
mit à une diète très-févère. An bout de trois
jours le bleffé fe trouva fi bien qu’il fortit de
l ’hôpital, & reprit fon travail. Mais le douzième
jour , à compter de celui de l’accident, il revint,
ïe plaignant d’un grand ma! de tête , d’une chaleur
& d’une foif continuelle, d’un fommtil interrompu,
& d’une forte foibleffe , qu’ il ne pouvoir
vaquer à aucun travail; il avoir, en effet,
un fort mauvais vifage , quoiqu’il affura n’avoir
fait aucune débauche depuis qu’il étoit forti de
l ’hôpital. Il y rentra auffi-tôt, il fut faigné , &
reçut un lavement émollient le même jour. Le
lendemain , qui étoit le huitième jour , il étoit
dans le même état Que le précédent ; il avoir
paffé une mauvaile nuit, il avoit été affoupi quelques
inflans , mais le plus grand trouble avoir
fuccédé à ce fommeil interrompu. Il avoit la peau
chaude & le vifage animé, & mêlé d’une teinte
jaune. Il fe plaignoit d’ une douleur & d'un ferrement
nniverfel par toute la tête ; mais on n’y
découvrit rien, foit à la v u e , foit au taél qui pût
faire conjeélurer où étoit lë fiège particulier du
mal. Il fut faigné'encore, & prit, de fix heures
en fix heures, la mixture de Rivière , à laquelle
on joignit quelques grains de rhubarbe. Il paffa
la nuit fuivante dans le trouble & l’agitation, &
le lendemain, quatorzième jour, fon état parut
plus mauvais, la peau étoit plus chaude , fon
pouls plus vire, & fa douleur plus aigue. Il crut
alors qu’une partie de la tête étoit plus fenfible
au toucher, & il dit qu’il étoit fûr que c’étoit
cette partie qui avoit reçu le coup. Pott examina
l’endroit; les tégumens lui parurent plus gonflés
que précédemment, mais ce gonflement n’é-
loit en aucune façon fuffifant pour le mettre en
état de porter aucun jugement. Vers la fin du
jour un léger friffon furvint avec des anxiétés,
des vomifl'emens, la nuit fuivante fut fans fommeil
; les idées furent fans fuite , quoique le
malade pût encore répondre jufte aux queflions
qui fixoient fon attention. Le quinzième jo u r ,
fenflure des tégumens fut plus fenfible ;mais elle
ne paroiffoit encore contenir aucun fluide ou
peu , & elle avoit environ la largeur d’ un écu.
J ’aurois incifé cette portion des tégumens , dit
ce Praticien, mais tandis que je me mettois en
devoir de le faire , le malade eut un fi violent
ftiffon qu’il fupplia qu’on le laiffât tranquille
pour le moment. L ’après-midi il eut deux frif-
îons; il paffa fort mal la nuit fuivante , & le
lendemain matin, il étoit dans le délire. La tumeur
étoit alors fort confidérable, & elle con-
tenoit fenfiblement un fluide. J ’emportai toute
la partie tuméfiée par une incifion circulaire &
je donnai iffue par-là à une fanie terne & bleuât
r e , & je trouvai le crâne tout-à-fait dépouillé.
Sa couleur naturelle étoit confidérablement altérée;
mais il n’y avoit aucune fente, aucune fracture
ni autre dommage. Toute cette nuit, & le
joflr fuivam, il y eut du délire, la peau fut brûlante,
les fpafmes fe fuccédèrent fréquemment ;
& la nuit fuivante , c’eft-à-dire le .dix-feptième
jour il mourut. A l’ouverture du corps tous les
tégumens> excepté alentour des bords de l’inci.
lion , furent trouvés dans l’état naturel. Le péri«
crâne adhéroità l’os dans toute autre partie que
ceile qui avoir été le fiège de la" tumeur. Enfin il
n’y avoit fur tout le refte de la tête ni inflammation
ni aucune efpèce de gonflemenr. On trouva
fous la portion du crâne dont le péricrâne étoit
féparé , & d’où les tégumens avoient été emportés
par l incifion, un amas très-confidérable de
matière placé entre la dure-mère & le crâne ;
mai?, dans tout autre endroit, il n’y avoit aucune
apparence de maladie. Pareils faits fe trouvent
rapportés dans Bonnet, Marchettis & Morgagni.
