
forme aucuhe cicatrice qui, par la fuitei pottr-
roienr nuire aux mouvemens de la langue &
des joues. On continue l’ufage du mercure’,
en menant deux ou trois jours d’intervalle entre
les frip ions , félon que les circonltances le demandent.
Ainfi l’on paffe les dix ou douze premiers
jours de la (ali van on. Les autres évacuations font
communément fufpendues ou fingulièrement d iminuées
à cette époque,' tant à raifon de l’augmentation
de la falivation qu’à caufe de l’état
de tendon & d’éréthifme où font les folides,
état qu’on connoît à la dureté & à l’élévation
du pouls. Mais bien - tôt tout paroît autrement :
le pouls fe ramollit, bat moins fortement; les
urines coulent plus abondamment, & les Celles
deviennent plus faciles. Quand les chofes font
telles, on rapproche les friélions, on tient le
malade à une diète plus rigoureufe, on ne le
nourrit qu’avec le potage ou la crème de ris, &
l ’on continue ainfi jufqu’à ce qu’on ait donné
vin<*t à vingt;4cinq friélions, qui efi le nombre
communément fuffifant pour terminer la cure.
Les fymptômes véroliques font alors diffipés, ceux
fur - tout qui font de nature à difparoître totalement
; car il en efi quelques ■ uns qui demandent
un traifement/local , indépendemment de
celui qu’on fuit pour l’intérieur. 11 convient,
à cette époque, de purger une; ou deux fois le
malade ; le tèbdemain de la dernière purgation ,
on 1 ni fait changer de linge . on lui fait prendre
un bain de propreté, & , fi la falivation continue,
on lui fait faire ufage d’ un gargarifme légèrement
aftringent. On lui fait prendre le lait tous
les matins -, & , aux repas, de- la foupe , de la
volaille rôtie, des oeufs frais & autres analeptiques
les plus pfopres à le refiaurer.
Telle efi la conduite à tenir dans le plus grand
nombre de cas & chçz le plus grand nombre;,
de fujets ; mais il efi des précautions à prendre
chez les femmes, tant à caufe de leur confliturion
qu’à des circonftances où elles peuventfetrouver.
11 faut ainfi difpoier le teins de leur préparation ,
de manière qu’elles ne puiffent point prendre
les premières friélions dans le période de leurs
règles, crainte que l’impreffion fubire du mercure
ne détermine leur fupprefiion. Le meilleur efi
de commencer les préparations de manière quelles
foient finies à l’approche des règles, & l’on ad-
jninifirera les fripions après la ceffation de cette
évacuation 3 l’intervalle d’ un période menflruel
à l’antre laiffera alors le tems néceffaire à l’u fage
du mercure. Quand la faiivation vient après
la cinquième ou fixième friélion , elle efi peu
abondante; fi elle fe déclare plutôt, elle efi
fouvent orageufe, & tellement qu’il faut atiffi-
tôt changer les linges, & nétoyer avec une Cotation
de favon les refies d’onguent, qui pour-
roient encore occafionner de nouveaux ravages.
U face fe gonfle quelquefois très-promptement
en pareil cas, & la déglutition devient Couvent
très - difficile. 11 faut alors fans différer, tirer du
fang du pied , & à différentes fois, s’il efi nécef,
faire ; ou tâchera de lâcher le ventre par des
lavem.ensfaits avec la ca'ffe, le périr lait & le féné-
& fi-tôr que la déglutirion fera plus aifée, on
aura recours à un cathartique. On revient plu-
fleurs fois à ce dernier moyen , & quand la falivation
efi rentrée dans fes bornes, on recom-
mence l’ufage des fridlions à moindre dofe, &
en mettant plufieurs jours d'intervalle enrr’elles.
On a foin de faire tenir debout les malades,
& de ne leur faire garder le lit que le moins
de tems qu’il fera polfible ; on changera l’air
de leur chambre, & même on les placera dans
une autre, s’il efi polfible. Pour procéder plus
fûremenr en pareil c a s , il convient de noter
chaque jour fur un papier à plufieurs colonnes,
la quantité & le poids des friôlions qu’on donne
àmefure, la dofe de falive que le malade rend
chaque vingt-quatre heures, & la quantité de
fois qu’ il a été à la Celle. Ainfi , en jettant tous
les jours un coup d’oeil-fur cette efpèce de journal,
on voit 1 état des excrétions, & la conduite
qu’on doit tenir par rapport à elle.
