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étant bien peu confidérablcs en comparaifon des
avantages qui en réfultent.
LANFRANC. Né à Milan: il étoit clerc &
non laïc, comme quelques-uns ont prétendu. La
faction des Guciphes & des Gibelins lui firent
quitter fa-parfie. Il vint à P a ris , où la renommée
avoir déjà porté Ion nom. 11 avoir alors érudié
fous Salicet, à Vérone & sJé'toit-nourri refprit des
hautes connoifiances de cet auteur en Chirurgie |
anlfi ior-fqn’ il vint1 à Paris né fût-il point inférieur
à fa réputation. Il faut cependant avouer
que, dans ces rems , il étoit beaucoup plus facile
de fe faire un nom par ion favoir qu’aéhielle-
ment j le nombre des Savâns éroir infiniment
borné,'& cette mixtion'informe de capacité apparente
& de loquacité que dans le monde on
appelle fi ience , & qui n’eft qu’une effronterie
réelle plus ou moins étudiée , ne sVtoit point encore
rëpandue-au point de foire prendre le change
fur le vrai mérite. Quoi qu'il en foir , Lanfranc
ne tarda pas à lier amitié .avec le célèbre Pitard.
Ce fut par leur fo1 licitation réunie que la Chirurgie
, jufqu’âfors négligée en France, prit un non- -
veau lofire■ , fous le règne de St. Louis. Ce fur à
cette époque , vers la fin du douzième fiéd e ,
quelle^commença à former un corps , ainfi que
nous lavons dit, à l 'article Chirurgie , & qu’eî-
le eut quelques réglemens , ainfi qu’on peut le
voir dans les Recherches critiques & hijîoriques
fu r l origine & les progrès de la ' Chirurgie en
France. C'étoit dans ces tems que floriffoient à
Paris les quatre Maîtres x vivant pieufemenr fous
■ le même to it , & corifaCrant leurs travaux & leurs
veilles aux pauvres qui venoie-nf leur demander
'cbnleil. Sineioignemenî dès teins-nous a ravi leurs
noms,il nous a du moins laifle le fou venir de leurs
venus;. Ils furent du nouveau corps qiii s’élevoit,
& plût - à - Dieu qu’ils ’eh euffenr. été toujours
le modèle. Lanfran.c, parvenu au complément de
, fes voeux , s’occupa dans fes mornens de loifir d’un
grand ouvrage fur la Chirurgie qui parut long-
tems après lu i, fous le titre de Praciicà queé diei-
citur ars compléta, totius Chirurgies dont il y eut J
jd!uheurs éditions. Il avertit qu’il n’a point; écrit j
pour les ignorans > mais pour les perfbnnes déjà
informes, & qu’il feroit dangereuxjde mettre fon I
livre entre les mains dès idiots. Après une courre
préface , où Lanfranc parle luccinélemeni de la
vie de • J.efûs-Chrift -, de fa m o r ty & deS miracles |
qui Pont fmvis, il. traite cette quefiion fi rebattue : j;
fi la Chirurgie fe borne à la manoeuvre ou fi elle \.
efl une fcien.ce. Il fe décide pour la dernière de ■
ces deux opinions.- L ’ouvrage de Lanfranc mérite
d'être lue , quoiqu’il ne contienne que les
principaux points de da doélrine de fon maître, j
Salicet, qu'il né nomme poinr. Verbàfas utique j.
colt'eâoT- , Arabum imitator , Guilielmi timidlor
f u i t , dit Haller , ne que immeriio in periculojis ad- !
mw.rflrationihus cura ars Chirurgis doejfes, Meâicis
czcrcitat.Q. ( M. P e t i t -R^d ez.} - ’ : -
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LAN GÜ E. Cet organe efi fujetà diverses ma*"
ladies, telles que des ulcérations, des tumeurs,
des gonflemens qui mettent quelquefois en danger
la vie'du malade, & méritent foute l’attention
du Praticien.
Une des caufes les plus frequentes des ulcérations
de cette partie, ce font les dents cariées,
dont les angles & les pointes y caufent une irritation
continuelle. Ces ulcères font fouvent rebelles
à toute efpèçe de remèdes , & quelquefois
on s’imagine qu’ils font incurables , faute d’en
connoître la caufe; tandis qu’il.n e s’agit, pour
les guérir, fans aucun autre fecours , que de faire
l’extraélion d’une dent, par laquelle la langue eft
bieftee, ou même Simplement de la redreder ou
de la limer. I l y a dix-huit fiècles que cette remarque
a été faite-*, elle eft le fujet d’un chapitre
que Celfe a, écrit fur les ulcères de la Langue.