II. Le cerveau peut être léfé ou par la pref-
fion qu’il éprouve de la part des matières épanchées,
des pièces d’os déplacées, ou par la fecouffe
qui l’a en quelque façon refferré & affaiffé fur
lui-même , de manière à en rendre la malle
plus compaéle & par-là moins perméable aux
fluides .& aux liqueurs qui doivent la parcourir;
ou enfin avoir été contu localement de manière
à ne pouvoir fe rétablir fans fuppuration. Tous
ces défordres ont fouvent lieu en même-rems,
ou fe fuccèdent rapidement; ce qui complique
fingulièremenr les cas & rend les évènemens fort
incertains, circonftances qui ne doivent point
échapper à un Praticien inftruit & prudent. Car,
lorfquon a combattu viélorieufement la caufe
d’un grand nombre de fymprômes fâcheux, il
peut encore en refier -une fuffifante pour faire
périr le bleffé. De-là les fecours efficaces ne
pouvant fatisfaire aux vues qu’on a , & fouvent
n’y fatisfaifant que d’une manière indirecte, ils
n’en trompent que plus les efpérances dont on fe
flattoit vainement.
i.° Tout a été fi bien difpofé dans le crâne,
que la diminution fubite de fa capacité ne peut
avoir lieu fans qu’une prefiïon toujours nuifible
ne fe faffe fentir fur le cerveau, de manière à
en intervertir les fondions. Quand il y a fur
le crâne une dépreffion, la caufe étant évidente,
offre par elle*même le remède, favoir, L’opérarion
du trépan ; quand on ne peut relever les pièces
avec le bout d’un élévatoire ou autrement. Mais,
quand tout paroît au-dehors comme dans l’état
naturel, alors il ne refie plus qu’à s’en tenir
aux fymprômes apparens pour décider la nature
de la caufe qu’on fufpeéle. Quand aux fymptômes
qui paroiffent immédiatement après les
coups, & qu’on nomme primitifs par cette raifon;
il s'en joint, plufieurs jours après , d’autres de
nature différente, & , tenant plus ou moins du
caradère comateux , ces fymptômes confécutirs
pour nous fet vir du langage des Auteurs > annoncent
toujours, fur-tout lorfqu’ils ne font point
accompagnés de fièvre, un épanchement de fang
dont les fuites ne peuvent être que très- inquiétantes.
Ces fortes d’épanchemens & leurs fuites f
fàcheufeis n’ont point échappé aux Anciens. Celle
dit à ce fujet, rarb fed aliquandb tamen evtnit
ut os quidem totum integrum maneat, int 'us
vero ex iàu yena aliqua in cerebri membrana I
ruptà allquid fa g'iinis mittat, i f que ibï con - j
cretus magnas doloies moveat & oculos qu.bufdam :
o b c a c e t . Le fang peut s’épancher alors aux environs
du coup reçu , entre la dure & la pie- j
nière ; entre cette dernière . membrane, & la !
propre fubffance du cerveau dans les ventricules
du cerveau , ou en d’autres endroits comme fous
la tente du cervelet, ainli qu’il arrive dans les
contre-coups qui ont lieu fur le cerveau. Les
"épanchemens qui furviennent dans ce dernier endroit
font les plus promptement mortels de tous
à raifon de la comprefîion qui a lieu fur la
moelle alongée, qui laiffe peu de tems à la détermination.
Ce ne font pas toujours alors les ramifications
les plus fines des vaiffeaux, celles qui
offrent le moins de réfiftance qui font rompues
& déchirées, ce font quelquefois les plqs gros
tronc. Une fille de feize ans, étant morte d’une
chûte le quatrième jour, Bohn en vifita le cadavre
pour en faire fon rapport aux juges. E r ,
quoique depuis fa chûte, il lui fût forti par le
nez & par la bouche une grande quantité de-
fang , on ne lui trouva rien d’offenfé à la Tête ;
mais, après qu'on lui eût enlevé le crâne &
le cerveau, on découvrit une rupture complette
du rameau gauche & antérieur de la carotide
interne. .