La falivation, dans la méthode que nous venons
de décrire , a été regardée comme l’effet
d une c r ife , qui s’opéroit dans le fyfiême des
vaifîeaux qui compofent les glandes falivaires.
On a été Jufqu’à expliquer mécaniquement les
raifons qui déterminent le mercure à fe porter
vers ces organes de préférence à d’autres; car
que n explique - 1 - o n pas avec un efprit fécond
& quelques loix générales de Phyfique & de Chimie.
Les fyftêmes de ce genre appuyés fur les
parai ogifmes qui pouvoiem les faire valoir, ont
été la fource de nombre d’errers qui ont eu
leurs victimes. Il efi certain que la falivation n’a
rien de comparable à une crife, fi l’on attache
à mot la lignification qu’on lui a donné dans 1 Hifioire des maladies aigues. La crife dans ces
maladies efi annoncée par une fuite de phénomènes
, qui paroifftnt régulièrement à une époque
fixe , quand on ne trouble point la marche de
la Nature , & quand la crife fe fait , comme
difent les Pathologifies , vineente Natura, l’ordre
eft^ rétabli dans Ip fyfiême, & la maladie
difparoît entièrement. Rien de ceci n’a lieu dans
la falivation ; fouvent Celle paroît dès la première
fricHon , fans s’être fait précéder d’aucun figue
indicateur; & , quand elle a duré long-tems,
elle lai’ffe le malade à-peu-p rès dans le même
état où elle l’a trouvée; d’autres fois j elle ne
s annonce pas, quoiqu’on porte la dofe du mercure
au plus haut point, & que les fymptômes
les plus graves foient entièrement difparus. Mais
en quroi confifie cette fingulière propriété du
mercude de fe porter de préférence chez la plu*
part des fujets, fur les organes falivaires ? Dépend
- e l le du minéral, en tant qu’il efi fi>u3
' : ‘ fo r in t
['forme métallique ou fous forme fa line ? Arrive-
I t - i l dans notre fyfiême une décompolition chi-
■ mique , au moyen de laquelle l’acide ph'ofpho-
Iriquedu fel fufible, comme l’ont dit quelques-
iuns, fe combine aux principes mercuriels, pen-
Idantque l’alkali volatil dégagé, fe porte vers les
.organes falivaires, pour exciter leur irritabilité?
■ Mais fi la chofe fe paffe ainfi, pourquoi la falivation
paroît - elle fi rarement chez les enfans
■ A la mammelle, à qui l’on donne le mercure ?
••.pourquoi, n’a - t - elle point lieu dans le rrai-
|,tement où l’on emploie l’a'.kaü volatil ? De quelque
manière qu’on tourne l’explication du phénomène
, il préfentera toujours un côté à l’ob-
i jeétion, jufqu’à ce que nos notions fur les chan-
Igemensque le minéral éprouve dans le fyfiême,
1 .aient acquifes tonte la certitude dont elles font
fufceptibles.
I La métho de par extinéKon a d’abord été pré-
Ifentée par Chicoineau, dans une thèfe fourenue,
•en 17181* aux Ecoles de Médecine de Mont-
Ipelfier, puis mile en vogue par Guifard &~Gou-
llarÆ, qui en ent chacun vanté le fuccès dans
1 leurs écrits. Elle confifie à donner le mercure de
■ manière qu’il n’exifie aucune évacuation quel-
|conque, & qu’il puiffe rouler le plus long-tems polfible dans .la-maffe des humeurs;. Cette mé-
Ithode mife en oppofition avec celle par faliva- ■tioti, dont on a fïngulièrement augm-nrë les
laccidens, lui a paru infiniment préférable, & â
.'■ •valu aux Praticiens de Montpellier une célébrité ,
Idans un tems où cette dernière étoit loin d’avoir K la .perfeélion qu’elle a aujourd’hui. Cette mé-
I -thode a d’abord été vicieufe , tant dans fon ad-
Iminiftration que dans fes moyen»; unis-elle a
[peu-à - peu été perfeftionnée au point où elle efi
[■ actuellement. On fe conduit par rapport aux
Ipréparations & au régime, félon les règles que
Inous avons établies dans la méthode précédente,-
l A l ’on vient enfuite aux friçlions qu’on porte
I au m iiïbre de treize ou quatorze. On met de
Iplus grands intervalles entre-chacune d’elles, &
lauffi-- tôt- qu’on voit quelques indices d’une fa-
jlivaiion prochaine, on change le malade de linge,
Ion lé baigne, on le purge, oh lui fait 11 fer de
Igargarifmes un peu afiringens ; & , quand l’orage
M.paffé, on revient aux fripions, & ainfi juf-
Ifloà la fin du traitement, qui efi beaucoup plus
[prolongé que criui par la falivation. Les parrifans
l ’de cette méthode ont cherché tous les moyens
N empêcher le mercure de fe porter à bouche.
