& d’autres fubftances de la même nature auxquelles
on attribuoit une vertu cicatriftmre8c
qui s pour l’ordinaire, avoient un effet • diafné-'-
tralement oppofé lorfqu’on infiftoir fur leur ufage.-
De nos jours les Praticiens-font revenus affez
généralement de ces préjugés, & ils ont fubfîimé
les cérats les plus doux aux onguens & aux baumes
«les-Anciens. Un grand nombre de Chirurgiens
préfèrent la charpie sèche, ou l’éponge âne,à toute
autre application pour une Playe récente7 ces
topiques cependant ne lai fient pas de caufer
affez de douleur*, ils en occaftonnen't fur-tout
lorfqu’il s’agit de les enlever & de les déracher
des bords de la Playe. On remédie à ces inéon-
véniens en trempant la charpie dans une décoction
de guimauve, ou Amplement dans’ l’eau
tièd e, avant de l’appliquer & en l’humeétanr
enfuite avec un peu de la même décoéïion,
dont on Vatrofe de tems en teins, & particulièrement.
avant de l’enlever. D ’autres Chirurgiens
préfèrent cfappÜquer des pfumaceaux de
charpie enduits de quelque onguent très-doux,
tels que le céFat de Galien, ou celui de Gou-
lard. V o y e z Cérat. On recouvre ces pluma-
ceaux d’étoupes & de- compreffés que l’on fixe
par quelque bandage convenable. Les Chirurgiens
Anglois préfèrent aux bandes d e toile
qu’on emploie généralement pour cet ufage, des
bandes de flanelle, qui, ayant plus de fouplefie
& délafticité, fatiguent moins les parties & ont
l ’avantage de céder jufqu’à un certain point au
gonflement qui peut furvénir.
Les Praticiens ne font pas bien d’accord fur
l ’époque où ils confeiUent de lever le premier
appareil de deflus les Playes & ; dans le fait,
l'on ne peut pofer, à cet égard, ’aùcune "règle
pjécife, parce quion eft obligé de fe gouverner
d’après les circonftances particulièrès de chaque
cas. Tout ce qu’on peut dire, c’efi qu’en géné-
rel on doit panfer une Playe dès qu'elle efl
abondamment couverte dejms. C’eft ce qui a
lieu pour l’ordinaire au cinquième ou au fixième
jour ; cependant:, comme la formation du pus
rjent à différentes circonflances, particulièrement
à. la famé générale du malade & au degré de
chaleur qu’on a eu foin d’entretenir dans les
parties afreélées, cette époque eft très-fujette à
■ varier. L ’ ufage afiîdu des caraplafmes, xlès le
rroifième jour, accélère le moment où 1 on peut
lever l’appareil, en -favori font la fuppuration &
en humeélant la charpie & les comprefles,. de
manière quelles fe détachent avec’facilité.
. Lorfque la guérifon de la Playe chemine comme
il faut, & fans interruption, le fécond parlement
& les fuii.ans doivent tous fe reflembler;
car le bur qu’on fe propofe étant toujours le
même i! n’y a, pas lieu à rien changer au traitement.
Comme rienn’efi plus uuilible aux Playes
que de les exppfer beaucoup à l’a i r u n des -
grands fpjns d^. Chirurgien doit être de les enpréferver
le plus qu*il lui efl poflîble; &, par con^‘
féquent, d’être très-réfervé fur les panfemens,
qu’il ne renouvellera qu’autant que le foin de
la propreté le rendra indifpenfable, & auxquels
il ne donn’êra que le moins de tems néceflaire.
En général, il conviendra de panfer les Playes
une fols par jour*, rarement fera-t-on obligé de
le faire plus .fouvent *, & il y a peu de cas où
l’on doive éloigner davantage lés panfemens, fur-
tout lorfque les Playes font d’une grande étendue,
car alors le pus devient fétide & corrofif.
On continuera i’ufage des topiques doux &.
émolliens, tant que l’on verra que la Playe aVance
convenablement vers fa guérifon *, mais, fi elle
venoit à prendre une apparence défavorable,
il faudrait changer le genre des applications
& fe régler, pour le choix de celles qu’on devrait
fubfiituer aux premières, fur l’état des parties
affrétées, Nous rehvoyons ce que nous avons à
dire fur ce fujet à l’article Ul c è r e .
