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parfaite, quand l'os eft entièrement forti de la
cavité où ii éioit reçu , l’imparfaite a lieu quand
r^te: appuie encore fur le rebord de l’os., ce
qui ne peut guère avoir lieu que dans les articulations
gingîymoïdes j celle-ci eft connue des
Grecs tous ie nom de rijuflcpfy».«**, Subluxatio.
Galien l’appelloit Elongatioligamend; & Avicenne
D.eclinstio, ou Çontçrflo. La Luxation eftfimple,
quand elle n’eft. accompagnée d'aucun accident
grave *, &. compliquée, quand elle eft jointe! à
une fraéjure, à une plaie, une tumeur ou toute
autre maladie qui demande un traitement parti*
ctftier. Elle eft récente, quand elle eft due à une.
violence extérieure, tel qu’un coup, une chère,
up. fautj qui ont forcé la tête de l’os-, & que
l'accident eft arrivé il y a peu de teras j ou-elle
ed ancienne, & dans ce$ .cas, il eft toujours
difficile de les réduire., &. quelquefois même
impoffibta On diflingue encore les Luxations en
fnpérieures,inférieures,antérieures & poftérieures, à raifon du lieu que la tête occupe après fon
déplacement. Ces dénominations font très-propres
à communiquer de faillies idées, non-feulement
fur la manière dont la Luxation s’eft faite, mai s
encore fur la manière dont il faut s’y prendre
pour les réduire. Elles ne font la plupart telles,
que parce que. les mufcles, dans leur aélion,
ont entraîné la tête là où eile fe trouve, lorfqu’on.
eft appeilé ; ce qui a fpécialement lieu dans les articulations
fujettes à de grands mouvemens, telles
que celle du bras avec l’épaule, celle de la
coiffe avec l’os des hanches. Dans cette dernière
nomenclature, on a toujours égard à Ja ligne
centrale du corps établie par les Anatomiftes,
pçur donner plus de précifton à leurs defcriptioos.
Caufes des Luxations.
Les Auteurs fe réunifient tou9 pour les rapporter
aux efforts ou violences extérieures & aux
vices qui naiffem fponranémem dans les articulations,
ou leur.voifinage-, & au nombre de.ces
dernières, ils cirent la lurabondance de la fino-
vte, une humeur épaiffe & comme glaireufe, qui,
fe raroalTe dans la cavité articulaire. Hippocrate
avoii fait mention de cette caufe, comme fuccé-
dant aux douleurs feiatiques y car il dit, dans un
de fes Aphorifmes, quibus coxtadicis dolore.con-
fliâaù.s, coxeudicis articulus fuo loco cxcidit, ac
7urfus. recipitur, iis mucores innafeuntur. Galien .
dans fon Commentaire fur cet Aphorifme explique \
comment lesligamensquiaffermiffent la tête dans
fa..cavité, font relâchés par Ja furahondance de
ce genre d'humeur. Mais J. L* Petit eft le premier
q u i, dans une Obfervation inférée dans les
Mémoires de l ’Académie, Royale .des Scieqces,
année 1722, ait dit que ce relâchement provenoit
fouvem d’une fuppuration dans l’article, après
une.yiqlence exténeure^ dout l’effet.s’étoit porté
ü ü x
jnfqu’au .dedans. A> ces- caufes, nous ajouterons
l’atonie , la paralyfie , & quelquefois la violente
convuîüon des mufcles , relie qu’elle a lieu chez
certains épileptiques-, enfin quelques tumeurs fiar-
comateufes > ont une exoftofe née au fond delà
cavité articulaire. 11 arrive Couvent, dans la plupart
de,ces cas, notamment dans ceux qui jrecon-
noiffent pour caufe la . ftafe de la férofité au voi-
finage, ou dans l’intérieur de l’articulation , que
les membranes ou capfules fe prolongent, & que
les îigamens, qui font placés tant au-dedansqu’au-
dehors de l'articulation, prêtent & permettent
ain.fi à l’os de fe déplacer avec la plus grande
facilité -, ce qui eft le . Contraire dans les Luxations
qui fuccèdem à un effort violent, où les
ligamens intérieurs 8c même extérieurs font rompus.
