
de l’Académie Royale de Chirurgie, qui font
plus où moins inçéreflans. Après avoir exercé la
Chirurgie pendant plus de quarante ans, ce Praticien
fe retira en quelque façon du monde, ne
confervant que la place de Chirurgien - major
des Invalides. Ce fut dans cette efpèce de repos,
en 1768, qu’il donna la première partie de fes
Opufcules qui Fut fuvie de la fécondé. Cet Ouvrage
eft fort mince fous'quelqu’afpecf qu’on le
coniidère. Morand mourut en 1775 , & fut
enterré aux Invalides , dans, le tombeau de fa
famille. ( M. P e t i t -R j d e l ').
MORGAGNI ( Jean - Bapntte) , né à Forli ,
V ille de laRomague,' en 1682. Le jeune Mor-
gaoni, quoiqu ayant perdu fon Père dès fon plus
bas-â^e5 n’en ponrfuivit pas moins fes études,
& à peine avoit-il fa quinzième année qu’il pof-
fédoit les Belles - Lettres, plufieurs Langues étrangères
& avoit foutenti différentes thèfes fur la
Philofophie. Il vint étudier alors à Bologne fous
Malpighi & Valfalva, fi célèbres en Anatomie ,
& dont la gloire étendoit fes limites au - delà de
l ’Europe. Le i eu ne Elève fit aller de pair l’en-
feienement & l’ étude , & ce fut pour lui une oc-
cafion brillante de faire connoître fa vafte érudition.
Audi ne tarda-t - il point à être nommé à
nne chaire de Médecine, à l’üniverfité de Padoué. '
Il fut bien-tôt élu dans diverfes Académies ; &
çelié des Sciences de Paris ne fut point une dernière
à récompenfer fon mérite. Le premier ou- i
vrage qu’il fit paroitre fut Tes Adverfaires -, ouvrage
qui confirma fa capacité & l'es hautes con-
noifiances en Anatomie. 11 y répond à Manget &
à Bianchi, & confond en quelque façon , avec
les pièces en main, les Athlètes impuiffans qui
avoient ofé s’élever contre lui. La réputation que
cet Auteur s’acquit dans toute l’Iialie rendit fori
nom recommandable aux étangers comme aux
liens. Partifan de Pordre de Riolan, il procédoit
toujours du fimple au compofé, & de létatfain
à l’état malade ; ce qui ne pouvoir que rendre
fes leçons infiniment infiruèlives aux'Médecins
& aux perfonnes déjà un peu avancées dans le
cours de leurs études. Morgagni, par fa place
& par les liens qui le tenoîçnt aux Sociétés dont
il étditMembre, étoit obligé de compofer fouvent
des difcours fciemifiques, relatifs aux ci r confiances;
tous ceux qu’il a fait en ce genre, & ceux qui
ont été publiés, marquent combien ce Savant
étoit profond dans la Littérature, l’Antiquité
& même les Arts. Au milieu de toutes fes occupations
variées de 1 enfeigncment & de la Pratique,
■ Morgagni méditoit ce grand ouvrage qui dèvoit
î ’éternii'er, & quia pour titre: DeJedibus bcaufis
morborum per Anatomen indagatis quinque; JJbri.
1740, in- '4 / >1 volumes. Lequatrième Livreeft
proprement celui où l’on trouve le plus d’objets
Vélatifs à la Chirurgie. C’eft un fond inépuifable
qui fournit à mefure qu’on en tire , allez fem-
blà&le en cela à certaines minières qui donnent
d’autant plus qu’elles font plus exploitées. Nous
y avons beaucoup puifé pour cet ouvrage. Si les
prodigieufes connoiffances de notre Auteur com-
portoient une vie retirée , il en étoit bien dédommagé
par 1 es vifites que les Grands, les Potenrars,
les Empereurs même lui rendirent ; hommage
bien flateur pour celui qui le reçoit & pour celui
qui l’accorde. Morgagni enfeigna l’Anatomie juf-
qu’à la fin de fes jours en reconnoiflance des
avantages dont elle l’avoù comblé . difoit-il,
favoir, i.° Ilfavore dimolti grand’uomini. i.° La
munificen^a délia Serenis. Republica. 3.* Che contai
me^go era arrivato al dono di tanta fede ch ejjer
non potea tentato intorno alla crederqa delVejîfien\ae
providerqa di Dio.Gran le[ione 3 ajoute le Jour-
nalifte de Rome , a ccrti- Letterad intemperanti
di tanto inferiori al gran Morgagni. Ce Savant
mourut en 17.71, à 89 ans. i l étoit,naturellement
fort & vigoureux, & d’un afpeét affez gai.