V . Traitement des Playes accompagnées de
beaucoup de douleur & d'autres accidens.
Jufqu’ici nous -avons fuppofé des fymptômes
peu viôlens, tels qu’ils fe rencontrent dans le plus
grand nombre des cas, & nous n’àvons propofé
i que le traitement qui peur convenir dans une
pareille fuppofition. Mais les chofes ne vont pas
toujours de cette manière *, la guérifon fouftre
quelquefois beaucoup de dérangement & d interru
piios • quelquefois même la vie des malades fe
trouve en danger par la violence de la douleur
& de l’inflammation, & par des accidens con-
vulfifs. qui fe manifeftent dans certaines cir-
* confiances: ' •*
. Une Playe caufe toujours plus ou moins de
douleur*, quelque petite qu’elle foir, elle affe&e.
des parties qui reçoivent des ramifications ner-
veufes, & qui, par conféquent, font fenfibles. Pour
l’ordinaire cependant cette douleur qui a lieu
au premier inftant fe modère bien-tôt , & ne
fubfifte plus' qu’en un de^rë qui ne demande, pas
qu’on s’en occupe d’une façon particulière*,‘Tou-
vent même éllès’appaife entièrement, après qu’on
a ‘ ôté les corps étrangers qui pouVoièm avoir
: pénérré dans les chairs, & qu’on a couvert les
parties aSèélées d’un appareil convenable Ç ou
.fi elle fe faitfentir encore, elle cefl’e pour 1 ordinaire
entièrement dès que la fuppuration en
formée.. Mais il y a des cas où ce-ïymptôme
ne cède point àufli promptement. L ’opium alors
eft un remède précieux & qui manque rarement
de donner du foulagement ; mais, fouvent cet
effet n’eft que momentané, & il celle dès que
lé remède a épuifé fon énergie.
En pareil cas, il ne faut rien négliger pour
Is’afiùrer de la caufe' do la douleur. Elle peut
; dépendre de l'irritation produite par quelques
j particules de corps étrangers qui ont ëçhàpp4
; à l’attention du Chirurgien,' ou dé l ’tofl'ammatîon
des parties
des parties affeélées, ou de la bleffure de quelque
filet nerveux, ou de quelque tendon qui n’a
étédiviféqu’en partie, ou de l’irritation générale
de toute la Playe.
Lorfqu’on a lieu de foupçonner la préfence de
quelque corps étranger, il faut examiner la Playe
avec attention , pour tâcher de le découvrir ,
car fi la douleur tient à une caufe pareille, on
la fera ceffer pour l’ordinaire à finftant même
où l’on aura écarté le corps irritant ; au lieu que
rien ne pourra la calmer efficacement tant qu’il
demeurera dans la Plaie. On pourra s’aider pour
cet objet des injeôlions dont nous avons parlé
ci-deffus, ou fi elles ne réuffiflent pas, on aura
peut-être plus de fuccès en baignant, même à
plufieurs reprifes, la partie bleflée dans de l’eau
tiède; car, par ce moyen, on réuffit quelquefois à
diffoudre ou à détacher des particules de matière
qui auraient pu continuer à caufer beaucoup d'irritation.
La douleur exceflive d’une Playe dépend de
l’inflammation, plus fouvent que de toute autre
caufe. Lorfque l’extérieur de la Playe efl enflammé,
il efl facile de s’en appercevoir & de comprendre
à quoi tiennent les fouffrances du malade.
Mais quelquefois l’inflammation affeéle particulièrement
le périofie & d’autres parties profondément
fituées, fans fe inanifefter, à l ’extérieur,
d’une manière fenfible; on pourra néanmoins
en foupçonner la préfence par la chaleur, la
foif & les autres fymptômes de fièvre qui auront
lieu en pareil cas. Il eft rare d’ailleurs que l’inflammation
ne fe propage pas promptement des
parties internes de la Playe à l’extérieur & ne
mette ainfi le Praticien fur la voie de ce qui fe
paffe au fond de la Playe.