Les épanchemens, qui fe font fur le cerveau
font annoncés par une fuite de fymptômes con-
fécutifs ,dont les principaux font les vefiiges, le
vomiffement, la ftupeur, l’hémorrhagie, la perte
du fentiment & du mouvement. Mais ces fymptômes
, tels évidens qu’ils paroiffent, ne fauroient
paffer pour des lignes univoques de l’épanchement
de fang , car ils ont aufli bien lieudans
le cas d'inflammation de méningés & d’épanchement
féreux que dans celui dont il s’agit atluelle-
ment. Le Dran eft le premier Auteur qui ait
cru voir dans la fuccefiion des fymptômes un
moyen de diftinguer les épanchemens cachés qui
fe forment, même lorfque le crâne eft dans toute
fon intégrité. Il regarde ceux qui paroiffent immédiatement
après le coup reçu, comme venant
de la fecouffe qu'ont éprouvé le cerveau & tous
les nerfs à leur origine, & ceux qui'leur fuccèdent
comme étant occafionnés par une extrava-
fation fecondaire. Mais cette difiinétion bonne
en elle-même, quand l ’apparition des fymptômes
eft marquée par un long intervalle de repos,
ne fauroit convenir quand l’extravafation eft fi
fubite & fi confidérable au moment de l ’accident;
que le fentiment & le mouvement fe perdent à
l’inftanr. De-là la difficulté, pour ne pas dire
l ’impoffibilité où l'on e f i , de ftatuer à laquelle
d$s deux caufes font dûs les fymptômes qui
perlîfient. Le fang, dans le premier cas, eft ordinairement
en partie fluide & en partie coagulé;
dans le fécond, c’eft une eau rougeâtre ou une
lymphe fanguinolente; &, dans ce cas, les fymptômes
ne paroiffent que fucceflivemem & à me-
fure que la quantité de matière épanchée augmente.
Ces épanchemens en général font très-fâcheux;
car, excepté ceux qui fe font immédiatement fous
le crâne, aux endroits où Ion peut appliquer
le trépan; les autres font toujours mortels. Souvent
d'ailleurs l’épanchement dansles cas curables
fe fait par contre-coup à la partie oppofée à celle
qui a été frappée, circonftance dont il eft im-
poflible d’être affùré par aucun ligne certain ,
& dont cependant on trouve des exemples chez
les Auteurs & notamment dans l’Onvragède Mor-
gagni ,D e caufis b fedibus morborum. -Un homme,
dit celui-ci 'fut bleffé au côté gauche de la
Tête & auflitot tout le côté gauche du corps devint
immobile. Il vécut ainfi pendant trois jours au
bout defquels il mourut. On trouva au-deffus
du mufcle temporal du même côté une fiffure
à laquelle aucune léflon intérieure ne répondoit;
mais on trouva à l'endroit oppofé entre la dure
& la pie-mère environ trois onces de fang épanché
, d’où dérivoit , dit Cet Obfervateur, l’hémiplégie
du côté gauche. Pareil fait a été obfervé
par M. Gourfault, Profeffeur Royal au Collège
de Chirurgie. VoyeX le Recueil d’Obfervations
d Anatomie & de Chirurgie pour fervir de bafe
à la Théorie des léfions de Tête par contre-
coup.
*, Jy A vcull , I]
i on ne peut pas toujours s'en aflbrer d’après de«
figues politifs, on peut du moins le préfumei
d après quelques fymptômes qui , fans avoir l’univocité
de ces premiers, ont cependant leur degré
de certitude fur lequel on peut le plus fouvem
compter. Un des principaux qui fe manifefle
alors eft la paralyfie qui occupe le côté du corpi
oppofé à celui de la Tête qui a reçu le coup
Ce figne paroît n'avoir point échappé à Hippo
crate; car, il dir : c api te vainerato s impotentes
fieri j fi in dextris fuerit vulnus , in finiftra , /
vero in finiflris in d e x trâ ;& on doit d’autam
plus y avoir de confiance qu’on a des preuve!
journalières de fa certitude comme la dernièrt
obfervation que nous venons de rapporter S
d autres prifes de le Dran & Morgagni pour
rotent venir à fon appui, fi nous voulions alongei
davantage cette matière. Les Praticiens, pom
expliquer un pareil phénomène, ont eu recoun à une dicuffauon admife, dans la moelle alon
gée, par les Anatomifies, & notamment par San
torini tk Petit, Médecin de Namur, & plus an
ciennëment encore par Arêtée de Cappadoce
Au moyen de cette difpofition, les effets de 1;
compreflion du cerveau d’un côté fe mamfeftt
toujours à l'oppofitey ce qui efi un effet nature