
aux par-iies les plus é'o:gnées du tronc, & qu’ il
'eroit dangereux , non - feulement de le faire
rentrer dans la maffe commune, mais même de
détruire les réfervoirs & les égoûts que lui pro-
curoiem loin du centre de la vie la dilatation
des veines, & les Ulcères des extrémités inférieures.
Hippocrate propofoit feulement de faire aux
varices des ponctions multipliées, afin de fou-
lager le malade par l’évacuation du fang qui les
diftendoit. Les Médecins venus après lui ont été
plus hardis j ils ont tenté la cure radicale des
Ulcères, & des varices qui les entretenoitnt, en
détruifanr les veines variqueufes. 11 eft vrai cependant
qu’ils n’ont ofé l’entreprendre q.u’après
avoir comhatm long - tems par des remèdes internes,
tes prétendus vices du fang. Aëtius & Paul
d'Egine parlent de i’excifion des varices comme
d’une chofe fort ordinal te, Le premier convient
pourtant que Cci te opération cruelle, loin d’atteindre
Toujours fon but, laifloit fouvent après
elle un nouvel Ulcère qui devenoit lui - même
incurable. Av icenne a fait auffi la même remarque.
Cette observation n’a pas échappé non plus à
ceux des Modernes qui ont excifé les varices j &
l’ouvrage de Bidlon , extrait par Maoget, en
préfente un exemple frappant.
Pour épargner aux malades une portion des
douleurs, toujours très - vives dans cette opération
, quelques Praticiens fe font contentés de
faire la ligature des veines au - deffus & au-def-
fous de la dilatation, & de les vuider enfuite
par une (impie ponction. C ’éft la méthode qu’adopte
Fabrice d’Aquapendente. Scultet, qui l’avoit
employée fans fuccès, la rejette abfoiument. Et
en effet les playes qu’on eft obligé de faire dans
ce cas, quoique beaucoup plus petites que celles
que l’excifion nécelfite , guériffent néanmoins
difficilement , les varices reviennent prefque
toujouFS. Il arrive d’ ailleurs que des veines venant
à s’ouvrir dans le fac variqueux , donnent
lieu à une hémorrhagie, & rendent les ligatures
infuffifantes. Fabrice de Hilden confirme ce fait
par une obfervation qui lui eft particulière.
_ Ces moyens ne font pas les feuls qu’on ait
employés. On a auffi combattu les varices par le
cauftique , & même par le cautère aéluel. Celfe,
qui propofe d’incifer la peau, & d’appliquer un
fer rouge immédiatement fur les tuniques du
vaifteau variqueux» paroit navoir jamais vu pratiquer
cette opération , ou du moins il n’a pas
une idée exaél de fa manière d’agir*, & Fabrice
d’Aqnapendente, qui rapporte fon opinion, prétend
avec raifon que le feu ne defsèche pas teu-
Lment la veine, mais qu’il la déîorganife entièrement,
& forme une efcarre dans la réparais
n , ramène ou produit 1 hémorrhagie.
Les Arabes connoiffok-Rt ces moyens de détruire
les varices -, mais ils paroiffent ne les avoir
«»îpJoyésque rarement \ & dans les cas extrêmes»
I ïls avoiem en effet dans la compreffion un
moyen beaucoup plus doux, & dont l’effet de-
voit être plus certain. Le bandage compreHff
décrit par Avicenne, comme l’un des moyens
curatifs que l’on employoit habituellement de
fon tems, s'étendoir depuis la partie inférieure
de la jambe jufqu’au genou. Cet Auteur recoin,
mande aiix perfonnes. qui ont les jambes varj.
queufes, de ne point marcher ni même fe tenir
de bout fans ce bandage. Cette pratique que Fa-
brice d’Aquapendente, Sculter, Fabrice de Hii-
den, Jean Munick , &c. avoient probablement
empruntée d’A vicenne, eft à-peu-près celle
que nous employons aujourd’hui*, mais il paroit
que les Arabes ne favoient pas en tirer tour le
parti donr elle eft fufceptible , &que moins hardis
ou moins expérimentés que nous , ils n’ofoient
en faire ufage, lorfque les varices étoient accompagnées
d’Ulcères.
