un moyen auquel on
.devroit d’abord recourir. On ne doit^le regarder
comme utile que ;quand le principe de la
vie eft déjà rétabli & encore ne doit - on y
recourir que. quand les faignees ont diminué
la pléthore du cerveau, & qu’il y a des lignes
de réplétion dans les premières voies.
Parmi tous ces fiimulans que Ion a propofés
dans les alphy xies & notamment dans celles qu’oc-
cafionne la fubmerfion , on eft étonné de ne point
trouver le plus puiffant de tous ceux que fournit
la Nature, eeft-à-dire les commotions; M.
Louis qui a donné un ouvrage fur l’éJe&ricité
médicale n’en fait aucune mention relativement à
la matiçre que nous traitons. Eo effet,les fubftançes
fîimulantes que nous avons citées,ne peuvent avoir
qu’un effet lent, parce que leur atfion eft bornée
à un petit efpace & qu’elles ne peuvent agir
fur le coeur que fympathiquemenr. L effet de la
commotion éleétrique eft bien différent; dans un
in fiant la fecouffe parcourt les endroits les
plus profonds du corps, & par cela même elle
paroît être propre à .exciter le principe engourdi
de la vie. Le D. Abylgard rapporte , à ce fujet,
que des oifeaux qui avpient reçu de violentes
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commotions éleétriques fur la fête étant regardés
comme morts, ont été rendus à la vie par
de légères commotions fur le coeur & les poumons
, même après avoir éprouvé vainement les
ftimulans ordinaires les plus puiffans. Si donc
ce Phyficicn a pu priver ces animaux de tout
fentiment & les ranimer enfuite à volonté par
une adminifiration convenable de ce fluide fu-
btile, on peut efpèrer de même qu’en ménagéant
convenablement les commotions éleélriques, &
ifolant convenablement les Noyés foit fur une
toile cirée ou autrement, on pourroit les employer
comme un des moyens les plus efficaces
pour les rappeller à la vie.
L ’opinion que les Noyés périffoient faute de
refpirer, a fuggéré la néçeffité de la'broncho-
tomie , pour , dit-on donner accès pans les
poumons à l ’air qui ne peut entrer par la glotte
que fa valvule ferme de toute part. Detharding &
Hunter ont les premiers donné ce confeil, &
le D. Tiffot n’a pas manqué de tomber dans cet te
erreur dans fon Avis au Peuple fur fa Santé ;
il dit même qu’un Chirurgien ayant pratiqué
cette opération, il fit tomber dans.la traohéa
quelques gouttes de vinaigre, & qu’il fauva amfi
le malade. Il eft peu de Praticiens réfléchis qui
fe laiffent entraîner à une pareille autorité , d’autant
plus que l’affertion du Médécin de Laufanne
eft loin d’être détaillée, de manière à entraîner
à la conviétion. En effet, que peut faire une
pareille opération pratiquée dans l’intention de
rappeller la refpiration ?. Donnera-t-elle aux mufcles
infpirateurs l’énergie dont ils ont befôin pour
dilater de toute part la poitrine", & préparer à
l’air un efpace qu’il puiffe parcourir auffi aifé-
ment que dans tout autre teins, où l’expanfion
des côtes précède toujours l’entrée de l’air dans
les poumons. D’ailleurs, l’ouverture des cadavres
a trop fréquemment prouvé la fauffeté du principe
, fur lequel eft appuyé la néçeffité de cette
opération, pour qu’on puiffe encore la regarder
comme indifpenlable. 11 eft rare , en effet, que
la glotte foit fermée'; &, quand elle l’eft,.l’épiglotte
n’eft jamais affez abaiffée pour la fermer de manière
à ôter toute communication entre la cavité
dé la trachée-artère, & celle de l’ arrière-
bouche.
Quoique l’expérience ait déjà conflaté le mérite
particulier des méthodes que nous venons de rapporter,
& qu’elle ait indiqué l’une de préférence
à l’autre; cependant, il eft fouvent néceffaire de
les combiner enfemble, & quant à l’ordre qu’il
faut fuivre dans leur adminiftration, on pourra
fe fixer à celui que nous avons choifi en lesex-
pofant , toutes les fois que le corps confervera
ençorefa chaleur naturelle; mais, lor(quelle fera
prefque anéantie, on commencera par procurer
une chaleur artificielle , foit par les bains fées
ou d’eau chaude , avant de recourir à d’autres,
Si cependant le feul emploi des trois grands agens
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'de la Nature , l’air v ital, le fluide éle&rique, &
la chaleur artificielle éfoit prouvé fupérieur à tout
autre moyen , ne feroit-on point difculpé, avec
raifôn, de l’oubli des autres fubalternes , moins
efficaces , & qui ne font que reculer les bons
effets fié ceux-ci ? En e ffet, pendant qu’on tente
tous ces remèdes inutiles, la mort s’avance à
grands pas , & enfin le moment vient où tous
les efforts de la Nature & de l’A rt font absolument
fuperflus.
Les moyens que nous venons de preferire eni-
ployés a4 ec la confiance &la prudence que demande
une fituation auffi critique, font fou vent: fuivis
de phénomèmes qui indiquent le retour à la vie.