P-Ourre les précautions qu’ils ont prifes du côté'
du malade , ils ont cru que le camphre dont on
|-connoît les qualités fédatives, uni en certaine dofe
* ‘ onguent mercuriel, auroir plus que tout autre
j.moyen cette propriété. L ’expérience n’a point
[•«oDhrmé leur affertion.
L .D e quelque manière qu’on envifage la méthode
’ nétionnelle ,.il efi certain qu’elle a eu de grands
Potages , & les fuccès qu elle a journellement
Chirurgie, Tome 1I } Partie.
les lui garantiffent fuffifamment, malgré tout ce
qu’ont fait fes détracteurs pour la faire tomber
dans l’opinion publique. Néanmoins la falivation
que les uns ont en vue de procurer, les autres
d’éviter , n’tfi point un effet affez certain pour
qu’il puiffe fervir de règle dans cette méthode.
Car il efi des malades qui falivent dès les premières
dofes du remède, & d’autres qui ne falivent
point, telles fortes & rapprochées que
foient les friclions. En général, la méthode par
falivation, telle que nous l’avons rapportée, efi
celle que l’expérience nous a fait voir être la
plus favorable, foit que la falivation furvienne
ou non. Ordinairement quand on ne renferme
point trop les malades, qu’on leur fait faire un
exercice modéré, qu’on entretient les couloirs des
reins ouverts par de légers diurétiques, les humeurs
liquéfiées fe portent vers ces dernières
voies , & entraînent avec elles les principes vi-
rulens que le mercure a dénaturés ,* comme ils
s’échappent également par les felles ou la bouche.,
quand les fécréroirts de la bouche ou des inteftins
fe font relâchés. Nous ftiivons volontiers cette
méthode chez les fujets d’un bon tempérament
dont lès accide.ns font urgens & graves, & qui
ont tout le tems néceffaire à confacrer à leur traitement.
Nous la rendons extinélive, en diminuant
de moitié la dofe des fiiélions, & mettant-
plufieurs intervalles entre chacune d’elles, & donnant
quelques légers purgatifs de tems à autre.
Ainfi corrigée, nous y avons recours chez les
femmes qui ont lé fyfiême nerveux très-fenfible ,
chez celles qui font groffes, même chez les en-
fans , les hy.podiondriaques, & ceux qui ont la
poitrine fort délicate.
M. Bru , dans un Ouvrage fait & publié, en
1789, par ordre du Gjuvernemeat , Ouvrage
qu’on peut regarder comme b on, malgré les
points étrangers de doélrine que l’Auteur auroit
pu fe difpenfer de traiter ; perfuadé que le mercure
adminiilré en fciéiions ne pénètre point dans
le corps fous forme globuleufe , mais au contraire
dans un état plus ou moins parfait de folubi-
lité , a cru que les accidens auxquels il donne
fi fouyent lieu alors, pouvoiem venir de ce que
l’acide animal fe di-ffout en trop grande quantité.
Pour éviter cet inconvénient, il confeille défaire
les friclions avec l’onguent mercuriel lavé ; &
voici à ce fujet comment cet Auteur s’explique.
a On fait que l’onguent néapolitain ou mercuriel
n’efi qu’un mélange fait par une longue trituration
de graiffe & de mercure coulant. Nous
avons pris une livre de cet onguent fait par parties
égales de mercure & de graiffe , & fabriqué
depuis lix fnois ; nous l’avons mis dans un pot
de terre yerniffé, avec deux livres d’eau; nous
avons expofé le pot fur un fourneau pour le faire
bouillir. Nous avons entretenu cette ébullition
pendant une demi - heure nous avons enfuite
T-etiié le pot du feu, & laiffé refroidir nos