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tcment. II l’arrêtera par un noeud qu’il ne ferrera
pas, & enfuire il introduira nue fécondé aiguille
à une difiance convenable de la préthière.
Ayant dénoué le fil donc il a déjà employé une
partie, il le pafiera de même autour de la fécondé;
il continuera à placer le nombre d’aiguill'es
néceffaires le long dé la playe ; le fil qu’on
emploie doit être affez long pour aflhjettir toutes
les aiguilles.
L ’étendue de la playe doit feule déterminer'le
nombre des aiguilles qu’on emploie. Toutes les
fois qu’on fait une Suture, de quelque étendue
que foit Ja playe, il faut placer une aiguille
tout auprès de chacune de fes extrémités , ou
fans cette précaution le s . parties font fnjeu.es à
le féparer de manière à ne .pouvoir enfuite être
facilement réunies. Pour de . grandes, playes, il
ihffira ordinâirément de placer, les ai gui lies à
trois quarts de pouce de diftançe. Pu ne de l’autre;
mais, pour celles qui ont moins d’étendue,, il
faudra les rapprocher davantage. Ainfi, pour une
playe qui a un police & demi de longueur, il
faut trois aiguilles5, une vers .chaque; extrémité
& l ’autre au milieu , tandis que cinq fuffiront
pour une playe de trois pouces & demi, en fup-
pofant qu’on en mette une à un quart de pouce
de chaque bout, & les autres à trois quarts de
pouce de diftance l’une de l’autre-. .
Toutes lés aiguillés étant placées &. fixées, de
la manière que nous avons preferire, il ne refie
plus qu’à recouvrir la playe d’un plumaceau de
charpie, imbibé de quelque mucilage,, pour la
défendre de l’air extérieur autant qu’il fera pof-
fible. - ^ ...
Pour empêcher que les extrémités des aiguilles
n’appuient trop fortement fùr la peau & ne la
bieüent, on efi dans l’ufage de! mettre au-deffous
de chacune un coufiinet de charpie ou de-linge
fin; mais ce préfervatif eft plus nuifibîe qu’utile,
en ce que ces couffinets pouffent les aiguilles de
manière à leur faire comprimer-avec plus de force
les parties molles , au travers defquelles on les
a fait paffer. Cependant fi le malade fe plaint du
mal que lui font les bouts des aiguilles, on pourra
y porter remède , en plaçant entre ces bouts &
la peau, de petite languettes de linge fin, enduites
de quelque emplâtre agglutinatif. .
Pour affurer, autant qu’il efi pofiible., le fuccès
de cette opération, on confeillé ordinairement,
après que l’on a fixé les aiguilles, de placer par-
deftus le tout un bandage propre à foutenir les
parries voifines. Mais il efi aifé dé voir1 que le
moindre degré de prelfion qu’on fera de cette
manière ne peut qu’être nuifibîe ; car le bandage,
étant appuyé immédiatement fur les aiguilles; il
doit néceffairement occafi.onner beaucoup d’inflammation
& de douleur -, ou s’il ne- produit pas cet
effet, il ne réfulre aucun avantage de fon application
, parce, qu alors il ne- comprime pas les
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parties afiez fortement pour leur donner aucun
appui.
Il nous refie a déterminer le rems que les aiguillés
doivent demeurer en place. Si on les laiffe
long - rems:, elles font ordinairement du niai ,
en caufant une irritation inutile, d'üu réfulte
toujours une rétràélion plus: 6ù moih's confidé«
râble, des parties cbmpriméésv D’un autre côté,
fi l’on fe preffe Trop rdre5r,l;° ôn'-empêché
qu’il fe firme entré les- parties divifées ce degré
d’adhérence néceffaire pour leur complétiez réunion
; l’on, manque ainfi en bonne partij , ou
même entièrement’ le but de Pcpéranon.
Dans les playes peu profondes, celles par exemple
qui ne pénètrent pas! à plus 'de trois quarts
de pouce , l ’adhérence eft -toujours1 a fiez forte’
au bout de cinq jours ; il en faut fix ou fept pour
des playes plus profondes.
