
on peut en quelque forte les tromper avec
le pharingotome, dans lequel ils ne voient
qu’une canule plate, dont ils ignorent la
mécanique, & ils ne font avertis de l'opération
, que par l’incifion qui fe fait
en pouffant le bouton de Pinftrument.
Comme l’aétion eft prompte , & que la
lancette rentre dans fe gaine dès qu’on
•celle d’appuyer fur Je bouton , 011 efl
alluré que quelques mouvemens que puiffe
•fairele malade au moment de l’opération,
.il n’e.n réfultera aucun accident.
P l a n c h e X X I X .
C o n t in u t io n d e s in jlr u m e n s r e la t i f s à la
b o u c h e , o n y t r o u v e t iu j j i q u e lq u e s - u n s '
q u o n e m p lo ie d a n s le s m a la d ie s d u p h a r
y n x & d e f c f o p h a g e .
F i g , 1. Pincettes courbes de Fabrice
d’Acquapendente, pour extraire les corps
étrangers arrêtés dans le pharynx.
F ig . 2. Infiniment de Fabrice de Hil-
den , pour le même ufage.
F 'g . 3. Baleine pour enfoncer jufques
dans l’eftomac les corps étrangers engagés
& arrêtés profondément dans l’oefophage.
Cette baleine fe termine par un bouton
que l’on garnit d’un morceau d’éponge.
F i g . 4,. Autre baleine enfermée dans
une canulf d’argent flexible.
F ig . y. Canule courbe , avec laquelle
M. de Bauve propofe d’injefter des liquides
dans l’eflomac.
F i g . 6 . Abaiffe-langue de Lamalle,.
F i g . 7. Biflouri caché, inventé par le
m èn e , pour incifer la langue trop engorgée.
a , La lame. Vers le milieu de fa
tige efl un cylindre fur lequel efl attaché
un petit reffort. x , La gaine du biflouri.
f , Etui qui doit contenir la lame & le
reffort à boudin d . e , Couvercle en vis
qui ferme l’étui par fa partie inférieure.
ƒ , Bouton avec lequel on preffe fur le
petit reflort x de la lame, g , Vis que l’on
fixe fur le cylindre , en fe faifant paflèr
par 1a fente de l’étui. Au moyen de cette
v is , on fait fortir 1a lame au degré que l’on
defire, & elle refte fixée en ceqécat par
le bout du petit réffort qui s’engage de
dedans en dehors dans l’un des trous que
l’on remarque fur l’étui au deffus de la
fente. Le reffort à boudin efl conique &
affez étroit inférieurement, pour que la
foie de fa lame qui fe termine en vis , &
qui traverfe le reffort, puiffe s’y fixer.
L ’extraflion des corps étrangers ^engagés
ou arrêtés dans le pharynx. & même
dans l ’cefophage, n’a pas moins exercé
l ’itnagination des maîtres de l ’art, que les
autres efpè-ces d’opérations.
Quelquefois ces corps font minces,
pointus, tels qu’une arrête de poiflon. Si
ces arrêtes font flexibles , elles échappent
a 1 inflrument le mieux dirigé. Lorfqu’elles
font implantées dans les chairs , elles excitent
1a to u x , des naufées & même le vo-
miffement. Le malade reflènt une douleur
piquante quiie gêne ; & fi l’arrête n’eft qu’arretée
, c’efl un chatouillement incommode:
ordinairement ces fortes de corps n ’occa
fîonnent aucun accident inquiétant. Si on
ne peu t les extraire ni les enfoncer dans l’efto-
mac, il furvient une légère inflammation
loca le, fuivie d’un fuintement ; & dans un
petit accès de to u x , le malade finit par
cracher l’arrête qui le gêno it, ou bien il
l’avale entièrement, pendant 1a déglution
de quelqu’aliment.
Dans d’autres circonflances, quoique
1 arrête ait été enlevée , il refte une douleur
qui fait croire au malade qu’il n’ell
point entièrement débarraffé du corps
étranger ; comme cette douleur n’efl que
l’effet de 1a piqûre , elle fe diflîpe peu
à peu.
Mais les chofes ne fe paffent point de
même li le corps étranger a quelque volume,,
ou s’il efl inégal & fort pointu,
& qu’il forme un efpèce d’embarure à
l’entrée de l’oe fophage, tels qu’une groffe
arrête de poiffon , un os de p ou le t, un
noyau de pêche , une pièce de mon-
jipie, & c . Les acçidens de la fuffocation
arrivent en fo u le , fouvent accompagnés
de convulfions effrayantes. Le malade pé-
riroit furement, s il n etoit promptement
fecouru ; & pour cet effet, on a propofé
une infinité de moyens. D ’abord , on a
eonfeillé d’enfoncer dans le gofier & juf-
ques bien avant dans l'oefophage, un porreau
dont la flexibilité s’accommode très-
bien au chemin qu’on lui fait parcourir.