Il fut fe concilier l’amitié des fiens & même de
fes Confrères, qui la portèrent au point de faire
placer, de fon vivant, fon bufie dans le Palais
public de F o r l i, avecPinfcription fuivante:
ƒ. Bapt. Morgagno , Nob. Forol. Tatriâ
Inventis librifque ejus p'obadjjîmis
U bique gentium illuftrata;
DecrevitA. D. M. D. CC. L X 1V.
Vonendam in celeberrimo hoc loço
Mormon am effigiem
Adh'uc vivent'..
MORSURE , plaie formée par les dents de
quclqu’animal. Voye\ Plaie.
MORTIFICATION. On dit qu’une partie eft
dans un état de mortification lorfque la vie y eft
totalement éteinte. On attache le même fens à
ce mot qu’à celui de fphacèle ou de gangrène
coinp!ette. Voye\ G a n g r è n e .
MOSCHION. il y a eu quatre Médecins de
ce nom; mais celui dont il s’agit dans cet artic
le , nous paroît être le même que cire Pline. Il
emfcraffa la feète des Méthodiftes, & n’a laiffé
qu’un feul ouvrage, intitulé : De Muliebribus af-
fedibus grâce & latine, imprimé à Bâle , en 1538.
Gafpard Wolfius croit, & avec raifon,que l’o-
: riginal a d’abord été écrit en latin, & que l’exemplaire
grec qu’on en a, n’eft qu’une rraduélion.
Le texte n’en eft point pur, quoiqu’il Toit écrit
avec beaucoup de méthode. Il eft divifé en deux
parties dans la première , il traite de la grof-
fefie, des maladies qui empêchent la conception ,
de celles des femmes enceintes & en couches *,
il s’occupe, dans la fécondé, des maladies propres
au fexe. En général, Mofchion a rapporté ,
avec beaucoup d’exaéliîude , les caufes de la
ftérilité chez les deux fexes ; il cite , chez la
femme, l’imperforauon delà matrice, l’obftruc-
tion de fon orifice par une membrane ou quel-
qu’autre corps, l’érofion, la callofité, la du-
| reté & l’ulcère de fon col ; & , chez l ’homme »
le vice de conformation, qu’on appelle Hypofpadias,
pqdfcs , ou Parathoeus. Il faut prendre, dans
Galien , 1a véritable acception de ce mot; car ce
qu’en dit notre Auteur eft inintelligible, vu fon
îaconifme & l’ambiguité de fes exprdiïons.' Voyq
l’article H t po spad ia s . Mofchion , en-parlant de
la ftérilité, cite plufieurs médicamens qu’il re-
gardoit comme lui étant contraires ; mais un rapport
fous lequel cet Auteur eft fingulièrement
eftimable, c’eft qu’à l’exemple de Cléopâtre,
il ne s’efl point permis d’indiquer les divers
moyens réputés capables de produire la ftérilité.
On peut même dire qu’en les fuppofant doués
d'une vertu qu’ ils n’ont pas , il les regardoit
comme abominables, ainfi qu’il le témoigne , en
pariant de l’avortement. Il donne des avis relativement
à la conduite que lès femmes doivent
tenir vers le huitième & le neuvième mois de
.leurgroffeffe, tant par rapporté leur vêtement,
qu’à l’emploi des moyens qui relâchent la voie
par-où l’enfant doit pafler. Il eft de ces confeiis
qui, à la vérité, font pernicieux ; mais il en eft
d’autres dont l’oubli peut tourner au détriment
de la mère. Il vient enfuite aux figues de l’accouchement
prochain , parle de la pofirion qu’on
doit donner à la femme & dit que , lorfque
r.iccouchement eft inftant, il feur porter le doigt
oauchè huilé dans l’orifice de la matrice, pour
faciliter la chûte du chorion. I! obferve que fl
la poche des eaux tarde à fe rompre, il faut la
déchiter avec les ongles v & agrandir cette première
ouverture en y portant les doigts rapprochés
l’un de l’ autre, & en les écartant après qu’ils
font introduits. Mofchion rejette, avec rail'on ,
la pierre d’amianthe, le. verre, & autres moyens
ufirés de fon tems pour couper le cordon , & qui
agiffent plutôt en feiant qu’en coupant; il les regarde,
avec raifon , comme fuperfltrieux , & veut
qu’on fa (Te tout bonnement cette réfeélion avec
,1e fcalpel. Notre Auteur eft un de ceux qui fe
foient le plus étendus fur les caufes qui peuvent
rendre l’accouchement difficile, & fur les moyens
de le bien terminer ; il les a fagement diftingués
en celles qui viennent de la mère , & en celles
qui tiennent à l’enfant. Parmi celles de la première
clarté , fe trouvent l ’inertie & la trop
grande rigidiré, l’occlufion de l’orifice de la matrice
, & plufieurs autres qu’on n’aclmettroit point
aujourd’hui’ où tout ce qui s’oppofé à cette fonction
a été réduit à une julle valeur. On trouve,
parmi les fécondés, la grofteur démefurée.de la
tête de l’enfant, l’hydr.opifie dont il peut être
'attaqué ,fa mauvaifeiituation qu’ il divife & lubdi-
vifeen un très-grand nombre d’efp'èees. Mais de
toutes ces pofirions, la meilleure , félon lu i, eft
celle où la tête fe préfente , les bras étendus le long
du corps, & les cuifies rapprochées. Après.vient
celle où l’enfant fe préfente les pieds à l’orifice;
mais la première eft de beaucoup préférable à
la (econde, parce qu’ic i , dit-il, l’on n’a point à
craindre, quand on commence à tirer l ’enfant,
Chirurgie. Tome i l , I . ‘ i ‘ Partic.