La compreffion des Ulcères n’éroir pourtant
pas une chofe nouvelle *, puifque Hippocrate en
connoiffoit déjà les bons effets. C ’eft fur l’an-
torité de cet illuftre Obférvateur, que Paré ar-
puye le précepte qu’il donne de faire fur les
Ulcères un bandage ferré. Mais ce ban -
dage ne devoit s’étendre de chaque côté que
de quelques pouces de l’endroit malade. Wife-
mann, Scultet & Fabrice de Hilden , ont été.
plus loin *, ils ont adapté au traitement des Ulcères
variqueux le bandage qu’Avicenne oppofoit
à la dilatation des veines & à l’engorgement dt$
jambes.
Les Praticiens, qui font venus enfuite , ont
négligé cette méthode, &. fi Théden qui de nos
jours l’aretirée de l ’oubli, n’a pas le mérite <?e l’invention
, on ne peut .lui dîfputer celui dten avoir
étendu i’ufage, & de nous avoir éclairés dans la
manière d’agir, & fur les effets de la comprtf-
fiori*.
Il êfl cependant un de ces effets que Théden
paroît n’avoir pas affez obfervé*, c’eft la defiruc-
tion des callofités dans les Uicères anciens. Ce
fymptôme fe préftnte fréquemment dans la foule
des malades qui viennent fe faire traiter àl'Hôtel-
Dieu de Paris, & cependant on n’eft jamais obligé
d avoir rtcours aux incitions, aux fçarificaiions,
aux cauftiqnes , aux êpifpafliques, ni aux autres
moyens que propofent tous les Auteurs & qu’emploient
encore la plupart des Praticiens. La compte
ffion feule aidée de la propreté & d’un pan-
fement méthodique » parvient conftsmment, &
fouvent en peu de jours , à détruire les calh-
fités. La compreffion eft encore le feul moyen d’empêcher
le retour des Ulcères de variqueux. Les bas peau jacés qu’on emploie ordinairement pour
cet effet après la cicatrifation , ne font point une
invention nouvelle, ils étoient connus de W ifman,
de Scultet, &c. & la peau de chien connue pouf
èiie très-fôuple & très - élaftique étoit dèî'lûfS>
comme elle l’eft aujourd’ hui, confacrée à cet
ufagé. ; . . .
Nous croyons devoir ajouter à ces réflexions
que nous avons tirées du Journal de Chirurgie
dé M. Deffault une des obfervations qu’il a publiées,
comme montrant l’efficacité de la com-
pteffion dons les cas dont il s’agit.
Marie Elifabeth du Coudrai, âgée de foi-
xante ans, fe rendit à l’Hôtel - Dieu de Paris,
le 2.5 Décembre 1790 , pour une contufion affez
légère à la cuiffe. Cette femme avoir en même-
tems à la jambe gauche deux Ulcères variqueux
très-confidérables , dont elle croyoit inutile
qu’on s’occupât , attendu que des Chirurgiens
célèbres, après lui avoir donné pendant long-
tems <jes foins infruélueux , lui avoient annoncé
que cette maladie étoit incurable. Elle confentit
cependant à garder le repos, & fe fournit au traitement
qu’on lui propofa.
La malade portoit ces Ulcères depuis dix-huit
ans • ils étoient furvenus à la fuite d’un engorgement
confidérable , vers l’époque de la edfarion
des règles. Ils étoient fi tués aux deux côtés de
la jambe, au-deffus des molléoles j l’interne :
avoir lix pouces de long & trois lignes de pro- i
fondeur*, l’externe plus profond encore avoir
une circonférence de dix-huit pouces j les bords
de l’un & de l’autre étoient durs & calleux. 11
fuintoit de leur furface une petite quantité de
matière fanieufe & fanguinoler.te. Le volume de
la jambe & du pied étoit d’un tiers plus confidérable
que dans l’état naturel-. Ces parties étoient
empâtées & parfemées de ces efpèces de nodo-
fités : très-dures , qui accompagnent fouvent les
varices. La peau étoit d’une couleur brune, &
couverte de croûtes _ écailleufes , relies d’anciennes
ulcérations,
Le premier jour, on remplit les Ulcères de
charpie mollette, & afin de nétoyer plus aifé-
ment la jambe & le pied , & d en détacher les
croûtes, on enveloppa ces parties d un catapiafme.