Il efi bon cependant de remarquer que la
famé du malade peut avoir une grande influence
fur le rems néceffaire pour -la réunion dés parries
divifées ; & , en déierminanr, comme1 noirs venons
de,le faire, le. fiombre de jours qu’il .falloir pour
cette réunion , nous avons fuppofé chez le malade
une conftitution parfaittmem faine. Mais nous
ne pouvons rien dire de pofirif à cei égard; fi
le malade a quelque affeélion générale qui fe mani-
ftfte par des éruptions ou de toute autre manière,
il faut en pareil cas fe déterminer par la nature
l’état de la maladie qui femanifefte à cette
époque.'
Dès qu’on a ôté.les aiguilles, on peut appliquer
le bandage contenfif, qui pour lors fervira très-
utilement à foutenir les parties nouvellement
réunies. Mais on peut obtenir lé même effet d’une
manière encore plus sûre, au moyen de bandelettes
de peau, enduites de glu , qu’on applique
de chaque côté dé la cicatrice, & que l’on
fixe par des ligatures qu’on a eu foin d’y adapter.
Comme cette efpè.ce de Suture efi plus élégante
que les autres dont nous avons fait mention ;
comme d’ailleurs fes conféquenees font en général
affez importantes, nous avons cru qu’il conveneit
d’en parler avec plus de détail qu’on ne l’a fait
ordinairement; d’amant plus qu’à la réfervedun
très-petit nombre de cas , elle peut remplacer
toutes les autres opérations de ce genre.
V . De la Suture sèche.
La Suture fèche efi en ufage pour les playes
qui ne font ni fort étendues, ni fort profondes,
& principalement à la face, aux joues, au front,
&c. parce qu’elles laiffénr moins de difformité en
ces parties que ne feroit la Suture fanglante.
Ses bons effets reconnus, dans les cas où on
l’avoir adoptée par cette raifon, & l’avantage; .qu'elle
a fur cette dernière de ne point canfer de douleur,
en ont fait étendre l’ufage à toutes les playes,
dont elle pouvoir faffireà -temUles bords réunis-
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Pour bien faire la Suture sèche, il faut que
les emplâtres aient une -étendue fuffifanre, & que
leur forme foit adaptée à celle de la partie fur
laquelle on veut les appliquer. Ils doivent en
etnbraffer la plus grande portion, mais non la
circonférence entière, de peur qu’interceptant
la circulation j ils n’occafionnent des gon-
flemens & d’autres accidens. Il faut en ourre,
qu’ils adhèrent à la partie.. L ’emplâtre que
nous avons décrit fous lé nom d’adhéfif, voye[
Emplâtre , ou celui qui eft connu dans la
Pharmacie fous le nom d’André de la Croix,
font ceux qui ont la plus grande ténacité. On fe
fer taulfi,dans lamême intention,de diachylongom-
mé, de térébenthine, pu de glu bien battue &
étendue fur de la toile. Après avoir arrêté le fang
& bien néfoyé la playe, on prend quelqu’un des
emplâtres indiqués ,ci-deffus, on en forme des
languettes , dont on proportionne le nombre , la
largeur & la longueur â l’étendue de la playe ; on
leur donne une figure droite, ou plus ou moins
échancrée , félon les cas , voÿe\ les planches. On
applique ces'languettes par une de leurs extrémités
, alternativement fur chaque lèvre de la division,
en les prèffanr pendant quelques momens
avec la main, afin qu’elles.fe collent mieux; après :
quoi on rapproche également, & tout doucement,
les deux lèvres l’une de l’autre } & l’on applique '
l’autré extrémitévde chaquelanguette fur le bord
oppofé. On couvre lé tout d’un plumaceau enduit
de cérat, & d’une comprefl’e qu’on affermit
convenablement parle bandsge. Voye% Pl a y e .
M. Petit fe fervoit d’emplâtres . agglutinatifs
percés dans le milieu d’un ou deux trous, ou,
même .davantage, fuivant l’étendue de la playe.