que les bras , s’écartant du tronc, reflenr dans
la matrice. La conduite de Mofchion , relativement
à ces différens cas , eft fondée en principes;
& les Accoucheurs aéluels, quoique plus
avancés, ne rougiroient pas encore de marcher
fur fes traces. ( M. P e t i t -Rad e l . )
M O T TE , ( Guillaume Mauguet de la )
Chirurgien juré. Accoucheur à Valognes. Il étudia
à Paris, & pratiqua à l'Hôtel-Dieu, où lui
vint fon goût pour la pratique des Accouchemens,
qu’il prit en fuivant, comme Topique, les Médecins
qui vifitoient les femmes grofies & accouchées.
Il s’y livra du moment qu’il fut retourné
dans fa Patrie, & y obtint une très-grande réputation
pendant plus de quarante ans qu, ii
l’exerça. C’étoit un homme droit : Non quidem
eruditùs , dit Ha'-ier ^fed redi judicii , quiplurima
expertus } rnulta, fimplicius & melihs quàm prions
Chit'urgi' yidit, hadeniis tnodcflus ù candi dus. La
pratiqué des Accouchemens commençoit à devenir
lucrative aux Chirurgiens qui s’en occu-
poienr, lorque M. Hecquet chercha à réprimer
ce prétendu abus, il fit un petit livre intitulé :
De l’indécence aux Hommes d’accoucher les Femmes.
Ses, r a Ton s ne font rien moins que fondées ;
mais elles cotmnençoient à faire fenfaiion fur une
certaine cl a fie de perfonnes qui voyoient aufli
pieufement que lu i , lorfque la Morte répondit
à ces difficultés, dans une Difiertation fur la gé^
nération, en appuyant fes raifons fur le récit
d’événemens fâcheux arrivés entre les mains des
femmes qui ayoient voulu fe mêler dans une
profeftion qui leur étoit étrangère. La pratique
multipliée de notre Auteur le mit à même de
faire paroîrre, en 1 7 2 1 , un Traité complet fur
les Accouchemens, tant naturels que contre nature.
11 faut moins.chercher , dans cet Ouvrage ,
de l’érudiiion qu’une pratique appuyée par beaucoup
défaits. 11 fut le plus en vogue, jufqü’àce que
Smellie & Levret eurent donné le leur ; & encore
mérite-t-il d’être cou fui té en beaucoup d oc-
cafions, par rapport aux obfervarions qui y font rapportées.
Un an après la publication de cet Ouvrage,
parut un autre Traité complet fur la Chirurgie;
c’eft un recueil d’un très-grand nombre dobfer-
vations faites par cet Auteur, & qui font fort
intérefiâmes. En .général, il parle beaucoup de
lui-même ; suffi Haller dit-il .*■ Laudes fuas non
negligit > non perinde famee Collegarum fludiofus.
M. Sabbatier a donné une édition de ce dernier
.Ouvrage, enrichie de beaucoup de notes.
( M. P e TI T- R AD EL. ) . .... , ... , • , .
MOUCHETUR E , efpèce de fcatificatiçn légère
& ftiperficidle. Voye\ Scarification.
MOX A. C’efi: fie nom que l’on donne an Japon
à une manière, d’appliquer le Cautere aduel
ou plutôt à la fubftance , dont on Te fert pour
cette application. On a a d o p tém om eh Europe
pour défign’er une méthode à-peu-près femblable
que l’on a commencé, depuis M. Routeae, à pra