On preferivit pour boifibn une tifané de patience
& defumrterre, & l’on ne permit dans ce moment
que des alimens légers & en petite quantité. Dès
le troifième jour la fuppnration étoit abondante,
plus épaiffe, d’une couleur blanchâtre, & les
bords des Ulcères comme oçoient à s’amollir &
à s’affaiffer. Les caraplafmes furent alors fuppri- més , & l’on employa la compreffion. Pour cet
effet, on couvrir les bords des Ulcères avec des
bandelettes de linge fin, enduites de aérât, afin
d’empêcher l’appareil de s’y coller *, on appliqua
enfuite de la charpie brute fur laquelle on ne
mit qu’un fimple linge pour fervir de çompreffe;
& l’on fir fur toute la partie un bandage feiré,
avec une fonde de fix aunes , large de trois
poucts. L ’extrémité dé cette fonde fut fixée
auprès des orteils par des circulaires. On fit fur
tous les pieds des do loi res, difpofées de manière
Çue les tours de bandes fe recouyroient à-peu-
| près dans les trois parties inférieures de la jambe*
. & de - là jufqu’au genou, en obfervant de ferrer
également par - tout, & de faire des renverfés
auffi fouvent qu’il étoit néceffaire, pour que la
bande fût appliquée exactement dans toute fa
largeur.
La malade fupporta très - bien ce panfement,
qui fut enfuite renouvellé toits les jours. Le lendemain
la fuppnration étoit plus abondante &
de meilleure qualité. Elle avoit beaucoup diminuéJe
deuxième jou-rj les bords des Ulcères étoient
affaiffés prefqu’au niveau du fond. On augmenta
alors la qualité des alimens.
L ’ Ulcère du côté interne fut cicatrifé le dix-
hninème jour y celui du côté externe avoir diminué
de trois quarts j mais il ne fur guéri que
vingt - deux jours après. Il fe forma alors fur ia
partie antérieure & inférieure de la jambe, une
uicérarion dont les progrès furent fi rapides que,
dans trois jours, il y eut un Ulcère de deux pouces
de diamètre. 11 s’en forma encore d’autres petits
fur le dos du pied. Cet incident ne changea
rien au traitement , & les nouveaux Ulcères parcoururent
les mêmes périodes que les deux premiers
, mais beaucoup plus long - rems, puifqu’ils
n’étoient pas encore to u r -à - fa it cicamfés, f i xante
dix jours après leur apparition. A cette
époque la malade perdit l'appétit, la langue devint
chargée & la bouche amère, comme il arrive
prefque toujours aux perfonnes qui gardent
long- tems le repos, fu r - tout lorfqu’elles ref-
pirent’ un mauvais air. Un grain de tartre fiibié
dans une pinte dedécodion de chiendent, avec
l’oxymel, fuffit pour détruire cette difpofition*
il procura des évacuations abondantes, & l’on
vit bien - tôt reparoirre avec i’appétitj, tous le#
(ignés d’une bonne fanté.
# Après trois mois & demi de féjour dans l’Hôpital,
la jambe & le pied avoient repris leur
état naturel *, il reftoit feulement un peu de rigidité
dans l’articulation, bien moindre cependant
que lorfque la malade étoit arrivée. Quelques
jours d’exercice fuflirent pour rérablir en
entier la liberté des mouvemens, & la femme
fortic de l’Hôpital parfaitement guérie, le c-. m?
vingt -deuxième jour de fon entrée. O n lui recommanda
de porter pendant très - long-rems
un bas de peau lacé, afin de prévenir l'engorgement
auquel la jambe étoit difpofée, & dont
le retour ne pouvoit manquer de rouvrir les
Ulcères.
Il nous refieroit, pour compîetrer ce qui regarde
les Ulcère?, à parler de ceux qui font accompagnés
de carié,* des Ulcères cancéreux , cutanés
, vénériens & ferophuieux ; mais nous nous
fommes (uffifamment étendus ailleurs fur ces divers
fujtts, & nous n'y reviendrons pas ici. On
pourra confulrer les articles Ca r ie , Cancer,
Dartres* Ecrouelles & V érole.