Ces ouvertures font ovales ou angulaires,' & elles
donnent la facilité de voir, non-feulement fi les
lèvres fout bien rapprochées , mais encore en quel
état elles font; elles donnent auffi la liberté d’y faire ]
les applications convenables, comme on l’a dans
la méthode précédenteà la faveur des intervalles
que lès languettes d emplâtre iàiffent ëntr’eües. ;
On applique l’emplâtre de M. Petit, qu’on appuie
fenêtré, d’abord fur un côté de la playe,
puis fur 1 autre, & on le laide fur la partie jufqu’à
ce que la playe paroiffe bien corifolidée.
On pratique encore la Suture sèche de la façon
qui fuir. Prenez de l’emplâtre adhéfif, que
vous étendrez fur deux morceaux de toile neuve & j
forte, d’une grandeur proportionnée à l’étendue
ot à la profondeur de la playe ; attachez au bord
oo chacun trois ou quatre cordons de f il, félon
la longueur de la divifion, & après avoir chauffé
es emplâtres, metrez-en un fur chaque lèvre de
celle-ci ? diftant l’un de l’autre d’environ un travers
de doigt. On rapproche enfuite les- lèvres
j 1® playe exaélemenr, & tandis qu’ un Aide
es rient bien appliquées l’une contre l’autre , Je
Chirurgien lie les cordons des emplâtres, en
errant les noeuds , autant qu’il le faut , pour
Chirurgie. Tome JJ, JJ t Partie,
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que les bords de la playe foient bien réunis. On
met fur la playe un plumaceau de charpie,enduit
dé cérat, & par - defîuschaque emplâtre, une
corn preffe longitudinale; on les recouvre d’une
grande corn preffe quarréè, & d’un bandage pour
contenir le'tour. Le lendemain , on examine la
playe, & fi les cordons paroiffent être relâchés ,
on les ferrera de nouveau , finon l’on n’y touchera
pas. Si les cordons s’étoient relâchés, ou
s’il étoit furvenu une inflammation confidérable,
il faudroit auffi-tôt les relâcher, autant qu'il
feroit néceffaire, & l’ inflammation paffée, ou
notablement diminuée, les ferrer de nouveau
fi le .cas l’exige.
V I . Des cas où i l ne convient pas d’employ»
la Suture pour la réunion des Playes.
Quoique la réunion foit l’indication générale
que donne la cure des playes; il y a des cas où
il ne faut point mettre en ufage les moyens de
la procurer. Tels font, i.° ceux des playes foup-
çonnées d’ être venimeufes, parce qu’il faut les
traiter de manière à détruire le venin. Voye%
Playes venimeuses. i .° Les playes accompagnées
de. grandes inflammations ne permettent
pas l'Yifage des Sutures ^proprement dites, parce
que les points d’aiguille augmenteroient les accidens
; mais on fe fervira des autres moyens
uniffans, s’ils, peuvent avoir lieu. $.° les Playes
contufes devant néceffairement fuppurer, ne peuvent
point être réunies, non plus que celles où
il y a une grande déperdition de fubftance qui
empêche le rapprochement de bords de la playe.
4.0 On ne .réunit point les playes qui pénètrent
dans l’intérieur de la poitrine, y oye^ Poitrine.
5-° Les, playes. où il. y a des gros: vaiffeaux ouverts
n’admettent la Suture, que lorfqu’on aura
pu fe mettre à l’abri de l’hémorrhagie par la
ligature des vaiffeaux.
Dionis , après plufieurs autres Auteurs, a cru
que l’on ne devoir point réunir les playes où
les os font à découverts, à caufe des exfoliations
qu’il en faut attendre. Ce précepte ne doit
pas être pris à la rigueur ; on ne doit le fuivre
que quand les os découverts font altérés ; car,
s ils font Amplement découverts „ ou même divi-
fés par un inftrument tranchant, en approchant
les bords des parties molles nouvellement divifées,
on les préfervera de l’impreffion de l'air qui efl
nuifibîe aux os découverts, & l’on procurera la
réunion des unes & des autres. On pourroit
appuyer la pratique de réunir les playes avec
divifion des parties offeufes, fur un grand nombre
de faits ; nous avons entr’autres une obfer-
vation , communiquée à l’Académie de Chirurgie
, par M. de la Peyronie, qui eft très-concluante
fur çe point. Un Homme reçut un coup d’infiru-
ment tranchant , porté obliquement fur la partie
extérieure & moyenne du bras ; l’os en fut
Y y