Ce moyen efl fous fe main de tout le
inonde & en tout tems. llpyjn d it, que
quelques auteurs le regardent comme peu
fur,, parce que la tige peut fe caffer en fe
pliant pour s’accommoder à 1a figure de
la partie. G.’efl une erreur qu’il efl aifé
dereconnoître j &• fi l’on n ’avoit que cette
feule crainte pour faire rejetter l’ufage du
porreau , ou pourroit l’employer en toute
fûreté dans tous les cas & de préférence
aux autres moyens connus. A u lieu de
porreau , on peut fe fervir d’une bougie
mince , bien graiffée d’huile , avec lapré-
eaution de la faire chauffer un peu pour la
ramollir & l’empêcher, de caffer , fur-tout
fl c’efl en hiver-
Fabrice d’Acquapendente fe fervoit d’une
bougie graiffée pour enfoncer le co-rps
étranger dans l’eflomac; mais lorfqu’il
etoit facile à extraire , il le faififfoit avec
les pincettes courbes, 1. Hildanus fe
fervoit d’une canule courbe , f i g %, per-
cee de plufieurs trous. Cette canule doit
être longue de dix-huit pouces, montée
fur un manche , & terminée à fon fommet
par une éponge. S’il, n’avoit pu enfoncer
fe corps étranger dans l’eflomac, il tâchoit
de l’engager dans l’un des trous qui font
au corps de l ’inftrument ,. & par ce
moyen il le déplaçoit ou l’attiroit au-
dëhors.
Les chirurgiens qui défireroient- con-
noitre tous les moyens qui ont été pro-
pofésjufqu’à J.-L. Petit, pourront confulter
le mémoire de M. Hëvin , inféré dans le
premier volume de ceux de l’Académie
de Chirurgie, pag. 144. Cet Académicien
y difeute les cas où il efl le plus avanta
geux. d’extraire les. corps étiangers, que
de les enfoncer dans l’eflomac-, & du
.danger qu il y a a courir fi on prend ce
dernier parti. Cependant , fi après avoir
tente inutilement de differentes manières
de faire cette extraéfion , il n’y a point de
milieu , il vaut encore mieux le s enfoncer
dans 1 eflomac , que d’expofèr le malade’
au danger de périr ; fauf à prendre enfuite
le$. précautions qui mettent l’eflomac &
les inteflins à 1 abri des léfions qui pour-
roient s’enfuivre de l’aétion des corps p i quant?,
qu’on y auroit pouffes.
11' s’eft- trouvé des circonflances où on'
a tenté envain l’une & l’autre manière de
foulager les. malades. On a été obligé de
pratiquer;î’oefophagotomie , fans laquelle
il n’y avoir point de feint à efpérer. Cette
opération efl délicate fans doute , & on
ne doit point' la-pratiquer fans un concours
de circonflances favorables qui fem-
blent l’indiquer, en défîgnant, pour ainfi
dire, le lieu fur lequel on doit incifer ,
telle que 1a tuméfaélion locale occafian-
née par le corps étranger lui-même. Mais
revenons à l’enfoncement de ces corps
dans h eflomac; nous n’avons jamaishéfité
a le faire,. toutes les f o is que les occafions
fe font offertes , deux fois fu r -tou t, où
les accidens étoient on ne peut plusgraves.
La première , fur une cuifinière q u i, en-
mangeant fe foupe , avoit avalé par mé-
garde , un os de poulet. Ce corps étranger
s’arrêta dans l’oefophage , où il for-
moit embarrure ; on ne peut fe faire une
, idee de 1 état effrayant ou elle fe trouva
à l’inflant. Nous, plaçâmes entre les dents-
un bouchon de liège que nous fîmes tenir
par un aide , nous enfonçâmes dans l’oefo
. phage fe baleine , _/?£•. 3 , longue de feize
pouces. L ’éponge qui efl au bout bien
imbibée d’huile, & par des mouvemens
.doux -, nous réufsîiiTfs à faire defeendre
l’os dans l ’eflomac. Quelque teins après,,
un gagne-denier fe trouva dans le même
. cas : cet homme eut d’abord des convul-
■ fions , puis relia comme mort. Sa face
_étoit livide, le col déjà gonflé , un- chfe
rurgien qui avoit été appellé en même