Lorfque les fymptômes fébriles montent à un
certain point, on eft quelquefois obligé de les
combattre par d’abondantes faignées. Mais, pour
l’ordinaire, on peut s’en tenir aux faignées locales
faites fur les bords mêmes de la Playe, au
moyen des fang-fues ; leur application répétée,
fuivant le befoin, aura prefque toujours l’effet
le plus marqué pour diminuer l’inflammation
& pour açpaifer les douleurs. On infiftera en-
fuite fur, l’ufage des fomentations & des cata-
plafmes, afin de déterminer plus sûrement la
formation du pus.
On voit des cas , où fans aucune inflammation
manifefte, au moins dans les commencémens,
les malades fe plaignent de douleurs aigues dans
les parties bleffées, qu’on ne peut attribuer à la
préfence d’aucun corps étranger.
On doit alors foupçonner que quelque filet
nerveux, ou quelque tendon (car la bleffure de
1 un & l’autre peut produire les mêmes accidens )
a été divifjé en partie. On peut, en pareil cas,
procurer un peu de foulagement, en mettant
la partie bleffée dans la pofuion la plus favorable
*U r^ . c" en?ent des fibres mufculaires; mais
Çhirurgit» Tome I I ; I ttrt Pa[tic.
le moyen d'appaifer le plus cumplettemenr ai
,douleur, c’eft de couper rout-à-fait en travers
l’organe dont la Playe caufe ce fymptôme ; opération
qui peur généralement fe faire fans danger,
mais qu’on ne doit jamais différer trop long-
tems lorfqu’on a reconnu la nature du m a l, fie
qu’on a eûiployé fans fuccès les autres moyens
dont on pourrait attendre dn foulagement ; car,
lorfque la douteur aura été au point de caufer
des accidens convulfifs, il fera peut-être trop
tard pour y avoir recours, ou du moins, pour
en obtenir l'effet defiré. Lorfque, par une inciflon
fuffifanre > on. fe fera affuré d’avoir coupé tranf-
verfalement la partie dont la bleffure caufoit les
fymptômes aéluels, on fe conduira comme dars
le cas d’une playe Ample; on mettra la partie
dans une pofition favorable au relâchement, &
on la couvrira d’un cataplafme. Si l’opération
a réuffi, le malade fe fentira bien—rôt foulagé;
mais fl elle ne réuffit pas, comme il arrive quelquefois,
foitque par timidité ou par qudqu’aurre
raifon on ait trop renvoyé de la faire, foit qu’on
ait mal jugé de la caufe des accidens, on a tout
lieu de craindre que le malade ne fuccombe.
Voyez, pour la conduite à renir en pareil Cas*
l’article Tétanos.— Voyez à l ’article Amputation
ce que nous avons dit au fujet des fpaf-.
mes du moignon.
J Enfin il y a des cas de Playes accoaijpagnés
d’une douleur fuperficielle qui tient à 1 irritabilité
générale des parties affrétées. Cette douleur
généralement n'eft pas très - violente, mais
fouvent elle va au point de fatiguer extrêmement
le malade, & de ldi ôter le fommeil; la
fuppuration en mêtne-tems eft fujette à devenir
âcre & corrofive.
Les cataplafmes & les applications émollientes,
dont on a coutume de faire ufage en pareil
cas ,n e font pas les meilleurs topiques qu’on
puiffe employer; fouvent ils paroifferit augmenter
l’irritabilité. Les anodin^, donnés en grandes
dofés, font le remède fur lequel on doit le plus
compter. Extérieurement, on peut appliquer
une folution d’opium ou de fucre de Saturne,
dans de l’eau, ce qui ne manque prefque jamais
de procurer un foulagement marqué.
Des Playes faites par des infrumens pointus.
On donne le nom de piquure à une Playe
faite avec un iuftrument étroit & pointu, dont
l’ouverture extérieure eft petite & fêrrée, au lieu
d’avoir une largeur & une étendue proportionnée
à fa profondeur, telle eft une Playe faite par un
coup d’épée.
Les Playes de cette nature font en général
bien plus dangereuses que celles qui font faites
par inciflon,quoique beaucoup plus étendues ; foit
qtt’en pénétrant plusaifémem à une grand profondeur,
elles atteignent plus fouvent des organes
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