Les mamelons glanduleux , qui font fur la fur-
face de cène partie o n t, par leur conformation
naturelle, une -bafe étroite & une..tête plus
large , en forme de champignon. Ils font fufeep-
tibies d’augmenter de volume & de produire une
tumeur contre nature, qu’ôn prendroit mal-à*
propos pour une végétation cancéreufe. Un jeune
homme de. d ix-huit ans avoit au milieu de la
Langue une tumeur circonfcrite, du volume 'd'une
moyenne noix mufeade ( i ). M. Louis, qu’il con-
fulta , reconnut que ce bouton n’éroit que fongueux',
il en lia la bafe avec un fil ciré, dont i’anfelui
fervir à diminuer le diamètre du pédicule-, & les
bouts à contenir la Langue j d’un feul coup de
cifeaux courbes fur le plat, il emporta enfui te le
tubercule* Il pàûTa la pierre infernale, avec les
précautions requifes, fur la bafe de cette fan-
goûté, & le malade fut parfaitement guéri en
cinq ou fix jours. Morgagni, dans fon Livre fûr
les caufes & -le iîège des maladies, parle de ces
tubercules de la Langue, dont il n’a jamais voulu
confeiller l’extirpation, lors même que-ces excroif-
fances avaient acquis de la dureté, & éroiènt
devenues fquirreufesynonqu’on ne puifte , dit-il,
opértr dans ces fortes de c a s , mais parce qu’il
n'étoit pas fûr de l’habileté "de? Chirurgiens qu’il
auroit pu employer.
La Langueeft fujette quelquefois à un véritablç
cancer-, c’eft une des maladies les plus afîreiifes
auxquelles l’humanité puifie être fujerte. M. Louis
a vu une dame qui avoir un bouton cancéreux
ulcéré au côté gauche de la Langue. Il étoit
circonfcrit; fon volume n’excédoit pas celui
d’une aveline 5 les douleurs étoient lancinantes,
l'ulcère avoir creufé, & fes. environs tuberculeux
étoient d’une dureté carcinomareüfe j l’extirpation
feule pouvoir délivrer la malade de cette affection
fâcheufe j mais elle ne. voulut fe prêter qu’à
une cure palliative, & mourut au bout de que]_
qnes mois. Forefius fait mention de quatre ferai;
( i-| Mémoire fur les maladies de la Langue , dans lès
M s moires de l’Académie de Chirurgie , Tome V. .
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mes attaquées de cancer à la; Langue, qui; moururent
delà: pourriture dfhéro.ofrhagiê>.On lit;,
dans- l'es dfe Fabxifefô cte Miilldteoi h || j dM:-
(tî%flfiî#5i dte !fe $k teîppfegrô? Qijte--
tedie (ca'nèîfresix :à Ua iŸwfo ij en-rte-lho'm'me Tjrvi
«n mourtrt avec 'des 'douleurs affreùfes, & une
ipiiantetïr infupportable. Le même Ecrivain fait
attention d’un autre cas , 'où l’on voit les bons
.■ effets des remèdes adouci fia ns pour la cure palliative.
d’un ulcère cancéreux à la langue-, & les
•fuites fnnefies d’une conduite oppofée. On -lit,
Jans les Auteurs, beaucoup d’auces cas de la
même nature.
La Chirurgie n’eft cependant pas fans refiburca
contre des maladies auffi formidables. L ’ôbferva-
tion que nous allons rapnorter fera connoître ce
qu’on peut attendre de l’Art -, iorfqu’il n’efi pas
exercé par des hommes timides.:
. Une vieille femme avoit à la Langue une dureté
avec ulcération j on la lui avoit coupée
plufieurs fois, & elle fe reproduifoit toujours.
Ruyfch fut confulté avec l’un des Chirurgiens
qui la foignoienr, lequel avoit déjà amputé ailes
profondément ; le rdultar de leur délibération fut
qu on extirperoit de nouveau la tumeurç mais
qu’après 1 avoir enlevée , l’on appliqueront un
cautère aâuel d’une affez grande étendue-, pour
brûler les racines de cetre fongofité. La malade
y confentit, & fupporta les opérations projettées
avec une grande fermeté. La Langue fut faille
avec un linge, & Pierre Le Mémnopite, Chirurgien
de réputation , emporta le mal avec un
bifieuri courbe. On garnit enfuite la bouche avec
des linges trempés cluns de l’eau fraîche , & l ’on
porta le cautère a élue! à diverfes reprifes fur la
plaie de la langue. Des gargarrfmes émolliens fu furent
pour appailer la douleur ^faciliter la chute
de 1 efearre; la cicatrice fie forma bientôt à l’aide
de décodions vulnéraires, dans lefquelles on fai-
foit délayer du miol rofat & de la teinture de
myrrhe & d’aloês.