La bouche fe couvre d’éctfme,&à mefure qu’on
Tefluie il en revient d’autre ; dés'bulles d’ air
retenues par la falive fe fuccèdent les unes aux
autres; un petit bruit affez femblable au râle
fe -fait entendre dans la gorge; les lèvres & les
joues font agitées de quelques unouvemens. Alors
on perfifte dans l’ ufage de la méthode qui a été
efficace; & quand une fois lé füccès eft décidé,
que la'déglutition & la refpiration font rétablies,
on pourra infirmer avec précaution dans la bouche
ou moyennant un tube fort long de gomme
élaftique, quand les mâchoires feront trop ferrées,
quelques cuillerées’ d’eau de vie-camphrée
ou d’eau de vie fimple animée d’un peu de fel
ammoniac ou de l’eau falée. Quand la déglutition
n’eft nullement gênée , & que les faignées
ont précédé chez les pléthoriques ; on peut donner
quelques cuillerées d’eau aiguifée de, deux ou
trois grains d’émétique pour exciter un.vomif-
fement dont les fecoùffes peuvent alors être très-
utiles. Mais, malgré tout lé fuccès apparent des
procédés que nous venons de rapporter on au-
roit tort de regarder la perfonne à qui on les
adminiftre. comme parfaitement rétablies ; fou-
vent, en effet, il furviént dans la convalefcence
des accidens fâcheux, tels que l’oppreffion, la
toux, la fièvre & autres maladies qui exigent
toute l’attention des Praticiens; auffi ne doit-on
les regarder comme parfaitement rétablies, qu’a-
près un affez long - tems où aucune des fuites
fâcheufes dont nous venons de parler, ne fe ma-
nifefte. f M.. P e t i t-Radez ).
NUAGE, Ns^5X;o.yJ Nub scuta. Yoye^ l’article
Néphéliontv .( P e t i t - R ad e z ) ' '
N Y C T A LO P 1E ,n, ^ xo4 , Nyàalopus. Affection
dans laquelle la vue eft obfcure à la lumière
du çrépufcule du matin ou du fo ir , & même
confufe dans les endroits où les autres voyent
diftinélement. Les Anciens font div.ifés èntre eux
fur le caraélère de cette maladie, Hippocrate,
en parlant d’elle,, dit expreffément : - - Nous appelions
Nyçlàlbpes ceux qui voyenr pendant la
nuit, ce qui revient affez à la dénomination de
la maladie. Paul & Aèluariyis font précis fur ce
point,ils font mention de l’aveuglement nocturne;
mais ils obier vent que les malades voyent par fai-
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tement pendant le, jour. Aëtius eft du même fentiment
, quoiqu’on le penfe favorifer l’opinion
contraire, lorfqu’il dit qu’ils voyent mieux la nuit
que le jour, & qu’ ils font aveugles au clair de
la lune. L ’Auteur de l’Ifagoge embrafl’e l’un <Sc
l’autre fentiment, quand il dit que par Nyèlalopes
ils entendent ceux qui voyent obfcurément le jour,
plus clairement au coucher du foleil, & beaucoup
mieux quand il fait nuit; ou au contraire pendant
le jour ils voyent peu , & qu’ils ne voyent
rien le foir ou la nuit ; affecïion que Galien
appelle Coe citas noBurna. On trouvé la même
incertitude dans les Auteurs latins, & notamment
dans Gelfe qui appelle cette affeèlion de la vue
Imbecillitas oculorum. Il femble, en lifant l’hif-
toire d’une cécité périodique inférée dans les Me-*
dicals Obfervations and îtiquiries, qu’on pourroit
concilier ces deferiptions fi différentes & fi oppo-
fées de la Nyélalopie en fixant la maladie dans
celle des intermittentes. La différence alors ne
confifteroit que dans les différens tems de l’approche
de la maladie. Celle dont parle Hippocrate
venoit le matin , celle de Paul le fo ir ;
toutes deux étoient bien périodiques & la dif—
tance du' tems entre les deux paroxfymès étoit
refpeêlivemenr la même, un jour plein ou une
nuit pleine.
Si cette obfervation du D. Pye étoit confirmée
par d’autres, elle pourroit éclaircir fur le véritable
caraèlère de cette maladie, dans laquelle la rétine fe
trouve ainfi commepara!yfée à des périodes réglés ;
elle pourroit également indiquer les remèdes vraiment
effectifs auxquels on n’a point encore penfé ,
favoir , le kinkina qu’on dit être fi propre à
guérir les maladies qui dérivent d’une ataxie périodique
dans le fyfiême des nerfs. En effet, il
eft confiant que la pupille eft toujours plus élargie
& comme atone pendant l’accès de la maladie ;
circqttftance qui accompagne toujours l’ainau-
rofe ou la paralyfie de la rétine. Nous renvoyons
aux détails que nous promet M. Champferu
fur cette maladie!, que fans doute il enviïâgera
fous ce rapport auffi curieux qu’utile. ( M. P e t i t -
R ad e z . )
NYM PH O TOM IE , Nymphotomia âe^°p<p>cy
Nymphe & de 9 je coupe. Amputation
d’une partie dés nymphes, ou du clitoris-, que
quelques-uns appellent auffi Nymphes, lorfque
ces parties forment un volume fi considérable
qu’ elles empêcheroienr la confonimation du mariage,
ou la rendroient extrêmement difficile. .
Galien oblerve qu’on étoit fouvent obligé de
faire la Nymphotomie fur les femmes Égyptiennes
; mais, dans notre Europe, il efi rare que cette
opération foit néceffaire.
La Nymphotomie eft, à proprement parler
la Circonaifion des femmes. L ’alongeiùent:
des Nymphes eft fi ordinaire dans l’Empire
s. fies Abyffins qu’il a fallu y établir la Circoa-
cifion pour les femmes.