Voyer, à ce fujet, ce que nous avons dit
à l’article' Bïlas ( Luxation du ) , CutssE ) Luxation
d e là ) ,
Diagnofiic. |
Cette partie offre plus ou moins de difficultés »
félon que l’articulation eft plus ou moins cachée
par les chairs, & que la maladie eft compliquée
ou non d'accidens locaux qui en obfcurciflent ie
caraâère. Pour peu, cependant, que le cas foit
fimple, & qu’onfaffeattention aux phénomènes,
la-vraie nature du mal fe manifefte affez. Il y a
une dépreflion ou une cavité à l'endroit d'où
l’os eft forti, & une tumeur à l’endroit où il
s’eft porté, tumeur qui paroir d’aurant plus, que
le. fujet- eft plus maigre, le membre eft plus long
ou plus court qu'il n’étoit précédemment, fa figure
paroît en tour viciée, fis mouvemens empêchés
ou bornés*, & toujours très-douloureux ;
ce dont on déduit les raifons d'après la nature
connue de l’articulation, & des mufcles qui fervent
à fon mouvement. Quand tous ces phénomènes
fe préfement après une violente fecouffe,
ou un effort, il n'y a pas à douter fur leur caufe.
Il n’en eft pas de même de celles de caufe interne,
comme elles fe. font peu-rà-peu, on ne
les reconnoîr guère que lorfquil n'eft plus tems
d'y remédier. Cependant ,len y portant beaucoup
d’atrenrion, on s'appet çoit que le membre s’aîonge
infenf&lement, fur-tout quand la caufe eft dans
fa cavité articulaire-, il y a le plus fouvenr un
oedème ou empâtement, des douleurs profondes
quife font fentir à divers intervalles, & un amai-
griffement du refte du membre. Et au moment
où le malade s'y attend le moins, dans un- de
ces mouvemens les .plus fimples qu’il fait pour
répon dre a fes beloins,l’os fe déplace entièrement,
& toute aélion eft dès - jors impoffible. Qmmd
le déplacement eft complet, on ne peut faire
mouvoir le membre, fans occafionner de grandes
douleurs-, on peut même quelquefois le replacer
avec la plus grande facilité, dans les cas de para-
lyfie ou de ftâfo féreufe j mais le mai ne tarde
E U Xecint
S fe reproduire. Le replacement
fible cw où. «ne
ou «ne esoflofe occupent l 'article. Diftérens «piet
rolarif? aux parties- qui avotfinenr l articulation*
fe manifeftent encore, outre ceux que nous venons
de rapporter, & apportent une nouvelle cou-
viélion dans les cas douteux qui fe* pre'feoiept
fbuvenrdans la pratique y nous èn avons rouené
quelque chofe dans le détail des cas particuher^..
ainli qu’on le peut voir-à chacun de leurs articles;
Dû Pregnoflit des Luxations*
| Toute Luxation, excepté celle de la première
; vertèbre d’avec la fécondé , n offrent par elle-i
même aucun danger évident de la v io , fi ce neft
par les accidens,qui s’epfaivem, & .qui. fo plus
fouvenr dérivent d.ela pofition où eft la tête de l’os
après le déplacement, mais aubi chacune offre une
peifpeâive plus ou-moins fure de guétifon, félon
fa nature des caufes qui l’ont occafionnée:, & l’état
des parties alors en fouffrance. XI eft reconnu j
que celles qui viennent de caufe interne font
beaucoup.plus fàch eûtes que -ç,elles, qui,dérivent
de caufes externes* & parmi celles-ci , que. les j
incompleue-s, qui ont .lien dans des -articulations j
par charnières le font plus qne-celles qui airivent. j
idans celles par genou, vu la renfion où’ font
toutes les parties voifines de l'articulation ; dans
un pareil état de contrainte j & l'ébranlement &
les déchirures quelles ont éprouvé? par l'impref-
lion des caufes qui ont pu produire le dérange-’
ment. Il eft encore reconnu que les Lux ruions ÿ
qui font anciennes , font beaucoup plus difficiles à réduire que celles qui font récentes , que
même iouvent elles font irréduébbles, la cavité
, articulaire s’effaçant peu-à-peu, & même à un tel
point, qu’on n’en trouve plus aucun vefiige}&
cela par une force propre à la fibre offeufe , &
. dont on a un exemple journalier dans la dîfpa- .