' opération ferpir bien plus facile, fiJ’ofi'avoït
a retrancher une portion coraplette de la Langue
dans tout fog diamètre , que pour amputer une
ulcération cfncereufe bornée à l’un de fes côtés.
P?,nSo- .un .8 r l ’autre cas , il y aura des difficultés
a I aiiujetnr \ car cet organe efi extrêmement mo-
bûe, & Ion ne s’en rend pas aifément le maître,
La néceffité fuggérera des moyens; & dût-on,
dit M. Louis, employer les pineertes, dont les
extrémités oppofées aux anneaux , font terminées
acune par un double crochet, on s^aburera de
la Langue de manière à ne pas iaiffer échap-
Pe pJa parue qu’il j I fau*wd Ar a aaumippuuitLetr ». '
Quelque Cruelle que foit une pareille opération
fois’nuM1' P?f à y avoir recours »««« les
éft ? maladlea < certains progrès, & qu’elle
| cancereufe. Quelqnefois cependant
reu.ii a la guérir par des moyens plus doux.
- avons raconté à l’article Cancer l’hifloire
L , A N ' l ï
de la guéofon d’ un ulcère cancéreux dans la bou-.
chfi, q u i, apjièS: a.voirr réfifié long-*tems à U9>p; .*-^1
'rêè ÎN-ô?rs îaVWw \ïi :n-fi ras Très
wçhtfl d’afleél-ion ‘ca^crërcufe de 'la Langue,
'Céda corn pie tremenr à un moyen beaucoup plûs
‘fnn.ple encore. Une femme de trente-cinq ans,
Luj.ettè'à des :maladies de peau & à des ulcères de
maüvaife nature , fë plaignoit, depuis fept à huit
mois F de boutons accompagnés de chaleur- '& de
douleur fur le côte & vers Fextrémité de la Langue,
lorfqüe cette partie vint à fe gonfler, à fe
durcir , & à caufer des douleurs lancinantes La
fur-face en devint rour-à-fait inégale & raborenfe;
•tout le côté de la Langue s’etifla confulérablcment j
La malade ne, pouvoir plus la fortir de la bouc
h e , ni avaler autre chofe que du liquide, &
fon haleine étoit devenue d’une fétidité infup*^
portable. On avoit tenté fans fuccès différens remèdes
adoucifians j on employa la -ciguë en forme
de topique on la lui adminiftfa intérieurement
en grandes dofes; on lui fit prendre l'ong-
îtms du fublimé corrofif, & tout cela fut inutile.
Enfin la malade -étant fatiguée par les remèdes <,
& n’en voulant plus prendre aucun , on lui recommanda
de tenir, fouvenî dans fa bouche un
peu de miel. Cetre application paroifi'ant la fou-
lager, on lui confeilla d’en faire un ufage conf-
rant -, au moyen de quoi les douleurs s’appaiferent
peii-à-peu j le gonfiemem diminua, -au bout
de deux ou trois mois, la malade fe trouva parfaitement
guérie, à éela près qu’il refia une cicatrice
dure fur la partie affeôlée, qui gênait con- -
fidérablemtnt l’extenfion de la Langue de ce côré„
Nous avons, dans un autre cas moins grave,
mais où un ulcère de maüvaife apparence vers
l ’extrémité de la langue, accompagné d’ un épaif^
fiffemënt confidérable de cette partie fubâfioir
déjà depuis quelque tems, employé avec le plus
grand fuccés l’extrait de ciguë en hautes do fes,
Voyez C ig u ë . Mais nous ne faurions a fiez le
répéter, il né faut pas s’obfiiner trop long-reins
à' n’employer que des remèdes--de cette nartire-.
Lorfque lé mal foie beaucoup de progrès, i 1 faut
avoir recours à l infirument tranchant, avant
qu’ il foit trop tard. Voye\ C a n c e r .
Lorfque l ’on fait l’amputation d’une partie
plus ou moins confidérable de la Langue, il
faut fe tenir en garde contre l’hémorrhagie. Voy.
ce mot. On fera , s il eft poffible, la ligature des
principaux vaifîeaux, ou , fi l’on ,ne périr pas
en venir à bout, on fera ufer au malade de
garifmes afiringens, tels qu’une forre foin ri on d’;
lun , du vinaigre difiillé . ou de j ’caa for remer.,
imprégnée d’acide vitriolique. Lorfque ces moyens
ne réuffifienî pas, on doit avoir recours au cautère
poremiel ou aêluel.
" La Langue eft fu jette quelquefois à s'enflammer
&là fë gonfler dans toute fon étendue, foir fponra-
nèmem 3 & fans, caufe apparence, foit à la luire
C ij