rition des alvéoles chea les vieillards, & même-
chez ceux qui font dans le terme moyen de la
7 vie. Une des circonftances qui dôîivcnt rendre le
prognofiic des Luxations défavorable*, eft la fracture
près de l’articulation luxée , vu que l'on ne
t peut agir fur la portion entière de l’os pour la j
■; téduire convenablement \ mais le cas eft; encore
bien plus fâcheux, quand le rebord offeux de la
cavité partage la'fraèlurej car la foin tien , en
pareil cas, eft toujours accompagnée d'inflammation
& de fuppuraiion, dont les fuites font infi-'
nrmem fâcheufes j & , fi l'on vient à bout de combattre
tous ces accidens, il refté:toujours dans le
membre une roideur qui dure toute la. v ie, quoique
Ja réduélion air été autant parfaite qu'il eft
pofiible. Guy de Chauliao avoit déjà fait mention
de ce^ accidens. Les Luxations, qui fur-
yienneot aux anciennes paralyfies font réputées
focutabJes ,• le membre alors eft fans mouvement $
L U X tz
Vos dft bien mû par une force étrangère ; mats
il ne peut refter là où on l’a mis ; & c’eft ce
qu’aVblrdéjà obfervé Çcife ; car ii dit: Ru fu s qui
nerVoŸtirn v'itià prolaffî fo n t , compulfi quoqu 'c in
fuas fedes , itcrhm excidu it: Mais , lorfque les
Luxations font la fuite d’efforts , & qn'on ne les a
point réduites, la tête déplacée fe forme une
cavités le tiffiï cellûlâirc' d’ alenrôur s’épaiffit en
manière d'e capfùîe, les mufcles vbi'fins cri bornent
les mou venions qui font encore fuffifarfs pour
répotidre'sux néceffit'és de la vie ,- *?’. alors, commâ
LObfervê'e'ri^o'ré'Cclfe, thm'pràféJilüs & pro ca-
fibus qui iriàïdirâniy aut mijor , aii't minor ujus
memb'ri rtlinqüiiurÿ quequein co plus ufûsfupercft,
eo minus iride exieniiatur.
Traitement des Luxations.
Les indications. qui fe prèfenrent ici , font
de remettre la-tète dè los danj le lieu qu'elle
doit occuper, de i’y retenir, jufqu’à ce qu; les
par tics, qui ont été tiraillées, aient repris leur ton,
& de parer enfui te à l’inflammation & autres
accidens qui peuvent fur venir. Mais, avant tout,
ii faut voir fi le s . circonftances relatives à l’état
dés parties ne forment point une contre-indication
qui s’oppofe à de-nom eaux efforts qu’on
poiirroit faire fur l'os. À in fi, au cas qu’il y eut
.de l’inflammation, que les mufcles fuffcnr violemment
contus , engorgés, que la douleur fût grande,
il fan droitcommencer par combattre ces accidens
par des faignées, desj douches, des fomentations
émollientes, des lotions avec l’eau de Goulard,
& le plus grand repos. On peut même faire
ufageen beaucoup de circonftances, des fangfuës,
qu’on applique en nombre proportionné à l'engorgement.
Il eftcependantdes cas où il faut paffer
par-deffus tous ces obftacles, ot en venir promptement
à la réduéîion,- comme dans ceux où la
tête de l’os prefle fur quelques gros nerfs,- ou
fur quelques gros vaiffeaux ,_de manière à occa-
fipnner ùn engorgement ou une paralyfie à toute
l’extrémité. Dans ce cas, comme dans les plus
ordinaires, il faut tenter auffi-tôr la réduéîion;
Celfe en fait un précepte, en difarn : Quidquid
autem fuo loco motum efl, ante inflammationem
reponendum efl : fiilla occupavit, dura conquiefeatt
ceflandumefly ubi fini ta efl, tentandum efl in his
membris quoe id patiuntur.
Pour réufiîr à réduire un os luxé > il faut avoir
recours aux extènfions, contre-extenfions, 8c à
la coaptation. Ces efforts doivent fe faire après
qu’on a difpofé le membre de manière que les
mufcles foient dans le 1 relâchement, car alors la
forcé , qu’il faut employer, eft infiniment moindre
que celle qui eft néceflaire en toute autre
circonftance. On les exécute par le fecours fies
mains, ou avec des lacqs & des machines -, mais
foit qu’on emploie fuo eu l’autre de ces moyens,